D'abord un grand merci aux éditions
De La Martinière et à Babelio pour ce partenariat. Un livre qui traite de l'un de mes sujets de prédilection, les Amérindiens du sud, ne pouvait que susciter ma curiosité.
Il retrace l'itinéraire et un pan de la vie d'Anne Ballester, partie au Brésil pour vivre au sein de communautés Yanomami pour y apporter un peu d'aide. Des soins médicaux aux cours d'école.
Son frère Pierre, auteur du livre, relate leurs retrouvailles et sa brève immersion chez ces autochtones qui lui semblaient bien étranges. le choc de deux civilisations !
Les Yanomami sont encore relativement préservés dans leur mode de vie mais la déforestation qui grignote sans cesse leurs territoires et la fascination que suscite chez eux la "civilisation" des blancs risquent fort de modifier leurs vies à tout jamais. Par ailleurs, les contacts répétés avec les gens de l'extérieur, qu'ils soient Européens ou Brésiliens, les exposent souvent à certaines maladies souvent fatales pour les enfants.
Je confesse sans plus tarder que les mille et une observations de
Pierre Ballester sur son arrivée, et son séjour, m'ont quelque peu agacée et ennuyée au départ. Et oui, au Brésil il fait chaud, il y a plein de petites et grosses bestioles qui risquent de vous piquer, la nourriture est différente, etc. Je comprends bien qu'un citadin, au bout de deux jours, regrette une bonne bière bien fraîche et le gigot du dimanche, mais bon, quelques lignes auraient suffi pour souligner cet immense décalage entre la France et le Brésil.
Et puis heureusement, la magie et l'émotion s'installent dès que le frère et la soeur se retrouvent enfin dans la forêt. On sent que
Pierre Ballester a une réelle admiration pour le travail de sa soeur. Et son affection transparait également lorsqu'il évoque certains membres du clan Yanomami avec qui il a l'occasion de s'entretenir. le dialogue est certes difficile, faute de parler couramment le portugais et la langue Yanomami, mais les gestes sont souvent plus explicites que les paroles.
Ce que je retiendrai essentiellement de cette lecture, c'est la gentillesse et la bonne humeur des Yanomami, l'envie de certains jeunes de comprendre un peu mieux le monde qui les entoure, étape capitale pour Anne qui pense que les Yanomani seront mieux armés pour résister à l'arrivée massive des Brésiliens s'ils reçoivent une éducation à l'occidentale. Cela est certainement vrai, mais en même temps, ils risquent de sacrifier leur belle culture. Les Yanomami devront faire des choix : rester à l'écart, continuer à vivre dans la forêt en attendant le désastre ou un miracle, ou s'intégrer rapidement pour éviter l'affrontement final et la disparition des tribus telles qu'elles existent aujourd'hui.
Un dernier regret : j'aurai aimé que l'auteur évoque un peu plus le milieu dans lequel vivent les yanomami : la forêt. Rares sont les pages consacrées aux problèmes de la déforestation, de l'exploitation abusive de cet écosystème. Mais il n'en reste pas moins que ce portrait de femme impressionne et force le respect.