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EAN : 9782862604213
142 pages
Autrement (30/11/-1)
3.6/5   66 notes
Résumé :
1842. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Le jeune monsieur de Soulas ne pouvait pas se dispenser d'avoir un tigre. Ce tigre était le fils d'un de ses fermiers, un petit domestique âgé de quatorze ans, trapu, nommé Babylas. Le lion avait très-bien habillé son tigre?: redingote courte en drap gris de fer, serrée par une ceinture de cuir verni, culotte de panne gros-b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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De temps en temps, je me fais une pause à l'eau De Balzac, une source quasi inépuisable d'histoires qui nous décrivent la France de la première moitié du 19ème siècle, une société où la cupidité, la méchanceté côtoient l'amour sincère et le dévouement.
Encore un auteur avec lequel, avec le temps, la compagnie m'est devenue familière, et que j'aime tant, y compris pour ses défauts!!!.

A côté de ses grands romans: le Père Goriot, La cousine Bette, Les illusions perdues, La recherche de l'absolu, Splendeurs et misères des courtisanes, le Lys dans la vallée, etc…, il y a à explorer chez Balzac tous ces récits plus courts, voire même très courts (telle « Une étude de femme », une bonne dizaine de pages)
C'est presque toujours un régal, et c'est parfois saisissant et cruel, je pense à Gobseck ou à Vendetta.
Il s'agit, dans beaucoup de cas, d' « histoires d'amour qui finissent mal, en général ».

Comme cet Albert Savarus, de qui je n'ai pu m'empêcher de penser que ce cher Honoré y avait mis un peu de sa propre histoire, de son amour pour les Duchesses et Comtesses, ici peut-être la Comtesse Guidoboni-Visconti ou la Comtesse Hanska.

L'histoire se passe en bonne partie à Besançon, une ville dont Balzac fait un portrait pas très « fun » dans ces années 1830, avec des habitants plutôt lourdauds. où tout le petit monde de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie se connaît et s'épie.

Nous y faisons d'abord connaissance de la famille du baron de Wattewille, vieux noble désargenté, pas très futé, mais d'une grande bonté, dont la jeune épouse Clotilde de Rupt, lui a apporté une dot conséquente et lui a donné une fille, âgée maintenant de 17 ans, pas très belle, mais rebelle à sa mère, une bigote au mauvais caractère.
Ajoutez à cela le vieil abbé de Chancey, et Amédée de Soulas, un jeune noble sans le sou venu de Paris, qui tous deux viennent faire le beau dans le salon des Wattewille, (dans l'espoir pour le dernier de marier la jeune fille) et l'action peut commencer.
Grâce à la bonne nouvelle que l'abbé vient annoncer: il a gagné son procès, la bonne société bisontine apprend l'existence d'un jeune avocat brillant mais mystérieux, Albert Savaron de Savarus.

C'est vers ce jeune avocat, dont la renommée va croître grâce, d'abord, aux procès qu'il gagne, puis à sa participation à une revue locale, que la jeune Mlle Wattewille va être attirée; mais elle va deviner, suite à la lecture d'une nouvelle publiée par l'avocat (et que Balzac nous livre « in extenso » dans un récit enchâssé), qu'il aime une magnifique femme de la noblesse italienne, mais, malheureusement pour lui, déjà mariée à un vieux barbon.

En soudoyant le valet d'Albert Savarus, Mlle Wattewille intercepte sa correspondance avec son ami Léopold mais surtout ses lettres enflammées échangées avec la belle Duchesse florentine Francesca d'Argaiolo. Toutes ces lettres révèlent à la jeune Wattewille la promesse que les amoureux se sont faite, et les raisons de la venue d'Albert à Besançon.

Dans la suite, les agissements malfaisants de la « vilaine fille » vont apporter le malheur, je n'en dis pas plus, je ne « spoile » pas, avec de nombreuses conséquences prévisibles ou imprévisibles, et une punition du destin pour clore le tout.

Au total, une histoire bien menée, avec toujours la fine mais impitoyable acuité psychologique De Balzac, reprenant d'une façon différente un thème qui le préoccupe, celui des obstacles que rencontre l'amour entre deux personnes de rang social et de fortunes différents.
Mais aussi, ce qui me fait sourire, car c'est une sorte de tic récurrent chez lui, la description détaillée des « histoires de sous »: dots, placements, fortunes qui se font et se défont, faillites, etc…toutes choses qu'il avait aussi expérimentées dans sa vie.

En conclusion, une courte histoire, romanesque à souhait, certes pas au niveau d'autres courts récits poignants comme La femme abandonnée, La Maison du Chat-qui-pelote, Une double famille, La fille aux yeux d'or; mais, une fois encore, la verve cruelle De Balzac emporte mon adhésion.

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Etrange expérience que cette lecture d'un Balzac qui ne ressemble pas à un Balzac. C'est souvent le cas quand Balzac fait court car il veut malgré tout dire beaucoup... et donc il fait dense. On a presque l'impression d'assister à un condensé du Reader's Digest où on nous aurait épargné les digressions et les effets de style.

Le sentiment est encore renforcé par le récit dans le récit, plutôt astucieusement mené puisque Balzac insère une nouvelle écrite par l'un des personnages principaux et qui permet par analogie de comprendre l'histoire de celui-ci, une sorte de prémisse à l'auto-fiction... Si on rajoute des reproductions de certaines lettres, le roman est vraiment multiforme... Si on ajoute qu'il comprend un triangle amoureux, des intrigues politiques et une peinture de la vie de province, on se dit que ça fait en effet beaucoup pour un roman qui tient en moins de deux cent pages...

L'impression générale est du coup mitigée. On aurait parfois tendance à reprocher à Balzac, comme à beaucoup de ses contemporains, quelques longueurs. J'ai lu certains de ces formats courts (comme Etude de femme) qui m'avait semblé beaucoup plus réussi. J'ai trouvé en revanche plus matière ici à un roman plus étoffé que Balzac ne semble pas avoir voulu prendre le temps d'écrire. le roman est finalement assez manichéen dans sa description des genres: les hommes sont naïfs et emportés par leurs sentiments vers des décisions brutales et les femmes sont décrites comme plus calculatrices, capables de stratagèmes pour arriver à leur fin. On dirait que l'auteur y exprime beaucoup plus ses sentiments personnels ce qui paraît encore plus clair quand on comprend que la nouvelle insérée est clairement aussi autobiographique pour l'auteur que pour le personnage, quand on connaît l'histoire à distance vécue avec Mme Hanska.

C'est peut-être ça aussi qui dérange par rapport au reste de la saga balzacienne, le passage de la peinture d'une société à l'auto-portrait. Balzac semble y régler des comptes avec les femmes et se peindre du coup en victime, ce qui fausse un peu l'authenticité d'une Comédie parfois inhumaine mais habituellement plus juste.
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Voilà un livre étonnant de la part De Balzac.
Il a eu l'idée de montrer le pouvoir des femmes sur la réalité masculine de son époque et ce, en faisant un roman sur un homme où tout passe par le biais d'un personnage féminin.
En effet, toute l'existence d'Albert Savarus est consacrée à l'amour d'une femme qui exige de lui une fidélité absolue jusqu'au décès de son mari et toute son histoire ne nous est donnée que lorsque Mlle Watteville commence à s'y intéresser, ce qui ne se produit qu'à partir du douzième chapitre.
Sans en apprendre encore beaucoup sur le personnage titre du roman, au chapitre 20, Balzac fait lire à son lecteur une nouvelle de dix-huit chapitres écrite par un certain A.S. que Mlle Watteville lit dans une Revue après qu'elle soit tombée amoureuse de ce mystérieux voisin sans l'avoir jamais rencontré en personne. On arrive donc environ au milieu du roman sans trop comprendre encore de quoi il est question.
Par la suite, Mlle Watteville trouve un moyen indiscret de lire la correspondance d'Albert Savarus et l'histoire d'amour exposée dans la nouvelle trouve ainsi une forme plus concrète. Dès lors, Mlle Watteville, après quelques hésitations, s'abandonne à sa passion et choisi de faire d'Albert Savarus son jouet à la vie à la mort. Pour ce faire, il faut l'amener à elle et l'aliéner de son amour avec la mystérieuse italienne de la nouvelle et des lettres.
Balzac nous avertit alors que son récit doit servir de leçon morale aux jeunes filles de ce genre. S'ensuit le déroulement de tous les habiles stratagèmes que Mlle Watteville mettra en branle pour arriver à ses fins, mais quelques erreurs de calculs, dues au fait qu'elle se donne sans compter, et qu'elle ignore la liberté de l'être qu'elle aime d'une passion débridée, vont plutôt détruire complètement ses plans et briser complètement toutes ses chances de bonheur, en même temps que celles de l'homme qu'elle désire et de la femme qui faisait si fièrement patienter le pauvre Albert Savarus.
Évidemment on reconnaît derrière tout cela la relation De Balzac avec Mme. Hanska, dont l'écrivain attendra patiemment la mort de son mari pour l'épouser. D'autre part, l'idée d'évoquer le pouvoir des femmes en ne passant que par le biais de personnages féminins sont des bons points pour ce roman me semble être une très belle idée.
Par contre, la mise en situation est beaucoup trop longue pour un roman aussi court et la leçon de morale est donnée de manière si facile qu'elle ne convaincra personne.
À mon avis, si Balzac avait plutôt écrit une belle lettre passionnée à sa maîtresse, cela aurait sans doute donné un plus beau résultat aussi bien sur le plan amoureux que sur celui de la littérature...
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Sur la base d'une construction romanesque un peu déroutante (avec une nouvelle enchâssée dans ce court roman), Balzac nous offre là , à travers un récit d'amours contrariés par divers facteurs, au premier desquels l'argent bien sûr, de savoureux portraits de personnages enflammés mais tenus par leur rang, corsetés par leur éducation et asservis par leurs divers degrés de fortune.
Toujours cette impression terrible dans les romans balzaciens que les hommes ne sont que des marionnettes déterminées par leur condition sociale, que Balzac nous éclaire en notaire consciencieux, ironique et désabusé, et ce d'autant plus que ceux-là s'agitent dans une de ces provinces mortifères (cette fois-ci c'est Besançon qui prend cher) qui semblent ne tenir que par la comptabilité que l'on peut mettre au crédit de chacun.
Un roman froid, triste et beau.

Challenge XIXème siècle 2018
Challenge Multi-défis 20148
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J'ai beaucoup aimé ce court roman qui raconte une histoire (des histoires même) sans temps morts, avec de nombreux rebondissements. Quand on l'a commencé, difficile de le lâcher !
Un style original, un rythme particulier avec une nouvelle à l'intérieur du roman et la reproduction de plusieurs longues lettres.
Ce roman est vraiment très différents des autres oeuvres De Balzac que j'ai pu lire, avec un récit ininterrompu et l'absence totale de longues descriptions, mais la fin tellement triste, reste fidèle à Balzac.
Vous pouvez retrouver ce roman gratuitement en PDF en quelques clics !

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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Cette profession de foi, cette déclaration d’ambitieux, ce récit de sa vie et de son caractère fut, ... un chef-d’œuvre d’adresse, de sentiment, de chaleur, d’intérêt et de séduction. Ce tourbillon enveloppa les électeurs. Jamais homme n’eut un pareil triomphe. Mais malheureusement la Parole, espèce d’arme à bout portant, n’a qu’un effet immédiat. La Réflexion tue la Parole quand la Parole n’a pas triomphé de la Réflexion.
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En 1841, elle quitta Besançon dans l’intention, disait-on, de se marier ; mais, on ne sait pas encore la véritable cause de ce voyage d’où elle est revenue dans un état qui lui interdit de jamais reparaître dans le monde. Par un de ces hasards auxquels le vieil abbé de Grancey avait fait allusion, elle se trouva sur la Loire dans le bateau à vapeur dont la chaudière fit explosion. Mademoiselle de Watteville fut si cruellement maltraitée qu’elle a perdu le bras et la jambe gauche ; son visage porte d’affreuses cicatrices qui la privent de sa beauté ; sa santé soumise à des troubles horribles lui laisse peu de jours sans souffrance. Enfin, elle ne sort plus aujourd’hui de la Chartreuse des Rouxey où elle mène une vie entièrement vouée à des pratiques religieuses.
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Amédée possédait le talent de débiter avec la gravité bisontine les lieux communs à la mode, ce qui lui donnait le mérite d'être un des hommes les plus éclairés de la noblesse. Il portait sur lui la bijouterie à la mode, et dans sa tête les pensées contrôlées par la Presse.
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L'éducation des filles comporte des problèmes si graves, car l'avenir d'une nation est dans la mère, que depuis longtemps l'Université de France s'est donné la tâche de n'y point songer.
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Madame Watteville, jeune fille dévote, fut encore plus dévote après son mariage. Elle est une des reines de la sainte confrérie qui donne à la haute société de Besançon un air sombre et des façons prudes en harmonie avec le caractère de cette ville.

Quand une bêtise amuse Paris, qui dévore autant de chefs-d’œuvres que de bêtises, il est difficile que la province s'en prive.

il est nécessaire d'expliquer Besançon en quelques mots. Nulle ville n'offre une résistance plus sourde et muette au Progrès. A Besançon, les administrateurs, les employés, les militaires, enfin tous ceux que le gouvernement, que Paris y envoie occuper un poste quelconque, sont désignés en bloc sous le nom expressif de la colonie. La Colonie est le terrain neutre, le seul où, comme à l'église, peuvent se rencontrer la société noble et la société bourgeoise de la ville. Sur ce terrain commencent, à propos d'un mot, d'un regard ou d'un geste, des haines de maison à maison, entre femmes bourgeoises et nobles, qui durent jusqu'à la mort, et agrandissent encore les fossés infranchissables par lesquels les deux sociétés sont séparées.
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Vidéo de Honoré de Balzac
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
+ Lire la suite
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