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Critique de nadejda


«Karitas sans titre» est habité par de belles femmes fortes, courageuses qui luttent pour s'en sortir et doivent s'entraider car la vie est rude sur cette terre sauvage d'Islande où il n'est pas rare de rencontrer encore des elfes et des trolls. Elles y sont pour la plupart, seules, restées veuves ou parce que les hommes doivent s'absenter durant de longues périodes lors des campagnes de pêche.

Encore enfant Karitas est encouragée à dessiner par son père qui reconnait chez sa fille un don que lui-même possède et lui offre un cahier de croquis. Son père aurait pu la guider, lui qui dessinait si bien, mais il partit un matin et ne revint pas le soir. Il fait partie de ces «beaux et jeunes pères qui partent à la rame avant le lever du soleil, pleins d'optimisme, et qui ne rentrent pas à son coucher comme ils l'avaient promis» emportés par la mer.
Nous sommes en 1915 et l'émancipation des femmes est dans l'air du temps (le droit de vote leur a été accordé depuis peu au Danemark et en Islande) . La mère, Steinunn décide de partir dans le Nord, à Akureyri pour que tous ses enfants, sans exception, reçoivent une éducation et sachent lire et écrire. C'est un véritable défi que lance cette femme qui élève seule ses six enfants : Trois garçons, Olafur, Pall et Pétur et trois filles, Halldora, Bjargildur et Karitas.
Elle va se battre et les entraîner à tous se battre pour survivre en travaillant dur. Leur vie tourne autour du salage de harengs seul travail disponible qui permet à toutes de s'en sortir auquel s'ajoutent tricot et couture et tous les travaux domestiques.
p 82 «Nous nous serrons les coudes, dit lentement Steinunn en appuyant sur ses mots... et souvenez-vous toujours de vous soutenir les uns les autres dans la bataille de la vie, c'est notre devoir de nous entraider, c'est ainsi qu'ont prospéré les familles en Islande et c'est pourquoi la nature n'a pu venir à bout de nous. Nous luttons, nous les Islandais, nous luttons.»
Karitas va se démarquer de ses frères et soeurs et croire pouvoir réaliser son rêve, puisqu'un heureux hasard lui permettra d'être soutenue pour aller suivre les cours de l'Académie Royale des Beaux-Arts de Copenhague. Mais le chemin ne sera pas facile pour elle malgré ce début prometteur. La route sera longue avant qu'elle ne parvienne à se consacrer totalement à sa vie d'artiste qui reste exceptionnelle pour une femme à cette époque, elle rencontre de l'incompréhension et choque encore...
"Tu partiras vers l'art. Il t'a appelée. Ce sera un long voyage et sur ta route se trouveront trolls et embûches. Et lorsqu'enfin tu atteindras la montagne bleutée qui s'élève, magnifique au milieu des autres massifs bleu-noir, tout se refermera derrière toi et tu seras prisonnière à vie. Mais cette captivité t'apportera souvent plus de bonheur que la liberté." p 116

Beau livre où s'intercalent dans le récit des dessins et tableaux de Karitas, cités et traduits en mots qui font de ce livre une galerie évocatrice de son parcours et montre de quoi sont fait ses exercices, scènes ou objets familiers, portraits de proches liés à des moments pleins d'émotions.
J'espère rapidement pouvoir lire la suite annoncée dans un passage de ce volume où Sigmar, son mari, demande à Karitas «... que cherches-tu ?»

Elle lui répond «Je recherche le chaos .... le chaos arrive, il est tout au fond de moi, il viendra lorsque j'aurai pu peindre longtemps en étant seule avec moi-même.» p 248
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