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EAN : 9782070369614
222 pages
Gallimard (01/03/2000)
3.8/5   1669 notes
Résumé :
Il y avait à Montmartre, au troisième étage du 75bis de la rue d'Orchampt, un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une petite barbiche noire et il était employé de troisième classe au ministère de l'Enregistrement. En hiver, il se rendait à son bureau par l'autobus, et, à la belle saison, il faisait le trajet à pied, sous son chapeau melon. Dutilleul venait d'entrer... >Voir plus
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En 1943, c'est un savoureux recueil d'une dizaine de nouvelles que Marcel Aymé offre, en pleine période d'occupation allemande, à ses lecteurs.
Dans le premier texte, qui donnera son titre au volume, Dutilleul, modeste employé de bureau, possède la faculté de traverser les murs, il use d'abord de ce don pour se venger de son sous-chef de bureau M. Lécuyer, puis il devient, par un goût soudain de l'aventure, le fameux cambrioleur nommé Garou-Garou. Mais n'est pas Arsène Lupin qui veut...
Dans "Les Sabines", l'héroïne Sabine possède le mythique don d' ubiquité et en profite pour vivre plusieurs vies parallèles auprès d'Antoine Lemurier, son mari, sous-chef du contentieux au SBNCA, auprès de Théorème un jeune peintre débauché aux yeux noirs, auprès d'un vieillard, distingué, monoclé et riche nommé Lord Burbury ! Mais écoeurée par cette vie dissolue elle reviendra à son premier amant pour disparaître en même temps que lui et ses 67000 doubles...
"La carte", le troisième texte prend acte de la drôle de décision du gouvernement de réduire le droit de vie des improductifs à un certain nombre de jours par mois, Raconte le marché noir qui s'ensuivit et ses conséquences inattendues pour le narrateur, amoureux d'Élisa qui ne s'en doute pas...
Avec "Le décret" Marcel Aymé Raconte comment, par l'entremise du Vatican, au plus fort de la guerre, un accord international fut conclu entre les belligérants pour avancer le temps de dix sept ans sans modifier pour autant l'issue normale des hostilités...
"Le proverbe" pose un problème à Lucien qui a eu 3 à son devoir de composition française, il va devoir l'expliquer à M. Jacotin son père, qui est proposé pour les "palmes académiques" mais qui est aussi l'auteur du fameux devoir....
L'ensemble des textes, signés dans ce recueil par Marcel Aymé, est à mi-chemin entre le "Fantastique" et le "Philosophique". Sa plume amusée et moqueuse fait merveille dans ces contes modernes qui brocardent nos travers et la société.
La meilleure, peut-être de toutes les nouvelles de l'ouvrage "Les bottes de sept lieues" sera reprise dans "Enjambées".
Les enfants de Montmartre rêvent tous devant la vitrine d'un vieux brocanteur d'acheter une paire de bottes, trop chère pour eux. Mais le vieux commerçant, sentimental et original, baisse son prix pour permettre à Germaine de l'acheter...
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Ce recueil de dix nouvelles publié en 1943 m'a paru plus acidulé que le souvenir que je conservais de certaines de ses nouvelles. Ces nouvelles-ci sont fortement imprégnées des difficultés quotidiennes de ces années sombres. Ceci explique peut-être cela. L'occupation allemande, la misère, les inégalités entre riches et pauvres, et cette guerre qui n'en finit pas, forment une toile de fond plus ou moins récurrente. Mais ne vous y fiez pas, elles n'en demeurent pas moins variées, originales, et oui… distrayantes !!

Elles mettent en scène, à quelques exceptions près, des hommes (ou des femmes) ordinaires face à des situations ou des dons extraordinaires. Cela m'a parfois fait penser à ces histoires qui se content autour des ombres fantasmagoriques d'un feu de camp. Pas qu'elles soient effrayantes, mais il y a un aspect fantastique qui émoustille l'imaginaire et un discernement qui les ancre dans la réalité de la vie.

J'avais oublié à quel point Marcel Aymé a une manière piquante, pleine de justesse et d'humour, de pointer du doigt les travers des hommes. Il lui arrive aussi de jouer et se jouer de la morale. C‘est délicieusement ironique et j'adore ! C'est un fruit sauvage et gouteux – un fruit, que dis-je ? - dix fruits (!) à cueillir dans leur environnement naturel et surnaturel de ronces. Un vrai régal de s'égratigner pour s'en repaitre !
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Le Passe-muraille, nouvelle publiée en 1943, met en scène « un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une petite barbiche noire, et était employé de troisième classe au ministère de l'Enregistrement. »

La nouvelle a donné son nom au recueil où l'on trouve également d'autres nouvelles :

Les Sabines, sur le don d'ubiquité ;
La Carte, journal de Jules Flegmon sur la création de carte de temps et de tickets de vie ;
Le Décret, un saut dans le temps est décrété pour en finir avec la guerre ;
Le Proverbe, un père tyrannique aide son fils à faire un devoir ;
Légende poldève, l'arrivée d'une vieille bigote au paradis ;
Le Percepteur d'épouses, où des maris paient leurs impôts avec leurs femmes
Les Bottes de sept lieues, bottes magiques qui permettent à un enfant de sortir de la misère ;
L'Huissier, sommé pour entré au paradis de retourner sur terre pour aider les pauvres ;
En attendant, où des personnes évoquent leur vie difficile pendant la guerre.

Dans ce recueil qui se déroule pendant l'Occupation, Marcel Aymé évoque la misère, les malheurs, les atrocités, les bassesses qui frappent les Français. Il témoigne de leur agacement face à une guerre qui s'éternise...

Au final, dix nouvelles fantastiques, humoristiques ou surréalistes. Un classique incontournable…
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Dutilleul peut traverser les murs! C'est bien étonnant et cela énerve beaucoup son patron qui cherche à le mettre en prison mais Dutilleul ne se laisse jamais prendre! A Montmartre, il existe une jeune femme qui a la faculté de se décupler...
Une Sabine princesse, une Sabine bourgeoise, une Sabine pauvre! Un extrait du journal de Jules Flegmon, drôle bonhomme! Un homme se retrouve dans le passé! le proverbe, qui parle d'un enfant! Une légende poldève! Un percepteur d'épouses! Des bottes de sept lieues qui sont bien pratiques! Un étrange huissier! Et la dernière nouvelle qui s'intitule "en attendant".
Ces quelques phrases résument chacune des 10 nouvelles. Ce sont des nouvelles fantastiques, agréables à lire et à comprendre. Elles sont plutôt courtes et pas ennuyeuses. Elles sont mêmes plutôt amusantes et on se demande où Marcel Aymé a pioché ses idées!!! Car le tout est assez inattendu!! Conseillé pour se divertir!
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« le passe muraille » est sans aucun doute la nouvelle la plus connue de Marcel Aymé. C'est aussi le titre du recueil publié en 1943, qui comprend, outre la nouvelle éponyme, neuf autres textes, mais commençons par le commencement :
« le passe muraille » : l'histoire d'un fonctionnaire employé au Ministère de l'enregistrement, Dutilleul, dont la vie va se transformer en enfer avec l'arrivée d'un nouveau « chefaillon ». Il utilisera son don de passe-muraille pour harceler celui-ci, apparaissant à travers le mur de son bureau… mais l'amour le perdra.

« Les Sabines » : point d'enlèvement ici... Simplement Dame Scenna, dotée du don d'ubiquité qui lui permettra d'être à la fois l'épouse Métivier, la maitresse de Théorème, jeune peintre montmartrois et Lady Burburry en épousant un riche Anglais…

« La carte », où le journal intime de Jules Flegmon : on traite ici des cartes de rationnement pendant l'Occupation.

« le décret »… et si on décidait d'un saut dans le temps pour « atterrir » la guerre terminée ?

« le proverbe » où l'histoire d'un père tyrannique qui apprend le même jour qu'il vient d'obtenir les palmes académiques et que son fils n'a pas fait son devoir de français pour le lendemain…

« La légende poldève », une espèce de conte fantastique, où l'on tourne en dérision la guerre, les belligérants et les bigots à travers l'entrée au Paradis de la demoiselle Marichella Borboïé.

« le percepteur d'épouses » ; un percepteur obtient de l'avancement de la part du ministre pour avoir « mis en recouvrement » les épouses de ses contribuables…

« Les bottes de sept lieues » : une histoire de bottes magiques qui permettront à un jeune garçon de sortir de la misère.

« L'huissier » : l'histoire de l'huissier Malicorne, mort et ressuscité pour faire le bien avant une deuxième tentative d'entrée au Paradis.

« En attendant » : pendant la guerre de 1939-1972, devant une épicerie, quatorze personnes sympathisent et décident pour des raisons diverses et variées de ne plus se quitter.

Dix nouvelles qui témoignent, sous la plume de Marcel Aymé, de l'exaspération des français pendant l'Occupation, face à une guerre qui n'en finit pas ; des français soumis à des tracasseries administratives aussi diverses qu'idiotes, voire condamnables…
Une langue, certes un peu désuète, mais tellement attachante.
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Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
La jeunesse qui n'a rien à découvrir n'est pas la jeunesse. [...] Je suis un pauvre vieil homme. Il n'est pour moi ni lendemains ni hasards. Mon cœur ne battra plus de l'attente des jours à venir. Je suis un vieux. Me voilà réduit à la triste condition d'un dieu. Pendant dix-sept ans, il n'y aura pour moi que des certitudes.

- Le décret
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La conversation se poursuivit amicalement et comme elle venait à la guerre, j'eus la curiosité de formuler quelques pronostics, lesquels laissèrent mon interlocuteur parfaitement incrédule, l'avenir étant, il est vrai, peu conforme aux probabilités logiques.

- Le décret
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L'homme qui possède des dons brillants ne peut se satisfaire longtemps de les exercer sur un objet médiocre.

- Le passe-muraille
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Un jour, le sous-chef fit irruption dans le réduit en brandissant une lettre et il se mit à beugler :

- Recommencez-moi ce torchon ! Recommencez-moi cet innommable torchon qui déshonore mon service !

Dutilleul voulut protester, mais M. Lécuyer, la voix tonnante, le traita de cancrelat routinier, et, avant de partir, froissant la lettre qu'il avait en main, la lui jeta au visage. Dutilleul était modeste, mais fier. Demeuré seul dans son réduit, il fit un peu de tem­pérature et, soudain, se sentit en proie à l'inspiration. Quittant son siège, il entra dans le mur qui séparait son bureau de celui du sous-chef, mais il y entra avec prudence, de telle sorte que sa tête seule émergeât de l'autre côté. M. Lécuyer, assis à sa table de travail, d'une plume encore nerveuse déplaçait une virgule dans le texte d'un employé, soumis à son approbation, lorsqu'il entendit tousser dans son bureau. Levant les yeux, il découvrit avec un effarement indicible la tête de Dutilleul, collée au mur à la façon d'un trophée de chasse. Et cette tête était vivante. A travers le lorgnon à chaînette, elle dardait sur lui, un regard de haine. Bien mieux, la tête se mit à parler.

- Monsieur, dit-elle, vous êtes un voyou, un butor et un galopin.

Béant d'horreur, M. Lécuyer ne pouvait détacher les yeux de cette apparition. Enfin, s'arrachant à son fau­teuil, il bondit dans le couloir et courut jusqu'au réduit. Dutilleul, le porte-plume à la main, était installé à sa place habituelle, dans une attitude paisible et laborieuse. Le sous-chef le regarda longuement et, après avoir balbutié quelques paroles, regagna son bureau. A peine venait-il de s'asseoir que la tête réapparaissait sur la muraille.

- Monsieur, vous êtes un voyou, un butor et un galopin.
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12 mai. – Le marché noir des tickets de vie est en train de s’organiser sur une vaste échelle. Des démarcheurs visitent les pauvres et les persuadent de vendre quelques jours de vie afin d’assurer à leurs familles des moyens de subsistance complémentaires.
[…]
12 juin. – Les tickets de vie s’achètent à des prix astronomiques et l’on n’en trouve plus à moins de cinq cents francs. Il faut croire que les pauvres gens sont devenus plus avares de leur existence et les riches plus avides.

LA CARTE P 57
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Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
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