Pour lire
Balzac, deux chemins principaux peuvent être empruntés. Celui qu'il a lui même tracé en classifiant ses ouvrages au sein du grand ensemble qu'est la Comédie Humaine. Ou, comme pour tous les auteurs, la voie chronologique, en partant du premier ouvrage écrit.
J'avais d'abord choisi cette seconde manière, il y a bien longtemps, quand j'ai voulu m'attaquer au monument qu'est l'oeuvre globale de cet auteur et je m'étais donc attelé à la lecture des Chouans, premier roman officiel
De Balzac. J'avais vite abandonné ma lecture, lassé d'emblée par une scène d'exposition lourde et longue. Plus tard j'ai ensuite repris ma lecture en prenant l'ordre balzacien, qui m'a plus convenu.
Pour répondre au critère d'un challenge littéraire, j'ai fait une entorse à ce choix et me suis donc ré attelé à la lecture des Chouans, avec évidemment l'appréhension de ma jeunesse déçue. Je me suis rendu vite compte de mon impatience passée, la scène d'entame n'étant finalement pas si terrible.
On dit que
Balzac a un peu renié ses romans de jeunesse, qu'il les considère moins réussi que les suivants, les grandes oeuvres qui font la base de la Comédie Humaine, tels
Illusions perdues,
le Lys dans la Vallée ou
le Père Goriot. Je pense avoir compris ce que
Balzac y renie, ce côté roman d'aventures, mêlant amour, combat, honneur.
Mais il a tort de minimiser la valeur de cette oeuvre, car on trouve déjà, parmi tous ces rebondissements, la patte de l'auteur plus mur qu'il deviendra. La peinture de son époque, des caractères des personnages, des moeurs de son temps est tout aussi précieuse ici que dans d'autres livres de la grande oeuvre. le divertissement qu'offre les péripéties intermédiaires ne vient pas atténuer cette valeur... Elle peut au contraire séduire un plus grand nombre de lecteurs, et aurait dû intéresser mon "moi" plus jeune, si j'avais eu plus de persévérance...