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EAN : 9782253242994
408 pages
Le Livre de Poche (22/11/2023)
3.97/5   2054 notes
Résumé :
Par sa gaucherie, ses rêveries naïves et son engouement pour les vieux châteaux, Catherine Morland semble loin des modèles de vertu. Mais si cette jeune Bovary délicatement british n'a rien d'une héroïne, c'est que Jane Austen s'amuse ! Et nous emporte, d'une plume malicieuse, d'un bout à l'autre du plus moderne des romans austeniens.
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Critiques, Analyses et Avis (239) Voir plus Ajouter une critique
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L'expression « ironie mordante » semble avoir été créée pour Jane Austen, tant chacun de ses romans s'applique à parodier la bonne société anglaise, dans laquelle l'orgueil et les préjugés règnent en maîtres. Elle se moque gentiment des personnages de ses romans qui s'y plient, et crée des héroïnes qui savent s'affranchir, avec intelligence et douceur, du carcan dans lequel la société patriarcale voudrait les cantonner. Comble de l'inconscience, ses romans aiment laisser espérer que les sentiments peuvent parfois l'emporter sur la raison purement financière. Pour notre bonheur, « Northanger Abbey » n'échappe à aucun de ses ingrédients et la recette, bien que moins piquante que celle de l'inimitable Orgueil et préjugés, demeure savoureuse.
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C'est pour moi un roman dont l'intérêt et le plaisir de lecture se situent entre le vibrant « Orgueil et préjugés » et le (trop ?) calme « Raison et sentiments ». L'héroïne en est Catherine, une jeune femme tout juste en âge de se marier qui part en villégiature avec des amis de la famille, dans une ville où, de bal en théâtre, elle se fera des alliés et plus si affinités. Malheureusement, la frontière entre amis et ennemis est bien mince lorsque des considérations financières sont en jeu. Qui d'Isabelle ou de Miss Tilney, qui de John ou d'Henry, s'avèreront les plus sincères sous le verni de leurs mots d'apparat ? Cependant, l'histoire et les relations entre les personnages, n'ayant d'intérêt que relatés par la plume de Jane Austen, je vous les laisse découvrir par vous-même sans m'y attarder davantage. En effet les personnages sont assez simplistes, autant dans leurs qualités que dans leurs défauts, et c'est le talent de l'auteure qui les rendra intéressants. Je peux cependant vous dire que vous y trouverez un débat sur un thème qui nous concerne tous ici autant que l'auteure : la littérature, et particulièrement les romans.
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Dans cet opus en effet, le caractère utile ou futile de la littérature sur l'esprit des femmes est au coeur de l'histoire. Catherine, férue de romans gothiques, ne demande qu'à trembler elle-même, comme les héros de ses lectures, en visitant l'un de ses vieux bâtiments hantés d'histoires effrayantes qui la fassent vibrer. Via les dialogues entre Catherine et Henry, l'auteure débat alors des bienfaits et des écueils de la littérature de romans sur les caractères des jeunes femmes : Après l'avoir dénigrée via les propos d'un grossier spécimen mâle, ce qui a pour effet de nous faire rejeter ses arguments, puis en avoir fait l'éloge via Henry, gentleman courtisant la demoiselle, ce qui laisse planer le doute sur la sincérité des compliments polis sur cette littérature, l'auteure met ses conséquences en pratique sur son héroïne dont le caractère pondéré n'a d'égal que sa promptitude à la rêverie. Aussi lorsque celle-ci sera invitée à Northanger Abbey, arpentant les couloirs nuitamment et fouillant les recoins de chaque tiroir à sa portée telle l'héroïne de son roman préféré, elle laissera courir son imagination à la recherche de secrets enterrés et de mystères à percer, allant jusqu'à juger ses occupants à l'aune des personnages de romans qu'elle affectionne et se provoquer de grosses frayeurs. Justifiées ou imaginaires ? L'effet n'est pas des plus flatteurs pour la gent féminine lectrice, mais elle pimente un peu cette histoire d'amour qui, sans cela et la plume délicieuse de Jane Austen, demeurerait bien fade. Car bien qu'éternelle moqueuse, l'auteure ne peut s'empêcher de combler nos coeurs d'une romance assez simple dont elle vous laisse, en guise de conclusion, réfléchir à la morale.
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« - vous vous êtes fait une image très séduisante de l'abbaye.
- Certes. N'est-ce pas là un de ces vieux monuments si beaux que décrivent les livres ?
- Êtes-vous prête à affronter les horreurs qu'enclôt un monument pareil à ceux « que décrivent les livres » ? Avez-vous le coeur ferme ? Les nerfs assez bien trempés pour voir sans éprouvante glisser un panneau ou onduler une tapisserie ? »
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Ah, Jane Austen...Sans aucun doute mon écrivain préféré...Pourquoi ? Je répondrais sans hésiter parce qu'elle nous offre à le fois des histoires divertissantes, qui nous font rêver, mais aussi une réflexion sur la société et ses limites à travers ses personnages (ce dont il est d'ailleurs question à la dernière page de ce livre : "et je laisse à ceux que ces sujets passionnent le soin de décider si ce livre a pour but de recommander la tyrannie paternelle ou de prôner la désobéissance filiale").
Northanger Abbey n'échappe pas à la règle : l'héroïne, Catherine Morland, est une jeune fille de dix-sept ans, naïve et romanesque, qui fait ses premiers pas dans le monde. C'est l'occasion pour elle de découvrir Bath et ses coutumes, c'est-à-dire les bals et les spectacles, mais aussi l'amitié, en la personne d'Isabelle Thorpe, l'hypocrisie, l'orgueil, la cupidité, et, bien évidemment (comme dans tous les romans de Jane), l'amour...
Henry Tilney est un personnage que j'aime beaucoup, simple, généreux, affectueux, et donc terriblement séduisant ! J'ai également particulièrement apprécié le personnage d'Eleanor, chaleureux et attachant.

L'histoire, quant à elle, est passionnante. Au fil des (nombreux !) rebondissements de ce roman, le lecteur découvre les changements qui bouleversent considérablement Catherine, héroïne malgré elle, sans doute la moins intelligente de tous les personnages féminins de Jane Austen ; pourtant, cela ne nous empêche pas de nous identifier à elle et ainsi de partager ses pensées, ses doutes et ses espoirs.

Il parait que Northanger Abbey est le roman que les lecteurs austeniens apprécient le moins, pourtant, je l'ai adoré du début à la fin, ce qui vient confirmer ce que j'ai dit précédemment, à savoir que Jane Austen est bien l'auteure que je préfère car elle ne m'a jamais déçue, et je ne me lasserai jamais de ses histoires magnifiques qui nous font tellement du bien...
Un roman merveilleux que je relirai avec grand plaisir !

A lire !!
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Avec "Northanger Abbey", cette chère Jane Austen se plaît à déployer tout l'humour et toute la bienveillante ironie qui caractérisent son oeuvre et son talent ! Ici c'est davantage le fond plus que la forme qui importe. La trame narrative de cet opus n'offre pas en effet toute l'originalité, la profondeur, l'analyse psychologique et sentimentale et la sincérité des autre romans austeniens. Non, pour moi, "Northanger Abbey" est avant tout le récit d'une histoire simplette narrant les aventures simplettes d'une héroïne simplette (qui, du reste, est bien attachante). Il s'agit avant tout de rire du roman baroque, de sa fantasmagorie, de sa vogue, de son style tout en rendant un très bel hommage à ses auteurs, à la littérature en générale et au roman, en tant qu'écrit stylistique, en particulier (cf. les paragraphes consacrés à sa légitimation).

Catherine, jeune oie blanche qui s'émerveille de tout ce qu'elle voit, s'effarouche au contact de tous ceux qui l'entourent et s'angoisse de tout ce qui ne lui est pas familier, est l'archétype de la jeune curieuse, romanesque et passionnée, de ce début du XIXème siècle. Elle pourrait aussi bien être l'héroïne d'une roman de Mrs Ann Radcliffe, d'ailleurs elle adorerait ça ! Jane Austen joue avec elle comme un chat jouerait avec sa pelote de laine, la baladant, la bousculant, la heurtant parfois et l'emmêlant jusqu'à la crise nerveuse pour le plus grand plaisir de ses lecteurs ! Mais, heureusement, la raison ET les sentiments vaincront les fantasmes déréglés de cette jeunesse trop naïve et influençable qui devra rendre les armes d'elle-même. Il faut bien que jeunesse se passe !

Léger et frais mais assez prévisible, "Northanger Abbey", s'il est loin d'être désagréable à lire ou relire, n'occupe pas la première place dans mon "Top Austen", sans doute parce que je vieillis plus vite que Catherine ?
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Catherine Morland, la jeune héroïne du roman quitte sa famille quelques temps pour accompagner Mrs Ashley à Bath, une station balnéaire du sud de l'Angleterre.
Elle y rencontre la famille Thorpe dont la mère ne tarit pas d'éloges sur ses enfants pour les caser. Le rapport mariage, dot et bonne situation est vraiment très tangible.
La famille Tilney dont le père est général, a un fils Henry qui intéresse très fort Catherine. Celle-ci témoigne d'un grand romantisme et d'un penchant pour l'intrigue quand elle échafaude une théorie visant à démontrer que Mrs Tilney n'est pas morte de façon naturelle.
Les peurs décrites dans le vieux manoir de Northanger Abbaye déclenchent une atmosphère étrange.
Nous assistons à une comédie humaine très bien décrite par Jane Austen.
J'ai retrouvé un souci du lecteur comme dans un roman d'Anthony Trollope où l'auteur n'hésite pas à attirer ses lecteurs pour leur commenter une scène.
Nothanger Abbaye est le premier roman de Jane Austen paru après les autres. Elle le signale au début du livre : achevé en 1803 et paru treize ans plus tard.
L'écriture est cependant fine, élégante et témoigne déjà d'une certaine ironie.

Challenge 19ème siècle
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Northanger Abbey est le premier roman de Jane Austen que je lis.

J'ai d'abord été très entraînée par cette atmosphère anglaise qui embaume le livre et que j'aime beaucoup, cependant cette atmosphère finit par s'essouffler car il ne se passe pas grand chose, mais surtout il ne se passe rien qui ne soit prévisible.

Je dois malgré tout admettre que pour l'époque à laquelle il a été écrite, ce roman fait preuve d'une grande modernité et de beaucoup d'humour.

Ce fut une lecture divertissante et agréable, à lire donc si c'est un genre que vous aimez.
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Citations et extraits (230) Voir plus Ajouter une citation
Je laisse à qui peut s'intéresser à ce genre de spéculations le soin de déterminer si ce livre prône la tyrannie paternelle ou la désobéissance filiale.
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Vraiment toute chose relative à cet important voyage fut traitée par les Morland avec une modération et un calme mieux d’accord avec les usages de la vie courante qu’avec cette sensibilité affinée que devrait mettre en éveil la première séparation d’une héroïne et de sa famille.
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Personne qui ait jamais vu Catherine Morland dans son enfance ne l’aurait supposée née pour être une héroïne. Sa situation dans le monde, le caractère de ses parents, sa propre personne et ses aptitudes, rien ne l’y prédestinait. Bien que clergyman, son père n’était ni méprisé ni misérable ; c’était un excellent homme, bien qu’il s’appelât Richard et qu’il n’eût jamais été beau. Il avait une fortune personnelle, outre deux bons bénéfices, et il ne prétendait pas le moins du monde tenir ses filles sous clé. Mme Morland était une femme de grand sens, de bon caractère et, ce qui est plus remarquable, de bonne constitution. Elle avait eu trois fils avant la naissance de Catherine ; et, au lieu de trépasser en mettant celle-ci au monde, comme on devait s’y attendre, elle avait vécu encore, vécu pour avoir six enfants de plus, pour les voir grandir autour d’elle, et pour jouir elle-même d’une florissante santé. Une famille de dix enfants peut toujours être dite une belle famille, quand il y a assez de têtes, de bras et de jambes pour tous ; mais les Morland n’avaient guère d’autre titre à cette épithète, car ils étaient en général fort ordinaires, et Catherine, plusieurs années de sa vie, fut aussi ordinaire qu’aucun d’eux. Elle était maigre et mal équarrie, avait la peau blême, de noirs cheveux plats et de gros traits ; non plus que sa personne, son esprit ne la marquait pour la fonction d’héroïne. Elle raffolait de tous les jeux des garçons, et préférait de beaucoup le cricket, non seulement aux poupées, mais aux plus poétiques jeux de l’enfance, élever une marmotte ou un canari, arroser un rosier. En effet, elle n’avait nul goût pour les jardins, et, si elle cueillait des fleurs, c’était principalement pour le plaisir de méfaire, du moins ainsi conjecturait-on, à la voir toujours choisir celles qu’il lui était interdit de prendre. Tels étaient ses goûts ; ses aptitudes étaient non moins extraordinaires. Elle n’apprenait ou ne comprenait rien avant qu’on le lui eût enseigné, ni même après, quelquefois, car elle était inattentive souvent et volontiers stupide. Sa mère avait consacré trois mois à lui inculquer la « Prière du Mendiant », après quoi Sally, sa sœur puînée, la récitait mieux qu’elle. Non que Catherine fût toujours stupide ; elle apprit la fable « Le Lièvre et les Amis » comme sans y penser, aussi vivement que fillette qui soit en Angleterre. Sa mère désirait qu’on lui enseignât la musique, et Catherine était persuadée qu’elle y prendrait goût, car elle avait grand plaisir à faire sonner les touches de la vieille épinette abandonnée. Elle commença à huit ans. Elle étudia une année et ne voulut pas continuer. Mme Morland, qui ne s’obstinait pas à forcer le talent de ses filles, permit qu’elle en restât là. Le jour où disparut le maître de musique fut de la vie de Catherine l’un des plus heureux. Son goût pour le dessin était médiocre ; toutefois, quand elle mettait la main sur quelque morceau de papier, elle y figurait maisons et arbres, poules et poussins ; elle ne parvenait pas, il est vrai, à différencier ces images. L’écriture et le calcul lui étaient enseignés par son père ; le français, par sa mère. Ses progrès en aucune de ces matières n’étaient remarquables, et elle s’ingéniait à esquiver les leçons. Quelle étrange, inconcevable nature ! Car, avec tous ces affligeants symptômes, à dix ans elle n’avait ni mauvais cœur ni mauvais caractère, était rarement entêtée, querelleuse presque jamais, très gentille pour les petits, avec de rares moments de tyrannie. Elle était d’ailleurs turbulente et farouche, détestait la réclusion et le débarbouillage et n’aimait rien tant au monde que rouler du haut en bas de la pente gazonnée, derrière la maison.
Telle était Catherine Morland à dix ans. À quinze, les apparences s’étaient améliorées ; elle commençait à se friser les cheveux et rêvait d’aller au bal ; son teint prenait de l’éclat, ses traits s’adoucissaient de rondeurs et de couleurs, ses yeux gagnaient en animation et son personnage en importance ; comme elle avait aimé se salir, elle aimait s’attifer ; elle avait maintenant le plaisir d’entendre parfois son père et sa mère remarquer ces transformations. « Catherine prend vraiment belle mine ; elle est presque jolie aujourd’hui », étaient mots qui lui frappaient l’oreille de temps en temps ; et qui étaient les bienvenus ! Paraître presque jolie, pour une fille qui a paru assez vilaine pendant ses quinze années premières, est plus délicieux que tout éloge que puisse jamais recevoir une fille jolie dès le berceau.
Mme Morland était une très brave femme, et qui désirait voir ses enfants aussi cultivés que possible ; mais elle employait tout son temps à mettre au monde et à élever ses petits, de sorte que ses filles aînées devaient se tirer d’affaire elles-mêmes ; et il était bien naturel que Catherine, qui n’était point une nature d’héroïne, préférât le cricket, les barres, l’équitation et courir les champs, quand elle avait quatorze ans, aux livres ou du moins aux livres instructifs, car, pourvu qu’aucun enseignement n’y fût inclus, pourvu qu’ils fussent pleins d’histoires et indemnes de dissertations, elle n’avait contre les livres aucune hostilité. Mais, de quinze à dix-sept ans, elle suivit un régime d’héroïne ; elle lut tels livres que doivent lire les héroïnes pour se meubler la mémoire de ces citations qui sont si commodes et si réconfortantes dans les vicissitudes de leur aventureuse vie.
De Pope, elle apprit à vitupérer ceux qui

…vont partout se moquant de l’infortune ;

de Gray, que

Mainte fleur est née pour rosir inaperçue,
Et répandre sa fragrance dans l’air désert ;

de Thomson, que

…c’est une tâche exquise
D’apprendre à la jeune idée comment percer.

Et, de Shakespeare, elle acquit tout un lot d’informations : elle sut que

…des bagatelles légères comme l’air
Sont, par le jaloux, prises au sérieux
Comme paroles de l’Écriture ;

que

La pauvre bestiole sur qui nous marchons
Éprouve d’aussi dures transes
Qu’un géant qui meurt ;
et qu’une jeune femme qui aime est toujours

…semblable à la Résignation sur un piédestal
Souriant à la Douleur.

Sur ce point sa culture était suffisante ; sur maint autre, elle approchait de la perfection ; car, si Catherine n’écrivait pas de sonnets, s’appliquait-elle à en lire ; et quoiqu’il n’y eût pas apparence qu’elle pût, au piano, jeter en extase un public par un prélude de son cru, elle pouvait écouter sans grande fatigue la musique des gens. Où elle échouait, c’était à manier un crayon : elle n’avait nulle notion de dessin, pas même assez pour esquisser le profil de son amoureux. Là les droits qu’elle eût pu avoir à la qualité d’héroïne étaient nuls. Au surplus, elle ne connaissait pas sa misère, car elle n’avait pas d’amoureux de qui faire le portrait. Elle avait atteint dix-sept ans sans avoir vu d’aimable jeune homme qui éveillât sa sensibilité, sans avoir inspiré de réelle passion, et sans avoir provoqué d’admirations, que très modérées et bien fugaces. Voilà qui était étrange, en vérité ! Mais on peut généralement se rendre compte des choses étranges quand on en cherche avec soin la cause. Il n’y avait nul lord dans le voisinage ; pas même de baronnet. Nulle famille amie n’avait élevé un garçon inopinément trouvé sur le pas de la porte. Nul jeune homme dont l’origine fût inconnue. Son père n’avait pas de pupille, et le squire de la paroisse pas d’enfants.
Mais quand une jeune lady est destinée à être une héroïne, le caprice de cinquante familles de l’environ ne saurait prévaloir contre elle. Sur sa route, le destin doit susciter et suscitera un héros.
M. Allen, qui possédait la plupart des terres qui entourent Fullerton, le village du Wiltshire où vivaient les Morland, fut envoyé à Bath, dont le séjour convenait mieux à sa constitution goutteuse ; et sa femme, qui aimait fort Mlle Morland, et qui probablement estimait que, si les aventures ne tombent pas sur une jeune fille dans son propre village, cette jeune fille doit les chercher ailleurs, l’invita à venir avec eux. M. et Mme Morland furent tout bonne volonté, et Catherine tout joie.
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- Ce gentleman m'aurait vraiment mis hors de moi s'il était resté avec vous trente secondes de plus. Il n'a pas à détourner de moi l'attention de ma cavalière. Nous avons passé vous et moi un contrat de mutuelle amabilité l'espace d'une soirée, et pendant que tout ce temps, l'amabilité de chacun de nous appartient exclusivement à l'autre. Nul ne peut imposer à l'attention de l'un sans insulter les droits de l'autre. Je vois la contredanse comme un emblème du mariage. La fidélité et l'obligeance y sont également les devoirs principaux, et les hommes qui ne désirent ni danser ni se marier n'ont point à s'occuper des cavalières ou des femmes de leurs voisins.
- Mais ce sont là des choses si différentes...
-...qu'on ne peut pas les comparer, pensez-vous.
- Certes. Les gens qui se marient ne peuvent plus jamais se séparer. Ils doivent au contraire sortir ensemble ou rester ensemble chez eux. Les gens qui dansent, eux, ne font que rester face à face pendant une demi-heure dans une grande salle.
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-Et êtes-vous prêtes à affronter toutes les horreurs que peut renfermer une demeure comme "celles qu'on voit dans les livres ?" Avez-vous un coeur intrépide ? Des nerfs prêts à supporter des panneaux et des tapisseries mobiles ? (...)
Assurément, nous n'aurons pas à chercher notre chemin dans un château qu'éclairent à peine les braises expirantes d'un feu de bois. Nous ne serons pas obligés non plus de dresser nos lits dans des chambres sans fenêtres, sans portes, sans meubles... Mais vous devez savoir qu'une jeune fille, lorsqu'elle est introduite (de quelque manière que ce soit) dans ce genre de demeure, est toujours logée à l'écart du reste de la famille. tandis que ses hôtes regagnent confortablement l'aide qu'ils habitent, Dorothy, l'antique femme de charge, conduit solennellement la jeune fille vers un autre escalier, et après avoir longé maints lugubres couloirs, l'introduit dans des appartements que nul n'a habités depuis qu'une cousine ou un parent quelconque y a trouvé la mort vingt ans plus tôt. Pourrez-vous supporter pareille cérémonie ? Ne serez-vous pas en proie à la plus affreuse inquiétude lorsque vous vous retrouverez dans cette triste chambre trop haute et trop vaste pour vous, avec comme seul éclairage dans cette immensité faible lueur d'une lampe unique ?...Les murs seront tendus d'une tapisserie représentant des personnages grandeur nature, le lite sera recouvert d'une étoffe verte ou d'un velours pourpre qui auront eux-mêmes un aspect funèbre... Votre coeur ne succombera-t-il point ?

Chapitre 20
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