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Critique de Biblioroz


Avant de se retrouver dans les murs de style gothique de l'abbaye de Northanger, il faut doucement patienter, sans trop soupirer, sur les deux cents premières pages que Jane Austen s'est accordées pour camper ses personnages. Toutes ces pages sont loin d'être fastidieuses et on y apprécie pleinement l'élégance des tournures de phrases propres à l'auteure. Je m'attendais tout de même à une plus longue immersion dans le coeur fantomatique de l'abbaye, comme un véritable roman gothique. La part d'aventure sentimentale est ici bien plus présente que l'intrigue mystérieuse liée aux lieux chargés d'histoire.
Mais je m'incline devant le talent et la malice de Jane Austen qui se révèlent dès les premiers mots parcourus lorsqu'elle nous présente Catherine qu'elle qualifie de bien ordinaire. Rien ne la prédisposait à devenir une héroïne mais ce sera pourtant un rôle qu'elle lui fera endosser avec son délicieux esprit et tout son génie littéraire. Bien que très naïve, sans une once de méchanceté, Catherine nous séduit par son ardeur candide à découvrir le monde des bals et à y chercher amitié et amour.

On savourera aussi toute l'ironie qu'elle déploie avec brio pour caricaturer chacun de ses personnages. Mme Allen uniquement préoccupée par ses toilettes et sa coiffure, fervente admiratrice et connaisseuse des qualités de mousselines. Mme Thorpe, amie d'enfance de la première, qui vante les beautés et le talent de sa progéniture. Toutes deux sont totalement hermétiques à la conversation de l'autre !
La palme de l'hypocrisie sera attribuée à la nouvelle grande amie de Catherine : Isabelle, avec son affection dégoulinante servant son égoïsme. C'est une merveilleuse manipulatrice, qui se drape dans de belles paroles flatteuses. Et même si elle affirme ne s'intéresser nullement à l'argent, la considération pécuniaire des rentes l'a fait plutôt tourner girouette !
Les hommes ne sont pas non plus épargnés par l'acuité ironique de la jeune auteure.
Et puis il y a Tilney, l'élu de Catherine. Il n'est finalement pas très présent mais brille par son caractère taquin et l'élégance de ses paroles.

Légèrement déçue en début de lecture, j'ai finalement beaucoup apprécié toute la futilité de ces personnes oisives où il est question que de beauté des uns, des unes et des autres. Sous la plume délicieusement satirique de Jane Austen, on goûte à l'entre-soi de ce petit monde où le respect des convenances cache des défauts enrobés dans de jolies courbettes.
Quant aux passages, un peu tardifs, qui nous mènent vers l'abbaye, ils viennent ternir les rêves de mystères glaçants que la jeune héroïne s'était forgés dans sa passion des livres gothiques. J'ai trouvé l'approche de l'auteure divinement subtile et originale.
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