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sur 2704 notes
Le Colonel Chabert est l'un des trésors que nous a légué Balzac et auquel je témoigne le plus grand respect. On y sent souffler les accents sublimes qui deviendront, sous la plume d'Hugo, Les Misérables.

Dans ce petit roman, l'auteur nous mène sur les sentiers d'une quasi résurrection, celle d'un brillant et brave grognard de Napoléon que tout le monde a cru mort et enterré à la bataille d'Eylau. L'histoire se corse lorsque réapparaît le vieux colonel bien des années plus tard et que sa légitime épouse, remariée, devenue comtesse et richissime s'aperçoit que l'essentiel de son bien pourrait être revendiqué par son ancien mari...

Honoré de Balzac cisèle dans la dentelle une narration impeccable, et dresse un portrait surprenant de l'avoué Derville, qu'on sent mi honnête homme, mi canaille, pouvant verser de l'un ou l'autre côté selon d'où vient le vent, à l'image de Petit-Claud dans les Illusions Perdues, mais qui, pris d'une commisération, rare en cette engeance, et tel que nous le connaissons par ailleurs, dans Gobseck par exemple, va tout mettre en oeuvre pour secourir le vaillant vieux soldat.

J'en ai assez dit si je ne veux pas trop déflorer cette perle, ce grand chef-d'oeuvre de littérature, mais bien sûr, tout ceci n'est que mon avis, dont la validité ne tient qu'à un coup de sabre, plus ou moins bien placé, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Ce livre traînait depuis longtemps dans ma bibliothèque, je ne saurais dire les raisons pour lesquelles je freinais à y aller et je ne sais pas si c'était le côté colonel qui me faisait hésiter, ou bien autre chose, en tout cas mon geste d'y aller fut par le côté Balzac...
Le Colonel Chabert est un personnage tragique, réfugié dans une absolue solitude, sidéré par un monde qui se renverse, passant d'une société de l'honneur à celle de la cupidité et de l'argent. C'est sans doute là que se noue la tension de ce court roman.
C'est un récit en très peu de pages, mais ô combien dense en intensité dramatique. On est suspendu tout au long du récit au dénouement à venir, un peu comme à la sortie d'un tribunal, comme si nous attendions la venue des avocats pour nous révéler le verdict d'un procès.
Pour revenir à la narration, le Colonel Chabert, comte d'Empire, fier cavalier des armées de Napoléon, est un personnage sensé être mort sur le champ de bataille à Eylau en 1807, bataille dans laquelle par ailleurs il s'est conduit en héros. Or, visiblement il n'est pas mort, il ressurgit d'un charnier humain, aidé par un couple paysan qui le sauve.
Il revient dans le monde des vivants, apprenant qu'il est mort, presque oublié, sa veuve s'est remariée depuis avec un comte réputé et fortuné, celui-ci lui ayant fait deux enfants.
Une parole vient alors : « J'ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre ! »
L'affaire s'aborde tout d'abord sous l'angle judiciaire. Un avoué, un certain Derville, est approché, qui connaît les deux parties, cela semble une manière de pouvoir aborder sereinement le sujet, il apparaît neutre, permet de faire un pas de côté à tel point qu'il pourrait subtilement être l'incarnation De Balzac qui se serait introduit à notre insu dans ce récit. Mais l'affaire s'avère compliquée. Cet homme qui resurgit du néant, d'un charnier humain, alors que son décès est consigné dans des actes militaires, forcément on croit tout d'abord à la mystification, à la folie... Cela m'a fait penser à l'histoire de Martin Guerre, vous vous rappelez ?
La « veuve », devenue la comtesse Ferraud, ne l'entend pas de cette oreille. Aussi... Mais je m'arrêterai là pour ce qui est du récit et de l'intrigue.
Laissons place à mon ressenti : en deux mots, j'ai adoré. C'est un petit bijou finement ciselé qui se révèle peu à peu au détour de chaque page, offrant un suspense magnifiquement mené avec une émotion, une empathie, qui invite le lecteur à ressentir très vite une compassion pour ce pauvre Colonel Chabert. La narration est impressionnante, dans la manière dont Balzac la mène, mais aussi dans son talent de peindre à l'essentiel, à l'épure, les portraits saisis au vif des principaux protagonistes, ainsi en l'occurrence ces trois fameux personnages, le colonel, sa femme et l'avoué. Et puis il y a ces méandres dans lesquels les personnages vont évoluer, avancer, poser leur pions, se perdre dans le jeu de l'autre... À certains moments, mon coeur s'est serré sur les mots De Balzac lorsque je pensais à un autre de ses personnages célèbres, le Père Goriot, contexte certes différent mais personnage rejeté lui aussi d'une certaine manière par les siens et l'on sent au travers des pages toute l'empathie de l'auteur pour ses personnages qu'il nous esquisse.
Mais aussi il se dégage une forme de morale pas ostentatoire, qui se laisse questionner avec plaisir et intérêt par le récit, elle est décalée forcément avec la réponse que peut proposer la justice dans ces cas-là. La magie des mots De Balzac est subtile pour ne pas opposer ces deux antagonismes comme deux blocs monolithiques qui pourraient se confronter avec la violence attendue ; c'est l'art d'un couturier, d'un ciseleur qui opère ici. Balzac nous préserve de cela tout en disant les violences intérieures que la douleur d'un désastre peut dessiner.
Le Colonel Chabert, c'est un peu cet homme égaré qui revient vivant du pays des morts et qui se retrouve comme mort au pays des vivants...
C'est toute simplement beau et c'est à cela qu'on reconnaît un grand écrivain capable de traverser les âges et perdurer après nous. Ce court texte m'a tout simplement donné envie de me remettre en selle vers d'autres textes de ce fabuleux auteur classique.
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Un drame comme je les aime, court mais captivant. Impossible de ne pas s'attacher à ce Hyacinthe, dit Chabert, car à l'instar du père Goriot, c'est une âme généreuse. Mais on le sais, les justes ne sont pas toujours récompensés, et avec ce livre, Honoré de Balzac nous rappel que parfois, il ne suffit pas d'être bon pour voir la vie nous sourire.
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur dépeint la misère, ainsi que la souffrance du colonel Chabert, qui malgré tout garde sa dignité jusqu'à la fin. Il y a aussi un peu d'humour, avec les membres de l'étude qui ne sont pas les derniers à faire les pitres.
Merci à Nastasia pour son conseil personnalisé qui a touché droit dans le mille ! Très bon bouquin !
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"Le Colonel Chabert" (publié pour la première fois en 1832 sous le titre "La Transaction" dans la revue "L'Artiste") est un très court roman bien peu aisé à résumer : histoire d'une résurrection ratée ? Certes, mais à la manière d'une version optimiste du film "The Night of the Living Dead" de Georges A. ROMERO [1968]... Pourtant, notre "mort vivant" a authentiquement l'air d'un mort (cerveau bien visible sous la cicatrice de son cuir chevelu déplumé dissimulé sous une perruque en loques), mais est encore trop bonne-pâte pour survivre à la rapacité et la pourriture de ce monde-ci ("La Restauration" de tous ces petits-bourgeois en quête d'anoblissement, vrais nobliaux émigrés et autres fieffés arrivistes tourneurs-de-casaque).

Le "présumé mort" (rendu à la vie par miracle en 1807 depuis le fond d'une fosse commune à Eylau) semble, au fond, une sorte de masochiste du Bien, une figure christique, un Saint-Sébastien déjà criblé de flèches acceptant de "se suicider" socialement par respect et amour pour son ex-femme (en souvenir de Rose Chapotel, celle qu'il aima et tira du ruisseau), désormais "Comtesse Ferraud" qu'il méprise... Ce bon avoué de Derville acceptera de l'aider... en pure perte ! L'orphelin Hyacinthe Chabert a choisi sa vie, le lieu de sa fin d'existence (déjà finie) : à savoir, cet "Hospice de la Vieillesse" de Bicêtre où l'on vous vêt de cette "robe de drap rougeâtre que l'Hospice accorde à ses hôtes", pour mieux les reconnaître de loin, sans doute...

Monsieur "De" BALZAC, forçat des Lettres, (1799-1850) est définitivement un Maître : "Les Chouans", "La Peau de Chagrin, "L'auberge rouge", "Eugénie Grandet", "Le Père Goriot", "Illusions Perdues" figurent - du moins pour nous - parmi ses sommets inégalables ; ajoutons-y désormais "Le Colonel Chabert", impitoyable peinture de moeurs pour laquelle le talent de conteur du Tourangeau fait à nouveau des merveilles...

Ce bon Henri Beyle/STENDHAL et son mirifique "Le Rouge et le Noir" [1830] n'avait certes pas TOUT dit sur cette fosse commune des idéaux que fut cette "Restauration" de tous les veules...

La préface de Stéphane VACHON pour l'édition de 1994 & 2012 de L.G.F./"Le Livre de Poche", collection "Les Classiques de Poche" est une mine d'érudition, de didactisme et de passion partageuse.
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Serais-je enfin réconciliée avec Balzac ?
Après plusieurs tentatives infructueuses à l'exception du Père Goriot et depuis froide et distante devant sa plume ardue à conquérir, ses comptabilités de notaire, ses descriptions sans fin, voilà qu'une porte s'ouvre avec ce Colonel Chabert dont le noble profil et le destin tragique m'ont émue et conquise.
Peut-être Balzac m'est plus accessible sous le format de la nouvelle ou du roman court ; sans doute, d'autres auteurs m'ont peu à peu amenée, de pierre en pierre, à traverser la rivière : merci à Tolstoi et à son humaine soldature de Guerre et Paix qui m'ont rapproché de Chabert ; merci à Melville d'avoir planté le décor de l'étude de Bartleby qui bizarrement m'a semblé familière et proche de l'ouverture de cette nouvelle ; merci à Dumas d'avoir ancré dans mon cerveau reptilien la compassion pour un Dantès qui comme Chabert revient d'entre les morts….
D'oeuvre en oeuvre, mon horizon s'élargit et je compte bien maintenant continuer de creuser pas à pas le sillon, incontournable pour un amateur du 19ème, de mon nouvel ami Honoré de Balzac. Vos suggestions sont les bienvenues !
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À Paris, à l'époque de la Restauration, apparaît un ancien grognard napoléonien dans une étude d'avoué crasseuse. C'est à partir de là que commence ce roman, certes petit par la taille, mais grand par les sentiments qu'il inspire. Dans son superbe portrait du Colonel Chabert, Balzac réussit à insuffler à son personnage une majesté sans pareille, qui n'en rend son histoire que plus touchante, révoltante même. Par l'opposition des caractères manichéens de Chabert et sa femme, l'auteur ne fait que sublimer l'aura de son personnage, qui reste probe et droit face à l'injustice qui lui est faite.
Le Colonel Chabert est mon premier Balzac -il n'est jamais trop tard- et il a réussi à me donner l'envie de continuer à chercher quelques lectures dans La Comédie Humaine. Je dois dire que j'ai été absolument fasciné par cet ouvrage, et que j'ai profité de chaque moment. Il m'en restera sans doute un excellent souvenir, alors, merci NastasiaBuergo, d'avoir pu me le conseiller.
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Le Colonel Chabert est un court roman d'Honoré de Balzac qui paraît sous sa forme définitive en 1841, une première version ayant parue en 1832 sous le titre La Transaction dans la revue L'Artiste.
Superbe histoire que ce héros des guerres napoléonienne qui après avoir eu tous les honneurs se retrouve dans une misère totale car ayant perdu son identité. J'ai trouvé ce roman fort émouvant car on y découvre un homme brisé dans son corps et dans son âme. C'est un ancien combattant, un enfant trouvé, un homme devenu colonel grâce à l'Empire et aimé de l'Empereur et des ses hommes.
On assiste aussi à la duplicité, le mépris des autres envers plus petit que soi. La fourberie et la rouerie de la femme de Chabert qui ne veut surtout pas remettre en question sa vie actuelle, acquise grâce à la fortune de son ancien mari.
Une bien triste histoire finalement et comme le dit si bien Maître Derville (l'avoué qui aida Chabert) à la fin du roman « Sorti des Enfants trouvés, il revient mourir à l'hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l'intervalle, aidé Napoléon à conquérir l'Égypte et l'Europe. »
Je démarre mon challenge classique 2018 avec Balzac et cette fort édifiante histoire sur la mesquinerie humaine.
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Revenant revenu d'une fosse de la bataille d'Eylau (victoire de Napoléon contre les Russes remportée en un seul jour -1807) au fond de laquelle il avait été enseveli vivant par mégarde, notre colonel rentre donc à Paris afin de prouver qu'il est d'abord bien vivant, ensuite l'ayant droit légitime d'une part de la succession que sa veuve devenue entre temps madame la comtesse Ferraud a dûment liquidée puis touchée. Revenu revenant d'entre les morts donc (et de Prusse, où un couple de bienfaiteurs teutons l'avait charitablement et anonymement recueilli ...), notre superbe ruine s'attache, à Paris et pour servir ses prétentions, les services d'un avoué jeune homme de loi : maître Derville.
Scène seule issue de celles de la "vie militaire", le colonel Chabert raconte, comme on l'aura sûrement compris, le parcours atypique (absurde avant l'heure ?) d'un héros de guerre non pas méconnu mais mort quoique encore vivant ! du beau, du grand, de l'inimitable Honoré ! J'y retourne !
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l'e colonel Chabert est laissé pour mort sur le champ de bataille d ' Eylau ,où il a combattu héroïquement . IL revient néanmoins à Paris après plusieurs années d 'errance . IL a tout perdu : sa femme ,sa fortune , son rang .Pourra-t il ressusciter dans une société qui ne veut plus de lui ? C 'est le combat dramatique de cet homme d ' honneur que l 'auteur ( Balzac ) raconte ,dans ce sourt roman ,un des chef-d 'oeuvre De Balzac.
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Le colonel Hyacinthe Chabert, comte de l'Empire et Grand-officier de la Légion d'honneur est un valeureux soldat napoléonien. Au cours de la bataille d'Eylau, il est blessé à la tête et enterré dans une fosse commune. Ayant repris conscience, il réussit à s'extirper de cette tombe et est secouru par des paysans. Remis de cette incroyable aventure, il revient à Paris afin de réclamer ses biens, son identité sociale et surtout sa femme qui s'est remariée fort avantageusement avec le comte Ferraud, un aristocrate royaliste et opportuniste. Madame Ferraud voit donc d'un très mauvais oeil le retour du déterré d'autant plus qu'elle a eu deux enfants de son deuxième mari et mène une vie d'aisance et de luxe mondains. Elle usera donc de ruse afin de soumettre à sa volonté le pauvre et naïf Chabert et l'empêcher de lui nuire dans sa nouvelle vie de parfaite comtesse de la Restauration.
Le roman possède d'immenses qualités dont entre autres la brièveté et aussi le souci du détail, les belles descriptions minutieuses de lieux et de personnages, le côté réaliste et enfin, le regard incisif et d'une impitoyable lucidité de l'auteur sur les moeurs, les valeurs et l'ambition dévorante caractéristique de l'époque de la Restauration. le retour du Roi amène aussi le retour des aristocrates ayant fui sous le régime Napoléonien, un phénomène qui engendre l'émergence de nombreux cabinets d'avoués suite aux multiples procès intentés par les nobles ayant été entièrement dépouillés de leurs biens et privilèges sous la Révolution. Chabert s'adresse donc à un de ces cabinets afin de rentrer en possession de sa vie passée mais l'entreprise s'avère des plus difficiles et les obstacles à surmonter seront légion. Maître Derville ne ménagera pourtant pas sa peine et il fera preuve d'une bonté et d'une compassion admirable envers cet ancien colonel napoléonien déchu dont plus personne ne se soucie ni ne respecte et dont la mise débraillée et loqueteuse entraîne les moqueries et les railleries les plus cruelles.
C'est le roman d'un homme broyé par le nouveau régime politique auquel il n'appartient pas et dont l'honnêteté, la probité, le sens de l'honneur, le patriotisme et surtout l'immense naïveté ne lui permettront pas de se refaire un place au sein de cette société basée sur l'argent et le pouvoir. Triste destin que celui du colonel Chabert, un personnage pitoyable mais aussi infiniment respectable et bon. Mais la bonté ne paie pas toujours dans ce monde cruel et vorace et Balzac nous le démontre d'une magistrale façon. Que la leçon serve…
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