Superman : Lex Luthor

Le casting laissait présager un chef d'oeuvre. le talentueux Azzarello - à qui l'on doit de véritables pépites sous la bannière DC, 100 Bullets en tête - au scénario, allié au grandiose Bermejo qui nous a déjà livré parmi les plus belles planches jamais vues, autant dire que les espérances étaient au sommet. Et pourtant, l'ensemble, même s'il reste de très bonne facture, déçoit légèrement, laissant un arrière goût amer.

Mais commençons par les atouts. Les dessins, marque de fabrique oblige, sont ultra léchés et emprunts d'un réalisme stupéfiant. Les traits du visage des protagonistes semblent parfois prendre vie tant les détails sont saisissants. Encore une fois, certaines planches sont d'une beauté médusante (les panoramas de Metropolis en tête).

L'histoire, quant à elle, oscille entre la force et la faiblesse de l'oeuvre. En effet, Azzarello, à trop vouloir en faire, dépare l'ensemble. Et pourtant, quel dommage car tous les ingrédients d'un Lex Luthor plus diabolique et retors que jamais étaient réunis. La vengeance, systématiquement omniprésente dans les confrontations entre Superman et Luthor, n'est pas la seule thématique majeure de l'histoire. En effet, le scénariste fait la part belle à diverses réflexions politico-sociales et éthiques plus que bienvenues qui densifient le propos car, soyons francs, la philosophie n'est que (trop) rarement de mise dans les comics de super héros.

Malheureusement, Azzarello se prend à son propre jeu et stérilise parfois son propos en se perdant dans ses élucubrations aux airs de masturbation intellectuelle, laissant le lecteur en proie à la frustration. C'est dommage car cette confrontation mettant en lumière un Superman plus sombre et moins humain qu'à l'accoutumée était une vraie bouffée d'air frais dans les aventures de notre héro en slip rouge préféré. Reste un one shot sympathique et original, emprunt de philosophie à plus ou moins bonne dose, qui ravira malgré tout les fans du super-héro kryptonien.

Dans les collaborations entre le scénariste Brian Azzarello et l'illustrateur Lee Bermejo, ce projet se situe entre Batman Deathblow (Après l'incendie) et Joker. Il s'agissait à la base d'une mini-série en 5 épisodes parue en 2005.

Brian Azzarello s'essaie à l'exercice difficile de donner de l'épaisseur aux motivations d'un méchant : Lex Luthor, l'ennemi par excellence de Superman. Disons le tout net : le résultat est très convaincant. Lex Luthor en ressort animé d'une motivation réaliste et plausible qui le place clairement dans le camp des anti-Superman. Et Azzarello réussit cependant à nous le rendre, sinon sympathique, au moins plus proche et moins manichéen. Attention, il s'agit bien du Luthor manipulateur, cynique, cruel, violent et totalement égocentrique. Il commet au fil des pages plusieurs crimes de natures diférentes. Mais sa logique est compréhensible et acceptable.

L'histoire est magnifiquement illustrée par un Lee Bermejo au mieux de sa forme. Les pages sont parsemées de trouvailles graphiques qui montrent des aspects inattendus de personnages dotés de plus de 50 ans de continuité. L'aspect réaliste très urbain des séquences s'impose au lecteur grâce au graphisme très étudié. Les couleurs expriment également cette sensation de zone crépusculaire où le bien et le mal sont inextricablement liés et l'âme ne dispose pas de boussole facilement lisible.

Enfin l'histoire prend le soin de ne pas oublier que ce personnage est fortement enraciné dans l'univers DC, et on voit ainsi apparaître Superman (dont la composante extra-terrestre est formidablement magnifiée), Bruce Wayne (Bermejo réinvente brillamment son aspect playboy) et son alter ego, et une nouvelle super-héroïne baptisée Espoir.

Si vous avez aimé Joker, il y a fort à parier que vous trouverez votre compte dans cette histoire prenante et qui jette un éclairage complémentaire bienvenu sur Lex Luthor.

Comme j'avais adoré le « Joker » de Brian Azzarello et Lee Bermejo, j'ai décidé de m'attaquer à cet album qui se concentre sur le pire ennemi de Superman. Si le Joker de Batman était dépeint de manière brillante par les deux auteurs, le Lex Luthor de Superman n'est malheureusement pas aussi bon.

Il y a tout d'abord ce scénario, où Lex Luthor imagine un nouveau plan diabolique pour discréditer son ennemi juré, qui n'est pas mauvais, mais ne marquera pas vraiment les esprits. de plus, la créature inventée par Lex pour mener à bien son plan, manque cruellement de personnalité.

Le travail au niveau de l'introspection de Lex Luthor est par contre très bon et le fait de situer le point de vue narratif de son côté permet de mieux comprendre sa haine envers le kryptonien. le fait de voir un Superman inhumain et dangereux peut initialement surprendre, mais cette vision qu'à Lex de Superman est finalement assez intéressante et permet de cerner toute la complexité du personnage. Ce qui est par contre assez décevant, c'est de voir Superman réduit à un rôle de figuration.

Par contre, au niveau du graphisme, le dessin de Lee Bermejo ne fait peut-être pas l'unanimité, mais moi j'adore. Et quand on y ajoute la colorisation d'un génie comme Dave Stewart, je suis encore plus comblé. Bref, j'adore son dessin et j'ai su apprécier sa représentation de Superman.