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La Cité de Dieu - Seuil tome 2 sur 3
EAN : 9782020220651
368 pages
Seuil (18/05/2004)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Quand Rome est mise à sac (410 ans ap. J.-C.), un soupçon naît chez les Romains adversaires du christianisme : seraient responsable du déclin de Rome ? Augustin relève le défi de cette interrogation. La force et l'originalité de La Cité de Dieu consistent à proposer un principe pour éclairer le jugement, pour comprendre des événements inédits qui instaurent de nouveaux équilibres. Augustin distingue en effet entre le devenir de deux cités : la cité de Dieu et la cit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En dépit d'un baptême tardif, il n'en est pas moins devenu l'un des Pères fondateurs de la pensée chrétienne au point même que l'Eglise fera de lui un Saint.
Augustin, évêque d'Hippone, écrit son testament politico religieux dans un contexte dont les enjeux pour l'Eglise sont de tailles. En effet, l'Empire Romain, fraichement converti au christianisme est envahi et son déclin est en marche, dès lors l'inquiétude des chrétiens se traduit par la crainte d'être victime collatérale de cette dégénérescence.
Aussi, ce qui deviendra plus tard l'augustinisme politique voit le jour dans une pensée politique et éthique qui répond aux théories politiques des Anciens, et apporte deux nouveaux acteurs, l'homme au singulier, pris dans son individualité ainsi que son créateur, Dieu.
Dans le corpus porté à l'étude, Augustin propose une conception nouvelle de la cité, au travers d'une critique acerbe des Anciens, il dessine les fondements et la finalité de la cité idéale qui sont respectivement le citoyen chrétien et la foi en Dieu.

le principal souci d'Augustin, en ces temps de guerre, c'est la pacification des hommes. A l'instar des Anciens, il voit en la Cité le meilleur moyen d'atteindre la paix, la concorde des intérêts entre les hommes, seulement pour lui, la « vie heureuse » d'Aristote n'est pas la finalité de la cité, pas plus d'ailleurs que la République de Rome dont il réfute les fondements.
Augustin place sous la subordination de Dieu le qualificatif même de peuple, pour qu'il y ait un peuple, il faut une justice basée sur un droit fidèle à Dieu.
Fidèle à la doctrine chrétienne de Jésus qui déclarait ainsi « mon royaume n'est pas de ce monde », il distingue la cité terrestre de la cité céleste. Mais il ne s'agit pas de la cité idéale, puisqu'il serait orgueilleux de prétendre pouvoir l'atteindre sur cette terre. Il s'agit moins d'un modèle normatif que d'une instance divine qui ne sera accessible qu'après une vie entière dans la cité terrestre et dans l'obéissance aux lois politico religieuses.

L'auteur effectue un constat de l'échec de Rome, la République est responsable de son échec car ces lois sont le fruit de conventions entre les hommes, ainsi l'ordre est réglé en fonction de considérations subjectives, parfois iniques.
Les conceptions philosophiques des Anciens, dont Rome a partiellement héritée sont aussi l'objet d'une critique virulente. Ils ont cru pouvoir trouver le bonheur et la paix dans la maitrise du corps et de l'esprit, mais pour Augustin cela est blasphématoire, et surtout vain. Il en veut pour preuve tous les maux qui frappent les hommes mais encore que certains stoïciens, accablés par trop de souffrance, préfèrent mettre un terme à leur existence, ce qui démontre que la vie terrestre ne permet pas d'atteindre le bonheur. Autrement dit, il n'y a pas de salut sur cette terre.
Après ce constat amer, Augustin livre son acception du peuple, en fonction de l'amour qu'a ce dernier. Hors l'amour d'un peuple est pour l'auteur synonyme de foi.


Pour Augustin les hommes n'ont qu'un seul moyen de trouver la concorde raisonnable sur cette terre, c'est de vivre avec la foi, c'est-à-dire de vivre en se préparant au passage dans la Cité de Dieu où la paix et la quiétude ne sont plus temporaires, fugitives ou contingentes, mais absolues et éternelles.

Par cette promesse, le prédicateur veut mettre les hommes en ordre de marche pour espérer atteindre cette cité. Parce que les hommes sont les maillons de la Cité, et qu'à travers eux Dieu qui commande au corps et à l'âme et par la même à la raison, commande à la cité.
Aussi s'emploie-t-il à donner, non sans prosélytisme, des prescriptions aux individus.
La monarchie de droit divin et la figure du prince chrétien n'apparaissent pas encore, Augustin ne semble pas se prononcer en faveur d'un régime ou d'un autre, aucunes réserves constitutionnelles ou culturelles, ne conditionne la naissance d'une telle cité, ni même la barrière de la langue, des moeurs… seul compte l'adoption, par les hommes, d'un régime politique fondé sur le respect de Dieu et de lui seul, c'est-à-dire ne plus adorer les idoles.
Mais aussi pour les hommes, d'accepter leur condition bonne ou mauvaise, car Dieu est garant de l'ordre de toute chose et distribue à chacun ce qu'il mérite. Pour ceux qui ne respecteront pas ces prescriptions, les pécheurs, ils subiront le poids des remords.
Quant à la Cité qui se détournera des préceptes chrétiens, elle pourrait bien connaitre un sort similaire à celui de l'Empire, tel que l'a vu brûler Augustin.
(#2014)
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A-t-on encore des concepts nouveaux à penser ? Est-ce que tout n'a pas déjà été dit, anticipé, intériorisé ? Je me suis posé ces questions en lisant La cité de Dieu. Je trouvais en germe tellement de concepts philosophiques et juridiques postérieurs. C'est proprement hallucinant de voir tant de modernité et de clairvoyance dans un livre du Vème siècle ! Certes, il faut remettre le discours dans son contexte et dans la perspective d'un auteur catholique. Je trouve néanmoins que c'est un creuset d'intelligence que je regrette d'avoir lu si tard. Je pense que c'est le genre de bouquin qu'il faudrait lire plus tôt, même au lycée. Comment comprendre le monde actuel sans savoir d'où il vient, comment les idées ont évolué petit à petit pour devenir ce qu'elles sont aujourd'hui ? Revenir à la source, si clairement formulée, est une nécessité. Je pense à cela notamment sur la laïcité: nous devons beaucoup à St Augustin pour la laïcité: c'est lui qui théorise en termes juridiques les implications de l'apophtegme du Christ : « rendez à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est Dieu ». St Augustin, en distinguant la loi divine de la loi de la cité, laisse une place à l'autonomie politique de la cité, car il s'agit précisément d'inscrire la religion catholique en dehors de tout système politique à une époque où l'empire romain - qui a fait la religion catholique sa religion d'état - s'effondre. Certes, il faudra attendre Hugo Grotius pour que les droits naturels de l'homme soient autonomes par rapport à la loi divine. Mais tout de même, Grotius peut le faire, car la voie a été ouverte avant lui ... (plus sur Instagram)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« C’est en tout cas une bien étrange vanité d’avoir placé leur béatitude ici-bas, et surtout de l’avoir fait dépendre d’eux-mêmes. La Vérité se rit de cet orgueil. »
Chapitre IV

« Il en est de notre bonheur comme de notre salut, nous ne le possédons qu’en espérance […] parce que nous sommes au milieu de maux qu’il faut supporter patiemment, jusqu’à ce que nous arrivions à la jouissance de ces biens ineffables qui ne seront traversés d’aucun déplaisir. »
Chapitre IV

« L’usage des choses nécessaires à la vie est commun aux uns et aux autres […] mais la fin à laquelle ils rapportent cet usage est bien différente. Il en est de même de la cité de la terre, qui ne vit pas de la foi »
Chapitre XVII

« S’il n’y a point de justice dans un homme étranger au culte de Dieu, certainement il n’y en aura point non plus dans une société composée de tels hommes »
Chapitre XXI

«  Il est écrit dans la loi du vrai Dieu que celui qui sacrifiera à d’autres dieux qu’à lui sera exterminé »
Chapitre XXI
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Les incrédules refusent de croire que la taille de ces hommes excédât de beaucoup la nôtre. Et quand le plus célèbre de leurs poètes parle de cet énorme roc, borne d’un champ, qu’un héros des temps antiques arrache, balance et jette en courant contre son ennemi, Virgile n’ajoute-t-il pas : « Douze hommes tels qu’aujourd’hui la terre les enfante, douze hommes choisis le soulèveraient à peine » ; pour faire entendre que la terre enfanterait alors des corps plus grands. Combien plus grands encore dans les temps plus voisins du berceau du monde, avant la terrible et universelle catastrophe du déluge ? Mais souvent des tombeaux écroulés sous le poids des âges, mis à nu par la violence des eaux, ou par divers accidents, comme pour convaincre les incrédules, exhument ou font rouler devant eux de gigantesques ossements.

J’ai vu, et plusieurs ont vu avec moi, sur le rivage d’Utique, une dent molaire d’homme, si extraordinaire que, divisée suivant les proportions réduites de notre chétive humanité, elle eût pu faire cent de nos dents actuelles. C’était, j’imagine, une dent de quelque géant ; car si les hommes d’alors étaient plus grands que nous, les géants étaient encore infiniment plus grands. Et depuis, de notre temps même, des phénomènes de ce genre, rares il est vrai, n’ont toutefois presque jamais cessé de se produire. Le savant Pline assure que plus le temps précipite son cours, plus les corps que produit la nature diminuent ; et il rappelle à ce sujet les plaintes d’Homère, non comme poétiques et ridicules fictions, mais comme preuve historique, sérieusement acquise à l’observateur des phénomènes naturels. (livre XV, IX, pp. 210-211)
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Vidéo de Saint Augustin
À travers son récit de l'ascension du Mont Ventoux, Pétrarque nous plonge peu à peu vers les régions intimes de sa conscience. Au fur et à mesure de son élévation, le récit se charge d'un sens plus profond, et se transforme en une réflexion sur le sens de la vie, et sur les notions de voyage extérieur / voyage intérieur. Et pour cause, Pétrarque a emporté avec lui le livre des Confessions de Saint Augustin, dont il ne se sépare jamais.
Écrivain et poète Italien du 14e siècle, Pétrarque est né sous le signe du voyage. Une série de podcasts en 6 épisodes, véritable odyssée sonore à travers les livres, en compagnie de cet illustre précurseur de l'humanisme.
Un podcast original de la Bibliothèque nationale de France
Production exécutive : NARRATIVE Conception et direction de projet : Sophie Guindon Conseiller scientifique : Philippe Guérin Ecriture : Nelly Labère Réalisation, design sonore et montage : Julia Griner et Ariane Neumann Prise de son : Ruben Perez – La Fugitive Musique originale : Julia Griner Voix : Elodie Huber et Jean-Philippe Vidal Production : Cecile Cros assistée de Charlie Dervaux
Textes de Petrarque extraits des Lettres familières (livre IV, lettre I)
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://essentiels.bnf.fr/fr/
+ Lire la suite
>Religion>Christianisme, Théologie chrétienne>Apologétique et polémique (11)
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