Vous avez dit zéro chômeur, oui, mais à un chiffre près...
Efficacité, productivité, rentabilité. Dans un pays géré comme une entreprise par un super président qui a instauré la dictature du plein-emploi, l'inactivité est devenue hors-la-loi. Des milices chassent les esprits récalcitrants pour soutenir l'effort national.
Pourtant, un homme revendique seul contre tous le droit de ne rien faire.
Il se nomme Meurchaud. Après avoir joué le jeu de la réussite et du système, il refuse de gagner sa vie à la perdre, en profitant de son statut de Dernier Chômeur.
Qui, de l'homme d'action ou du looser magnifique remportera cette bataille où s'affrontent deux conceptions de la vie : le travail à tout prix et l'art de la sieste ?
Une comédie sarcastique d'une brûlante actualité.
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Un roman de politique-fiction dans lequel un homme, à l'heure du plein-emploi, réclame le droit de ne rien faire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Verley tombait des nues. Oui, il avait bien mis la pression à ses conseillers pour réduire le chômage à zéro. Oui, il avait dit que toutes les solutions devaient être envisagées ; Oui, le résultat lui importait plus que les moyens d'y parvenir mais jamais, au grand jamais, il n'aurait pu imaginer que cela se fasse autrement que dans le cadre des lois de la République. Qu'un conseiller, à qui il avait accordé sa confiance, ait créé à son insu une cellule serial killeuse et ait produit de faux ordres de missions lui glaçait le sang. On parlait d'un nombre incalculable d'éliminations et de disparitions suspectes, un vrai génocide de chômeurs. Il se voyait déjà traduit devant la Cour pénale internationale de justice, accusé d'avoir couvert ou ordonné un crime contre l'humanité.
Il repensait à la folie de Barnay et le revoyait lui annoncer, toujours le sourire aux lèvres, qu'une figure emblématique du chômage de longue durée avait péri dans un accident de la circulation ou avait été victime d'un arrêt cardiaque. Verley s'était figuré naïvement que Dieu était de son côté en l'aidant à accomplir la grandeur de son destin par ces petits signes de bienveillance. Le doigt divin était en fait celui de Barnay ou d'un de ses sbires qui pressait la détente. Après réflexion il admettait que sa mégalomanie l'avait parfois emporté sur la raison. L'aveuglement l'avait quelquefois bien arrangé. Il risquait maintenant d'en payer le prix fort.
L'un de ses anciens amants policier d'élite dans une section spéciale était en possession de renseignements capitaux, une vraie bombe à retardement. Il lui avait raconté les meurtres de chômeurs maquillés en suicides, en accidents domestiques, en accidents de la route. Toutes sortes d'actions criminelles couvertes par le secret d'Etat. Une véritable machine diabolique pour éliminer ceux qui gênaient, les sans-grade, les SAR ( Sert A Rien ), les inutiles qui grossissaient les chiffres du chômage et ponctionnaient les finances. Selon lui, les ordres étaient validés directement par le Président, car il avait vu un ordre de mission signé. Il racontait avoir participé à la neutralisation programmée du Dernier Chômeur. Tentative avortée in extremis. Ce conseiller machiavélique, issu de l'armée de l'ombre, qui semblait avoir tout pourvoir et être le bras armé de la République pour exécuter les sales besognes, se nommait Barnay.
vous êtes sûr de votre coup, hein ?
- Bien entendu, monsieur le Président, tous les calculs ont été effectués et vérifiés. Avec les dernières mises à la retraite, les contrats aidés, quelques jeunes diplômés fils à papa fumeurs de cannabis que nous avons expatriés à l'étranger en Erasmus ; quelques inaptes au travail que nous avons internés, ceux qui ont été transférés en formation et quelques dealers que nous avons incarcérés, sans compter les tout derniers irrécupérables, mis sous le tapis comme on dissimule la poussière, les chiffres sont catégoriques. ( En montant la voix :)
Aujourd'hui, nous n'avons plus un seul chômeur officiel dans notre pays.
( Salve d'applaudissements dans le bureau. )
C'est historique !