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EAN : 9782070147618
136 pages
Gallimard (31/12/2014)
3.46/5   13 notes
Résumé :
Ivan apprend par un coup de fil que son ami Virgilio a été arrêté et aussitôt conduit au Centre de rétention de Vincennes, où sont enfermés les sans-papiers avant leur expulsion. Il part le rejoindre. Après une longue attente devant et derrière les grilles de ce centre, il parviendra à échanger quelques mots avec lui, les derniers. L'imminence de la perte de l'être aimé va faire ressurgir le souvenir de deux grands absents, son frère et sa mère, et de leurs destins ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Merci à Babelio et aux Editions Gallimard pour le roman « Les irréguliers » de Patrick Autréaux.
Ivan apprend que son ami Virgilio a été arrêté et emmené en tant que sans-papiers au centre de rétention de Vincennes et que celui-ci risque d'être expulsé le lendemain.
Virgilio est un jeune homme d'origine péruvienne qu'Ivan vient de rencontrer et qu'il connaît à peine. Et pourtant, sachant l'expulsion possible et imminente, il se précipite au centre de rétention.
Au cours du trajet, où chaque minute supplémentaire décuple l'inquiétude, le temps de l'attente puis de ces quelques minutes au parloir, ressurgissent des souvenirs liés à d'autres pertes : celles de son demi-frère et de sa mère. Souvenirs de relations difficiles, de ses souffrances et vexations, de ces tentatives de n'être pas tenu à l'écart.
Au fil des heures et des pensées, ce qui étaient pour nous, des images de relations familiales un peu brumeuses, se font un peu plus claires et compréhensibles. Se dévoilent des relations « irrégulières ».
Par des phrases courtes, ciselées, parfois poétiques, Autréaux montre les souffrances de cet homme, ses quêtes pour approcher ces deux êtres qui ont compté dans sa vie mais aussi ses manques. Et par l'entremise de la séparation prochaine d'avec Virgilio, il peut réussir enfin à se réconcilier avec son passé et les deux membres de sa famille, malgré leur décès, malgré l'absence.
L'univers des sans-papiers, et même sa relation homosexuelle avec Virgilio, sont finalement peu détaillés dans ce court roman. Ils ne sont que les déclencheurs des réflexions d'Ivan.
J'ai apprécié l'écriture poétique de l'auteur, ce texte aux divers thèmes d' «irréguliers ». Mais si je peux comprendre le choix de ce thème grave des sans-papiers telle une séparation violente que le narrateur ne peut contrôler et n'a pas le pouvoir d'empêcher ; cette séparation qui fait remonter en lui tout son passé et les autres séparations qu'il a vécues, je n'en ai pas moins été étonnée que ce sujet ne soit pas plus approfondi (ne pouvant le considérer comme anodin).
Certes, je ne pourrai plus me balader près de Vincennes sans une pensée pour eux. Pourtant, si j'ai pu apprécier ces phrases courtes, ces mots choisis qui marquent l'émotion d'Ivan, paradoxalement, que ce sujet ne soit pas traité plus en profondeur a été peut-être ce qui m'a manqué justement pour être totalement emportée.
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Venant d'apprendre l'interpellation de son ami Virgilio, Ivan, sous le choc, se rend avec difficulté au centre de rétention de Vincennes, où celui-ci a été incarcéré car il n'avait pas de papiers.

«Mais Ivan ce soir-là ne pensait pas à son père. Il regardait le bâtiment sombre, étonné de la différence qui existait entre la dénomination d'hippodrome de Vincennes, farci d'une sorte d'excitation festive, de rage de gagner et de déception, plein d'une férocité mangeuse d'argent et suscitant un emballement calculé de défis à la chance, et ce vaste bloc gris, qui de loin avait des allures de promontoire, vers la ruine manigancée plutôt que vers la victoire.»

Devant ce centre qui lui apparaît comme «une escarre de plus sur le corps du monde», attendant l'autorisation de voir Virgilio alors que la nuit tombe, Ivan est bousculé par les ombres qui refont surface au crépuscule, ce choc affectif ayant ouvert une brèche vers le passé et révélé les liens multiples insoupçonnés jusque-là entre sa relation avec Virgilio et le passé de sa mère et de son frère Gilles aujourd'hui disparus.

«Savoir un être aimé en prison fait de soi un prisonnier.»

Le récit au départ assez distant de celui qui se sent un témoin impuissant et lâche de l'arrestation de Virgilio et de son expulsion probable de France, atteint une profondeur singulière et poignante tandis que cette partition peut-être irrémédiable d'avec celui qu'il aime le réconcilie avec les morts.

«Il pense que l'étranger est celui qui nous fait nous découvrir malgré nous, que c'est peut-être pour cela qu'on le désire ou qu'on le persécute. Que l'étranger est notre guide, même si c'est souvent à son insu.»

Plongée dans les souvenirs après cette arrestation qui le réveille d'une longue anesthésie mémorielle, «Les irréguliers» est un beau et court roman autour d'un drame intime, qui évoque aussi en filigrane le lien immatériel que le langage et la littérature peuvent maintenir, au travers de la langue espagnole qui lie Virgilio et Ivan et que ce dernier a hérité de sa mère exilée en Espagne pendant la guerre, ou de ces poèmes échangés avec Virgilio et qui ne pourront être expulsés de leur mémoire.

«De la bibliothèque, il n'avait conservé que quelques volumes de poèmes en espagnol. Ivan les lui avait si souvent emprunté, il n'avait pu s'en débarrasser. C'était les livres de la vie sauve, comme il aimait dire enfant – et dont il avait apporté un exemplaire pour Virgilio au centre ce soir-là.»
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Cela est rare mais me voilà très embêté pour rédiger une critique de ce court roman intimiste. Alors que je m'attendais à la description d'une histoire d'amour contrariée entre deux hommes, dont l'un sans-papiers est en passe d'être expulsé, j'ai rapidement compris que cet élément de l'histoire ne serai qu'un prétexte pour l'auteur qui préfère nous proposer une psychanalyse de son personnage principal, Ivan.

Jamais la liaison entre Ivan et Virgilio n'est abordée, elle n'est qu'esquissée, et il faut attendre plus de la moitié de l'ouvrage pour avoir droit à une furtive rencontre. Ce sera la seule et elle est tant attendue qu'elle en est presque décevante car trop désincarnée et trop vite expédiée. Alors que le thème pouvait ouvrir à une vision intéressante et originale sur la situation des sans-papiers en France, il n'en est malheureusement rien. Les personnages auraient pu être hétéros ou simplement amis que cela n'aurait pas changé grand-chose au récit. Quant à la situation des sans-papiers, là encore ce n'est qu'un prétexte et il faudra se contenter d'une simple description extérieure d'un centre de rétention, pas de quoi faire évoluer les mentalités sur une situation pourtant globalement abominable.

En fait, l'essentiel de ce roman est consacré à la relation entre Ivan, sa mère et son demi-frère. Tous deux sont décédés alors qu'Ivan était brouillé avec l'un comme avec l'autre, je n'en dirai pas plus pour ne pas en dévoiler davantage. Patrick Autréaux utilise la séparation entre Ivan et Virgilio pour permettre à Ivan de réaliser enfin son travail de deuil familial. En soi, ce n'est pas inintéressant, mais cette histoire que j'attendais universelle, relève finalement de l'intime. Or cette intimité-là ne m'a ni touché, ni passionné. Pour moi, l'auteur est passé à côté d'un grand sujet de roman et s'est perdu dans une psychanalyse familiale assez décevante.

Quant à la forme, même si le style aurait mérité d'être plus précis et concis, je retiens cependant quelques belles fulgurances dans la plume qui démontrent un indéniable talent. Au final, un roman inabouti et qui rate sa cible.
Lien : https://lionelfour.wordpress..
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Je suis malheureusement passée à côté de ce roman, pourtant bien écrit et qui trouvera certainement ses lecteurs.
En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à un roman traitant de la situation des immigrés en centre de rétention, mais ce sujet n'est qu'effleuré, l'auteur s'attachant plus à la situation familiale particulière du narrateur...
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Très beau roman. Récit d'un passage, du franchissement d'une prison intime.
L'arrestation de Virgilio provoque chez son ami Ivan une descente en soi, vers une nuit intérieure.
Livre mélancolique mais qui s'ouvre au final sur une réconciliation.
Lien : http://www.politis.fr/L-amou..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Un baiser long doux profond, où tout se concentrait, s'épanouissait, baiser qui ouvrait et enveloppait en même temps, sans début ni fin, comme les vrais baisers.
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Les nuits sont parfois comme les poèmes obscurs. On y devine, malgré leur hermétisme, une cohérence indistincte.
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Est-ce qu'il n'y a pas toujours en soi quelqu'un qui se noie et quelqu'un qui regarde ailleurs ?
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Il chuchote du regard, elle écoute des yeux.
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La nécessité d'agir fait palper la réalité matérielle, aussi intensément que l'amour.
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Video de Patrick Autréaux (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Autréaux
Patrick Autréaux - Les irréguliers .Patrick Autréaux vous présente son ouvrage "Les irréguliers" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2015. http://www.mollat.com/livres/autreaux-patrick-les-irreguliers-9782070147618.html
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