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Marc Porcu (Traducteur)
EAN : 9782752905529
122 pages
Phébus (05/05/2011)
3.73/5   20 notes
Résumé :
Tullio Saba, c'est le fils de Bakounine. Pas le célèbre anarchiste russe mais Antoni Saba, le cordonnier de Guspini en Sardaigne. Tout ça parce que, une nuit après un repas bien arrosé, Antoni Saba a proclamé sur la place du village qu'il inviterait volontiers Bakounine à dîner chez lui et qu'après ils iraient brûler l'église. la vie de Tullio Saba est évoquée ici par ceux qui l'ont connu ou ont cru le connaître, qui l'ont aimé ou détesté. Une vie de mineur et de mi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un roman étrange. Il s'agit d'une enquête relative à un homme Tullio Saba. Les différents témoins ont des versions bien différentes concernant la vie de cet homme. La vérité est impossible à établir. Et arrivé à la dernière ligne du livre, l'enquêteur s'interroge encore. Mais en y réfléchissant bien, si une enquête est menée sur telle ou telle personne, peut-on réellement établir un portrait exact de la personne sur laquelle on enquête? Les témoignages divergent forcément. La personne étant sympathique aux uns, antipathique aux autres... et puis le temps fait son oeuvre, la mémoire est infidèle. Il faut aussi compter parfois sur la malhonnêteté des témoins et leur propension à la mythomanie... Ce roman est un voyage dans le temps, dans les pas d'un homme né en Sardaigne et y ayant vécu, marquant son passage dans les années d'avant et après guerre... Un livre particulier, complexe, assez difficile à lire, qui laisse la porte ouverte à toutes les probabilités.
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Lors d'un petit passage à ma librairie favorite j'ai reçu un conseil de lecture, je l'ai suivi et banco c'était du tout bon

Quand votre père a juré d'inviter Bakounine à incendier l'église du village avec lui, il ne faut pas s'étonner après d'être surnommé « le fils de Bakounine » par tout Guspini, en Sardaigne on ne plaisante pas avec la politique.

Son vrai nom est Tullio Saba et je vous propose de découvrir « Ce qui reste d'un homme, après sa mort, dans la mémoire et les paroles d'autrui. »
C'est compliqué de faire le portrait de Tullio Saba car il est devenu une quasi légende.
Est-il uniquement ce bel homme qui aime paradé devant les dames, est-il un meneur de grèves communiste toujours près à bouffer du curé, est-il celui qui a gravé « Vive Staline » sur un madrier au fond de la mine , est-il ce fils de cordonnier toujours prêt à défendre les humbles.
Parce qu'il est un peu tout ça Tullio Saba. Il est beau oui c'est certain « le plus beau du pays, les yeux noirs et rusés, aux mouvements vifs comme ceux du renard » et plus d'une femme de Guspini lui doit son bonheur !
Un des meilleurs mineurs et qui « savait beaucoup de choses qui n'étaient pas écrites dans les journaux et que la radio ne disait pas sur la guerre d'Espagne, sur le communisme russe ; il savait et il parlait, il racontait » mais aussi « arrogant et mal élevé » donc le premier licencié quand il s'agit de remettre de l'ordre.

Le portrait du héros apparaît petit à petit à travers les récits de ses amis, de ses voisins. Enjolivé, déformé, par ceux qui ont peu ou prou partagé sa vie.
Un portrait tout en contradictions, démon athée pour les uns, saint laïque pour les autres. Où se situe la vérité, que reste-t-il d'un homme dans les souvenirs de ceux qui l'ont connu ?

Ce court roman est très réussi, même si le procédé narratif n'est pas original, il est mené très habilement. Apparaît une Sardaigne, pauvre et fière, au temps du fascisme, ce temps qui autorise les hommes vêtus de chemises noires à terroriser mineurs et paysans et à leurs faire avaler « l'huile de ricin » pour les mettre au pas.
Cette alliance entre le destin individuel de Tullio Saba et celui de la Sardaigne, est un des plaisirs de ce livre.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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"Va à Guspini,les Guspiniens ont bonne mémoire,c'était un des leurs,ils savent tout, si tu demandes ils te raconteront"
Ainsi s'ouvre le récit,situé en Sardaigne,de nos jours.
Un jeune homme se lance dans une enquête personnelle pour découvrir qui était Tullio Saba,un homme que sa mère avait connu avant son mariage.
Muni d'un magnétoscope,il interroge ceux qui l'ont connu,Saba,dit "le fils de Bakounine"
Les témoignages directs se succèdent,révélant peu à peu l'histoire d'un mineur affamé de liberté,avant,pendant et après la guerre et le fascisme sur l'île.
C'est une construction chorale,une polyphonie des voix des narrateurs, enrichie de versions contradictoires. La vérité s'éloigne chaque fois qu'on la croit à portée de main."je ne sais quelle "tait la vérité et même s'il y a la vérité".
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Voilà un livre présent dans ma pile depuis presque dix ans. Il me semble m'avoir acheté uniquement parce que j'en avais entendu dire du bien dans une de mes lectures du moment dont le nom m'a depuis longtemps échappé …

Bref, puisque que de temps en temps, il est bon d'exhumer les vieilleries, me voilà donc avec ce livre dans les mains. Il est court, il occupera un après-midi avant de m'intéresser à un poids lourd de la rentrée…

Nous sommes en Sardaigne, à une époque indéfinie. Une femme parle à son fils (ou sa fille), et évoque Tullio Saba, celui que l'on surnomme le fils de Bakounine ; cet homme dont finalement on ne sait que fort peu de chose.

« Va à Guspini, les Guspinois ont une bonne mémoire, c'est un des leurs, ils savent tout, si tu le demandes, ils te raconteront. Et tu découvriras ce qui reste d'un homme, après sa mort, dans la mémoire et les paroles d'autrui. Peut-être cessera- t-il de venir en rêve me faire des reproches. »

Ainsi, au fil des chapitres, tous relativement courts, les narrateurs ou narratrices se succèdent pour ‘'raconter'' ce qui fût le fils de Bakounine, au hasard des anecdotes, ou au contraire des faits de vie plus consistant.

Le moins que je puisse dire, c'est que ce court roman est déroutant ; dans sa construction, dans son anonymat et son absence de temporalité. Il ne fait aucun doute que tout cela est tout à fait volontaire de la part de l'auteur. Sans doute avait-il ses raisons ; ou était-ce tout simplement son style…

Je ne peux pas dire que je ‘ai pas apprécié ce roman ; aussi déroutant qu'il soit, il n'en reste pas moins agréable.
Mais que m'en restera-t-il à plus ou moins court terme ? Peu de chose, je le crains. Il est assez emblématique de sa maison d'éditions originale, belle maison du reste, qui publie peu, mais de qualité, mais surtout avec une bonne dose d'originalité, qui ici sans me déplaire, ne m'aura pas touché outre mesure.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Qui fut Tullio Saba ?
Ce court roman est une série de récits de ceux qui l'ont connu.
« Va à Guspini, les Guspinois ont une bonne mémoire, c'était l'un des leurs, ils savent tout, si tu demandes, ils raconteront. «
Guspini est une petite ville au pied de Montevecchio, le site minier que nous avons visité cet été, mine de zinc et de plomb fermée dans les années 80, village fantôme encore très habité par les souvenirs.
« C'était un brave garçon. Mineur. Camarade. Même dirigeant du parti. Un peu fou. »
Courts récits, dialogues, monologues le plus souvent dont on ne connait pas toujours l'auteur,
«façon de raconter désordonnée, incohérente, j'entortille tous les fils… »

C'est donc l'histoire de cette ville minière des années 30, des temps du fascisme aux années 50. Histoires de mineurs mais aussi d'artisans, de commerçants, de petits trafics, de curé et d'anticléricaux…de luttes syndicales et politiques.

Bakounine était le père de Tullio Saba. Cordonnier aisé : vingt ouvriers travaillaient à coudre des souliers pour la mine. Personnage complexe qui régalait à sa table le patron de la mine mais qui proférait des paroles anarchistes - plus pour agacer le curé que par idéologie - il avait ainsi gagné ce surnom.
Le fascisme a ruiné la cordonnerie. Les conditions de travail à la mine se sont durcies. Dérisoires manifestations des mineurs écrivant le nom de Staline au plus profond des galeries du puits Giovanni ou fêtant le 1er Mai en accrochant un drapeau rouge au clocher de l'église.

En 1942, Tullio Saba part à la guerre, les récits divergent. Fut-il un héros libérant Naples avec les Américains ? Fut-il un profiteur du marché noir ?

La guerre finie, il revient à la mine, dirigeant politique….

Plus on avance dans le roman, plus je m'attache au personnage, aux récits un peu désordonnés, foutraques, histoires pittoresques que les Guspinois ont racontés.

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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critiques presse (1)
Actualitte
18 mai 2015
J'ai trouvé très authentique l'ambiance des années 50 qui a réveillé quelques images dans ma mémoire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Cette nuit, j'ai rêvé de Tullio Saba. Il avait la peau du visage blanche comme de la cire, et les yeux écarquillés, épouvantés, ou peut-être un peu tristes... Une chemise militaire américaine du temps de la guerre, déchirée, en lambeaux. Il m'a dit : "Tous m'ont oublié, même les amis, même les femmes."
Je ne t'en ai jamais parlé?
C'était un brave garçon. Mineur. Camarade. Même dirigeant du parti. Un peu fou.
Il m'a fait la cour, juste après la guerre.
Ton père me plaisait plus.
Etrange que j'ai rêvé de lui. Qu'est-ce que ça veut dire? Rêver des morts ne porte pas malheur... L'annonce de quelque chose? Quelque chose qui vient de loin, qui remonte du passé?
Tu veux que je te raconte son histoire? Notre rencontre? Tu es curieux de savoir... Ton père ne m'a jamais rien demandé... Mais toi tu es plus jaloux que lui...
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Ici finit ce qui reste de Tullio Saba dans la mémoire de ceux qui l'ont connu. Tout ce qu'ils ont dit je l'ai enregistré avec mon Aiwa, tout ce que j'ai enregistré je l'ai transcrit, sans ajouter ni enlever un mot. Je ne sais quelle est la vérité, s'il existe une vérité. Peut-être l'un des narrateurs a-t-il menti en sachant qu'il mentait. Ou au contraire tous on dit ce qu'ils croyaient vrai. Ou bien encore ont-ils inventé des détails, ici et là, par goût inné d'embellir les histoires. Ou, hypothèse plus probable, sur les faits se dépose le voile de la mémoire, qui lentement altère, modifie, transforme en fable le récit des protagonistes autant que les comptes rendus des historiens.
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A cette époque la fête du 1er Mai était interdite, le 1er Mai on allait travailler. A Guspini, en allant travailler le jour du 1er Mai, les mineurs marchaient tous le nez en l'air, regardaient autour d'eux, souriaient. A peine hors de la ville, au sommet d'un mont ou dans une fourche de granite qu'il était très difficile d'escalader pour qui n'était pas né mouflon, flottait un drapeau rouge. S'il n'y avait pas de vent il pendait simplement, mais il était d'un beau rouge et tous le voyaient. Même de petits faits comme celui-ci peuvent aider à aller de l'avant.
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Comment, non! je me souviens très bien, l'amitié entre le curé et Bakounine? Tout le monde en parlait. Amis à la vie à la mort, mais c'est plutôt la mort de l'autre que souhaitait chacun d'eux.
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La nuit de Noël est une nuit sainte, chaque homme bien né se comporte comme il faut. C'est la nuit de la naissance de Notre-Seigneur. Ce n'est pas à une servante d'enseigner ces choses-là. Mais, une nuit de Noël, Antoni Saba sort de la maison soûl, il va sur la place où tout le monde peut l'entendre et il se met à hurler : " Si Bakounine vient à Guspini", il dit vraiment ceci, mot pour mot je m'en rappelle, "moi je lui offre à boire et je le fais dormir chez moi comme si c'était mon frère. Et si Bakounine me dit : "Antoni, pourquoi nous ne brûlons pas l'église?" je lui réponds : "Allons-y Bakounine" et je lui allume les tisons. Les ivrognes délirent, paroles d'ivrognes, on le sait bien, mais Antoni Saba parlait sérieusement. C'est vrai qu'il aurait rassasié Bakounine et qu'il lui aurait allumé les tisons.
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