La cuisine roumaine se réduirait-t-elle aux sarmale (choux farcis), mamaliga (polenta), et mici ? Sur les sites spécialisés en conseils culinaires, on découvre que les recommandations de Bacalbaşa sont encore suivies aujourd'hui. En quête de documentation sur les traditions en la matière, j'ai donc trouvé ce livre dont l'aspect matériel surprend de par sa modernité absolue : couleur rose flashy, papier d'une excellente qualité, alternance de différentes polices de caractère. On s'étonne même que le texte soit écrit en roumain.
Ouvrons donc ce grimoire pour les papilles et un grasă de Cotnari pour accompagner la lecture de ces véritables contes fantastiques de la cuisine d'autrefois. Journaliste et politicien, Constantin Bacalbaşa, frère d'Anton Bacalbaşa (cf. Moș Teacă) et fidèle collaborateur aux revues satiriques de
Ion Luca Caragiale, aimait la bonne cuisine, comme en atteste cette impressionnante rencontre entre les goûts raffinés de l'occident et la cuisine traditionnelle roumaine. Si l'art de déguster des mets de qualité est tant cultivé chez lui, c'est certainement aussi parce que son épouse dirigeait les cuisines de la reine Maria de Roumanie.
Les 1501 recettes constituent un imposant traité de gastronomie, dont la lecture ne saurait être linéaire, mais régulière et fragmentaire, voire aléatoire, au gré des envies et des arrivages de votre boucher.
Au premier abord, les quantités indiquées semblent démesurées, voire exagérées, et les étapes de préparations lapidaires (une dizaine de lignes, guère plus) même lorsqu'il s'agit de préparations peu communes comme la carpe cuite à la bière, ou bien une caille [prepeliţă] farcie.
Dommage qu'un index n'ait pas été prévu pour faciliter les recherches dans un ouvrage d'une telle envergure.