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Anilbaran Roy (Éditeur scientifique)Camille Rao (Traducteur)Jean Herbert (Traducteur)
EAN : 9782226012784
378 pages
Albin Michel (11/03/1970)
4.11/5   44 notes
Résumé :
Poème mystique de 700 versets, inséré dans la grande épopée anonyme du Mahabharata,La Bhagavad-Gîtâ, "le chant du Seigneur", est considérée comme la "Bible de l'Inde". Le dieu Krishna, avatar de Vishnu (voirMythes et dieux de l'Inde), prenant la forme d'un conducteur de char, expose ici, au jeune guerrier Arjuna, une doctrine portant sur l'action, la discrimination, la connaissance et la dévotion.La présente traduction est de Camille Rao et, Jean Herbert, indianiste... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un texte écrit entre le Ve et le IIe siècle avant l'ère commune . C'est vague , mais dater les textes sanskrits est une gageure , à cause de la forme de la langue , qui est fixée comme une gangue de perfection absolument rétive et hermétique à l'examen philologique historique .

Sur le fond , le corps du texte a tout d'une Upanishad antique . Mais le texte à la longue vie orale et écrite , ensuite est visiblement le résultat un assemblage postérieur à ce socle initial . Un tout assez fluide et incontestablement , élégant .
Le seigneur Krishna a ici été déjà joint à Vishnou , alors que certains concepts comme l'éveil ont émergés , on est donc de toutes les façons après le début du Vie siècle avant l'ère commune. Donc dans une période largement pot-védique , caractéristique de la contre- reforme hindouiste .
Apres ou pendant les controverses bouddhiques ou encore jains .

Dix-huit chapitres où l'âme est à la conquête de l'âme . Littéralement : le chant du seigneur ( et incidemment par correspondance allusive : celui du bienheureux , de l'éveillé ) .
Le poème est un texte dynamique qui livre l'essentiel de la doctrine hindoue , la substantifique moelle de l'hindouisme .

Les thèmes sur le fond , traitent : d'Arunja un des cinq Pandavas dont le cocher , le dieu Krishna ( incarnation du Bhraman ( le sacré , seule réalité tangible et non illusion ) ) , conduit le char à la bataille de Kurushretta ( objet principal de la Gita ) .
Arunja près d'affronter sa famille ,des fres et des peres , se tourne vers le seigneur Krishna pour obtenir son conseil alors qu'il est désolé de vraisemblablement devoir causer des pertes à sa famille .
S'en suit un débat sur la corruption du monde et sur la finalité de faire cesser le cycle des renaissances par différents sentiers ( yogas) , par l'éveil principalement ( accès à un état de conscience supérieur ) .
Krishna exposera plusieurs Yogas ( sentiers ) , insistera sur le caractère transitoire et relatif de la mort et enfin il révèlera à Arunja le statut de Krishna incarnation de Vishnou .
Le texte vous renseigne sur :
- La science rationnelle et la méthode analytique , sur le Yoga ( sentier) de l'action où l'être n'est pas ( n'est plus) lié ( contingenté ) à ses actes , sur le détachement d'avec les contingences égotiques liées à la jouissance des biens de ce monde et sur la tyrannie de l'égo dont l'anéantissement mène à un état de conscience conduisant à la sérénité parfaite , un état au-delà des désirs , sur le yoga qui déracine le doute et l'attachement aux fruits de nos actes , sur la purification des souillures , sur le yoga de la dévotion à autrui , sur l'utilité de l'ordre social dans la lutte contre la souillure , sur l'adoucissement de la souffrance grâce au transcendantal dépassement du désir et par le gout de la mesure dans le repos , dans la sustentation et le travail .
Et par-dessus tout , sachez que : « Et celui qui se pénètrera de cette conversation sainte échangée entre nous , je considérerai qu'il m'a offert le sacrifice en esprit . » verset 18/10 , qui démontre que l'offrande n'est jamais uniquement matérielle , mais également spirituelle et qu'elle se tient dans une posture morale et éthique ainsi que dans une démarche et dans une posture intellectuelle . Véritable Puja ( sacrifice , offrande , célébration ) par l'âme .
Plutôt que résumer le chant du seigneur Krishna ou de l'éveillé , j'ai préféré lister , comme ci-dessus , subjectivement quelque concepts clairement énoncés dans ce chant pour permettre au lecteur de cette misérable bafouille , d'avoir un contact intime avec la pensée et l'univers mental du Sanatana-Dharma ( hindouisme ) et de la Bagavad-Gita.
Si vous voyagez en inde , je vous conseille d'avoir un exemplaire de la Bagavad-Gita sur vous , vous vous ferez plein de potes , très étonnés de voir quelqu'un lire ce texte qui est encore le plus souvent récité , plus que lu , en partie du fait de sa complexité lexicale . Grace à lui beaucoup de choses seront pour vous , beaucoup moins onéreuses et tellement plus intéressantes et sympathiques , alors que les portes s'ouvriront .
Alors , La Bagavad-Gita , un condensé d'hindouisme , un récit très vivant inséré dans le Mahabharata .
De nombreux sanctuaires témoignent de la bataille de Kurushretta . J'en connais un à Akhnoor près de Jammu , où un pandit m'a expliqué que c'est dans ces grottes que se sont engouffrés les Pandavas , pour preuve en ces lieux , l'empreinte de la main d'Arunja sur la roche noire de suie …Il y a dans les rituels quelque chose d'analogue au yoga de l'éveil selon ce que l'on m'a appris ce jour-là . Encore que rien ne puisse semble-t-il se substituer à l'étude au sens de praxis m'a dit le pandit ( sourires ) .
Ce cher monsieur ( si serviable et généreux ) , en plus de l‘offrande numéraire , me demandai de livrer au temple un pan de mon savoir , je lui révélait que c'était à Aknoor , près de ce sanctuaire , qu'Alexandre entra en inde en traversant la rivière Chenab , qui coule le long des murs de ce sanctuaire . Décidément ce sanctuaire avait vu de grands conquérants , nous conclûmes en coeur , sourires au lèvres que les pierres de la rivière en savaient plus que nous autres humains , les yeux rivés sur la tumultueuse rivière surplombée par les étendards sacrés et safrans du Sanatana- Dharma , sur la terrasse du temple ( couleur du combat et de la recherche de la puretée et de la verité ) .
Voici mon commentaire de ce texte sacré et cette anecdote personnelle qui témoigne de comment ce texte se vit en sanctuaire . Je rajoute que c'est un grand geste de piété que d'en offrir à ses proches et à ses voisins , la chance d'en écouter la récitation par un pandit compétant .
En Inde on se fait cela tant que l'époux et l'épouse sont vivants et réunis …..C'est un somptueux Puja , celui d'une vie .
OUI , donc un récit de guerre , un récit de guerre poétique et métaphorique enraciné dans le tragique et la philosophie qui parle de transcender la vie et la mort .

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La Bhagavad-Gîtâ, c'est d'abord une histoire. Ce chant est inséré dans la Mahâbhârata (« grande Inde »), un récit épique très ancien rédigé à l'époque où les Hindous eurent la vision d'une Inde puissante, une dans sa culture et unifiée politiquement.

Dhritarâshtr a, le roi aveugle, décide de donner son trône, non à son fils Duryodhana, mais à Yudhishthira, fils aîné de feu son frère cadet Pându. Il juge en effet que son fils, adonné au mal, n'est pas digne de gouverner un royaume où règnent les principes de droit et de justice. Mais Duryodhana s'empare du trône par la force et cherche à anéantir son rival Yudhishthira et ses quatre frères. Krishna, chef du clan Yâdava, intervient avant la bataille et tente de réconcilier les deux partis. Au nom des cinq frères, il réclame cinq villages à Duryodhana qui refuse. Il ne reste donc plus d'autre choix que la guerre.

La Bhagavad-Gîtâ commence quand Sanjaya, le conducteur du char du roi, lui raconte ce qui se passe sur le champ de bataille de Kurukshétra. Ici, Krishna est apparu sous une forme terrestre à Arjuna, l'un des cinq frères, précisément choisi parce qu'il représente un équilibre de pureté et de force (de sattva et de rajas). La Bhagavad-Gîtâ est un chant divin car Krishna, apparaissant sous une forme humaine (un Avatar), enseigne à Arjuna (à l'homme en général) à s'élever au-dessus de la conscience humaine jusqu'à une conscience divine supérieure.

Arjuna, sur le champ de bataille, est accablé par l'action qu'il doit commettre. Déchiré par la nécessité de combattre, alors même que la guerre est nécessaire pour permettre à l'ordre de durer, sa crise soulève le problème plus général de a vie et de l'action humaine. C'est cette question qui introduit la Gîtâ et Krishna apparaît pour lui répondre.

La réponse procède par étapes, de son niveau le plus immédiatement accessible au niveau le plus subtil. D'abord, Krishna fournit une brève réponse fondée sur les conceptions philosophiques et morales du Védânta, et sur la notion sociale de devoir et d'honneur, base éthique de la société âryenne.

Shri Aurobindo commente : « La pitié d'Arjuna est une forme de complaisance envers soi ; c'est le recul physique nerveux devant l'acte du massacre, le recul égoïste, émotif du coeur devant la destruction des dhritarâshtriens parce qu'ils sont « sa propre famille », et que, sans eux, la vie serait vide. »

La crise d'Arjuna est une crise du dharma (action, règle de vie personnelle) et il implore qu'on lui donne une nouvelle voie. Krishna doit d'abord détruire les revendications de l'être égoïste pour faire place à la loi supérieure. La bataille figure comme action assignée à Arjuna sur le chemin qu'il doit inévitablement parcourir dans l'accomplissement de la fonction exigée par le svadharma (devoir social).

Ensuite, Krishna fournit une réponse fondée sur une connaissance plus intime des vérités profondes de l'être, vrai point de départ de l'enseignement. Elle se base sur une synthèse de Sâmkhya, de Yoga et de Védânta. Sâmkhya explique l'existence par deux principes originels dont l'interaction est la cause de l'univers : Purusha l'inactif (Ame) et Prakriti l'actif (Nature). Ici, le Purusha est considéré comme multiple (des formes différentes d'un même principe) alors que dans le Yoga, Purusha est considéré comme unique, et c'est vers lui que le yogin doit se diriger par sa pratique. La Bhagavad est une synthèse de ces philosophies : elle apporte une solution en faisant entrer les principes du Yoga védântique dans le Sâmkhya. Cette solution porte le nom de Purushottama, c'est le plus haut Purusha, que seul l'homme libéré peut atteindre par l'exercice de la buddhi (action du mental qui détermine la direction et l'emploi de nos pensées et de nos actes, fonction de volonté et de connaissance).

La Bhagavad se distingue de la conception du Yoga selon laquelle le sacrifice est une élévation. le Yoga dit qu'il faut tuer le désir de l'action ; la Bhagavad dit qu'il vaut mieux tuer l'action faite dans le désir. La non-action peut aussi être faite dans le désir, ce que le Yoga semble avoir ignoré, délibérément ou non.

« Tu as droit à l'action, mais seulement à l'action, et jamais à ses fruits ; que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile ; et pourtant ne permets en toi aucun attachement à l'inaction. »

Le premier mouvement, c'est de se débarrasser du désir, non par un ascétisme extérieur mais par un retrait intérieur, un renoncement au désir, qui permet d'atteindre la vraie liberté : « Qui en nulle chose n'est affecté, même si tel bien ou tel mal lui échoit, et ne hait ni ne se réjouit, son intelligence est fermement établie dans la sagesse. »

Arjuna, égaré par cette réponse, demande une règle simple d'action. Krishna lui fournit alors un développement de la doctrine des oeuvres faites comme sacrifice au Divin. Il faut que Purusha puisse observer Prakriti faire l'action, sans être affectée par elles. La voie juste, c'est l'action maîtrisée de l'organisme subjectif et objectif. le sacrifice dans les oeuvres, c'est le sacrifice du désir qui leur est attaché, c'est-à-dire le sacrifice de l'ego sur l'autel de la Divinité qui embrasse tout. L'homme fera ses actions dans un esprit différent, et c'est ce qui sera le plus important. Cet esprit différent, c'est celui de la loi de sa propre nature.

« Mieux vaut [pour chacun] sa propre loi d'action, même imparfaite, que la loi d'autrui, même bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est périlleux de suivre la loi d'autrui. »

Ainsi, « c'est seulement lorsque vous avez atteint la paix de l'âme que vous pouvez devenir capables d'une action libre et divine. »

L'Avatar se donne en exemple à Arjuna, pour illustrer son développement. Il lui donne les signes qui permettent de reconnaître le divin ouvrier : ce sont l'équanimité, l'impersonnalité, la paix, la joie et la liberté, traits indépendants des phénomènes extérieurs de l'action et de la non-action.

« L'homme libéré reçoit ce que la volonté divine lui apporte, il ne convoite rien, n'est jaloux de personne : ce qui vient à lui, il l'accepte sans répulsion ni attachement ; ce qui s'en va, il le laisse partir, rejoindre le tourbillon des choses sans regret ni affliction ni sentiment de perte. »

Nous approchons encore plus près de la vérité philosophique lorsque la synthèse des oeuvres, de la connaissance et de la dévotion se propose comme solution. Enfin, le plus grand secret sera livré : c'est le dépassement spirituel de tous les dharmas, la renonciation spirituelle à l'idée qu'on est maître de son action. « le vrai tyâga [renonciation] a pour base l'action et la vie dans le monde et non pas la fuite au monastère, dans la caverne ou au sommet de la montagne. »

Les idées de la Bhagavad sont accessibles aux Occidentaux. Certains penseurs, consciemment ou non, rejoignent ses conceptions.

Carl Gustav Jung concevait Dieu comme la manifestation de l'énergie vitale psychique de l'homme ; la Bhagavad considère que le donneur de l'offrande (de l'ego) est le Divin lui-même en l'homme. Il faut donc accepter le moi sans le juger : « Par le moi tu dois délivrer le moi, tu ne dois pas déprimer ni abaisser le moi, car le moi est l'ami du moi et le moi est l'ennemi ». Si ce n'est pas le cas, l'homme ignorant aura tendance à projeter son ombre sur les autres et à combattre à l'extérieur les tendances inférieures non reconnues au-dedans de lui : « Peut-être avons-nous souvent besoin de la crainte et du dégoût du monde pour nous écarter de la nature inférieure, car ce sont vraiment la crainte et le dégoût de notre propre ego reflété dans le monde. »

Spinoza parlait de la liberté accessible par la troisième sorte de connaissance et distinguait la joie de la tristesse comme niveaux variant de la connaissance (joie) à l'ignorance (tristesse) ; la Bhagavad dit : « Les jouissances nées du contact des choses sont des causes de chagrin, elles ont un commencement et une fin ; c'est pourquoi le sage, l'homme d'entendement éveillé, ne place pas en elle ses délices. »

Dans le dernier livre de Michel Houellebecq, « Soumission », une solution proche de celle proposée par la Bhagavad était proposée pour résoudre les problèmes politiques, sociétaux et religieux actuels. le personnage de « Soumission » avait fini par sacrifier son ego pour prendre le pli du mouvement cosmique et il avait ainsi atteint la paix, l'équanimité et la joie ; dans la Bhagavad, Arjuna doit aussi faire un travail divin comme instrument de la divinité dans le cosmos. le problème, lorsque le message nous parvient de l'extérieur, c'est qu'on ne peut pas être certain de se sacrifier vraiment pour la Divinité. On risquerait plutôt de sacrifier son ego personnel pour un ego extérieur qui nous a dupés en se faisant passer pour le Divin. Dans l'idéal, ce mouvement doit naître d'une impulsion intérieure qui n'est dictée par rien d'extérieur, genre de mûrissement de l'expérience personnelle.

Enfin, nous ne citerons qu'un extrait du « Monde comme volonté et comme représentation » de Schopenhauer pour souligner la proximité de ce dernier avec la Bhagavad : " aussi longtemps que notre conscience est remplie par notre volonté, aussi longtemps que nous sommes livrés à l'impulsion du désir avec ses espérances et ses craintes continuelles, aussi longtemps que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, redouter un désastre ou chercher la volupté, c'est pour l'essentiel une seule et même chose : l'inquiétude d'une volonté toujours exigeante, quelle que soit la forme sous laquelle elle se manifeste, emplit et agite continuellement la conscience ».

En revanche, certains points semblent plus difficiles à comprendre. Nous autres occidentaux avons tendance à vouloir régler les problèmes de la société avant de nous intéresser à nous-mêmes. Pour la Bhagavad, charité bien ordonnée commence par soi-même : « Notre seule voie ultime est la transformation de notre existence entière dans le monde […] en un mouvement unique dirigé vers l'Eternel ». Si la paix et la liberté sont atteintes en notre âme, la liberté et la paix seront automatiquement instaurées dans la société. Bien sûr, ce mouvement n'est pas accessible à tous les hommes. L'ancien système des castes, différent du système moderne qui s'est mis en place plus récemment, prenait en compte la différence des caractères humains (définis par un savant dosage des trois types rajas, tamas et sattva) pour régler la vie en société. Il n'en reste pas moins que ce qui importe, et ce qui est prôné dans la Bhagavad, c'est la recherche du Divin en soi. « Si même un homme de conduite très perverse se tourne vers Moi avec un entier, un unique amour, il doit être regardé comme un saint, car la ferme volonté d'effort en lui est une volonté juste et complète. »

De même, l'idée que nous ne sommes que des instruments d'une volonté divine ne plaira pas à nos amis contemporains de l'idée du libre-arbitre. C'est à cause de cela déjà que Spinoza avait été sérieusement répudié. « Selon les apparences, l'ego est l'auteur [de l'action] mais l'ego et sa volonté sont les créations et les instruments de la nature avec lesquels l'entendement ignorant identifie à tort notre moi ». Une énième discussion sur le libre-arbitre ne sera pas nécessaire dans le cadre de ce résumé. Lisons simplement ceci : « Vaine est ta résolution, celle qu'en ton égoïsme tu formes, disant « Je ne veux pas combattre » ; ta nature te prescrira ta tâche. »

Dans cette édition, on appréciera les commentaires de Shri Aurobindo qui, en excellent intermédiaire entre la tradition hindoue et le langage occidental, nous permettra de comprendre les subtilités de ce texte ancien. En conclusion, citons ce commentaire qu'il fit de la Bhagavad : « le théisme de la Gîtâ n'est pas un théisme précautionneux et craintif, effrayé des contradictions du monde, mais un théisme qui voit Dieu comme l'Etre originel unique, omniscient et omnipotent, qui manifeste tout en Lui, quoi que ce puisse être –bien et mal, peine et plaisir, lumière et ténèbres- comme matière de Sa propre existence […] ». C'est ce que C. G. Jung disait également lorsqu'il abandonnait la recherche de la réalisation de la perfection de l'âme pour lui préférer la réalisation de l'intégralité, parce qu'elle seule est apte à prendre en compte les différentes nuances de la vie terrestre.

En résumé, le grand secret transmis dans la Bhagavad réside dans l'enseignement qui essaie de réconcilier la vie active avec la vie intérieure dans le Moi et l'esprit suprêmes. le message particulier donné à Arjuna est aussi un message universel et se présente désormais comme une règle mise à la disposition de quiconque est prêt à monter par-delà la mentalité ordinaire pour agir dans la conscience spirituelle suprême.

Lien : http://colimasson.blogspot.c..
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la Bhagavad-Gîtâ est une oeuvre incontournable pour qui s'intéresse à l'hindouisme ou à la philosophie, même de manière large. Mais, en plus, le commentaire de Sri Aurobindo est tout simplement magistral. Une perle.
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Pour qui veut le comprendre, c'est le livre, la synthèse du Tout et du Néant, celui qui s'imprime dans le coeur et reste gravé quand les dernières pages ont été tournées.
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Je n'ai pas réussi à entrer dedans, ça me semblait compliqué et rébarbatif et je n'y ai pas pris plaisir. Je suis déçue car je sais que c'est un texte important pour qui pratique le yoga mais moi, ça m'a résisté. Peut-être que je le relirai plus tard.
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Citations et extraits (198) Voir plus Ajouter une citation
L’adoration du divin, du deux-fois-né, du guide spirituel, du sage, la propreté, la rectitude morale, la pureté sexuelle, l’absence de meurtre et de violence à l’égard d’autrui – telle est l’ascèse du corps.

Un langage qui ne cause point de trouble à autrui, vrai, bienveillant et bienfaisant, l’étude de l’Écriture – telle est l’ascèse de la parole.

– Une joie claire et calme du mental, la douceur, le silence, la maîtrise de soi, l’entière purification du tempérament – telle est l’ascèse du mental.

Cette triple ascèse, pratiquée dans une foi suprêmement éclairée, sans désir pour son fruit, devenue harmonieuse, on la dit sattvique.

L’ascèse qui est entreprise pour obtenir des hommes honneur et adoration, par désir de gloire extérieure et de grandeur, et par ostentation, on la dit rajasique, instable et éphémère.

L’ascèse qu’on pratique dans un esprit brumeux et abusé, en s’imposant à soi-même effort et souffrance, ou encore en concentrant son énergie en la volonté de blesser autrui, celle-là est dite tamasique.

Donner de manière sattvique, c’est donner pour l’amour de donner et de faire du bien, et à qui ne donne rien en retour ; c’est donner dans de justes conditions de temps et de lieu et au juste bénéficiaire (celui qui en est digne, ou que le don peut réellement aider).

Donner de manière rajasique, c’est donner à regret, ou en se faisant violence, ou dans un but personnel et égoïste, ou dans l’espoir de quelque récompense.

– Le don tamasique est offert sans considération des conditions justes de temps, de lieu et d’objet ; il est offert sans souci des sentiments de celui qui le reçoit, et qui le méprise dans le temps même qu’il l’accepte. (XVII, 14-22)
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11 « Tu pleures sur des hommes qu’il ne faut pas pleurer, quoique tes paroles soient celles de la sagesse. Les sages ne pleurent ni les vivants ni les morts ;
12 Car jamais ne m’a manqué l’existence, ni à toi non plus, ni à ces princes ; et jamais nous ne cesserons d’être, nous tous, dans l’avenir.
13 Comme dans ce corps mortel sont tour à tour l’enfance, la jeunesse et la
vieillesse ; de même, après, l’âme acquiert un autre corps et le sage ici ne se trouble pas.
14 Les rencontres des éléments qui causent le froid et le chaud, le plaisir et la douleur, ont des retours et ne sont point éternelles. Supporte-les, fils de Kuntî.
15 L’homme qu’elles ne troublent pas, l’homme ferme dans les plaisirs et dans les douleurs, devient, ô Bhârata, participant de l’immortalité.
16 Celui qui n’est pas ne peut être, et celui qui est ne peut cesser d’être ; ces deux choses, les sages qui voient la vérité en connaissent la limite.
17 Sache-le, il est indestructible, Celui par qui a été développé cet univers : la destruction de cet Impérissable, nul ne peut l’accomplir ;
18 Et ces corps qui finissent procèdent d’une Ame éternelle, indestructible,
immuable. Combats donc, ô Bhârata.
19 Celui qui croit qu’elle tue ou qu’on la tue, se trompe : elle ne tue pas, elle n’est pas tuée,
20 Elle ne naît, elle ne meurt jamais ; elle n’est pas née jadis, elle ne doit pas renaître ; sans naissance, sans fin, éternelle, antique, elle n’est pas née quand on tue le corps.
21 Comment celui qui la sait impérissable, éternelle, sans naissance et sans fin, pourrait-il tuer quelqu’un ou le faire tuer ?
22 Comme l’on quitte des vêtements usés pour en prendre de nouveaux, ainsi l’Ame quitte les corps usés pour revêtir de nouveaux corps.
23 Ni les flèches ne la percent, ni la flamme ne la brûle, ni les eaux ne l’humectent, ni le vent ne la dessèche.
24 Inaccessible aux coups et aux brûlures, à l’humidité et à la sécheresse, éternelle, répandue en tous lieux, immobile, inébranlable,
25 Invisible, ineffable, immuable, voilà ses attributs ; puisque tu la sais telle, ne la pleure donc pas.
26 Quand tu la croirais éternellement soumise à la naissance et à la mort, tu ne devrais pas même alors pleurer sur elle :
27 Car ce qui est né doit sûrement mourir, et ce qui est mort doit renaître ; ainsi donc ne pleure pas sur une chose qu’on ne peut empêcher.
28 Le commencement des êtres vivants est insaisissable ; on saisit le milieu ; mais leur destruction aussi est insaisissable : y a-t-il là un sujet de pleurs ?
29 Celui-ci contemple la vie comme une merveille ; celui-là en parle comme d’une merveille ; un autre en écoute parler comme d’une merveille : et quand on a bien entendu, nul encore ne la connaît.
30 L’Ame habite, inattaquable, dans tous les corps vivants, Bhârata ; tu ne peux cependant pleurer sur tous ces êtres.
31 Considère aussi ton devoir et ne tremble pas : car rien de meilleur n’arrive au Xatriya qu’une juste guerre ;
32 Par un tel combat qui s’offre ainsi de lui-même, la porte du ciel, fils de Prithâ, s’ouvre aux heureux Xatriyas.
33 Et toi, si tu ne livres ce combat légitime, traître à ton devoir et à ta renommée, tu contracteras le péché ;
34 Et les hommes rediront ta honte à jamais : or, pour un homme de sens, la honte est pire que la mort.
35 Les princes croiront que par peur tu as fui le combat : ceux qui t’ont cru
magnanime te mépriseront ;
36 Tes ennemis tiendront sur toi mille propos outrageants où ils blâmeront ton incapacité. Qu’y a-t-il de plus fâcheux ?
37 Tué, tu gagneras le ciel ; vainqueur, tu posséderas la terre. Lève-toi donc, fils de Kuntî, pour combattre bien résolu.
38 Tiens pour égaux, plaisir et peine, gain et perte, victoire et défaite, et sois tout entier à la bataille : ainsi tu éviteras le péché.
39 Je t’ai exposé la Science selon la Raison (Sankhyâ) ; entends-la aussi selon la doctrine de l’Union (Yôga). En t’y attachant, tu rejetteras le fruit des oeuvres, qui n’est rien qu’une chaîne.
Ici point d’efforts perdus, point de dommage ; une parcelle de cette loi délivre
l’homme de la plus grande terreur.
41 Cette doctrine, fils de Kuru, n’a qu’un but et elle le poursuit avec constance ; une doctrine inconstante se ramifie à l’infini.
42 Il est une parole fleurie dont se prévalent les ignorants, tout fiers d’un texte du Vêda : « Cela suffit », disent-ils.
43 Et livrés à leurs désirs, mettant le ciel en première ligne, ils produisent ce texte qui propose le retour à la vie comme prix des oeuvres, et qui renferme une abondante variété de cérémonies par lesquelles on parvient aux richesses et à la puissance.
44 Pour ces hommes, attachés à la puissance et aux richesses et dont cette parole a égaré l’esprit, il n’est point de doctrine unique et constante ayant pour but la contemplation.
45 On trouve les « trois qualités » dans le Vêda : sois exempt des trois qualités, Arjuna ; que ton âme ne se partage point, qu’elle soit toujours ferme ; que le bonheur ne soit pas l’objet de ses pensées ; qu’elle soit maîtresse d’elle-même.
46 Autant on trouve d’usages à un bassin dont le eaux débordent de tous côtés, autant un brâhmane en reconnaît à tous les Vêdas.
47 Sois attentif à l’accomplissement des oeuvres, jamais à leurs fruits ; ne fais pas l’oeuvre pour le fruit qu’elle procure, mais ne cherche pas à éviter l’oeuvre.
48 Constant dans l’Union mystique, accomplis l’oeuvre et chasse le désir ; sois égal aux succès et aux revers ; l’Union, c’est l’égalité d’âme.
49 L’oeuvre est bien inférieure à cette Union spirituelle. Cherche ton refuge dans la raison ! Malheureux ceux qui aspirent à la récompense.
50 L’homme qui reste uni à la raison se dégage ici-bas et des bonnes et des mauvaises oeuvres : applique-toi donc à l’Union mystique : elle rend les oeuvres heureuses.
51 Les hommes d’intelligence qui se livrent à la méditation, et qui ont rejeté le fruit des oeuvres, échappent au lien des générations et vont au séjour du salut.
52 Quand ta raison aura franchi les régions obscures de l’erreur, alors tu
parviendras au dédain des controverses passées et futures ;
53 Quand, détournée de ces enseignements, ta raison demeurera inébranlable et ferme dans la contemplation, alors tu atteindras l’Union spirituelle. »
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Celui qui n’a ni égoïsme, ni sens de « moi » et de « mien », qui a pitié et amitié pour tous les êtres et n’a de haine pour nulle chose vivante, qui a dans le plaisir et la peine une égalité tranquille, qui a patience et miséricorde, celui qui a un contentement sans désir, la maîtrise constante du moi et la volonté et la résolution fermes et inébranlables du yogin, et un amour et une dévotion qui M’abandonnent tout le mental et toute la raison, celui-là M’est cher (...) égal envers l’ami et l’ennemi, égal dans l’honneur et l’insulte, le plaisir et la peine, la louange et le blâme, l’affliction et le bonheur, le chaud et le froid (tout ce qui affecte d’émotions contraires la nature ordinaire), silencieux, content et satisfait de toute chose et de chaque chose, non attaché ni à un être, ni à une chose, un lieu, un foyer, ferme en son esprit (parce qu’il est établi avec constance dans le plus haut Moi et fixé à jamais sur l’unique objet divin de son amour et de son adoration), cet homme M’est cher. (XII, 13-14 & 18-19)
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Les êtres sont non-manifestés en leur commencement, manifestés au milieu, ô Bhârata ; non-manifestés sont-ils encore dans la désintégration ? Qu’y a-t-il là d’affligeant ?

Cela (le Moi, l’Un, le Divin), nous le regardons, nous en parlons et nous en entendons parler comme du merveilleux au-delà de notre compréhension ; car d’après tout ce que nous en ont appris ceux qui ont la connaissance, nul mental humain n’a jamais connu cet Absolu. Cet habitant dans le corps de chacun est éternel et indestructible, ô Bhârata ; c’est pourquoi tu ne dois pleurer aucune créature.

En outre, considérant ta propre loi d’action, tu ne dois pas trembler ; il n’est pas de plus grand bien pour le kshatriya qu’une juste bataille.

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C’est cela qui est ici voilé par le monde, c’est le maître du corps ; toute vie n’est que son ombre ; la venue de l’âme en la manifestation physique et sa sortie de cette manifestation par la mort ne sont qu’un de ses moindres mouvements. Quand enfin nous savons que nous sommes cela, parler de nous-même comme de celui qui tue ou qui est tué est une absurdité. Il n’est qu’une chose : la vérité dans laquelle nous avons à vivre, l’Éternel qui se manifeste comme âme de l’homme dans le grand cycle de son pèlerinage, la naissance et la mort jalonnant sa route, avec les mondes de l’au-delà comme haltes de repos, avec les circonstances heureuses ou malheureuses de la vie comme moyens de notre progrès et de notre lutte et de notre victoire, avec l’immortalité comme foyer vers lequel l’âme voyage.

Mais comment cette connaissance de soi justifie-t-elle l’action exigée d’Arjuna et le massacre de Kurukshétra ? En ceci que c’est l’action assignée à Arjuna sur le chemin qu’il doit parcourir ; elle est venue, inévitable, dans l’accomplissement de la fonction exigée de lui par son svadharma , son devoir social, la loi de sa vie, la loi de son être. Ce monde, cette manifestation du Moi dans l’univers matériel, n’est pas seulement un cycle de développement intérieur, mais un domaine dans lequel les circonstances extérieures de la vie doivent être acceptées comme le milieu et l’occasion de ce développement. C’est un monde d’aide mutuelle et de lutte ; il ne nous permet pas d’avancer en glissant dans la paix et la sérénité parmi des joies faciles ; chaque pas en avant, il nous faut le conquérir par un effort héroïque, à travers un violent conflit de forces opposées. Ceux qui portent la lutte intérieure et extérieure jusqu’au conflit le plus physique de tous, la guerre, ce sont les kshatriyas, les hommes puissants ; combat, force, noblesse, courage, telle est leur nature ; protéger le droit et accepter sans défaillance l’enjeu de la bataille, c’est leur vertu et leur devoir. (II, 28-31 et commentaire de Sri Aurobindô)
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Tu as droit à l’action, mais seulement à l’action, et jamais à ses fruits ; que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile ; et pourtant ne permets en toi aucun attachement à l’inaction.

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