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Critique de Nastasia-B


On l'oublie souvent, mais Honoré de Balzac était un grand nouvelliste, parmi les tout grands. le problème, c'est qu'il a fait tellement de choses, et de grandes choses, que ses nouvelles passent, aux yeux des commentateurs, pour une portion congrue de son oeuvre, presque pour les miettes d'un ensemble extraordinairement vaste et complexe.

Il est vrai que quand vous venez de lire un morceau tel que les Illusions Perdues, vous vous demandez qu'est-ce qui dans son oeuvre peut rivaliser avec un monument pareil. Mais, je le répète, c'est un tort. Balzac est indéniablement le modèle De Maupassant, bien plus que Flaubert ou que Zola auprès desquels on le rapproche parfois.

En fait, l'ennui avec ce genre de personnes, c'est qu'il savait tout faire, du vers, de la prose, du théâtre, du conte, de la nouvelle, du roman (naturaliste, fantastique, policier, historique, etc.), de la philosophie, des essais de sorte que notre cerveau étroit, qui aime bien coller des étiquettes sur les gens pour savoir où les ranger, peine à lui en coller une. Et, en plus, le scolaire s'est invité dans le débat si bien qu'on a tous, plus ou moins des souvenirs d'oeuvres imposées par les programmes, oeuvres que je trouve, pour la plupart inadaptées à l'âge et à l'intérêt des élèves de l'âge considéré.

Et si, pour faire découvrir Balzac aux plus jeunes on commençait par des nouvelles ? Ça ce serait drôlement rusé ; voilà une mayonnaise qui risquerait de prendre et des truites mordre à l'hameçon (loin de moi cependant de prendre les lycéens pour des truites, gardez-m'en bien).

En voici deux qui feraient, me semble-t-il, parfaitement l'affaire. Tout d'abord LA GRANDE BRETÈCHE, et cette interrogation, en guise de teasing : Qu'y a-t-il derrière un mur abandonné ? Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qu'il pouvait bien y avoir derrière ce que l'on prend du soin à dissimuler ?

Combien de fantasmes, d'histoires rocambolesques ne nous sommes-nous pas déjà construits, échafaudé sur rien de tangible, juste une impression qu'on nous cachait quelque chose.

Balzac titille cette fibre en nous grâce à cette nouvelle, une très belle nouvelle ayant à nouveau pour narrateur le médecin Horace Bianchon, tout comme la non moins réussie Messe de l'Athée que je recommande bien volontiers aux lycéens.

Notre Honoré national nous emmène cette fois dans le Vendômois, où Bianchon s'est pris d'une passion pour un lieu insolite : La Grande Bretèche. Il s'agit d'un magnifique domaine en bordure du Loir, parc à la française et manoir de caractère, le tout complètement laissé à l'abandon depuis au bas mot une dizaine d'années. le médecin y goûte quelques temps le bonheur d'un lieu de recueillement propice à la création poétique.

Jusqu'au jour où un vieux notaire de sinistre physionomie, maître Regnault, vient lui signifier qu'il n'est pas permis à qui que ce soit de pénétrer sur ce domaine et ce, par volonté testamentaire. Quel mystère baigne cette incompréhensible décision d'un mourant ?

C'est ce que vous découvrirez en même temps que Bianchon qui, émoustillé par le piment de l'intrigue décide d'en connaître le fin mot, quitte à tirer les vers du nez de Madame Lepas, l'aubergiste ou à faire les yeux doux à Rosalie, l'ancienne femme de chambre du domaine.

Par ce bref récit, Honoré de Balzac nous livre une fois encore toute l'étendue de son talent de conteur ; si doué à susciter les merveilleux parfums de l'évocation et si prompt à faire palpiter les ressorts du suspense.

Basculons ensuite sur un tout autre type de nouvelle avec UN ÉPISODE SOUS LA TERREUR. Ici, Honoré de Balzac nous offre une nouvelle assez particulière, sans le caustique habituel ni le luxe de description. Ici, tout est épuré et, une fois n'est pas coutume, il fait l'éloge de ses personnages.

Un mystérieux homme (je cache volontairement son identité afin de ne pas ruiner l'effet recherché par l'auteur) vient réclamer une messe clandestine à un abbé, terré dans une mansarde miteuse aidé de deux soeurs dévotes. (Vous avez compris que la Terreur est bien entendu cette période de la Révolution française durant laquelle les têtes volaient un peu plus que de coutume sous le grand couperet de la guillotine, surtout si l'on était, de près ou de loin, ami du clergé ou de la noblesse.)

Le plus étonnant est que l'étranger en question vient, très solennellement, demander une messe pour... le feu roi Louis XVI ! Balzac sait y être poignant et célébrer le dénuement et la dévotion. Bref, un beau petit bijou de nouvelle, mais de ceci comme de la précédente, ce sera à vous de vous en faire une meilleure idée par vous-même car ceci n'est que mon avis, un tout petit avis sous la terreur d'une erreur, autant dire, pas grand-chose.
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