>
Critique de Ghiblitotoro
Lire Balzac m'assomme d'avance ; j'ai de forts a priori au sujet de cet auteur car je le vois comme un auteur à la vie dispendieuse et dissolue qui créait des romans fleuves, en les écrivant à la va-vite et en allongeant au maximum les descriptions, afin de gagner sa vie, ou plutôt de régler ses dettes…
Mais il est important de connaître ses classiques car on ne peut pas renier qu'ils soient un tant soit peu à l'origine des romans contemporains.
Aussi, quoi de mieux que de découvrir l'une des oeuvres de cet auteur par le biais d'un audio-livre ? En effet, je pouvais très bien consacrer mes allers-retours en voiture à écouter un peu mieux que les publicités intempestives et les morceaux de musique rabâchés par les radios. C'est ainsi que j'ai découvert le plaisir d'écouter « La Cousine Bette », lu par la comédienne Manon Combes. Grâce au talent de cette dernière, j'ai pu avoir un bel aperçu des croquis truculents et d'une précision presque chirurgicale, que Balzac brossait de la société postnapoléonienne. La voix de Manon Combes met au jour le regard perçant, un brin moqueur, mais toujours juste De Balzac. Elle installe également chaque personnalité avec efficacité en jouant sur le ton et le rythme : les dialogues prennent vie et l'auditeur se laisse prendre au jeu.
La précision psychologique et sociale dont fait preuve Balzac me semble d'actualité même si cette fresque sociale peut lasser par sa longueur et sa lenteur à créer décors, situations et personnages. On retrouve par exemple le type du père prodigue, à travers le baron Hulot, dont les vices et les dépenses entraînent toute sa famille dans la misère, ou Bette, dont la jalousie viscérale envers sa cousine, la baronne Hulot, mieux dotée par la vie qu'elle, couve sous ses dehors de vieille fille inoffensive et manquera presque d'achever la ruine entamée par le baron. Les pique-assiettes, dont l'existence est favorisée par la société de cette époque, sont aussi minutieusement présentés, tour à tour intriguant, jouant de leurs charmes et simulant talent ou sentiment selon leur situation sociale, leur sexe ou leurs dispositions naturelles. Seule la baronne Hulot m'a semblé tout à fait relever du début du XIXème siècle : sa piété envers son mari infidèle, qu'elle gardera (la piété ! pas le mari !) tout au long de sa vie, serait parfaitement incompréhensible aujourd'hui : rester dévouée envers et malgré ce monstre d'égoïsme est trop baroque, ou trop héroïque, pour les mentalités d'aujourd'hui.
L'ampleur de cette oeuvre, la liste impressionnante des personnages dont elle prend en charge la vie, pourrait remettre en cause le titre même de la Cousine Bette, qui oriente bien trop la lecture. Car selon la sensibilité de chacun (C'est en cela qu'on pourrait dire que l'oeuvre De Balzac est grand public à la manière de certains soaps télévisuels ! ô blasphème !), on pourrait tout aussi bien intituler ce roman « le père prodigue » (titre de la 1ère partie) ou « l'art de gagner sa vie quand on est une courtisane Parisienne »…
Pour apprécier cette oeuvre à sa juste valeur, il faut donc prendre nos habitudes à rebours : cesser de sauter aux conclusions, comme nous y incitent les montages vidéos actuels aux séquences chocs et ultra courtes, se souvenir que si nous procédons systématiquement aujourd'hui par ellipses, tant dans les films que dans les livres, c'est parce que d'autres sont passés avant et qu'ils ont eu la lourde charge d'habituer les spectateurs que nous sommes à une certaine façon de nous raconter les histoires…
Pour revenir aux origines des histoires, à la grande Histoire des petites histoires, reprenons donc le temps d'écouter une simple voix, qui, par ses modulations, son rythme et ses pauses, nous invite à décortiquer ce qui est universel en chaque histoire : des vies humaines, des psychologies, des comédies qu'on se joue, pour soi et pour les autres.
Mais il est important de connaître ses classiques car on ne peut pas renier qu'ils soient un tant soit peu à l'origine des romans contemporains.
Aussi, quoi de mieux que de découvrir l'une des oeuvres de cet auteur par le biais d'un audio-livre ? En effet, je pouvais très bien consacrer mes allers-retours en voiture à écouter un peu mieux que les publicités intempestives et les morceaux de musique rabâchés par les radios. C'est ainsi que j'ai découvert le plaisir d'écouter « La Cousine Bette », lu par la comédienne Manon Combes. Grâce au talent de cette dernière, j'ai pu avoir un bel aperçu des croquis truculents et d'une précision presque chirurgicale, que Balzac brossait de la société postnapoléonienne. La voix de Manon Combes met au jour le regard perçant, un brin moqueur, mais toujours juste De Balzac. Elle installe également chaque personnalité avec efficacité en jouant sur le ton et le rythme : les dialogues prennent vie et l'auditeur se laisse prendre au jeu.
La précision psychologique et sociale dont fait preuve Balzac me semble d'actualité même si cette fresque sociale peut lasser par sa longueur et sa lenteur à créer décors, situations et personnages. On retrouve par exemple le type du père prodigue, à travers le baron Hulot, dont les vices et les dépenses entraînent toute sa famille dans la misère, ou Bette, dont la jalousie viscérale envers sa cousine, la baronne Hulot, mieux dotée par la vie qu'elle, couve sous ses dehors de vieille fille inoffensive et manquera presque d'achever la ruine entamée par le baron. Les pique-assiettes, dont l'existence est favorisée par la société de cette époque, sont aussi minutieusement présentés, tour à tour intriguant, jouant de leurs charmes et simulant talent ou sentiment selon leur situation sociale, leur sexe ou leurs dispositions naturelles. Seule la baronne Hulot m'a semblé tout à fait relever du début du XIXème siècle : sa piété envers son mari infidèle, qu'elle gardera (la piété ! pas le mari !) tout au long de sa vie, serait parfaitement incompréhensible aujourd'hui : rester dévouée envers et malgré ce monstre d'égoïsme est trop baroque, ou trop héroïque, pour les mentalités d'aujourd'hui.
L'ampleur de cette oeuvre, la liste impressionnante des personnages dont elle prend en charge la vie, pourrait remettre en cause le titre même de la Cousine Bette, qui oriente bien trop la lecture. Car selon la sensibilité de chacun (C'est en cela qu'on pourrait dire que l'oeuvre De Balzac est grand public à la manière de certains soaps télévisuels ! ô blasphème !), on pourrait tout aussi bien intituler ce roman « le père prodigue » (titre de la 1ère partie) ou « l'art de gagner sa vie quand on est une courtisane Parisienne »…
Pour apprécier cette oeuvre à sa juste valeur, il faut donc prendre nos habitudes à rebours : cesser de sauter aux conclusions, comme nous y incitent les montages vidéos actuels aux séquences chocs et ultra courtes, se souvenir que si nous procédons systématiquement aujourd'hui par ellipses, tant dans les films que dans les livres, c'est parce que d'autres sont passés avant et qu'ils ont eu la lourde charge d'habituer les spectateurs que nous sommes à une certaine façon de nous raconter les histoires…
Pour revenir aux origines des histoires, à la grande Histoire des petites histoires, reprenons donc le temps d'écouter une simple voix, qui, par ses modulations, son rythme et ses pauses, nous invite à décortiquer ce qui est universel en chaque histoire : des vies humaines, des psychologies, des comédies qu'on se joue, pour soi et pour les autres.
