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Critique de dedanso


Voilà typiquement le genre de livre que je n'aurais jamais acheté par moi-même. Et j'aurais eu bien tort... Je remercie donc Marjorie d'Exploratology et indirectement Mladoria sans qui je n'aurais pas connu ce concept de livre-box.

Karitas est d'abord un livre sur la condition de la femme au début du XXème siècle. Celle-ci doit s'occuper de tenir la maison (ménage, linge, cuisine, préparation des denrées pour l'hiver) et d'élever les (nombreux) enfants. Les hommes peuvent éventuellement bénéficier d'une certaine éducation, mais pour ce qui est des femmes, cela est beaucoup plus rare. Dans le meilleur des cas, elles intègrent l'école de sage-femmes ou le collège d'enseignements ménagers... Alors c'est pour vous dire que notre pauvre Karitas, passionnée de peinture, était mal partie !

Karitas, c'est la beauté sauvage de l'Islande. La nature y étant peu clémente à cette époque, la vie des femmes, et des Hommes en général, n'est guère facilitée. C'est une nature époustouflante qui m'a été donnée à lire, toujours belle, parfois hostile. Une nature encore sauvage, indomptée (le passage de l'ascension du glacier est magnifique).

Karitas, c'est aussi une oeuvre sur la famille. La vie de celles-ci s'articule autour des saisons de pêche et du salage du hareng. Les femmes d'un côté, les hommes de l'autre. Les chambres communes, le soutien des femmes les unes envers les autres, les mises en nourrice fréquentes, le froid et les longues nuits qui resserrent encore un peu plus les liens entre les familles... Mais cela n'empêche pas les rivalités, la plus flagrante étant celle qui unit Karitas à sa soeur Bjarghildur.

Enfin, Karitas c'est aussi (et surtout) un questionnement sur la relation de l'artiste à son art. Autant vous dire qu'en 1930 en Islande, la peinture n'était pas considérée comme un métier, ni même comme un passe-temps convenable pour une femme. Et l'on suit donc le cheminement de Karitas en se demandant sans cesse si elle va réussir à vivre de sa passion pour l'art ou bien si sa vie familiale et le poids des convenances prendront finalement le dessus. L'esquisse d'un rêve étant le 1er tome d'un diptyque, nous restons un peu sur notre faim...

Je ne peux terminer cette critique déjà longue sans évoquer la dimension fantastique que l'auteur donne parfois à son récit. Il ne s'agit que de petites touches parsemées dans le texte mais qui participent activement à l'image que l'on se fait de l'Islande d'alors, un paradis sauvage dans lequel de méchantes fées se révèlent parfois à l'Homme.

Je dois également saluer la forme de ce roman qui alterne les très courts chapitres racontés à la 1ère personne (qui sont plutôt la description d'un moment et d'une situation précis ayant inspirés une oeuvre de Karitas) et ceux qui sont racontés d'un point de vue omniscient.

La lecture est parfois ardue à cause des noms propres islandais et du fait que l'auteure intègre du discours direct à même le texte, sans rien pour préparer le lecteur : "Je rentrerai à l'école secondaire le printemps prochain, fit le fraîchement confirmé d'une voix inhabituellement basse. Eh bien. Tous à l'école. Sûr que je pourrai donner de bonnes nouvelles de vous lorsque je serai rentré dans l'Ouest. Steinunn pénétra dans la pièce avec une lueur de victoire dans les yeux."

Je vais arrêter là, en espérant que quelques uns d'entre vous auront réussi à me suivre jusqu'ici. Vous aurez alors compris que cette oeuvre étonnante, toute nouvelle pour moi, a été une lecture passionnante !

Challenge ABC 2015/2016
Challenge Multi défis 2016
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