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EAN : 9782070123186
256 pages
Gallimard (08/01/2009)
3.76/5   43 notes
Résumé :
" De retour dans sa chambre d'hôtel.
Pierre ouvre au hasard un guide touristique. Il apprend que le mot safari signifie voyage. C'est ainsi que les choses commencent. " L'action de ce roman se passe au Kenya, c'est-à-dire partout.
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Pierre est photographe . Son père vient de décéder au Kenya où il doit se rendre. Il ne l'a vu qu'une fois dans sa vie, sa mère ayant chois un géniteur plutôt qu'un amoureux.

Je ne connaissais Stéphane Audéguy que de nom, un nom que mes yeux croisaient chaque année ou presque sur les étals des librairies. La rencontre fut belle, autour d'une écriture très belle et d'une histoire touchante.
La quatrième de couverture nous dit que l'on est au Kenya mais que l'on pourrait être partout ailleurs. je n'en suis pas si sur.
Dans ce livre , la Kenya sert de support aux propos sur la colonisation et le chemin de fer , à la mondialisation via l'horticulture (on aurait pu aussi s'attarder sur les haricots verts, pourquoi les haricots verts de mon supermarché viennent ils toujours du Kenya???), aux conflits ethniques , au rôle des blancs en Afrique, aux luttes armées aux confins nord du pays, au tourisme de masse, aux racines de l'humanité dans la vallée du rift mais aussi au Kalenjis , qui sont les meilleurs coureurs mondiaux avant d'être des chaussures.
On n'est donc pas partout mais au Kenya où l'on va suivre Pierre dans le pays, dans un livre à a structure un peu décousue sans que cela soit perturbant.
Un livre qui est pour moi une ode à la liberté , à a recherche des fondements de la vie, au respect de l'autre.
Un livre qui ne raconte pas une histoire mais des histoires , en plongeant dans les racines ethniques de différentes peuplades kényane .
Anyango, qui comme Gebreselassié l'immense, se rendait à l'école en courant est un personnage magnifique qui fait un choix de vie déroutant pour nos yeux d'occidentaux. Elle fait partie de ces quelques destins que Stephane Audeguy nous livre merveilleusement avec sa sublime écriture.
Une très très belle découverte.
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Le "nous autres" du titre renvoie aux cohortes d'humains obscurs, sans grades qui ont vécu et disparu sur les terres qui s'appelleront Kenya. du port de Mombasa à la fondation de Nairobi (grâce à la construction longue et couteuse en vies humaines d'une ligne de chemin de fer).

Pierre arrive au Kenya pour y prendre en charge la dépouille de son père biologique, Michel. Celui-ci a été trouvé mort, nu et un sac plastique solidement noué autour de la tête dans un parc naturel. En toute logique, le corps aurait dû être dispersé par les charognards.

Michel vivait depuis toujours au Kenya. Il était devenu une sorte d'activiste contre toutes sortes d'activités qui détruisaient le milieu naturel en pillant les ressources en eau (serres géantes de fleurs par exemple). Il s'était fait de nombreux ennemis mais sa mort était portant un suicide avéré.

Contrairement aux conseils de l'ambassade et des autorités locales, Pierre ne se résout pas à rapatrier le corps vers la France. Et il entamera un voyage à travers le pays qui le changera.

Je n'avais encore rien lu de Stéphane Audeguy. J'ai beaucoup apprécié la qualité de son écriture, belle et généreuse. Mes quelques réserves portent sur un côté parfois décousu de sa narration. La fin est très abrupte, également.
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Nous autres, nous pousse avec intelligence vers les profondeurs de l'humanité. Au coeur de nos racines humaines, au milieu du Kenya, de la vallée du Rift, dans une nature que l'on sent majestueuse mais trop souvent dénaturée par l'homme occidental, « Nous autres » nous compte l'histoire millénaire d'un fils retrouvant son père mort et, lui cherchant la meilleure sépulture se découvre lui-même. Ce récit est relaté (avec subtilité) en voix off, celle de « Nous Autres » qui sont «depuis le commencement des temps 80 milliards de morts » qui ont peuplé notre planète ; ces âmes généreuses et inquiètes surveillent la vie de quelques humains voués à renouer avec le bonheur. Cette histoire réparatrice fait des allers-retours dans l'espace temps, elle remonte vers une période où le Kenya, qui n'est encore qu'une terre vierge, va être défoncé par la construction d'un chemin de fer dévoreur de vies humaines, l'émergence de Nairobi, de ses miséreux. Au milieu de ces grandes exploitations de l'Afrique par l'Occident, de la lutte pour l'indépendance, surgissent des vies singulières, celle d'une femme hinga et de sa petite fille, celle de Michel en France en 1968, de Pierre quelques années plus tard, de Françoise, de Rob, d'Anyango, et d'Akwam. Ces existences vont témoigner d'une autre façon d'envisager le monde et de le vivre, chacune nous livre un regard original sur la société. de l'écologie, à la politique en passant par l'amour, la cupidité et l'Histoire, ce roman ne laisse de côté aucune dimension de l'humain. Avec une écriture poétique et dépouillée Stéphane Audeguy ne nous lâche pas et nous conduit avec bonheur vers une fin pleine d'un espoir simple.
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Pierre apprend que son père qu'il n'a vu qu'une seule fois est mort au Kenya, à Nairobi, dans une curieuse mise en scène : nu, un sac plastique sur la tête, son corps exposé aux prédateurs. Serait-ce un crime ?

Il part alors sur les traces de ce père inconnu et découvre l'homme qu'il était, ses amis et ses engagements. Il découvre peu à peu son histoire et apprend à le connaître. Cette rencontre post-mortem, dans un pays déchiré par les paradoxes, va le conduire à tisser des relations qui vont changer sa vie.

Le livre est traversé par de très beaux personnages de femmes : Marie Nyanjira qui fera » honte à la peur des hommes », la hinja qui dirige dans le désert la caravane des femmes. Selon la tradition, ces femmes hikuyus voyagent en temps de guerre ou de disette afin de ravitailler les villages affamés ou les familles isolées. Elizabeth, fille de Mary, guerrière engagée dans la lutte pour l'indépendance, et sa fille qui court comme une gazelle, infatigable.



Toute cette histoire est contée par « Nous autres », fantômes de cette terre kenyane, témoins et souffle profond, parole du fond des âges, qui donne à ce récit une puissance et une ampleur inégalées.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Stéphane Audeguy. J'avais déjà lu « Fils unique », « La théorie des nuages », et « Petit éloge de la douceur ».

On sent dans ce livre, la présence inquiétante des grands fauves, on entend le claquement des mâchoires des crocodiles, l'odeur pestilentielle des charognes. On y entend aussi la pulsation monocorde et insupportable de la misère, de l'injustice sociale et des fractures profondes causées par l'histoire et la corruption.

J'ai été subjuguée par le voyage qu'offre Stéphane Audeguy, par cette parole qui avertit « …et le vent le plus fou ne nous fera pas taire ».


Lien : http://www.litterama.fr/arti..
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Nous autres serait presque un passage étrange parmi les textes de Stéphane Audeguy. Etrange par le lieu, le Kenya, car même si la 4ème indique qu'il pourrait se passer n'importe où, il ressort de ce texte une réelle vision de l'Afrique dans le monde : la fin tragique de Michel sur le sol africain malgré lui victime de la globalisation, le rapport à la mort si particulier. Et puis, Audeguy nous raconte des individus, qui sont prets à changer devie dans une circonstance particulière. Michel, son fils, Rob, tous sont prêts à saisir la vie quand elle se présente. Doucble sentiment de la vie qui s'offre totalement, et des événements pourtant contre lesquels parfois on ne peut rien...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Très loin du Kenya, en Angleterre et en Hollande, de grands groupes horticoles ont refait cent fois leur calculs, et ces calculs indiquent avec certitude qu'en raison de l'augmentation des frais de fonctionnement des serres chauffées dans toute l'Europe occidentale, laquelle est directement fonction de celle du pétrole, il est devenu rentable de s'en aller cultiver des fleurs dans des zones plus chaudes et plus ensoleillées que les banlieues holandaises ou les campagnes anglaises, et dont la main d'oeuvre, incidemment, se révèle moins couteuse.
/.../
En 1989 une nuée de sous-traitants s'abat sur la vallée du Rift. Le site de Naivasha est assez proche de l'aéroport internationnal de Nairobi, une fleur cueillie à l'aube sur les bords du lac peut donc orner le soir même la table d'un restaurant de charme du centre d'Eindhoven. Une demi-douzaine de fermes agricoles exhalent leurs effluves de fertilisants et empestent le ciel. Leurs pompes à eau sont si puissantes que les alevins et les petits poissons, ne pouvant résister à leur aspiration, meurent asphyxiés au pied des grans rosiers. Les fermes elles-mêmes avalent goûlument, dans toutes les campanes avoisinantes, les paysans misérables qui rêvent d'un salaire; cinquante mille hommes pénêtrent dans ces serres, sans compter ceux qui viennent attendre devant les grands portails une embauche hypothétique, cinquante mille hommes, et pour les plus chanceux l'entreprise fournit logement et nourriture, c'est une économie sur la masse salariale, et parfois même le grand luxe d'une crèche qui permet aux femmes de tenter leur chance; mais les autres, infiniment plus nombreux, vivent dans des baraques sans nom, déboisent les collines environnantes pour se chauffer, chaque jour manquant d'eau potable, les fleurs mieux abreuvées que les hommes, d'autres encore n'ont pas trouvé à s'entasser dans les baraques, font chaque jour dix kilomètres à pied pour venir travailler, dix kilomètres à pied pour s'en retourner, le grand désert blanc des serres assèche non seulement le lac mais aussi la région tout entière, attire des centaines de camions, déverse dans le lac des engrais qui tuant les poissons ruinent tous les pêcheurs , et sous les bâches blanches, le bromure de méthyle qui brûle les yeux et les mains, qui s'infiltre dans les reins, et, selon les variations des marchés et des cours, laissant en mai des milliers de journaliers sans travail pour les réembaucher à la Saint-Valentin, à la Fête des mères, le Kenya produisant maintenant le tiers des fleurs européennes.
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Pierre va passer trente minutes en apnée puisque c'est l'un des plus grands mystères de la vie sociale que les êtres qui s'obstinent à parler à leur semblables de fort près, en leur tenant le bras d'une poigne solide , soient immanquablement affligés d'une haleine fétide, voire pestilentielle...
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Elle n'a pas cessé d'aimer courir. Elle préfère les marathons urbains à la monotonie des pistes synthétiques, mais par-dessus tout les courses dans les bois, le vent sur son visage, reconnaître le parcours, repèrer les endroits où l'on peut lâcher ses adversaires, et s'élancer enfin dans la joie de la course à travers les souffrances qu'on sait pouvoir vaincre, les paliers imprévisibles des nausées, les fringales insensées, les vagues de douleur qui balaient tout le corps, et l'extase curieuse du finish des victoires.
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Cependant dans cet embouteillage étrange, dans la fumée bleue des diésels, le guépard se met à tousser atrocement, c'est une toux déchirée, écartelée entre deux tons, l'attaque est rauque mais elle finit dans des aigus grotesques, dénaturée. Il sonne comme un gros chat malade et castré, et désormais Pierre est au bord des larmes, il a fait taire d'un geste excédé le chauffeur qui lui soufflait shoot, shoot, il écoute ce cri comme s'il s'agissait d'y reconnaître des paroles inouïes, ce cri est la détresse du guépard et comme l'expression parfaite de la tristesse qui maintenant unit l'animal aux hommes, aux silhouettes torturées des grands acacias, et même aux griffures glacées des nuages du soir, le cri des êtres sans langage touche au fond sans paroles du langage des hommes. Seule la honte d'être là sauve Pierre des larmes, la honte qui nous sépare des hyènes et des vautours.
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Au commencement du XXième siècle, les premiers Kényans blancs s'installent autour du lac. On leur a promis que ces terres seraient désertes ; il y a bien des indigènes, mais ils sont incapables de produire le moindre document attestant leur propriété sur cette plaine où depuis deux mille ans ils paissent leurs troupeaux.
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