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Pierre Barbéris (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253006305
407 pages
Le Livre de Poche (01/09/1972)
  Existe en édition audio
3.88/5   4296 notes
Résumé :
Que feriez-vous si vous aviez le pouvoir de posséder toute chose mais qu'en échange, vous consumiez votre vie au rythme de vos désirs ? Vaut-il mieux vivre pleinement le présent ou économiser ses chances ? Dans un Paris étrangement contemporain, Raphaël de Valentin erre, lutte, capitule et se languit. Ses désirs de possession pourront-ils être conciliés avec sa recherche du bonheur ?

Le texte intégral de « La Peau de chagrin » de Balzac est accompagné... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (204) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 4296 notes
je ne résumerai pas l'histoire, on la connaît. je vais donc dire ce que ce roman m'inspire, en insistant sur le fait qu'il est difficile de parler d'un roman d'un "auteur" qu'on aime beaucoup, car on a peur de ne pas être à la" hauteur" ...

Raphaël de Valentin est un personnage particulier dans l'oeuvre De Balzac, « Raphaël le débauché » qui brûle la chandelle par les deux bouts en signant un pacte avec le diable. Il veut réussir sa vie et surtout ne plus être pauvre, car l'argent semble être la seule réponse dans la vie. Est-ce qu'obtenir ce que l'on désire passe uniquement par la nécessité d'être riche ?

Balzac pose différentes questions avec ce roman : le bonheur réside-t-il dans la richesse, dans l'avoir ou ne va-t-il pas plutôt se nicher dans l'être ? Posséder, l'argent mais aussi l'autre, ou exister ? Est-ce que l'amour s'achète ?

On retrouve aussi la différence entre être et paraître, les biens terrestres et les biens spirituels, et l'auteur nous pousse à réfléchir sur la nature et l'origine du bonheur : Raphaël met sur le compte de la peau de chagrin l'exaucement, la satisfaction du moins de ses désirs, comme si tout devait venir de l'extérieur, l'homme n'y étant personnellement pour rien, ce qui va conduire à la société de consommation, avoir toujours plus, posséder encore et toujours, dans une fuite à l'infini.

Balzac nous fait réfléchir aussi sur la place de l'homme dans la nature, la nécessité d'une communion entre les deux, l'homme étant en interdépendance avec la nature.

J'aime l'écriture De Balzac, même si parfois, il nous noie sous les détails. Elle est fluide, aérienne. On a l'impression de voir la scène sur un écran, justement grâce à ces détails. On a le son et l'image. On peut rêver. Je voyais Foedora se déplacer dans l'espace, traitant les autres avec mépris, ignorant l'un, favorisant l'autre pour entretenir les rivalités. Elle n'existe que par sa cour et ses artifices.

le personnage de Pauline est plus simple, elle n'est pas calculatrice, attendant exigeant tout des autres comme le fait Foedora. L'une est naturelle parfois même nunuche par sa sincérité alors que l'autre est dans le virtuel, dans l'apparence, personnifiant ainsi ce que Balzac veut faire passer comme message (l'être et le paraître, la réalité et le virtuel dirait-on de nos jours, le principe de réalité et le principe de plaisir (clin d'oeil aux disciples de Freud !!).

Il décrit de belle manière, la superstition, l'obsession par une idée, une pensée qui l'envahit, l'excès de pouvoir que Raphaël accorde à la peau de chagrin, qui en rétrécissant, raccourcit sa vie, le fait vieillir prématurément, lui vole sa vie, comme s'il y avait un conflit entre le désir et la longévité.

J'aime beaucoup cet auteur, je lis chacun de ses romans, avec lenteur, en dégustant comme une friandise, même s'ils ne sont pas tous égaux, j'ai besoin de prendre mon temps, car j'ai envie très souvent de noter des phrases entières pour m'en souvenir…

Je dois à Balzac une découverte importante : comme je l'ai déjà dit, à treize ans environ, j'ai reçu « Eugénie Grandet » à la distribution des prix (une cérémonie qui me laisse de très bons souvenirs, n'en déplaise à certains ministres…) et cela fut un coup de foudre, c'est le livre qui a changé ma vie comme dirait François Busnel (La Grande Librairie); je découvrais les grands auteurs pour la première fois, c'était l'entrée dans la cour des grands….

Ensuite, Balzac m'a fait rêver avec le beau Lucien Chardon de Rubempré, ou avec « le lys dans la vallée », et cela marche encore, heureusement car j'ai toute « la Comédie Humaine » à dévorer ou à relire selon les cas…..

Donc encore un coup de coeur… j'espère que ma critique vous aura donné envie de lire ce roman si ce n'est déjà fait…

Challenge « 19e siècle »
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Je l'ai lu il y a quelques années déjà; c'était mon deuxième Balzac (après le Colonel Chabert). J'ai découvert dans ce récit fantastique un nouveau Balzac tout à fait différent du premier. La peau de Chagrin est l'un de ces romans qui vous envahissent, que même en se séparant de lui vous gardez toujours une vapeur étrange qui vous hante. Jusqu'à maintenant je garde toujours en mémoire cette atmosphère sombre et ces scènes inoubliables comme ce début où le héros a envie de se suicider, cette conversation extravagante où Balzac veut imiter son maître Rabelais (dans la conversation à la naissance de Gargantua), ce duel ainsi que cette scène finale (que je ne décrirais pas).
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La misère et la tentation du suicide ont amené le jeune Raphaël de Valentin errant dans Paris à cette rencontre maudite... Drôle d'antiquaire et sa "peau de chagrin" en son pacte faustien... « Si tu me possèdes, tu posséderas tout, mais ta vie m'appartiendra ». Désormais rien à faire, car cette peau de chameau rétrécit à chaque fois qu'un voeu s'accomplit : l'on tombe malade et l'on mourra lorsque le talisman ne sera guère plus gros qu'une tache de café ... Sauf que la richesse, la gloire, la séduction des femmes -- que l'on aura connues avant -- vous laisseront à l'âme un goût de vide... Formidable récit, entre réalisme du pavé parisien (où "l'ancien pauvre" Raphaël cotoiera l'arriviste Eugène de Rastignac) et cette fantasmagorie d'une boutique obscure à l'existence bien incertaine ... Un chef d'oeuvre du fantastique romantique balzacien, publié pour la première fois en 1831. (*)

(*) Cette toute petite "critique" vient d'être intégrée à la liste : "Le romantisme en cent oeuvres : liste OUVERTE, chronologique et universelle" (déc. 2014) sur Babelio.
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Traitement du thème, qualité de l'intrigue, profondeur de la réflexion philosophique, merveille du style : Je suis littéralement à genoux devant la richesse de ce roman!

Le premier chapitre dans lequel Raphaël, prêt à mourir, acquiert le talisman et commence à en éprouver le pouvoir, est fantastique dans tous les sens du terme : que ce soit sa longue pérégrination introductive dans un Paris nocturne appelant au suicide, la description, magique, de la boutique de l'antiquaire, la rencontre et le pacte avec le diable, puis la luxuriante débauche appelée par son premier voeu, tout m'a ébloui dans cette première partie.
J'ai été tenue en haleine avec la même intensité par la dernière partie qui déroule la lente agonie de Raphaël, comblé de richesses mais lentement assassiné par sa terreur et déjà condamné à l'enfer de la solitude et de la souffrance éternelle. Il est vrai que le mythe de Faust me fascine depuis toujours, et que la transcription que Balzac en a faite est pour moi l'illustration parfaite que javais envie de lire.
Il n'y a guère que la partie centrale dans laquelle Raphaël s'épuise à courtiser la froide Foedora qui m'ait moins entraînée, je l'ai trouvée un peu longue et pas indispensable au propos; il me semble que Balzac a mieux rendu dans d'autres oeuvres les illusions perdues, les tourments du coeur et les affres de la misère confrontée à la richesse.

En attendant j'ai l'impression que l'auteur a jeté toute son âme et toute sa singularité dans ce roman, s'en donnant à coeur joie contre les perversions du pouvoir, la médiocrité bourgeoise, les pisse-froid de l'épargne (lui qui a tant fait de dettes!), la science imbue d'elle-même et inutile à l'homme, tout en livrant avec panache et conviction une pensée charpentée sur l'absurdité de la vie, la sagesse à opposer au vouloir ou encore les impasses de la passion.

On a chacun "son" Balzac préféré, un ensemble de prédilection fait d'une oeuvre, d'un aspect de l'homme et d'un talent de l'artiste ; pour ma part c'est dans cette veine-là que je l'adore.
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On oublie trop souvent que l'auteur de la Comédie humaine a excellé dans le registre fantastique. La Peau de Chagrin est une de ces excellentes variations romantiques sur le thème du pacte diabolique. Lorsque le texte paraît en 1831 c'est pour Balzac le début de la gloire. le plus romantique des romans De Balzac ? Il est vrai que le héros Raphaël est seul au milieu de la multitude. Seule la nature est en accord avec son être intérieur...
Balzac considérait son roman comme une oeuvre philosophique. En fait la Peau de chagrin est la combinaison de plusieurs genres: conte fantastique, roman philosophique, roman à caractère autobiographique...
On retiendra le fameux passage savoir, vouloir, pouvoir. " Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit, mais Savoir laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme».

Balzac a développé trois thèmes dans ce roman, l'argent, l'amour, et la vie.
L'argent en dénonçant Paris, le vice et la compromission.
L'amour avec d'une part une mondaine " la femme sans coeur", d'autre part une figure angélique Pauline.
La vie, on touche à la dimension réellement philosophique du livre : qui sommes-nous ? Qu'est-ce que le désir ? Que s'agit-t-il : de vivre calmement et dans l'absence de trouble ou bien intensément mais en brûlant la chandelle ? Qu'est-ce qui implique l'économie du désir ? Quelle femme justifie qu'on se damne pour elle ? Qu'imagine-t-on de l'autre qui ne vient que d'une projection de nous-même ? Autant de questions que Balzac traite sans jamais donner l'impression de faire le philosophe. La Peau de Chagrin est le symbole de notre existence car elle se rétrécit comme l'espérance de vie de Raphaël.

À présent Monsieur Balzac, j'arrête les flatteries. Votre style est impressionnant certes, mais n'en avez-vous pas trop fait par moment ? Des centaines de lignes pour votre seul plaisir ? Connaissez-vous la relecture? Je ne peux m'empêcher de penser que ce roman aurait pu être encore plus remarquable.
Pour finir, en quoi aviez-vous besoin de dénigrer les Auvergnates ?
« C'était une Auvergnate, haute en couleur, l'air réjoui, franche, à dents blanches, figure de l'Auvergne, taille d'Auvergne, coiffure, robe de l'Auvergne, seins rebondis de l'Auvergne, et son parler ; une idéalisation complète du pays, moeurs laborieuses, ignorance, économie, cordialité, tout y était. »
Votre héros a aimé se ressourcer dans les Monts d'Or au coeur de l'Auvergne. Votre description des paysages rend honneur à notre région mais en bonne auvergnate je n'apprécie pas du tout votre parodie des paysans auvergnats. Vous avez perdu une étoile !
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Citations et extraits (557) Voir plus Ajouter une citation
Quand vous entrez dans une maison de jeu, la loi commence par vous dépouiller de votre chapeau. Est-ce une parabole évangélique et providentielle ! N'est-ce pas plutôt une manière de conclure un contrat infernal vous en exigeant je ne sais quel gage ? Serait-ce pour vous obliger à garder un maintien respectueux devant ceux qui vont gagner votre argent ? Est-ce la police tapie dans tous les égouts sociaux qui tient à savoir le nom de votre chapelier ou le vôtre, si vous l'avez inscrit sur la coiffe ? Est-ce enfin pour prendre la mesure de votre crâne et dresser une statistique instructive sur la capacité cérébrale des joueurs ? Sur ce point l'administration garde un silence complet. Mais, sachez-le bien, à peine avez-vous fait un pas vers le tapis vert, déjà votre chapeau ne vous appartient pas plus que vous ne vous appartenez à vous-même : vous êtes au jeu, vous, votre fortune, votre coiffe, votre canne et votre manteau. A votre sortie, le JEU vous démontrera, par une atroce épigramme en action, qu'il vous laisse encore quelque chose en vous rendant votre bagage. Si toutefois vous avez une coiffure neuve, vous apprendrez à vos dépens qu'il faut se faire un costume de joueur. L'étonnement manifesté par l'étranger quand il reçut une fiche numérotée en échange de son chapeau, dont heureusement les bords étaient légèrement pelés, indiquait assez une âme encore innocente.
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Je me souviens d'avoir quelquefois trempé gaiement mon pain dans mon lait, assis auprès de ma fenêtre en y respirant l'air, en laissant planer mes yeux sur un paysage de toits bruns, grisâtres, rouges, en ardoises, en tuiles, couverts de mousses jaunes ou vertes. Si d'abord cette vue me parut monotone, j'y découvris bientôt de singulières beautés. Tantôt le soir des raies lumineuses, parties des volets mal fermés, nuançaient et animaient les noires profondeurs de ce pays original. Tantôt les lueurs pâles des réverbères projetaient d'en bas des reflets jaunâtres à travers le brouillard, et accusaient faiblement dans les rues les ondulations de ces toits pressés, océan de vagues immobiles. Enfin, parfois de rares figures apparaissaient au milieu de ce morne désert, parmi les fleurs de quelque jardin aérien, j'entrevoyais le profil anguleux et crochu d'une vieille femme arrosant des capucines, ou dans le cadre d'une lucarne pourrie quelque jeune fille faisant sa toilette, se croyant seule, et de qui je ne pouvais apercevoir que le beau front et les longs cheveux élevés en l'air par un joli bras blanc. J'admirais dans les gouttières quelques végétations éphémères, pauvres herbes bientôt emportées par un orage ! J'étudiais les mousses, leurs couleurs ravivées par la pluie, et qui sous le soleil se changeaient en un velours sec et brun à reflets capricieux. Enfin les poétiques et fugitifs effets du jour, les tristesses du brouillard, les soudains pétillements du soleil, le silence et les magies de la nuit, les mystères de l'aurore, les fumées de chaque cheminée, tous les accidents de cette singulière nature devenus familiers pour moi, me divertissaient. (...) Ces savanes de Paris formées par les toits nivelés comme une plaine, mais qui couvraient des abîmes peuplés, allaient à mon âme et s'harmonisaient avec mes pensées.
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J’aime à froisser sous mes désirs de pimpantes toilettes, à briser des fleurs, à porter une main dévastatrice dans les élégants édifices d’une coiffure embaumée. Des yeux brûlants, cachés par un voile de dentelle que les regards percent comme la flamme déchire la fumée du canon, m’offrent de fantastiques attraits Mon amour veut des échelles de soie escaladées en silence, par une nuit d’hiver. Quel plaisir d’arriver couvert de neige dans une chambre éclairée par des parfums, tapissée de soies peintes, et d’y trouver une femme qui, elle aussi, secoue de la neige : car quel autre nom donner à ces voiles de voluptueuses mousselines à travers lesquels elle se dessine vaguement comme un ange dans son nuage, et d’où elle va sortir ?
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[...]Je vais vous révéler en peu de mots un grand mystère de la vie humaine. L’homme s’épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent les sources de son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes de mort : Vouloir et Pouvoir. Entre ces deux termes de l’action humaine, il est une autre formule dont s’emparent les sages, et je lui dois le bonheur et ma longévité. Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit, mais savoir nous laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme.
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Si l’Espagne a ses combats de taureaux, si Rome a eu ses gladiateurs, Paris s’enorgueillit de son Palais-Royal, dont les agaçantes roulettes donnent le plaisir de voir couler le sang à flots, sans que les pieds du parterre risquent d’y glisser. Essayez de jeter un regard furtif sur cette arène, entrez… Quelle nudité ! Les murs, couverts d’un papier gras à hauteur d’homme, n’offrent pas une seule image qui puisse rafraîchir l’âme ; il ne s’y trouve même pas un clou pour faciliter le suicide. Le parquet est usé, malpropre. Une table oblongue occupe le centre de la salle. La simplicité des chaises de paille pressées autour de ce tapis usé par l’or annonce une curieuse indifférence du luxe chez ces hommes qui viennent périr là pour la fortune et pour le luxe.
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Videos de Honoré de Balzac (153) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Honoré de Balzac
Balzac, colosse des lettres, buvait café sur café, travaillait des journées entières et dormait trop peu. Il finit par s'épuiser de tant d'énergie dépensée et meurt en 1850, à seulement 51 ans.
Pour en découvrir davantage : https://LLS.fr/CL10Video
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