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Critique de cmpf


Cette fois encore le titre contient deux termes antinomiques. L'un s'applique à la fille ainée de la famille Dashwood, Élinor, le second à la cadette Marianne. La benjamine Margaret encore trop jeune pour être concernée par le mariage apparaît peu. le testament d'un oncle ayant favorisé l'enfant né d'un premier mariage, Mrs Dashwood et ses trois filles doivent quitter leur propriété à la mort du père. La façon dont leur demi-frère déjà riche, se convainc sous l'influence de sa femme, qu'il ne peut rien faire pour elles, est déjà un régal. Et l'on sait qu'on va retrouver l'esprit caustique de l'auteur. Installées dans un cottage dans un autre comté, les deux soeurs vont bien sûr vivre des émois amoureux, mais sur des modes différents ainsi que le suggère le titre.
Miss Jane Austen semble décidément douée pour créer des caractères, et singulièrement des caractères ridicules. Comme dans Orgueil et préjugés avec Mrs Bennet, Mr Collins et lady Catherine, nous avons ici quelques portraits de personnes stupides et impolies. A se demander où elle prenait ses modèles. Celui de sir John « Homme bénévole et philanthropique ! Il lui était pénible de garder pour lui seul, même un cousin au troisième degré. », de sa belle-mère Mrs Jennings qui bénéficie toutefois de réelles qualités de coeur, de Mr et Mrs Palmer et bien d'autres à divers degrés. Ainsi Mrs Parker ne trouve rien d'étrange à répondre à Elinor qui l'interroge sur Willoughby : « Oh oui ma chère, je le connais extrêmement bien. Non pas que je lui ai jamais parlé, mais je l'ai souvent vu en ville. » Croiser quelqu'un dans des réunions mondaines ne m'avait pas jusqu'alors paru la meilleure façon de le connaître intimement. Ou son mari répondant à sa femme en présence de sa belle-mère : « Je crois ne contredire personne en disant que votre mère est mal élevée. » Moi qui croyais que les conversations bourgeoises, surtout il y a deux siècles étaient compassées.
C'est vraiment l'étude des caractères et de leur évolution qui constituent de la volonté même de l'auteur l'intérêt de ses livres. le dénouement est en effet rapporté sobrement sur quelques pages.
J'ai ressenti, plus que dans d'autres romans du même type, le drame que constitue dans n'importe quelle civilisation, à n'importe quelle époque, le fait pour les femmes de n'exister que pour et par le mariage. Je ne pense même pas aux mariages forcés et aux femmes maltraitées, simplement au fait de ne pouvoir avoir d'autre but dans la vie. Pas d'autre source d'épanouissement, bien que j'aime peu ce terme.
Contrairement à beaucoup, j'ai préféré ce titre à Orgueil et préjugés, nonobstant une causticité moins apparente.

J'ai été étonnée de lire dans une critique parue pendant ma lecture, que les romans de Jane Austen et des soeurs Brontë étaient l'équivalent au début 19ème des Musso, Levy et Gavalda d'aujourd'hui. Je ne peux comparer, n'ayant lu aucun de ces trois auteurs. Mais y trouve-t-on vraiment la même finesse d'analyse psychologique ? Les descriptions ne sont pas très longues chez Austen, mais y en a-t-il chez les auteurs précités ? Or cela me semble faire partie des éléments indispensables pour s'imprégner d'une atmosphère. Enfin les oeuvres d'il y a 200 ans bénéficiaient elles d'une telle publicité, de l'équivalent des têtes de gondoles ?
Mais encore une fois, je n'ai pas les éléments pour comparer.


Challenge 19ème siècle 2015
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