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Critique de OverTheMoonWithBooks


Quelle joyeuse surprise d'automne que cette lamentation du prépuce !

Le titre prête volontiers à sourire - ou à tourner la tête, offusqué de voir apparaître un tel mot sur une couverture de livre - et le contenu est à l'image de ce titre !

Au début du livre, Shalom Auslander (auteur et "personnage principal" du roman) apprend qu'il va être papa, et là c'est le déluge d'images apocalyptiques de tout ce qui pourrait arriver de mal pour empêcher cet heureux évènement de le combler. La faute à qui ? A Dieu et à la relation très houleuse qu'Auslander a entretenu avec son Créateur tout au long de sa vie. (bien qu'au final, on s'aperçoit que cette relation, une fois devenu adulte, s'apparente plus à une relation de "bons potes" pleine de tendresse vache qu'à quelque chose de vindicatif )

Et c'est là que les flashbacks commencent ...

L'auteur évoque ainsi des souvenirs de son enfance et de son adolescence à la yeshiva (école juive ultra-orthodoxe) et dans sa famille.
Ses réflexions d'adulte proche de la paternité mettent en lumière certains côtés absurdes de la religion juive observés à la lettre par les ultra-orthodoxe. le moins qu'on puisse dire... c'est que les ultra-religieux en prennent plein la figure ! L'univers de la yeshiva qu'il fréquente s'apparente vite à une formidable fabrique de futurs adultes frustrés (sexuellement, mais pas que) et rongés par la culpabilité (mais pourquoi ? pour être juif et vivant ???) de même, l'auteur met à mal - car avec une grande lucidité !! - les motivations "réelles" des individus ultra-religieux dans leur rapport à la piété.
(demande à satisfaire, tradition rassurante, recherche d'un sentiment d'appartenance,...)

J'ai trouvé l'analyse - avec un humour à la Woody Allen ! - et la justesse avec lesquels le romancier décrit l'aspect culpabilisant du dogmatisme religieux très justes. de même, Auslander, à travers sa thérapie romancière, essaye de comprendre comment l'enseignement de la religion et l'historiographie du peuple juif ont pu développer chez lui (et d'autres de ses co-religionnaires) un sentiment de persécution.

Il évoque entre autre, plusieurs épisodes d'horribles Shabbat avec sa famille, ou alors des scènes du quotidien qui révèlent le traumatisme et l'obsession des descendants des communautés ashkénazes post-Shoah.

(à ce propos, j'en profite pour faire part de cette petite incompréhension : pourquoi la traduction a-t-elle gardé le terme "Holocauste", utilisé par les Américains certes, mais rejeté par les Européens????)

Bref, pour ceux qui aiment l'humour caustico-psychanalitico juif de Woody Allen, et qui ne crient pas au blasphème à la moindre petite réflexion libre d'un écrivain au sujet de la religion : je vous conseille vivement ce livre ! En ce qui me concerne, j'ai hâte de découvrir le second roman de Shalom Auslender, Attention Dieu méchant.


Pour le plaisir, un petit extrait où Auslander parle avec son psy (ceux qui ont vu des films de Woody Allen ne manqueront pas de se dire que ç'aurait pu être dans le scénario d'un de ses films ! ) :

- Tu te punis tout seul, dit Ike. C'est mon psychiatre. Je réponds :
- Je sais.
- Tu n'as rien fait de mal, insiste-t-il.
- Je sais.
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