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Seuil - l'Intégrale (01/01/1900)
3.5/5   42 notes
Résumé :
HONORÉ DE BALZAC (1799-1850), est le fils de Bernard-François Balssa, secrétaire au Conseil du roi, directeur des vivres, adjoint au maire et administrateur de l’hospice de Tours, et d'Anne-Charlotte-Laure Sallambier, issue d'une famille de passementiers du Marais. Bernard-François Balssa transforma le nom originel de la famille en Balzac, par une démarche faite à Paris entre 1771 et 1783. Balzac est l´auteur d´une grande série de 91 romans interconnectés et coordon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Comme il vous plaira, Madame...
Honoré de Balzac avait brossé le portrait type du Vendeur Représentant de Commerce dans L'Illustre Gaudissart. Ici, dans cette mince nouvelle, contrairement à ce que le titre pourrait laisser à penser, il ne fait pas reprendre du service à son personnage de Félix Gaudissart, plus particulièrement spécialiste en vente d'articles de chapellerie, mais s'adresse à nous en nous désignant cette " caste " de vendeurs-beaux parleurs-arnaqueurs-souriants comme étant tous, chacun à sa façon, des Gaudissart.
Ce n'est pas tant le commis qui est le fer de lance de la nouvelle, ni même la femme bourgeoise de Paris, qu'il prend un si malin plaisir à écorner, elle aussi, mais c'est plutôt l'interaction vendeur/acheteuse qui est mise en avant ici, avec délectation.
Du coup, l'auteur nous livre une petite nouvelle assez désincarnée, par rapport à d'habitude, se voulant plus une analyse extérieure à caractère général d'un fait de société, qu'une histoire à proprement parler et dont le ton rappelle beaucoup celui de Petites Misères de la Vie Conjugale.
C'est toujours assez caustique et mordant, tant pour les combines des vendeurs que pour les manières des acheteuses, mais pas plus que d'ordinaire chez cet auteur.
Encore un fameux exemple d'éthologie humaine signé Balzac, cet oeil d'observation toujours si aiguisé, pas non plus du MAGIC-BALZAC, mais un bon moment à passer lorsque vous êtes dans les transports en commun ou que vous projetez un achat de châle, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Voilà un (court) récit plein de verve rabelaisienne et d'humour molieresque!
Avec aussi, entre les lignes, une critique sans pitié de toutes celles et ceux qui, de toutes les époques, et la nôtre n'est pas en reste, cherchent à nous arnaquer, en nous faisant miroiter des profits merveilleux avec des produits financiers (la crise des « subprimes » n'est pas si loin); bref, de la dérive de ce monde capitaliste dans lequel souvent on ne nous vend que du vent.

Félix Gaudissart, que l'on a vu dans César Birotteau, et qui réapparaîtra dans le Cousin Pons, est pour Balzac le portrait type du Commis-Voyageur, grand bonimenteur qui embobine ses clients dans son flot de paroles, et que ceux qui le connaissent surnomment, non sans ironie, l''illustre Gaudissart. Après avoir vendu des articles de mode et des chapeaux, le voilà reconverti dans la vente de produits d'assurance, et aussi d'abonnements à des journaux pour enfants.
Imbu de lui-même, il se voit faire fortune, monter dans l'échelle sociale, et pourquoi pas devenir ministre!
Cependant, après de multiples pérégrinations en France, notre commis voyageur va visiter la Touraine que connaît bien l'auteur,, Vouvray plus précisément. Là, l'illustre Gaudissart fera la connaissance de « l'un de ces railleurs indigènes dont les moqueries ne sont offensives que par la perfection même de la moquerie, et avec lequel il eut à soutenir une cruelle lutte .» Ce Monsieur Vernier, teinturier de son état, va lui jouer un mauvais tour, et notre commis-voyageur découvrira, avec colère, être « l'arnaqueur arnaqué ».

Cette nouvelle truculente se lit vite et avec plaisir. Évidemment, on n'est pas ici au niveau de Gobseck, de la Duchesse de Langeais, et de tous ces textes « romantiques »: La femme abandonnée, La fille aux yeux d'or, La Maison du Chat qui pelote, etc…
Néanmoins, il y a de la part De Balzac, une critique sous-jacente et plutôt acerbe d'un capitalisme frénétique qui vend des rêves pour des réalités, et cela fait que cette nouvelle est, je trouve, toujours actuelle.
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"L'Illustre Gaudissart" ( à ne pas confondre avec "Gaudissart II" ) est un texte drolatique, écrit par Honoré de Balzac.
Avec une verve digne d'un Rabelais, l'auteur du "Père Goriot" y met en scène ici les aventures, pleines de légèreté et de rythme, d'un représentant de commerce.
Ce court roman est très intéressant, par sa fraîcheur, sa profonde originalité et aussi sa profondeur certaine… Car, qu'il soit comique ou tragique, Balzac est toujours un profond penseur, un fin sociologue, parfois presque philosophe, dont l'oeuvre n'a jamais été aussi actuelle.
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Décider le lire ou relire (cela prendra le temps que cela prendra…) l'intégralité de la Comédie humaine d'Honoré de Balzac me permet de découvrir des textes méconnus et, bien souvent, de véritables pépites.
L'Illustre Gaudissart est un court récit qui met en avant deux types de personnages, le commis voyageur et le fou, et illustre, sur le modèle de l'arroseur arrosé, une petite revanche de la province sur Paris…

Petite parenthèse : voilà qui m'a fait penser aux Physiologies, en vogue dans les années 1830-40. Il s'agissait de fascicules de petit format, illustrés, bon marché. Ces livres de consommation courante étaient tous conçus sur le même patron nominal : Physiologie de X. Ainsi on y trouvait dépeint des types particuliers : la dévote, la vieille fille, la femme adultère, l'épicier, l'étudiant, etc.
Pour celles et ceux que cela intéresse, je conseille la lecture en ligne de Les Français peints par eux-mêmes, Encyclopédie morale du dix-neuvième siècle :
https://www.bmlisieux.com/litterature/bibliogr/curmer01.htm)

« Gaudissart était un homme de trente-huit ans, de taille moyenne, gros et gras, comme un homme habitué à rouler en diligence ; à figure ronde comme une citrouille, colorée, régulière et semblable à ces classiques visages adoptés par les sculpteurs de tous les pays pour les statues de l'Abondance, de la Loi, de la Force, du Commerce, etc. Son ventre protubérant affectait la forme de la poire ; il avait de petites jambes, mais il était agile et nerveux ». La description physique que Balzac fait de son personnage, très visuelle mais caricaturale, n'est pas très attrayante même si Jenny, sa maitresse, s'en accommode. Il faut bien avouer que tout lui réussit et qu'il jouit, à Paris, d'une belle renommée.
Car, grâce à son éloquence, Gaudissart est capable de vendre n'importe quoi, des chapeaux, des assurances, des abonnements à des journaux, des placements financiers, etc…, à n'importe qui. Je reprends les mots De Balzac pour étoffer le portrait du commis-voyageur : « dans sa parole se rencontre à la fois du vitriol et de la glu : de la glu, pour appréhender, entortiller sa victime et se la rendre adhérente ; du vitriol, pour en dissoudre les calculs les plus durs ».
La révolution de 1830 a marqué une évolution dans les activités de Gaudissart ; il a cessé de vendre des objets pour s'atteler à la propagation des idées et des mots, pour ce faire l'homme de la Monarchie du juillet et éclairer le pays même si, en creusant un peu, on se rend compte que son argumentaire, efficace au premier abord, reste très superficiel.

Un jour, ses affaires emmènent Gaudissart à Vouvray, en Touraine, et ses grands airs et son assurance donnent une idée plaisante à un notable local : pourquoi ne pas l'envoyer chez Margaritis, un vieux vigneron devenu fou, dont l'obsession est de vendre des pièces de vin qu'il ne produit plus depuis longtemps.
Le récit prend alors des accents rabelaisiens pour décrire le cadre et moliéresques pour retranscrire le dialogue entre les deux protagonistes : c'est savoureux, pleins de calembours et de quiproquos, tant les réponses du fou s'imbriquent finement dans le boniment du commis voyageur.
La farce va prendre des allures de tragédie mais, fort heureusement, l'aubergiste, un ancien grenadier de la garde impériale, saura calmer le jeu.

Une bonne leçon pour l'illustre Gaudissart ? Sur le moment, sans doute. Sur la durée, j'en doute !

Un texte à connaître et à faire découvrir !

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Si le commis voyageur d'Arthur Miller est dépressif en sentant que son temps est fini, ici, au contraire, Gaudissart est illustre pour ses succès. Ce n'est pas un arnaqueur, non, c'est juste qu'il réussit à manipuler les autres pour les faire adhérer à ses projets. Cela lui permet de bien présenter, d'entretenir une maîtresse... Et puis il travaille pour ça, il apprend son rôle tel un comédien. Jusqu'à ce qu'il tombe sur plus malin que lui... C'est une belle réflexion sur la folie : lorsque chacun est enfermé dans son idée fixe, il n'y a pas de dialogue possible, deux monologues se croisent, sans échange ; la communication est donc impossible.
Ce récit fait partie des Scènes de la Vie de province dans la Comédie humaine : Balzac présente la ville - et les habitants surtout - de Tours, dans des pages savoureuses où il relie les caractères des hommes à ceux de Rabelais, paillardise, gourmandise et paresse sont mises à l'honneur !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les deux femmes hésitent. Choisir ! c’est l’éclair de l’intelligence. Hésitez-vous ?… tout est dit, vous vous trompez. Le goût n’a pas deux inspirations. Enfin, après dix minutes, le prince est consulté ; il voit les deux duchesses aux prises avec les mille facettes de l’incertitude entre les deux plus distingués de ces bijoux ; car, de prime abord, il y en eut un d’écarté. Le prince ne quitte pas sa lecture, il ne regarde pas les bracelets, il examine le commis.
-Lequel choisiriez-vous pour votre bonne amie ? lui demande-t-il.
Le jeune homme montre un des deux bijoux.
-En ce cas, prenez l’autre, vous ferez le bonheur de deux femmes, dit le plus fin des diplomates modernes, et vous, jeune homme, rendez en mon nom votre bonne amie heureuse.
Les deux jolies femmes sourient, et le commis se retire aussi flatté du présent que le prince vient de lui faire que de la bonne opinion qu’il a de lui.
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- Hé ! bien, monsieur, je prends vos deux pièces de vin, à cent francs…
- Non, non, cent dix.
- Monsieur, cent dix francs, soit, mais cent dix pour les capacités de la Doctrine, et cent francs pour moi. Je vous fais opérer une vente, vous me devez une commission.
- Portez-leur cent vingt. (Sans vin.)
- Joli calembour. Il est non-seulement très fort, mais encore très spirituel.
- Non, spiritueux, monsieur.
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La Touraine est la véritable abbaye de Thélême, si vantée dans le livre de Gargantua, il s’y trouve, comme dans l’œuvre du poète, de complaisantes religieuses, et la bonne chère tant célébrée par Rabelais y trône. Quant à la
fainéantise, elle est sublime et admirablement exprimée par ce dicton populaire : – Tourangeau, veux-tu de la soupe ? – Oui. – Apporte ton écuelle ? – Je n’ai plus faim.
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On s'y tue, on s'y combat, non point à l'arme blanche, ni à l'arme à feu, mais par l'intrigue et la calomnie, par d'horribles travaux, par des campagnes dans le domaine de l'intelligence, aussi meurtrière que celles d'Italie l'ont été pour les soldats républicains. Aujourd'hui que tout est combat d'intelligence, il faut savoir rester des quarante-huit heures de suite assis dans son fauteuil et devant une table, comme un général restait deux jours en selle sur son cheval.
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Notre siècle reliera le règne de la force isolée, abondante en créations originales, au règne de la force uniforme, mais niveleuse, égalisant les produits, les jetant par masses, et obéissant à une pensée unitaire, dernière expression des sociétés. Après les saturnales de l’esprit généralisé, après les derniers efforts de civilisations qui accumulent les trésors de la terre sur un point, les ténèbres de la barbarie ne viennent-ils pas toujours ?
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Videos de Honoré de Balzac (153) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Honoré de Balzac
Balzac, colosse des lettres, buvait café sur café, travaillait des journées entières et dormait trop peu. Il finit par s'épuiser de tant d'énergie dépensée et meurt en 1850, à seulement 51 ans.
Pour en découvrir davantage : https://LLS.fr/CL10Video
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