AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070363438
377 pages
Gallimard (07/03/1973)
3.89/5   1460 notes
Résumé :
Comme le loup protestait de ses bonnes intentions, elle lui jeta par le nez : - Et l'agneau, alors ?... Oui, l'agneau que vous avez mangé ? Le loup n'en fut pas démonté. - L'agneau que j'ai mangé, dit-il. Lequel ? - Comment ? vous en avez donc mangé plusieurs ! s'écria Delphine. Eh bien ! C'est du joli ! - Mais naturellement que j'en ai mangé plusieurs. Je ne vois pas où est le mal... Vous en mangez bien, vous !
Que lire après Les contes du chat perchéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (76) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 1460 notes
5
32 avis
4
23 avis
3
11 avis
2
3 avis
1
0 avis
"Ces contes ont été écrits pour les enfants âgés de quatre à soixante-quinze ans. Il va sans dire que par cet avis, je ne songe pas à décourager les lecteurs qui se flatteraient d'avoir un peu de plomb dans la tête. Au contraire, tout le monde est invité. Je ne veux que prévenir et émousser, dans la mesure du possible, les reproches que pourraient m'adresser, touchant les règles de la vraisemblance, certaines personnes raisonnables et bilieuses." Voici un extrait de la préface de ce livre, sorte d'avertissement au lecteur. Car ce livre peut se lire à divers degrés. Ainsi, je l'ai découvert lorsque j'étais à l'école primaire, en CE1 ou CE2. Je me souviens que lorsque l'institutrice prenait le bouquin, c'était alors une bonne heure de lecture. Oui, j'ai eu la chance d'avoir une enseignante qui nous lisait, plusieurs fois par semaine, en fin de journée, lorsque les cerveaux étaient fatigués, des livres passionnants. Et j'attendais ce moment avec impatience. Les histoires de Delphine et Marinette me transportaient dans un autre monde...

Avec du recul, et avec quelques années de plus (oh, juste quelques-unes, hein !), je me rends compte que finalement, les histoires des deux fillettes ne sont pas si idylliques que ça. Leurs parents sont des monstres qui maltraitent les animaux et considèrent que leur progéniture n'est pas des plus intelligentes. On comprend dès lors que l'innocence de Delphine et Marinette leur permet de pouvoir converser avec leurs animaux, êtres également purs et innocents au demeurant. D'ailleurs, c'est toujours auprès d'eux qu'elles trouveront du réconfort.

Lorsqu'on réfléchit sur les contes et les récits imaginaires s'adressant aux enfants, il en ressort souvent le même constat : les contes ne sont pas vraiment faits pour les enfants. Ils sont plus là pour éduquer les parents et leur faire passer un message. Comment ? Les auteurs avaient tout compris : n'est-ce pas, le plus souvent, les parents qui lisent les contes aux enfants ?

Bien évidemment, il ne faudra pas se méprendre sur le titre. le chat Alphonse n'est pas, à proprement parler, le personnage principal. Ceci dit, il ouvre les contes puisqu'on découvre d'entrée de jeu qu'il est un allié de poids pour les fillettes : ces dernières, pour avoir cassé un plat, se retrouvent punies et doivent aller chez leur affreuse tante. Alphonse, qui a le pouvoir de faire pleuvoir en se passant la patte derrière l'oreille déclenche un véritable déluge afin que les petites puissent rester chez elles. Mais toute cette eau abîme les récoltes et les parents veulent le noyer. Il sera sauvé par tous les animaux de la ferme. Ainsi débutent les contes. Je vous laisse à présent les découvrir et passer un bon moment en leur compagnie.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          862
« Chat perché, raconte une histoire, celle de Delphine et Marinette », les enfants de la fin du XXème siècle ont sans doute dû faire tous les efforts du monde pour oublier la rengaine tenace du dessin animé. Et pourtant, j'ai décidé de me replonger dans les fameux contes du chat perché, sorte de souvenir poussiéreux et tendre de la prime jeunesse.

Ces histoires se déroulent à la ferme où deux soeurs écolières vivent chaque jour des aventures insolites et surnaturelles avec des animaux pour le moins volubiles.
Le chat qui me semblait prépondérant n'est finalement qu'un animal parmi les autres, ceux de la ferme, et puis quelques exotiques. Les parents, sévères, sont souvent les « dindons », si j'ose dire, de la farce, les fillettes réussissant toujours avec l'aide des animaux à se tirer des pires punitions.
Chaque histoire est indépendante mais je conseille de les lire à la suite, il y a quelques clins d'oeil « quand même ! » (comme dirait Sarah Bernhardt).

Le livre va plus loin que le simple charme champêtre, c'est toute une atmosphère qui entoure le lecteur. Celui-ci se retrouve plongé au milieu des bêtes, dans la cour de la ferme. On pourrait imaginer cent contes coulés dans le même moule, on a une impression d'intemporel, comme si les fillettes étaient figées dans le temps, avec leur parents, leur ferme, leur chemin d'école, la forêt et ses bêtes sauvages toutes proches. C'est peut-être ça, l'odeur de l'enfance, celle de l'éternité, des minutes qui sont des heures, de ces jeux sans fins à inventer la vie, et de ce parfum de gâteau tout chaud qui, après avoir couru jusqu'à plus souffle, nous rappelle au foyer.

On ne peut pas parler de « morale » au sens des Fables de la Fontaine. Marcel Aymé, dans sa préface, pense cette oeuvre comme un divertissement à l'attention des jeunes lecteurs. Mais néanmoins la magie enfantine compose avec les réalités les plus tristes de la vie, notamment la mort, sans pour autant tomber dans la dramatisation ou le fatalisme, c'est peut-être l'aspect philosophique du livre, la sagesse des bêtes, qui n'ignorent pas leur triste sort, elles appliquent la maxime d'Euripide : « Hélas ! Pourquoi Hélas ? C'est le lot des mortels. »

Il ne tient qu'à vous désormais de passer une tête dans l'étable, quand les parents sont couchés, et de saluer la petite poule blanche, le boeuf savant, le chien aveugle, le canard ingénieux, le cochon capricieux et sentir, se frottant contre vos guiboles, le ronronnement espiègle et chaleureux du chat perché.
Commenter  J’apprécie          8111
Je relis régulièrement "les contes du chat perché". J'y prends toujours un grand plaisir.
C'est un livre, je crois, auprès duquel, l'âge venant, on aime à venir se rassurer.
Périodiquement, je me replonge dans l'oeuvre de Marcel Aymé.
J'ai naturellement une prédilection pour son théâtre dont certaines pièces, mais pas toutes, sont de véritables chefs-d'oeuvre.
Ma préférée est sans conteste : "Lucienne et le boucher".
Parfois je vais piocher, "du côté de chez Marianne", quelques unes de ses si fines et si plaisantes chroniques.
Le fleuron de ma bibliothèque est un recueil de nouvelles intitulé "en arrière".
Il a été dédicacé, en 1950, à Émile Juvin, avec un cordial souvenir de Marcel Aymé.
Lorsque l'envie me prend de me replonger dans un de ses romans, je me fais violence pour ne pas choisir, une fois de plus, "la table aux crevés", "Gustalin" ou "Uranus".
Il m'a fallu un jour, pour accéder à ce fameux texte maudit , "les jumeaux du diable", casser ma tirelire et acheter un de ces précieux volumes de la "Pleïade".
Mais que l'on se plonge le plus profondément dans l'oeuvre de Marcel Aymé, qu'on la parcourt dans tous les sens, de toutes les manières, on part forcément des contes pour inéluctablement y revenir.
J'ai longtemps trouvé ça injuste et réducteur.
Comme j'avais tort.
"Les contes du chat perché" est un de ces livre rares qui accompagne une vie entière.
Il a été mille et mille fois disséqué, découpé, exposé, expliqué et défini.
Là-haut, la clope au bec et le sourire aux lèvres, Marcel Aymé ne dit rien.
"On n'a pas le droit de décourager les bonnes volontés !"
Peut-être que, fait de ressenti, il s'interprète d'autant de façons différentes qu'il peut se lire.
Ce bestiaire fantaisiste, présenté par Marinette, la plus blonde et par Delphine, qui a les plus grands yeux, m'appartient.
J'en jurerai.
Il a surgi de la ferme de Tante Nini, à Flottemanville au pont-Cochon.
Même l'éléphant, puisqu'il n'est que la petite poule blanche qui s'est transformée, même la panthère puisqu'elle est une amie, ramenée de voyage, par le canard.
Instinctivement on aime "les contes du chat perché"....
Commenter  J’apprécie          741
Aujourd'hui c'est mercredi et mercredi, c'est... ?
« Les histoires à Berni ! » de nouveau, les enfants ont crié à l'unisson ces quelques mots comme un cri de ralliement.
J'ai prévu aujourd'hui de parler d'une histoire qui convoque les animaux. La petite Sylvie nous avait indiqué la dernière fois qu'elle voulait absolument apporter ce mercredi-ci son animal de compagnie. C'était sa manière à elle de bien s'intégrer dans la classe et c'était donc l'occasion rêvée d'accepter son initiative. La maîtresse d'école Sandrine, a tout de même vérifié auprès de l'inspection d'Académie si cela ne posait pas de problème.
La petite Sylvie s'est avancée au milieu du cercle en présentant un petit sac en jute qu'elle a commencé à dénouer. « Salut les poteaux, aujourd'hui vous allez faire connaissance avec mon meilleur ami Kama, c'est un élaphe.»
Le petit Pat a alors fait un geste ample avec son bras qui ondulait depuis le milieu de son visage, semblant étirer une sorte de trompe invisible. La petite Chrystèle a haussé les épaules d'un air moqueur à son encontre : « Mais non, ce n'est pas un éléphant dans un si petit sac. Oh, celui-là, je vous dis ! »
Le sac s'est ouvert et nous avons vu la tête d'un reptile surgir avec sa langue pointue. Les élèves ont été impressionnés. Certains ont même reculé d'effroi en faisant des petits cris d'affolement. La petite Fanny s'est mise à pleurer, tandis que Sandrine la maîtresse s'empressait d'aller la réconforter.
« Faut pas avoir peur, les poteaux, il est pas méchant, mon Kama ». La petite Sylvie a tendu sa main et le reptile est venu s'enrouler sur son bras, comme autour d'une branche. « Il est même très affectueux ».
Le caméléon du petit Paul n'en revenait pas. Observant la scène, ses yeux sortaient de ses orbites et il a pris aussitôt la couleur de l'amitié.
« Est-ce qu'il mange du chocolat ? a demandé la petite Doriane, curieuse.
- Et pourquoi pas du nougat de Montélimar ou du caviar, tant qu'à faire ?! s'écria la petite Sylvie d'un petit rire espiègle. Mais non, il mange des souris et des oiseaux, comme tous les élaphes. »
Il y a eu des exclamations offusquées dans l'assistance, de dégoût presque. « Eh bien ! fit la petite Sylvie comme pour banaliser la chose, c'est comme les chats, non ? »
Tandis que Kama allait se blottir sur les épaules de la petite Sylvie, j'en ai profité pour avancer vers mon auditoire.
« Les enfants, tout ceci tombe à pic, aujourd'hui, je vais vous faire découvrir un livre de contes où beaucoup de personnages sont des animaux et que j'ai découvert quand j'étais en classe de CE2, j'avais donc votre âge. En ce temps-là le jour de repos n'était d'ailleurs pas le mercredi mais le jeudi. »
- Oh ! C'était il y a très longtemps alors, soupira la petite Anne-Sophie.
Je ne sais pas pourquoi, j'ai senti que tous les enfants brusquement me regardaient de la tête aux pieds comme si j'étais devenu un vieux Monsieur, alors que non, vous le savez bien, ce n'est pas vrai, hein ... ?
J'ai montré le livre aux enfants. Un vieux livre de poche tout froissé.
« Oh ! Il n'y a pas d'images dans ton livre, fit le petit Jean-Michel d'une moue un peu dépitée.
- Les images, nous allons les inventer tous ensemble en découvrant une première histoire.
Le livre s'appelle Les contes du chat perché. Celui qui a écrit ce recueil de contes s'appelle Marcel Aymé.
« Pourquoi le titre du livre s'appelle comme ça ? a demandé la petite Isa d'un air étonné.
Tout d'abord, le premier personnage principal de ce livre est un chat. Mais vous savez, chat perché c'est aussi un jeu qu'on joue dans la cour de récréation. »
Tous les enfants m'ont regardé comme si j'étais devenu un extra-terrestre.
La maîtresse d'école, avec bienveillance, a cru bon alors de préciser : « Tu sais, Bernard, les enfants ne jouent plus à ce jeu de nos jours. » Décidément, si Sandrine s'en mêlait elle aussi...
J'ai vite changé de sujet : « Un jour, l'auteur de ces contes a dit qu'il avait écrit ces histoires pour les enfants âgés de quatre à soixante-quinze ans.
- Des enfants de soixante-quinze ans ! pouffa la petite Francine morte de rire. C'est mon papi qui va être content d'apprendre ça. »
J'ai poursuivi.
« Tous ces contes mettent en scène deux soeurs, Delphine et Marinette. Leurs parents tiennent une ferme où il y a plein d'animaux. Et ces animaux parlent dans les contes. Delphine est la plus grande et Marinette la plus blonde. Ces deux soeurs sont inséparables l'une de l'autre, elles sont complices pour faire parfois les quatre cents coups... »
Alors, on a vu la petite Doriane et la petite Nico sortir du rang, se dandiner, se taper dans les mains sous les acclamations de leurs petits camarades. C'était comme un numéro de duettistes mille fois rodés sous les projecteurs.
J'ai rajouté : « Marinette est quand même moins sage que Delphine ». Là, tous les enfants ont ri et j'ai bien senti qu'il serait très dur de départager les deux petites complices qui se trémoussaient devant moi.
Je vais vous raconter la première histoire, elle met en scène le chat de la ferme, Alphonse.
Après avoir fait tomber un vase auquel leurs parents tenaient beaucoup, Delphine et Marinette doivent, en guise de punition, rendre visite à l'affreuse tante Mélina, une horrible femme ne pensant qu'à rendre la vie dure aux deux petites. En plus, tante Mélina pique la peau douce des petites filles, car il faut bien vous l'avouer, la tante Mélina a un peu de barbe sous le menton.
Delphine a alors une idée pour se sortir de ce mauvais pas : le chat de la ferme, Alphonse, doit passer sa patte derrière son oreille pour faire pleuvoir le lendemain. »
J'ai alors fait une petite pause pour interpeler les élèves. « N'avez-vous jamais remarqué que lorsqu'il va pleuvoir, les chats passent un de leur patte de devant derrière l'oreille lorsqu'ils font leur toilette. C'est un signe qui ne trompe pas. Mais ici, ce qui est drôle dans cette histoire, c'est justement le contraire : c'est le chat qui volontairement, à la demande des deux petites soeurs espiègles, passe sa patte derrière son oreille afin qu'il pleuve.
Hélas, les parents, loin d'oublier la punition, ne voient la pluie que comme un léger retard et Alphonse n'a d'autre choix que de continuer sans cesse et sans cesse pendant plusieurs jours. Les parents finissent par comprendre que leur chat n'est pas pour rien dans ce déluge continu qui les empêche de se rendre aux champs, et ils décident de se débarrasser du gênant félin... »
J'ai alors vu devant moi des visages emplis brusquement de tristesse et d'effroi. Même le caméléon du petit Paul, même l'élaphe de la petite Sylvie, semblaient figés dans un silence glacial.
Heureusement l'histoire finit bien, grâce aussi d'ailleurs à la complicité des autres animaux de la ferme.
Je sentis un grand soupir de soulagement dans l'assistance et je conclus par la dernière phrase du conte :
« La semaine suivante, il y eut encore un heureux événement. Ayant eu l'idée de raser sa barbe, la tante Mélina avait trouvé sans peine à se marier et s'en allait habiter avec son nouvel époux à mille kilomètres de chez les petites. »
Les enfants ont applaudi à l'idée de cette nouvelle réjouissante.
Tous ces contes mettent en scène la vie pleine de rebondissements, d'ironie et parfois de cruauté, au sein d'une ferme. Les parents de Delphine et Marinette sont rudes avec les animaux, n'ont aucune pitié, parfois les battent. Et puis ils les mangent ou ils les vendent. La plus grande différence entre ces parents et leurs deux filles est bel et bien leur relation avec les bêtes : les fillettes voient chacun d'entre eux comme des amis et les défendent régulièrement contre leurs parents. C'est source d'histoires parfois cocasses, parfois tristes...
Je suis sûr que certains lecteurs d'entre nous se souviennent de ces contes qui prennent avec malice et ironie le contrepied des contes classiques. Y a-t-il une morale dans ces textes ? Ce n'était pas forcément le but avoué de Marcel Aymé. Cependant l'innocence des deux fillettes jouant de complicité avec les animaux, y trouvant du réconfort et une source d'inspiration face à un monde d'adultes indifférents et cruels, est une idée qui me séduit.
Pour conclure la matinée, j'ai ajouté : « il y a même dans ce livre une histoire avec un loup qui sort des sentiers battus. C'est d'ailleurs ce conte qui m'a été raconté sur les bancs de l'école, à votre âge.
- J'espère qu'il est gentil ton loup dans cette histoire, camarade », dit la petite Gaëlle en scrutant mon visage, le visage grave.
- Disons qu'il y met beaucoup de volonté pour l'être ou le devenir.
- Moi je connais une histoire avec le loup en slip », a dit la petite Domm. Évidemment, sa remarque a emporté la classe dans un grand éclat de rire.
Alors, la petite Anna a demandé si la fois prochaine elle pouvait apporter en classe son gecko. Je me suis alors éclipsé sur la pointe des pieds tandis que plein de mains étaient tendues vers Sandrine la maîtresse d'école, tous ces enfants suppliant celle-ci de répondre favorablement aux sollicitations de chacun d'entre eux, car chacun avait un animal de compagnie, que dis-je ! un ami qui méritait, autant que Kama l'élaphe de la petite Sylvie, d'être mis au-devant de la scène...
Commenter  J’apprécie          55150
Les contes sont-ils faits pour les enfants ? Tout lecteur aguerri sait que non et Les contes du chat perché en sont un bon exemple. Les récits sont empreints d'un côté "Vieille France" difficile à accepter aujourd'hui. Un effort de distanciation est d'autant plus nécessaire que les valeurs d'autorité (parents, mais surtout l'éducation), le côté traditionnaliste, l'éloge de la terre ne sont plus aujourd'hui sans rappeler un régime honni. le choix de noircir certains personnages (gens du voyage, coq, cochon) dérange.

Il n'est pas question ici de magie, de fées, de rois et princes, d'elfes, d'ogres, ou de nains. L'imaginaire conserve une certaine place (les animaux qui parlent, "l'âne et le cheval", "la buse et le cochon en sont de bons exemples). Les méchants ici sont les parents, durs et injustice, parfois ridiculisés ("Le mouton") mais toujours respectés par les deux "têtes folles" que sont ("la plus blonde des deux") Marinette et Delphine. Tout un programme !
"Le chien", "les cygnes" et "le petit coq noir" sont des récits tout simplement captivants et fascinants. Certains récits, tels que "la patte du chat", "les vaches" ou "les boites de peinture" sont de véritables leçons de morale. "Les boeufs", "le problème" sont de vibrants plaidoyers pour l'éducation. D'autres sont plus émouvants : "le cerf et le chien", "le canard et la panthère". "Le paon", "le loup", "le mauvais jars" sont des fables qui utilisent des animaux pour inviter les enfants à la prudence. "L'éléphant" met en garde contre le mensonge avec une intrigue bâtie sur un récit pour enfant.

Un recueil empreint de valeurs traditionnelles, à réserver aujourd'hui aux adultes. A moins de vouloir partager mais à condition de faire un grand travail d'explication.
Commenter  J’apprécie          424

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Un matin, de bonne heure, on était au huitième jour de pluie, et les parents se préparaient à aller à la gare, malgré le mauvais temps, expédier des sacs de pommes de terre à la ville. En se levant, Delphine et Marinette les trouvèrent dans la cuisine occupés à coudre un sac. Sur la table, il y avait une grosse pierre qui pesait au moins trois livres. Aux questions que firent les petites, ils répondirent, avec un air un peu embarrassé, qu'il s'agissait d'un envoi à joindre aux sacs de pommes de terre. Là-dessus, le chat fit son entrée dans la cuisine et salua tout le monde poliment.
— Alphonse, lui dirent les parents, tu as un bon bol de lait frais qui t'attend près du fourneau.
— Je vous remercie, parents, vous êtes bien aimables, dit le chat, un peu surpris de ces bons procédés auxquels il n'était plus habitué.
Pendant qu'il buvait son bol de lait frais, les parents le saisirent chacun par deux pattes, le firent entrer dans le sac la tête la première et, après y avoir introduit la grosse pierre de trois livres, fermèrent l'ouverture avec une forte ficelle.
— Qu'est-ce qui vous prend? criait le chat en se débattant à l'intérieur du sac. Vous perdez la tête, parents !
— Il nous prend, dirent les parents, qu'on ne veut plus d'un chat qui passe sa patte derrière son oreille tous les soirs. Assez de pluie comme ça. Puisque tu aimes tant l'eau, mon garçon, tu vas en avoir tout ton saoul. Dans cinq minutes, tu feras ta toilette au fond de la rivière.
Delphine et Marinette se mirent à crier qu'elles ne laisseraient pas jeter Alphonse à la rivière. Les parents criaient que rien ne saurait les empêcher de noyer une sale bête qui faisait pleuvoir. Alphonse miaulait et se démenait dans sa prison comme un furieux. Marinette l'embrassait à travers la toile du sac et Delphine suppliait à genoux qu'on laissât la vie à leur chat. « Non, non ! répondaient les parents avec des voix d'ogres, pas de pitié pour les mauvais chats ! » Soudain, ils s'avisèrent qu'il était presque huit heures et qu'ils allaient arriver en retard à la gare. En hâte, ils agrafèrent leurs pèlerines, relevèrent leurs capuchons et dirent aux petites avant de quitter la cuisine :
— On n'a plus le temps d'aller à la rivière maintenant. Ce sera pour midi, à notre retour. D'ici là, ne vous avisez pas d'ouvrir le sac. Si jamais Alphonse n'était pas là à midi, vous partiriez aussitôt chez la tante Mélina pour six mois et peut-être pour la vie.
Les parents ne furent pas plus tôt sur la route que Delphine et Marinette dénouèrent la ficelle du sac. Le chat passa la tête par l'ouverture et leur dit :
— Petites, j'ai toujours pensé que vous aviez un coeur d'or. Mais je serais un bien triste chat si j'acceptais, pour me sauver, de vous voir passer six mois et peut-être plus chez la tante Mélina. A ce prix-là, j'aime cent fois mieux être jeté à la rivière.
— La tante Mélina n'est pas si méchante qu'on le dit et six mois seront vite passés.
Commenter  J’apprécie          580
A plat ventre dans le pré, Delphine et marinette étudiaient leur géographie dans le même livre, et il y avait un canard qui allongeait le cou entre leurs deux têtes pour regarder les cartes et les images.
C'était un joli canard.
Il avait la tête et le col bleus, le jabot couleur de rouille et les ailes rayées bleu et blanc.
Comme il ne savait pas lire, les petites lui expliquaient les images et lui parlaient des pays dont le nom était marqué sur les cartes.
- Voilà la Chine, dit Marinette. C'est un pays où tout le monde a la tête jaune et les yeux bridés.
- Les canards aussi ? demanda le canard
- Bien sûr. Le livre n'en parle pas, mais ça va de soi.
- Ah ! La géographie est quand même une belle chose...Mais ce qui doit être plus beau encore, c'est de voyager.
Moi, je me sens une envie de voyager, si vous saviez...
(extrait de "Le canard et la panthère", nouvelle du recueil paru chez "Folio" en 1985))
Commenter  J’apprécie          320
Le soir de ce même jour - le plus chaud qu'on eût jamais vu - Delphine, Marinette, les parents et toutes les bêtes de la ferme formèrent un grand cercle dans la cour. Au milieu du cercle, Alphonse était assis sur un tabouret. Sans se presser, il fit d'abord sa toilette et, le moment venu, passa plus de cinquante fois sa patte derrière l'oreille. Le lendemain matin, après vingt-cinq jours de sécheresse, il tombait une bonne pluie, rafraîchissant bêtes et gens.
Extrait de "La patte du chat".
Commenter  J’apprécie          150
― Bœuf, lui dirent-elles, nous sommes très contentes de ton travail. Voila que tu en sais maintenant presque autant que nous et peut-être plus, si c’est possible. Tu as donc mérité de te reposer, et d’ailleurs, ta santé l’exige.
― Je me moque de ma santé et ne veux penser qu’orner mon esprit. […].
― Au moins, lui dit Marinette, puisque tu ne veux pas prendre de vacances, fais attention que personne ne te voie étudier. Quand je pense que tu as toujours un livre ouvert devant les yeux et que nos parents pourraient te surprendre…
On peut juger par cette recommandation que les deux blondes n’étaient plus très sûres d’avoir fait œuvre de sagesse. Et en effet, elles ne se vantaient à personne de leur entreprise.
Commenter  J’apprécie          50
― Je ne comprends pas disait le bœuf blanc d’une voix sévère en jetant sur son compagnon un regard attristé, je ne comprends pas…
― Non, laisse-moi rire interrompait le roux, c’est plus fort que moi, il faut que je rie.
― Je ne comprends pas qu’on puise à ce point manquer de sérieux et de dignité. Quand on pense que la surface d’un rectangle s’obtient en multipliant la longueur par la largeur, que le Rhin prend sa source dans le massif du Saint-Gothard et que Charles Martel vainquit les Arabes en l’an 732, on est consterné par le spectacle d’un bœuf de six ans se livrant à des jeux imbéciles, et volontairement ignorant des merveilles…
― Ha ! ha ! ha ! faisait le grand roux, tordu par un rire convulsif.
― Idiot ! si au moins il avait l’esprit de s’amuser discrètement et de ne plus troubler mes travaux. Vas-tu te taire ?
― Ecoute vieux, laisse tes bouquins un moment, et jouons à quelque chose, tous les deux…
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Marcel Aymé (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
+ Lire la suite
autres livres classés : contesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (8569) Voir plus



Quiz Voir plus

Marcel Aymé

En quelle année est né Marcel Aymé?

1880
1897
1902
1910

10 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel AyméCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..