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Seuil - l'Intégrale (01/01/1900)
2.93/5   28 notes
Résumé :
L'« histoire », ici, se confond avec les histoires du texte. Autre étude de femme est en effet un « puzzle » constitué de fragments d'origines diverses. Plusieurs sont empruntés à « Une conversation entre onze heures et minuit », texte que Balzac a publié en 1832 dans Les Contes Bruns, recueil collectif et anonyme. D'autres sont plus tardifs (1838-1842). Le romancier les a réunis en 1842 dans le second volume de l'édition Furne (tome II des Scènes de la vie privée) ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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La littérature critique nous apprend que cette étude est en fait la réunion de plusieurs textes écrits entre 1838 et 1842. le titre au singulier peut alors étonner, mais se justifier cependant, puisque le fil conducteur semble être de faire le portrait de la femme de goût, de la « femme comme il faut ».
Dans la version qui nous occupe ici, l'étude est présentée sous la forme d'une conversation entre les personnes conviées à rester en deuxième partie de soirée dans un salon où nous retrouvons des personnages connus et familiers de la Comédie Humaine. Ces « secondes soirées » réunissaient des intimes, une fois le « raout » terminé, et se prolongeaient assez tard dans la nuit selon, précisément, les hasards de la discussion, quelquefois autour d'un thème lancé par la maîtresse de maison ; ici, à partir de deux heures du matin, le débat porte sur « les changements qui se sont opérés dans la femme française ».
En plus du récit cadre à la première personne qui sert d'introduction ou de préambule, plusieurs narrateurs prennent successivement la parole et les récits s'enchainent, sans véritable plan ; j'ai eu un peu l'impression de lire des notes de travail, comme le brouillon d'un essai, comme si Balzac nous invitait dans son travail de réflexion. C'est d'autant plus vrai que, malgré une certaine progression dans les sujets évoqués, il n'y a pas vraiment de chute ou de conclusion générale.
Cela reste une lecture intéressante pour les portraits de femmes et la peinture d'une époque.
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Ces rendez-vous mensuels autour d'une nouvelle ou d'un roman De Balzac m'enchantent. Lors de la dernière lecture  Claudialucia avait reproché mon laxisme vis à vis de la misogynie de l'auteur. Au temps de Meetoo, on devient exigeante! J'ai tendance à pardonner beaucoup à Balzac parce qu'il m'amuse beaucoup. le titre "Autre Etude de Femme" me laisser craindre encore des débordements. Promis je serai vigilante! 

L'auteur nous entraîne dans une soirée mondaine, au dîner qui ne compte que des convives choisis, quand les langues se délient et que les confidences s'échangent.

"Le souvenir d'une de ces soirées m'est plus particulièrement resté, moins à cause d'une confidence où l'illustre de Marsay mit à découvert un des replis les plus profonds du coeur de la femme, qu'à cause des observations auxquelles son récit donna lieu sur les changements qui se sont opérés dans la femme française depuis la triste révolution de juillet."

De Marsay conte un amour de jeunesse pour une femme du monde un peu plus âgée qui l'a guéri de la passion amoureuse.... et dont la conclusion est encore peu amène :

"Il y a toujours un fameux singe dans la plus jolie et la plus angélique des femmes !

A ce mot, toutes les femmes baissèrent les yeux comme blessées par cette cruelle vérité, si cruellement formulée. "

La conversation continue par la déploration de la perte de l'image de la femme du monde d'avant la Révolution : la grande dame

"L'éventail de la grande dame est brisé. La femme n'a plus à rougir, à médire, à chuchoter, à se cacher, à se
montrer. L'éventail ne sert plus qu'à s'éventer."

et plus loin :

"Autrefois une femme pouvait avoir une voix de harengère, une démarche de grenadier, un front de courtisane audacieuse, les cheveux plantés en arrière, le pied gros, la main épaisse, elle était néanmoins une grande dame ; mais aujourd'hui, fût-elle une Montmorency, si les demoiselles de Montmorency pouvaient jamais être ainsi, elle ne serait pas une femme comme il faut."

Une femme comme il faut! 

Qu'est-ce donc qu'une femme comme il faut dans la fin des années 1830?

 La femme comme il faut paraît tout ignorer pour tout apprendre ; il y a des choses qu'elle ne sait jamais, même quand elle les sait.

[....]
la science encyclopédique des riens, la connaissance des manèges, les grandes petites choses, les musiques de
voix et les harmonies de couleurs, les diableries angéliques et les innocentes roueries, le langage et le mutisme, le sérieux et les railleries, l'esprit et la bêtise, la diplomatie et l'ignorance, qui constituent la femme comme il faut.

Balzac m'a perdue avec sa "femme comme il faut".  Si au moins il avait bâti une bonne intrigue, une histoire bien cynique, bien noire...Pour une fois, et c'est très rare, je m'ennuie. Je me suis lâssée de ces conversations oiseuses, les souvenirs d'ancien militaire après la Bérézina ne m'ont pas captivée.
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Cette nouvelle regroupe en réalité quatre textes écrits précédemment et réunis ici à l'occasion d'une édition complète de "La comédie humaine". On pourrait même dire que Balzac a inventé le recyclage (littéraire, en tout cas). Tout se passe durant le salon de Madame des Touches. Après la musique et les bons mots, en fin de soirée, quelques personnes soigneusement choisies se retrouvent autour d'une table et commencent à se raconter : ainsi de Marsay raconte son premier amour, Émile Blondet nous parle de la femme "comme il faut" (avec tous les poncifs de l'époque), le général Montriveau nous raconte le conflit entre un capitaine et un colonel autour d'une femme, enfin Bianchon rapporte aux autres invités une histoire racontée par un notaire de province, où un amant sera emmuré vivant. Mais si la construction peut paraître ingénieuse, les récits et leurs styles s'emboîtent plutôt mal et l'ensemble parait déséquilibré. L'ensemble semble plutôt bricolé à la va-vite. Certains récits auraient mérité un développement, notamment la dernière histoire, digne de certaines nouvelles De Maupassant, parmi les meilleures. le verbiage de Blondet parait en comparaison totalement insipide. Au final quelques bonnes pages, certains portraits réussis, des histoires d'amour controversées où la femme est souvent la seule et unique victime… et quelques pages ennuyeuses comme savait aussi en écrire Balzac.
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Si le lieu central du monde balzacien est le salon, « Autre étude de femme » se déroule après la soirée durant le souper où ne restent que les intimes. Là les dernières différences de rang s'effacent et les convives se laissent aller. Autour de la table se retrouvent des « piliers » de la Comédie Humaine : Bianchon, Nucigen, de Marsay, Mme D'Espart et d'autres encore.

La conversation se doit de rester brillante et légère quel meilleur sujet de conversation que la Femme. Plusieurs récits montrent en creux la position sociale de la femme au XIXème, de la séductrice qui monte par son charme dans la bonne société mais qui meurt avec classe, à la victime de la violence des hommes en passant par la définition de « La femme comme il faut ».
Celle-ci elle se doit d'être spirituelle, pleine de charme, élégante, doit faire oublier qu'elle a un mari et surtout avoir une vertu incertaine. Comme les protagonistes appartiennent aux deux sexes il ne s'agit pas de misogynie mais simplement de l'esprit de l'époque.
Au passage les convives regrettent le bon vieux temps d'avant la Révolution et l'Empire, bien des aristocrates n'ont plus d'argent ce qui bien sûr rejaillit sur le statut des femmes qui ont du mal à tenir leur rang.

Dans ce roman dont l'assemblage est un peu curieux Balzac est plutôt daté. C'est subtil, brillant mais décrit une société disparue, oisive, prisonnière de ses privilèges et préjugés. de toute évidence l'auteur écrit pour des lecteurs contemporains qui ressemblent aux protagonistes de l'histoire, pour le lecteur d'aujourd'hui c'est un chapitre de l'histoire des moeurs passés. Ceci étant dit cela repose le lecteur du féminisme woke d'aujourd'hui, la vérité étant entre ces deux extrêmes.
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Après Etude de Femme qui nous présentait, dans ce recueil, un profil d'une femme vivant pour les regards malgré ses bons principes, nous voici avec une oeuvre composite, au nom presque éponyme, laissant comprendre la multiplicité de portraits. C'est dans un cadre mondain, social, que se déroule cette histoire composite : à la manière de l'Heptaméron de Marguerite de Navarre (lui-même inspiré du Décaméron de Boccace), des personnalités sont assises à table et se narrent des histoires qui seront précédées – et suivies – de petits moments de débats parfois enflammés, qui font partie de ce qui servira de cadre pour les quatre petites « nouvelles » de cette histoire. Dans cet environnement entourant, nous avons le droit à un beau festival mondain composé de tous les plus grands noms de la Comédie Humaine : le baron de Nucingen et sa femme Delphine, Eugène de Rastignac, Horace Bianchon, la Princesse de Cadignan, Emile Blondet, Henri de Marsay, Félicité des Touches (qui organise, accessoirement, le raout), et j'en passe. C'est assez amusant de trouver tous ces destins entremêlés au sein d'un même cadre, alors qu'on sait pertinemment que tous ces personnages se croisent et se verront accentués au fils des oeuvres de cet univers romanesque. C'était comme une sorte de réunion de tous ces personnages hauts en couleurs. le premier récit est conté par Henri de Marsay, homme politique au coeur de pierre, qui explique à la tablée pourquoi la déception de sa jeunesse lui a fait perdre foi en l'amour et aux histoires de coeur – cette petite histoire m'avait fait doucement sourire, sans trop me toucher. le second récit est exprimé par Emile Blondet, journaliste, décrivant ce qu'est « une femme comme il en faut » – et je dois dire que cette longue description physique, comportementale et sociale de la femme parfaite m'a impressionné dans la beauté des mots écrits. le troisième récit est un récit de la retraite de Russie en 1812, par le général de Montriveau – et ce récit ne m'aura pas le moins atteint du monde, j'en suis resté totalement externe, et j'avais presque hâte qu'il se termine.

Le dernier récit est celui qui m'a le plus marqué, et pour cause, il s'agissait à la base d'un récit propre et indépendant dans La Comédie Humaine, mais qui s'est retrouvé greffé au raout de cette histoire composite. Il s'agit du récit de « La Grande Bretèche ». Horace Bianchon, narrateur récurrent dans cet univers romanesque, nous raconte une histoire absolument tragique : une histoire de promesses, où la comtesse de Merret ayant eu un amant espagnol se retrouve dans la plus profonde tristesse lorsque son mari se retrouve à emmurer ledit amant à cause d'elle et de ses mensonges parjures. Il s'agit d'un récit absolument tragique, triste et horrible : lorsque l'on lit le destin de ces jeunes amants, un frisson ne peut que surgir, tout comme les femmes de la tablée d'Horace Bianchon une fois la fin de son histoire partagée : « Néanmoins quelques-unes d'entre elles avaient eu quasi froid en entendant le dernier mot. » Une petite larme d'horreur m'a même été arrachée, au beau soir de ma lecture de ces lignes.

Cette petite nouvelle est une histoire composite, car, avec un cadre entourant les petites historiettes/anecdotes/portraits donné.e.s, un fil directeur se dessine : les femmes, leurs moeurs, leurs pensées, et leur malheur. Il y en a certains de beauté descriptive, et d'autres qui m'ont soutiré une larme d'horreur (mention spéciale pour « La Grande Bretèche », abomination qui tord le coeur). {15}
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ces fleurs de Paris éclosent par un temps oriental, parfument les promenades, et, passé cinq heures, se replient comme les belles-de-jour. Les femmes que vous verrez plus tard ayant un peu de leur air, essayant de les singer, sont des femmes comme il en faut ; tandis que la belle inconnue, votre Béatrix de la journée, est la femme comme il faut. Il n’est pas facile pour les étrangers, cher comte, de reconnaître les différences auxquelles les observateurs émérites les distinguent, tant la femme est comédienne, mais elles crèvent les yeux aux Parisiens : c’est des agrafes mal cachées, des cordons qui montrent leur lacis d’un blanc roux au dos de la robe par une fente entrebâillée, des souliers éraillés, des rubans de chapeau repassés, une robe trop bouffante, une tournure trop gommée. Vous remarquerez une sorte d’effort dans l’abaissement prémédité de la paupière. Il y a de la convention dans la pose. Quant à la bourgeoise, il est impossible de la confondre avec la femme comme il faut ; elle la fait admirablement ressortir, elle explique le charme que vous a jeté votre inconnue. La bourgeoise est affairée, sort par tous les temps, trotte, va, vient, regarde, ne sait pas si elle entrera, si elle n’entrera pas dans un magasin. Là où la femme comme il faut sait bien ce qu’elle veut et ce qu’elle fait, la bourgeoise est indécise, retrousse sa robe pour passer un ruisseau, traîne avec elle un enfant qui l’oblige à guetter les voitures ; elle est mère en public, et cause avec sa fille ; elle a de l’argent dans son cabas et des bas à jour aux pieds ; en hiver, elle a un boa par-dessus une pèlerine en fourrure, un châle et une écharpe en été : la bourgeoise entend admirablement les pléonasmes de toilette.
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Un seul mensonge détruit cette confiance absolue qui, pour certaines âmes, est le fond même de l'amour. Pour vous exprimer ce qui se fit en moi dans ce moment, il faudrait admettre que nous avons un être intérieur dont le nous visible est le fourreau, que cet être, brillant comme une lumière, est délicat comme une ombre... Eh ! bien, ce beau moi fut alors vêtu pour toujours d'un crêpe. Oui, je sentis une main froide et décharnée me passer le suaire de l'expérience, m'imposer le deuil éternel que met en notre âme une première trahison.

[…]

Il y a toujours un fameux singe dans la plus jolie et la plus angélique des femmes ! À ce mot, toutes les femmes baissèrent les yeux comme blessées par cette cruelle vérité, si cruellement formulée.

[…]

Guéri de mon rhume et de l'amour pur, absolu, divin, je me laissai aller à une aventure dont l'héroïne était charmante, et d'un genre de beauté tout opposé à celui de mon ange trompeur. Je me gardai bien de rompre avec cette femme si forte et si bonne comédienne, car je ne sais pas si le véritable amour donne d'aussi gracieuses jouissances qu'en prodigue une si savante tromperie.

[…]

Elle me dit tout ce que j'avais le droit de lui dire avec une simplicité d'effronterie, avec une témérité naïve qui certes eussent cloué sur place un autre homme que moi.
— Qu'allons-nous être, pauvres femmes, dans la société que nous fait la Charte de Louis XVIII ! ... (Jugez jusqu'où l'avait entraînée sa phraséologie.)
— Oui, nous sommes nées pour souffrir. En fait de passion, nous sommes toujours au-dessus et vous au-dessous de la loyauté. Vous n'avez rien d'honnête au coeur. Pour vous l'amour est un jeu où vous trichez toujours.
— Chère, lui dis-je, prendre quelque chose au sérieux dans la société actuelle, ce serait filer le parfait amour avec une actrice.
— Quelle infâme trahison ! Elle a été raisonnée...
— Non, raisonnable.
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Entre tous, l'hôtel de madame d'Espard, célèbre d'ailleurs à Paris, est le dernier asile où se soit réfugié l'esprit français d'autrefois, avec sa profondeur cachée, ses mille détours et sa politesse exquise. Là vous observerez encore de la grâce dans les manières malgré les conventions de la politesse, de l'abandon dans la causerie malgré la réserve naturelle aux gens comme il faut, et surtout de la générosité dans les idées. Là, nul ne pense à garder sa pensée pour un drame ; et, dans un récit, personne ne voit un livre à faire. Enfin le hideux squelette d'une littérature aux abois ne se dresse point, à propos d'une saillie heureuse ou d'un sujet intéressant.

[…]

Ne fallait-il pas ce préambule pour vous initier aux charmes du récit confidentiel par lequel un homme célèbre, mort depuis, a peint l'innocent jésuitisme de la femme avec cette finesse particulière aux gens qui ont vu beaucoup de choses et qui fait des hommes d'état de délicieux conteurs, lorsque, comme les princes de Talleyrand et de Metternich, ils daignent conter.
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Depuis cinquante ans bientôt nous assistons à la ruine continue de toutes les distinctions sociales, nous aurions dû sauver les femmes de ce grand naufrage, mais le Code civil a passé sur leurs têtes le niveau de ses articles.
Quelque terribles que soient ces paroles, disons-les : les duchesses s'en vont, et les marquises aussi ! Quant aux baronnes, j'en demande pardon à madame de Nucingen, qui se fera comtesse quand son mari deviendra pair de France, les baronnes n'ont jamais pu se faire prendre au sérieux.

[…]

— Les comtesses resteront, reprit de Marsay. Une femme élégante sera plus ou moins comtesse, comtesse de l'empire ou d'hier, comtesse de vieille roche, ou, comme on dit en italien, comtesse de politesse. Mais quant à la grande dame, elle est morte avec l'entourage grandiose du dernier siècle, avec la poudre, les mouches, les mules à talons, les corsets busqués ornés d'un delta de noeuds en rubans. Les duchesses aujourd'hui passent par les portes sans qu'il soit besoin de les faire élargir pour leurs paniers. Enfin, l'Empire a vu les dernières robes à queue ! Je suis encore à comprendre comment le souverain qui voulait faire balayer sa cour par le satin ou le velours des robes ducales n'a pas établi pour certaines familles le droit d'aînesse par d'indestructibles lois. Napoléon n'a pas deviné les effets de ce Code qui le rendait si fier. Cet homme, en créant ses duchesses, engendrait nos femmes comme il faut d'aujourd'hui, le produit médiat de sa législation.

[…]

Notre époque n'a plus ces belles fleurs féminines qui ont orné les grands siècles de la Monarchie française. L'éventail de la grande dame est brisé. La femme n'a plus à rougir, à médire, à chuchoter, à se cacher, à se montrer. L'éventail ne sert plus qu'à s'éventer. Quand une chose n'est plus que ce qu'elle est, elle est trop utile pour appartenir au luxe.
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— Aussi l'esprit de la femme comme il faut, quand elle en a, reprit Blondet, consiste-t-il à mettre tout en doute, comme celui de la bourgeoise lui sert à tout affirmer. Là est la grande différence entre ces deux femmes : la bourgeoise a certainement de la vertu, la femme comme il faut ne sait pas si elle en a encore, ou si elle en aura toujours ; elle hésite et résiste là où l'autre refuse net pour tomber à plat. Cette hésitation en toute chose est une des dernières grâces que lui laisse notre horrible époque. Elle va rarement à l'église, mais elle parlera religion et voudra vous convertir si vous avez le bon goût de faire de l'esprit fort, car vous aurez ouvert une issue aux phrases stéréotypées, aux airs de tête et aux gestes convenus entre toutes ces femmes.[…]
Aussi, reprit Blondet, la femme comme il faut vit-elle entre l'hypocrisie anglaise et la gracieuse franchise du dix- huitième siècle ; système bâtard qui révèle un temps où rien de ce qui succède ne ressemble à ce qui s'en va, où les transitions ne mènent à rien, où il n'y a que des nuances, où les grandes figures s'effacent, où les distinctions sont purement personnelles. Dans ma conviction, il est impossible qu'une femme, fût-elle née aux environs du trône, acquière avant vingt-cinq ans la science encyclopédique des riens, la connaissance des manèges, les grandes petites choses, les musiques de voix et les harmonies de couleurs, les diableries angéliques et les innocentes roueries, le langage et le mutisme, le sérieux et les railleries, l'esprit et la bêtise, la diplomatie et l'ignorance, qui constituent la femme comme il faut.

[…]

— Où classeriez-vous la femme-auteur ? Est-ce une femme comme il faut ?
— Quand elle n'a pas de génie, c'est une femme comme il n'en faut pas, répondit Émile Blondet en accompagnant sa réponse d'un regard fin qui pouvait passer pour un éloge adressé franchement à Camille Maupin.
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Vidéo de Honoré de Balzac
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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