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EAN : 9782362290510
107 pages
Editions Bruno Doucey (19/09/2013)
4/5   14 notes
Résumé :


"Comment savoir si l'on est toujours de ce monde ?", s'interroge Michel Baglin au seuil d'Un présent qui s'absente. Comme pour se donner des preuves de vie, le poète établit au fil des textes la carte d'une géographie personnelle toujours en mouvement : quais de gare, trains en partance, quartiers où l'on musarde, chemins de halage, routes et ponts...

Poète fraternel, inlassable compagnon de route des gens qui passent, l'écrivain n'ou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
— Ya plus d'saisons mon p'tit monsieur.
— Vous avez bien raison ma bonne dame, cette année noël est tombé le 6 octobre et le jeudi de l'ascension, le 6 octobre aussi, un sacré bordel. Je ne sais pas si le réchauffement climatique en est responsable mais si oui alors… m'sieur Hulot, tu peux continuer à aller au devant de manifestants avec qui tu aurais manifesté il y a encore quelques mois et à qui aujourd'hui tu vas servir la soupe d'un gouvernement que tes idées devraient te faire combattre. Change rien m'sieur Hulot parce que ce bordel dans l'annuaire des saints, quel pied !!!!

Oui, noël en octobre. Jeudi, j'ai enfin reçu « Un présent qui s'absente » de Michel Baglin après de longs jours d'attente. Une éternité. Regard étoilé.
Le même jour, le facteur me dépose en même temps mon « masse critique ». Regard étoilé bis.
Mais là où le calendrier s'affole c'est quand je vois par hasard que Danny Bryant (pas suzette nan nan, Danny Bryant, bluesman Anglais qui a de l'or au bout des doigts) dont je guette le passage en France depuis des années, des siècles, des millénaires, passe à Belle Isle en Terre au fin fond de la campagne des Cotes d'Armor dans un festival de blues le lendemain, ce fameux vendredi 6 octobre !!!
Quel rapport avec les livres?
Richard Wagner a dit : « La musique commence là où s'arrête le pouvoir des mots »
Nan nan, je ramène pas ma science (que je n'ai pas, je suis tombé par hasard sur cette citation je ne sais plus où) mais c'est tout à fait ce que je ressens.

Quel pied, ce concert, il valait bien les trois heures de route aller retour depuis Lorient. En plus il m'a serré la paluche à la fin du concert quand il est venu causer et dédicacer des cd ou les tickets d'entrée. J'me laverai plus la main droite. Jamais. Des fois que j'ai reçu un peu de son touché (musical) pour ma prochaine vie où je serai musicos.

Bon, et Michel Baglin alors?
Ben Michel Baglin c'est un peu comme d'autres du genre Eniger, Giraudeau et tant d'autres pour ce qui est de mon ressenti. Un autre style, d'autres domaines explorés bien que… tous nous parlent de nous à travers eux. Je le place donc juste avant la musique, à cette frontière que les mots ne pourront jamais franchir.
Un recueil de poésie, ça se déguste, ça se lit à petites touches, ça… ça, je peux pas. Quand ça me parle dès le début je dévore, je n'ai pas la patience. Je sais dire non, je sais attendre, patienter avant d'entamer mais quand j'ai gouté et que j'aime, c'est mort, je ne m'arrête plus (oui je suis un peu extrême parfois).
Un présent qui s'absente, c'est un peu la nostalgie et l'avenir qui tentent de s'apprivoiser. Hier et demain qui font qu'aujourd'hui ne sait plus trop vers quelle direction aller. Un présent qu'on nous trace quand hier on croyait pouvoir le dessiner et que demain n'existe plus pour tant de gens.
C'était mieux avant, non pas parce qu'on est réac (qualificatif mit à toutes les sauces …) mais parce qu'on avait un espoir, un but.

« C'était hier et l'on sourit de cet avant
que regrettaient tant les anciens,
leurs chansons à l'âme grise,
la vieillesse dite un peu vite réactionnaire…
On sourit et néanmoins si l'on osait,
On avouerait que le mieux d'hier
C'était demain: un avenir à bâtir
Que l'on croyait tenir en mains. »

Un présent qui s'absente c'est un cri, un souvenir, un espoir…encore, une révolte.
C'est aujourd'hui aussi. Aujourd'hui qui se perd entre consommation et luttes de pouvoir, entre nationalismes et religions.
C'est une poésie militante, dure et sans concessions mais dite avec une certaine douceur. Il y a comme une tendresse du regret et de l'indignation. La poésie de Michel Baglin n'est pas du genre rouleau compresseur qui va tout exploser sur son passage, elle ne cherche pas l'électro choc, elle ne cherche pas à tout raser (une poésie dont je raffole également), non, elle est plus subtile. Elle traite plus la branche malade qu'elle ne la coupe. Tout est dit sans se cacher derrière de jolis mots mis là pour faire de l'esbroufe ni de termes destinés à choquer. Simple mais efficace.

« Sans haine mais pas sans colères,
Mon poème peut montrer les dents »

Un présent qui s'absente, c'est aussi une ode à l'amitié, au souvenir, à l'enfance, cette nostalgie qui racine à mesure qu'on avance dans le temps.

« Oui, penché sur ta table de travail
Dans l'obscure rumeur du temps
Tenant la dragée haute à la camarde,
Tu auras pris la parole
Au nom de tout ce qui ne veut pas mourir
Pour chanter le regret
De cette vie qui nous appartient si peu,
Alors que ta mélancolie devinait déjà
Dans le froid mortel de l'exil,
Ce chapeau resté sur la table
Qui un jour à son tour
Nous parlerait tellement de toi. »

Un présent qui s'absente c'est aussi la place faite à l'autre.
Un chapitre nommé « le chant des migrants » où l'on trouve dix petits textes écrits et « inspirés par un travail effectué avec des personnes en apprentissage ou réapprentissage de la langue » qui témoignent de leur condition de migrant.

« L'horizon, ils l'ont convoité, rattrapé et même un jour dépassé. C'est là qu'a commencé pour eux cette étrange contrée que l'on appelle exil ».

Un petit bémol, juste pour avoir un truc à redire, Michel Baglin s'essaye au sonnet sur quelques textes et j'avoue que ses césures m'ont chatouillé les hémistiches. Je me suis cassé la gueule plusieurs fois en ayant une lecture « classique » et la mélodie comporte quelques fausses notes mais on s'en fout puisque qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse et là, j'ai dépassé avec bonheur les trois vers sans dommages.

Vous comprendrez donc qu'entre une lecture orgasmique dans l'après midi et un concert tout simplement magique le soir, mon noël ait été avancé au 6 octobre

J'avais commandé un deuxième recueil de Michel Baglin en même temps que celui-ci, la fnac ne l'a toujours pas reçu. Si ce n'est lui … j'en commanderai d'autres c'est une certitude parce que moi qui ne suis pas traditions et encore moins traditions religieuses, j'avoue que là… l'a été sympa le…hasard qui a fait la concordance des temps. Des temps ? Ben oui ma bonne dame, ya pu d'saisons.


Vous êtes arrivés au bout alors petite récompense, enfin j'espère que vous aimerez un ptit blues rock.


https://www.youtube.com/watch?v=y-¤££¤42Danny Bryant 41¤££¤

https://www.youtube.com/watch?v=j2zDc-VdNSU

https://www.youtube.com/watch?v=2n0cUMhU_r4

https://www.youtube.com/watch?v=Mfr6Dj4JLV4
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ce recueil est en fait composé de deux parties. la première qui parle de ce fameux présent qui s'absente. la seconde plus tournée vers un coup de gueule contre certains aspects de notre société et l'intégrisme religieux.
d'un côté il y a une véritable évocation du temps qui passe et des interrogations de l'homme sur sa condition, son passé, son devenir. Des souvenirs d'enfance, des souvenirs tout court! puis de l'autre il y a ces textes qui dénoncent, fort justement au demeurant, l'emprise de plus en plus forte du principe religieux sur la raison et l'esprit. Surtout la vacuité de notre société à conserver la critique comme principe de stabilité, trop occupée à fabriquer des acteurs marchands, des produits, non des être doués de raison...
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Frères humains…


Une poésie engagée, une poésie qui s'inscrit dans son temps politique et social, voilà ce que nous offre Michel Baglin dans cette anthologie personnelle qui réunit des poèmes personnels et fraternels. Pour lui, « je est un autre » mais l'autre / les autres est / sont aussi un horizon d'humanité vers lequel il faut tendre entre le passé qui s'obstine et le futur qui interroge en ce « présent qui s'absente ».

Une poésie de partage et de solidarité qui nous interpelle sur le sens de la vie et notre place dans la société.

Aller sur Texture, le blog de Michel Baglin
Lien : http://baglinmichel.over-blo..
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Receuil de poésie assez inégale mais intéressant. Traitant du temps qui passe et de toutes les formes de voyages possibles.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Frères de terre

Je n’ai pas de frères de race,
j’ai des frères de condition,
des frères de fortune et d’infortune,
de même fragilité, de même trouble
et pareillement promis à la poussière
et pareillement entêtés à servir
si possible à quelque chose,
à quelqu’un, même d’inconnu,
à quelque frère de même portée,
de même siècle, ou d’avenir…

Je n’ai pas de frères de race,
ni de religion, ni de communauté,
pas de frères de couleur,
pas de frères de guerre ou de combat,
je n’ai que des frères de Terre
secoués dans la galère
des espoirs et désespoirs
des mortels embarqués,
des frères de rêve partagés
de peurs trop communes.

Je n’ai pas de frères de race,
j’ai des frères de condition,
bien différents et très semblables,
d’ailleurs terriblement interchangeables
dans l’égoïsme
ou dans la compassion…
Des frères tout pétris de l’envie
de partager leur solitude avec le pain
et parfois le bonheur insigne
d’apprendre ensemble à dire non…

Je n’ai pas de frères de race,
mais des frères dans le refus
de n’être qu’un passant,
des frères par l’art et par le chant,
et l’énergie déployée chaque jour
à tenir tête au néant.es frères à travers les âges,
la géographie et les frontières,
- et qui sait même, au-delà de l’espèce,
peut-être un frère en tout vivant…
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L'autre, c'est lui, là bas. Toujours là bas Parce qu'ici,
c'est moi, c'est toi, c'est nous, c'est du pareil au même.
L'autre, c'est la peur remontée du fond des ages qui
fabrique un étranger.
Qui fait serrer les fesses, et puis les poings, et puis les
rangs.
C'est quelqu'un qu'on attendait pas,quelqu'un qui
vient de loin,
quelque autre qui s'est invité dans nos jeux de miroirs
et s'y réfracte.
Il diffère, on le compare. Il se distingue, on sen méfie.
Et parce qu'il nous ressemble trop, les différences
s'exaspèrent.
L'autre se tient là bas, au delà d'une frontière.
Il est le nom d'une peur commune aux êtres dissemblables,
qui porte les peuples, depuis toujours aux solidarités
de clan, de tribu, de meute.
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Échappée

Je vous écris sans savoir l'heure ou le temps qu'il fait,
d'un café, d'un hall de gare ou d'un aéroport,
d'un endroit qui vous tire le regard au-dehors
sans que vous voyiez les flaques ni les ciels défaits.

Je vous écris dans cette échappée du quotidien.
C'est un voyage sans autre bruit que ceux des rues,
sans plus de larmes ou de cris ou de pas perdus
que dans une vie quelconque et son décor de rien.

C'est un lieu que je connais, un temps que je fréquente.
J'y ai des habitudes de vivant qui s'absente
dans un arrière-pays jamais très éloigné

où lève sous l'encre une nuée d'oiseaux de nuit
dont j'écris le vol dans l'espoir qu'il va m'enseigner
où ont émigré jadis les horizons promis.
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Les plus lointains pays ne sont pas ceux qui viennent
à nous
au bout de la piste ou de la ligne aérienne ,
conquis.
Les pays que l'on sait les plus inaccessibles
sont là,
au creux du souvenir, un arpent d'émotions
vivaces.
C'est un carré de luzerne depuis longtemps fauché.
Un puits,
dont la poulie s'est tue. Un bosquet oublié ,
tout gris,
dans l'ocre d'un été et le bruit d'une ferme
lointaine.
Non la géographie ne pourra jamais rien
y faire:
Le plus lointain pays est plus près que la terre
natale.
Que ce lopin de friche impossible d'accès
- maudit,
quand dans l'odeur du foin renaît une patrie
perdue.

(Arpent)
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Sillage.

Une vie, à peine un peu
d’écume dans son sillage,
guère plus de traces
que l’oiseau n’en laisse dans l’air qu’il fend.

Une vie, ce qu’il en reste,
cette traînée d’images
dans les mémoires amies
s’évaporant avec les ans.

Une vie, une voile, un vol,
un grain de lumière
dans les sillons du vent.
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Vidéo de Michel Baglin
Bruno Doucey lit le texte "Merci à la vie" de Michel Baglin, extrait de l'anthologie "Courage ! Dix variations sur le courage et un chant de résistance", publiée aux Éditions Bruno Doucey en 2020.
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