Un livre... un livre parmi tant d'autres... un livre qui se lit pendant les vacances... pour passer le temps...
Je suis seulement surprise par la fin de ce roman, que je n'attendais pas vraiment. Pour le reste pas de réelle émotion, pas de passion, ni pour l'histoire, ni pour l'héroïne. Un livre féministe, bien ancré dans l'époque où il fut rédigé, un livre où la femme s'assume pleinement et dans son travail et dans sa vie privée, poussant même le bouchon un peu loin car l'héroïne est atteinte de don-juanisme, et collectionne les hommes comme d'autres les timbres postes ou les papillons, pis peut-être encore, car cela se fait sans passion, avec au contraire beaucoup de distance et une précision chirurgicale.
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Jadis la crise commençait toujours aux premières collines de la Saône. Chaque fois que Jeanne allait à Lyon voir sa mère, la même douleur renaissait sous sa tempe. Un coeur parasite s'affolait soudain et pompait sa vie. Sa nuque était dure et la substance de son corps pétrifiée. Seule restait vivante cette souffrance qui se débattait comme un beau diable sous son front et cherchait en vain à percer le sac de peau dans lequel elle était emprisonnée.
- Reste, Jeanne, je t'en prie.
Il est assis sur le lit, les jambes en tailleur, le torse dressé. Peut-être est-il émouvant ou persuasif. Jeanne ne le voit plus. Jeanne l'entend à peine. Il est ce qui la sépare de la nuit. Et même si l'on était pas en juin et même si l'asphalte chaud n'avait pas cette odeur d'oiseau rôti dans son plumage, il lui faudrait fuir la chambre de cet homme qu'elle a un soir séduit, pris et rejeté.
Il a cet air fragile des hommes qu'elle s'apprête à quitter. Jeanne se glisse hors du lit et tire le drap sur le corps de celui qui reposera bientôt au creux de sa mémoire. Il a épuisé en elle un instant de vie et déjà ses traits sont bus par l'oreiller. Où vas-tu ? demande -t-il. De sa main, il tâte le lit. Il ne sait pas encore qu'il est seul.
O hommes, hommes, pourquoi êtes-vous si désirables? Hommes-enfants, hommes-pères, hommes-oasis, hommes-hommes, hommes seulement, hommes tout uniment, connaissez-vous votre pouvoir? Pourquoi êtes-vous beaux comme des statues chaudes?
La renommée ne se mesure pas aux applaudissements qui saluent l'arrivée de la vedette, mais au vide que son absence laisse.