AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Maurice Bardèche (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253003861
306 pages
Le Livre de Poche (01/02/1972)
  Existe en édition audio
3.67/5   4205 notes
Résumé :

Honoré de Balzac
Eugénie Grandet

Dans la ville de Saumur vit modestement la famille Grandet : le père ex-tonnelier devenu richissime après de fructueuses spéculations, son épouse, sa fille Eugénie et Nanon la servante. Ces trois femmes vivent sous la terrible coupe du chef de famille, avaricieux maladif. Dans la ville, les beaux partis se disputent l'hypothétique main d'Eugénie dans l'espoir d'épouser la fortune. Mais le cousin d'Eugéni... >Voir plus
Que lire après Eugénie GrandetVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (183) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 4205 notes
« Dis, Maman. Raconte-moi ton premier Balzac.
— Eh bien, vois-tu, ma fille, mon premier Balzac n'avait rien de très poétique ni de très motivant.
C'était par un temps gris d'automne, de la pluie et du vent à ne plus savoir qu'en faire. de plus, comme pour bon nombre d'entre nous, c'était une lecture imposée à l'école. Si tu savais comme je détestais ces lectures imposées. Bien souvent, je m'arrangeais pour ne pas les lire, pour faire illusion. Bref, cela m'est tombé dessus.

Bien sûr, Balzac, je connaissais de nom, mais n'avais jamais rien lu de lui. On ne m'en avait dit que du mal, que c'était ennuyeux, pénible à lire, très démodé, une vraie corvée. Certains titres de ses romans m'étaient connus, mais pas celui-là. Non, ça ne me disait vraiment rien ce nom, Eugénie Grandet, je n'en avais jamais entendu parler.

Ma mère était allée me l'acheter à l'une des mauvaises librairies de la ville, car, comme tu peux te l'imaginer, il n'y avait pas beaucoup de livres chez mes parents. Quand j'ai vu le livre que me rapportait ma mère, j'eus encore plus le bourdon. La couverture était moche comme il n'y a pas.

Un samedi après-midi, il n'y avait vraiment rien à faire dehors, il pleuvait sans discontinuer. Notre chienne était sur le point de mettre bas et comme elle n'avait pas l'air très en forme, mon père m'avait demandé de la surveiller afin de pouvoir appeler le vétérinaire au bon moment si le besoin s'en faisait sentir.

Alors je pris Eugénie Grandet avec moi et commençai à lire pour tromper l'attente. Je n'ai plus une conception précise du temps à partir de ce moment-là. Je sais juste qu'assez rapidement il m'a fallu allumer la lumière, soit que le ciel était trop gris, soit que la nuit commençait à tomber.

Je sais aussi que je n'ai pas vu naître le premier petit chiot et que je me suis couchée tard ce soir-là. Il n'y avait pourtant rien à faire me semblait-il. Je ne me souviens pas avoir vraiment dîné, par contre, je me souviens parfaitement que ce jour-là, outre les six petits chiots, un grand amour pour Balzac est né... »

Voilà un bien trop long préambule mais cela s'est réellement passé comme ça. Et ce n'est pourtant pas mon Balzac préféré ni même celui que je conseillerais à un jeune désireux de découvrir cet auteur. Mais celui-ci garde pour moi une saveur assez spéciale...

Quoi vous dire que vous ne sachiez déjà sur cet ultra classique de chez classique ? Peut-être que, comme parfois chez Honoré de Balzac, le personnage qui donne son nom au roman ne semble pas être le personnage principal, du moins le plus marquant. Ici, la figure du père Grandet, ancien tonnelier avare ayant fait fortune à Saumur, trône au coeur du roman, lui dont l'ombre et la férule continueront de planer au-dessus de la tête de sa fille même bien après son décès.

Quant au destin de sa fille Eugénie, il paraît n'être qu'un simple dommage collatéral de l'avarice maladive du vieux.
Molière nous avait peint un avare pathétique jusqu'au rire, Balzac nous en sert un pathétique tout court, qui crève avec son magot, le coeur dur comme un granit et les paupières plus sèches que le désert.

Eugénie et sa mère sont les pauvres témoins, voire, de vulgaires expédients du vieux radin. Elles n'ont nul droit à la chaleur humaine et surtout pas à l'amour. le vieux non plus d'ailleurs, mais il s'en fiche comme d'une guigne tant qu'il a de l'or.

À la mort du vieillard, Eugénie demeure richissime, mais effroyablement seule dans la froide maison de Saumur. Les oiseaux de proie tournent autour de ce jeune petit coeur naïf, petit coeur de femme qui a éclos coupée du monde et qui n'en connaît pas les dangers, petit coeur qui s'émeut et qui croit à l'éternité d'un premier amour né d'une rencontre fortuite, petit coeur qui croit en la pureté des hommes aimés et de leurs sentiments, petit coeur qui croit en l'inaltérabilité de la parole donnée, petit coeur qui croit qu'on l'aime pour ce qu'elle est non pour ce qu'elle possède...

Aura-t-elle droit à sa parcelle de bonheur ? Ceux qui l'ont déjà lu le savent et pour les autres, je me dépêche de me taire et de vous laisser lire la fin...

Ce monument De Balzac vaut principalement pour la dentelle dans laquelle l'auteur cisèle la sensibilité d'Eugénie, ses frêles attentes, ses désirs accessibles, son âme neuve, éprise de romantisme et si éloignée de la cruelle réalité de son père, de la rudesse confinant à la goujaterie de son cousin qu'elle aime, la dentelle encore avec laquelle Honoré de Balzac sait si bien nous faire sentir les attentes cupides des deux clans ennemis cherchant à tout prix à faire un beau mariage rentable avec Eugénie, la considérant, elle, comme une quantité négligeable.

Sublime oeuvre psychologique et sociale, écrite tout en finesse, en sensibilité, en amertume aussi, c'est à juste titre que ce roman figure parmi les plus célèbres de son auteur. Mais ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1622
Honoré de Balzac - Eugénie Grandet - 1834 : Eugénie Grandet a-t-elle vu la vierge ? Non car elle est la vierge elle-même ou tout du moins une sorte de sainte. En effet la jeune femme vie en enfer au domicile d'un père ancien tonnelier devenu riche à millions grâce à des placements heureux. Ce père dont l'avarice crasse et la totale insensibilité transforme la vie de sa femme et de sa fille en chemin de croix quotidien garde jalousement sa progéniture sous sa coupe espérant pour elle un parti qui décuplera sa fortune. Dans cette vie d'ascète apparaît alors l'ange Gabriel en la personne du cousin Charles, neveu ruiné du père Grandet la bouche pleine de promesses d'amour éternel. Mais lui malgré ses ailes ne vient pas pour apporter le paradis à la jeune femme mais une vie faites de regrets et de frustration. Car malgré les serments échangés dans l'alcôve d'Eugénie, le cousin ne tiendra jamais ses engagements et après quelques années à chercher fortune il préférera négliger sa belle cousine pour épouser une femme laide et bien mieux dotée. A la mort du vieux tyran, Eugénie deviendra la femme la plus riche de la région et l'épouse distante d'un bourgeois de province à qui elle n'apportera que son patrimoine gardant ses besoins de femme aux souvenirs de son amour déçu. Balzac réussissait là une peinture saisissante d'une petite bourgeoisie médiocre d'esprit et de moeurs délaissant les élans du coeur et la générosité pour des valeurs uniquement basses et matérielles. La vie de couple sous cet hospice ne paraissait alors qu'une longue formalité traversée de petites joies et de déceptions futiles. «Eugénie Grandet» c'était aussi le magnifique portrait d'une femme liée tout autant au romantisme de son âme qu'à l'obligation de devoirs d'une société dominée abusivement par la gente masculine... un bien beau classique
Commenter  J’apprécie          12518
J'ai lu Eugénie Grandet pour la première fois au collège, et je n'ai pas du tout aimé. Mais plus tard, les années passant, j'ai retenté la lecture : ce fut un vrai plaisir. Il faut , je crois, de la maturité pour apprécier Balzac, sa façon de décrire personnages et situations, non sans ironie, et la société de l'époque.
C'est pour moi un très bon roman, émouvant et cruel, que je relis avec plaisir régulièrement. Il faut toujours laisser une deuxième chance à un livre.
Commenter  J’apprécie          953
C'est le premier Balzac que j'ai lu. C'était il y a .... un certains temps à dire vrai ! Mais ce livre m'a quand même marquée.

Il m'a fallu du temps pour comprendre qu'avec cet écrivain il faut prendre sur soi car on a vite fait de bouillir d'impatience lorsque nous, pauvres lecteurs du 21ème siècle, nous retrouvons au milieu de digressions qui s'étalent sur des pages et des pages .... et encore d'autres pages !!
D'accord, en ce temps les écrivains étaient payés à la quantité, et tout flambeur qu'était le grand Honoré de Balzac, on imagine très aisément qu'il est ressenti le besoin d'étaler ses récits sur le plus de pages possibles.
C'est vrai aussi que ces descriptions nous laissent une peintures des moeurs de l'époque - dans son milieu social s'entend - des plus riches. Mais, difficile de ne pas se laisser tenter par l'abandon dans des moments pareils !

Enfin, une fois tout cela mis de côté, j'ai été touchée par Eugénie Grandet. Une jeune fille pleine de candeur, généreuse... et bien trop crédule !
Alors pourquoi ne pas m'être agacée ? Sans doute parce que je me suis un peu identifiée à cette époque (j'avais 13 ou 14ans), et découvrais que "donner" n'est pas gage de recevoir encore moins de gratitude.

C'est donc comme cela que Balzac est resté dans ma mémoire : comme un peintre des tempéraments humains. En montrant aussi que tous ne sont pas blancs ou noirs, et que les préceptes enseignées à la messe ... restent à la messe ! car la vie a d'autres obligations : celles du "soi".
Une révélation pour moi à l'époque !
Commenter  J’apprécie          805
Bien qu'appréciant la littérature classique, l'oeuvre de Balzac ne m'a jamais particulièrement attirée, peut-être parce qu'elle me fait un peu peur ?

Toutefois, parmi les volumes qui composent la "Comédie Humaine", "Eugénie Grandet" est sans doute celui qui me fascinait et m'aimantait le plus et ce parti pris a sans doute compté dans le grand plaisir que j'ai eu à le découvrir enfin.

Il y a une rare audace à juxtaposer la pire avarice, celle du père Grandet, à la plus généreuse abnégation, celle de la fille Grandet, sans pour autant donner dans le manichéisme. Le charme agit, on ne sait pas trop comment d'ailleurs, étant donné le cadre sinistre que l'auteur donne à son récit. A croire qu'il fallait cette gangue de grisaille, de médiocrité et de vice pour mieux faire ressortir l'éclat et la pureté de l'âme d'Eugénie, d'un jeune cœur pur, prêt à l'abandon de l'amour et au dévouement de l'amitié.

Les quelques personnages croqués par Balzac et qui composent ce drame social sont extrêmement vivants et tangibles. La course aux faveurs entre les Cruchot et les des Grassins est particulièrement bien rendue et nous renvoie à l'éternel rapport de l'homme à l'argent, un rapport malsain et dévastateur qui, couplé à l'ambition, a fait, fait encore et fera toujours bien des ravages dans notre société.

J'ai d'abord cru que la personnalité d'Eugénie me taperait rapidement sur les nerfs mais il n'en fut rien ; bien au contraire, j'ai ressenti énormément d'empathie pour elle voire de l'admiration.

Un très grand classique, à la portée de tous.


Challenge ABC 2015 / 2016
Challenge 19ème siècle 2015
Commenter  J’apprécie          752

Citations et extraits (319) Voir plus Ajouter une citation
De là, le tortueux sarment gagnait le mur, s'y attachait, courait le long de la maison et finissait sur un bûcher où le bois était rangé avec autant d'exactitude que peuvent l'être les livres d'une bibliothèque.
Commenter  J’apprécie          10
Si la lumière est le premier amour de la vie, l'amour n'est-il pas la lumière du coeur.
Commenter  J’apprécie          00
Il est dans le caractère français de s’enthousiasmer, de se colérer, de se passionner pour le météore du moment, pour les bâtons flottants de l’actualité. Les êtres collectifs, les peuples, seraient-ils donc sans mémoire ?
Commenter  J’apprécie          10
En effet, peu dormeur, Grandet employait la moitié de ses nuits aux calculs préliminaires qui donnaient à ses vues, à ses observations, à ses plans, leur étonnante justesse et leur assuraient cette constante réussite de laquelle s’émerveillaient les Saumurois. Tout pouvoir humain est un composé de patience et de temps. Les gens puissants veulent et veillent. La vie de l’avare est un constant exercice de la puissance humaine mise au service de la personnalité. Il ne s’appuie que sur deux sentiments : l’amour-propre et l’intérêt ; mais l’intérêt étant en quelque sorte l’amour-propre solide et bien entendu, l’attestation continue d’une supériorité réelle, l’amour-propre et l’intérêt sont deux parties d’un même tout, l’égoïsme. De là vient peut-être la prodigieuse curiosité qu’excitent les avares habilement mis en scène. Chacun tient par un fil à ces personnages qui s’attaquent à tous les sentiments humains, en les résumant tous. Où est l’homme sans désir, et quel désir social se résoudra sans argent ? Grandet avait bien réellement quelque chose, suivant l’expression de sa femme. Il se rencontrait en lui, comme chez tous les avares, un persistant besoin de jouer une partie avec les autres hommes, de leur gagner légalement leurs écus. Imposer autrui, n’est-ce pas faire acte de pouvoir, se donner perpétuellement le droit de mépriser ceux qui, trop faibles, se laissent ici-bas dévorer ? Oh ! qui a bien compris l’agneau paisiblement couché aux pieds de Dieu, le plus touchant emblème de toutes les victimes terrestres, celui de leur avenir, enfin la Souffrance et la Faiblesse glorifiées ? Cet agneau, l’avare le laisse s’engraisser, il le parque, le tue, le cuit, le mange et le méprise. La pâture des avares se compose d’argent et de dédain. Pendant la nuit, les idées du bonhomme avaient pris un autre cours : de là, sa clémence. Il avait ourdi une trame pour se moquer des Parisiens, pour les tordre, les rouler, les pétrir, les faire aller, venir, suer, espérer, pâlir ; pour s’amuser.
Commenter  J’apprécie          220
A l’époque actuelle, plus qu’en aucun autre temps, l’argent domine les lois, la politique et les mœurs. Institutions, livres, hommes et doctrines, tout conspire à miner la croyance d’une vie future sur laquelle l’édifice social est appuyé depuis dix-huit cents ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L’avenir qui nous attendais par delà le requiem, a été transposé dans le présent. Arriver per fas et nefas au paradis terrestre du luxe et des jouissances vaniteuses, pétrifier son cœur et se macérer le corps en vue de possessions passagères, comme on souffrait jadis le martyre de la vie en vue de biens éternels, est la pensée générale ! pensée d’ailleurs écrite partout, jusque dans les lois, qui demandent au législateur : Que payes-tu ? au lieu de lui dire : Que penses-tu ? Quand cette doctrine aura passé de la bourgeoisie au peuple, que deviendra la pays ?
Commenter  J’apprécie          380

Videos de Honoré de Balzac (153) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Honoré de Balzac
Balzac, colosse des lettres, buvait café sur café, travaillait des journées entières et dormait trop peu. Il finit par s'épuiser de tant d'énergie dépensée et meurt en 1850, à seulement 51 ans.
Pour en découvrir davantage : https://LLS.fr/CL10Video
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (22716) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1278 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..