Une révolution, ce sont les citoyens qui se soulèvent contre le pouvoir. Une guerre civile, ce ne sont jamais que des clans qui se le disputent.
La liberté de déplacement ? [Ils] sont libres d'aller où leurs moyens le leur permettent. La liberté d'expression ? Au mieux, elle s'arrête aux oreilles de toute personne ou de tout lobby entretenant un avocat ; au pire, elle rebondit sur la porte à laquelle on te fout. Le droit au travail ? Il se marchande au moins offrant. L'abolition de l'endoctrinement ? Que font donc les médias, les écoles, les artistes, sinon nous gaver d'une pensée tellement unique qu'elle guide tous les peuples ? Libéral ne signifie ni libre ni libéré, juste : chacun pour soi et le [dollar] reconnaîtra les siens.
Les mendiants dispensent une denrée inestimable : leur propre misère comme repère social, avertissement bon marché, vision de l'avenir qui vous pend au nez, rappel à l'ordre et, bien entendu, satisfaction d'être soi.
Même conjugués au passé lamentable et au futur douteux, j'ai toujours détesté les principes qui ne s'appliquent qu'aux autres.
Extrait de la conférence "Scintillements! Hommage à Ayerdhal, maître de la SF et du thriller" aux Imaginales 2019.