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3.68/5   17 notes
Résumé :
John Melmoth est le héros mythique du roman de Charles Robert Maturin : Melmoth ou l’homme errant, auquel Satan a donné d’immenses pouvoirs en échange de son âme. Il arrive au moment où le caissier de Nucingen, Castanier, presque ruiné par sa maîtresse, Aquilina, s’apprête à détourner une grosse somme à des fins personnelles.
Melmoth propose à Castanier de lui acheter son âme et il lui donne un second rendez-vous où il lui livrera un secret qui lui pèse : la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Castanier, est un ancien militaire du Premier Empire à la retraite, désormais caissier/comptable chez Nucingen, un gros banquier de Paris.
Son métier est terne, horriblement insipide, travaillant en sous-sol, dans une cave sur-chauffée... Il mène sa vie ordinairement, banalement. Il s'est marié à la va-vite lorsqu'il était militaire en fonction, sur un coup de tête après une fête, et épousa une femme qu'il croyait bien disposée financièrement mais il n'en était rien. Il délaissa totalement sa femme qu'il isola dans une petite maison à Strasbourg.
Castanier a cinquante ans, est chauve en plus d'être gros, suffoque quand il monte les escaliers, n'a pas d'enfants et un métier sans intérêt.
Afin de redonner un peu de saveur à sa vie, il s'attacha à une prostitué au point de partager son foyer avec elle.
La prostitué goutait à la vie bourgeoise et mondaine en arrêtant la prostitution et en vivant sur le dos de Castanier qui gagnait honnêtement sa vie mais sans plus. Sans pour autant avoir l'esprit vénal, elle jouissait innocemment des petits plaisirs matériels de la vie sans se soucier de l'origine de l'argent qui lui semblait tomber naturellement du ciel, de la poche de Castanier. Castanier s'endetta pour maintenir son train de vie, puis à bout de souffle, trop fier pour abandonner ses artifices et tout assumer, continua ses petites manoeuvres et imita la signature de son banquier, Monsieur Nucingen sur lettre de change pour un gros montant. Au moment même ou il signait la fausse lettre de change, le diable apparut soudain en lui disant qu'il savait ce qu'il était en train de faire.
Castanier crut à un mauvais rêve, continuait sa vie et un soir où il se décide d'aller au théâtre, il découvre que sa maitresse-ex-prostitué le trompe, et en plus l'assume sans gêne, soumettant Castanier en lui rappelant qu'il n'était rien, au vu de son physique, de son âge. Les deux vont tout de même au théâtre, puis le diable réapparut, s'assit à côté de Castanier, puis, par une sombre magie noire, modifia la scène de théâtre par son seul pouvoir.
Cette nouvelle pièce de théâtre métamorphosée montrait l'avenir tragique et pittoresque qu'allait subir Castanier : notamment qu'il allait surprendre l'amant de sa femme dans le placard de sa chambre et qu'il finirait très vite en prison pour sa fausse lettre de change.
Ce tragicomique assez burlesque faisait rire tout le monde, sauf Castanier qui était terrorisé à la fois de son propre avenir et du pouvoir surnaturel du Diable. Face au mur, désespéré, Castanier résolut de vendre son âme au diable. Grand bien lui fasse sur le coup, en peu de temps, il sait tout, voit tout, possède tout ou peut tout posséder, il peut même voler, se téléporter presque d'un endroit à un autre. Il prend alors sa revanche sur sa maitresse, ex-prostitué qui le trompait, sur l'amant, et même sa domestique qu'il prit un malin plaisir de congédier avec mépris. C'était alors un sur-homme, mais sans coeur, il avait tout dans la sphère matériel, dans l'extérieur mais plus rien à l'intérieur. Comme le dit Balzac, il avait à ce moment précis "l'horrible mélancolie de la suprême puissance". Il cherche, sans savoir ce qu'il veut rechercher, il cherche l'inconnu alors qu'il sait tout. Il revient voir son Maître, le diable qui lui avait proposé le pacte. Grande surprise, le Diable n'est plus, il s'est repenti, il a converti son âme pécheresse sous les yeux ébahis des prêtres, avant de mourir en paix. Ce diable était un irlandais, simple mortel à l'origine, qui comme Castanier a subi la même malédiction que lui. Mais alors comment cet irlandais a pu s'extirper de cette malédiction ? Très simplement, en transmettant sa malédiction à un autre. Par intuition, Castanier avait compris cela, il ne lui restait plus qu'à agiter l'hameçon et à trouver le poisson. Quoi de mieux que d'aller à la Bourse de Paris, de tomber sur un boursicoteur désespéré, en quasi-faillite, la rage de vaincre et la peur de tout perdre, qui succomba assez facilement au pacte proposé par Castanier. Une fois la malédiction transmise, Castanier put reposer en paix, et mourut quasi immédiatement, en ayant tout juste le temps d'appeler des prêtres avant sa mort pour mieux le bénir avant de rejoindre les cieux. Balzac exprime sincèrement à travers cette nouvelle, sa volonté de réinstaurer la foi dans une société qui n'a que comme principe l'argent.
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Chacun a sa part d'ombre, mais quand on est caissier chez le banquier Nucingen et qu'on est criblé de dettes, on a fatalement tendance à en avoir un peu plus...
Balzac avait déjà eu l'idée d'écrire une suite de Melmoth l'homme errant (Melmoth The Wanderer), roman noir de Charles Robert Maturin (publié en 1820 et en traduction française l'année suivante), lorsqu'il était occupé à écrire La peau de chagrin fin 1830.
Manque de temps, ce projet était avorté à plusieurs reprises, pour finalement se concrétiser à la fin de 1834 quand Balzac était en pleine rédaction du Père Goriot.
Fervent admirateur du roman de Maturin, dont Balzac avait même acquis les droits de réimpression en 1828, il aspirait à intégrer le personnage de Melmoth dans sa propre oeuvre.
Homme au regard insoutenable et au rire terrible, condamné à errer sur terre après avoir conclu un pacte avec le diable, Melmoth pouvait toutefois briser ce pacte s'il trouvait un autre preneur. C'est ici que Balzac met Melmoth en scène en plein Paris de Louis-Philippe, où règnent l'argent et la cupidité.
Endroit idéal pour trouver une victime qui voudrait bien voir son âme damnée contre monnaie courante. L'ancien dragon dans les armées napoléoniennes Castanier, par exemple. Caissier chez Nucingen, prêt à falsifier une lettre de change contre 500.000 francs car il est endetté jusqu'au cou à cause de sa maîtresse Aquilina ; il se voit alors contraint par Melmoth de reprendre le pacte maléfique.
Il s'agit d'un véritable roman charnière dans l'oeuvre De Balzac, qui relie la Comédie des ténèbres (les romans noirs du jeune Balzac) avec la Comédie humaine en gestation, où, à l'instar de la peau de chagrin, le fantastique surgit dans le réel.
Publié pour la première fois dans un recueil intitulé le livre des conteurs en 1835, Melmoth réconcilié est la première oeuvre où Balzac introduit le retour de ses personnages, avec Aquilina, prostituée que nous retrouvons déjà dans La peau de chagrin, ici maîtresse de Rodolphe Castanier, caissier dans la Maison Nucingen dont nous retrouvons le banquier et sa femme Delphine dans le père Goriot, roman auquel Balzac travaillait encore quand il rédigeait Melmoth réconcilié.
L'argent y joue un rôle prépondérant, comme dans la plupart des romans De Balzac. Il tient à la fois de l'étude de moeurs, du récit fantastique et d'ouvrage mystique édifiant qui aborde le thème de la rédemption.
J'ai beaucoup aimé les tons en clair-obscur du récit, l'intrusion de Melmoth dans la vie parisienne à l'époque de Louis-Philippe, les scènes terrifiantes au théâtre du Gymnase et la fin de Melmoth dans la rue Férou près de Saint-Sulpice.
À lire de préférence le soir vers minuit.
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Un petit Balzac pendant les vacances pour ne pas perdre la main !
Après le colonel Chabert et la cousine Bette, changement radical d'orientation : le premier conte narre les aventures d'un caissier qui, ne pouvant plus soutenir la vie que lui impose sa maîtresse, fait un pacte avec le diable pour s'en sortir.
Texte philosophique et spectateur de la vie d'un homme semblable à tant d'autres, Melmoth réconcilié revient sur la conception des plaisirs et sur notre recherche de l'inaccessible ; le thème de l'avidité et du nombre de personnes prêtes à vendre leur âme pour obtenir ses plaisirs interdits sont également évoqués ; mais le point clef du roman est sans doute la mise en bourse de ce pouvoir de demi-dieu...Comme quoi, que ce soit hier ou aujourd'hui, tout s'achète !

La deuxième partie du livre, à savoir la Maison Nucingen, dévie du tournant fantastique pris par Melmoth, mais reste relié par le thème de la banque omniprésent.
La Maison Nucingen débute par un dîner entre deux amis qui écoutent derrière la faible cloison les discussions de quatre autres personnes dinant elles-aussi, et dont le discours porte sur un proche du baron Nucingen ayant acquit récemment une immense fortune.
Discours rapporté à l'intérieur d'un autre discours rapporté, le genre de narration est amusant puisque l'on pénètre peu à peu les différents "étages" sans s'en rendre compte, en plongeant toujours plus avant dans la vie du personnage choisi en oubliant le narrateur.

Ode aux banquiers qui, par quelques manoeuvres efficaces ont réussi à obtenir une faramineuse fortune, et qui réussissent à tromper bourgeois et nobles par de simples rumeurs non commentées, La Maison Nucingen étonne par son côté actuel et intemporel : un tel récit pourrait aisément être substitué à certaines histoires du XXIème siècle...
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Melmoth pourrait trouver sa place dans mon classement mental auprès de l'Elixir de Vie, de l'Auberge Rouge, El Verdugo et la Vendetta, dans un registre fantastique, presque romantique, avec des apparitions surnaturelles alors qu'avant de me lancer dans cette aventure, j'avais plutôt l'idée préconçue d'un auteur décrivant avec réalisme les rouages de la société du début du 19ème siècle


Ces apparitions sont d'autant plus surprenantes que le récit se place d'abord sur un terrain très prosaïque.  le héros Castanier est caissier dans la banque Nucingen ; décoré de la Légion d'Honneur, ancien chef d'escadron sous l'Empereur ; on imagine le caissier à longueur de journée enfermé dans sa loge grillagée.Si le caissier a de l'imagination, si le caissier a des passions, ou si le caissier le plus parfait aime sa femme, et que cette femme s'ennuie, ait de l'ambition ou simplement de la vanité, le caissier se dissout.


Fouillez l'histoire de la caisse? Vous ne citerez pas un seul exemple du caissier parvenant à ce qu'on nomme une position....

Mais qui manipule tant d'argent peut avoir des tentations...notre civilisation qui, depuis 1815, a remplacé le principe Honneur par le principe Argent

L'action commence justement au moment où Castanier s'apprête à céder l la tentation de commettre un faux, puiser dans la caisse et  s'enfuir. Surgit alors John Melmoth, un Anglais mystérieux. Ce curieux personnage semble suivre ou précéder Castanier, deviner ses pensées, l'accompagner. Melmoth représente-t-il le Diable ou la Conscience de Castanier? Va-t-il faciliter sa fuite à l'étranger ou au contraire le forcer à réparer la faute?
Pendant un bon moment la lectrice hésite entre ces deux idées (je ne vous donne pas la solution, ce serait gâcher le plaisir de lire
Pendant plusieurs pages, l'auteur laisse le lecteur dans l'expectative et en profite pour présenter d'autres aspects de la vie parisienne, les femmes entretenues, le théâtre...certains détails nous font basculer dans le fantastique, désorientent un peu le lecteur, mais pas trop.Tout s'emballe vers la fin, Castanier se métamorphose. L'étrange colonise le roman
"....commeLes sciences furent pour Castanier ce qu'est un logogriphe pour celui qui en sait le mot"
Qu'est ce que ce "logogriphe"?

Brusquement on quitte l'univers de la Comédie Humaine pour Faust. Mais Faust chez les banquiers, à la Bourse.

Je vous laisse découvrir la fin délirante ironique et drôle

.Evidemment un indice est donné par le choix du titre Melmoth est  sans doute inspiré de Melmoth ou l'Homme Errant de Charles Robert Maturin, roman gothique anglais paru en 1820. Quand j'ai lu la nouvelle De Balzac, je l'ignorais; peut être une certaine naïveté (ignorance) augment l'effet de surprise?
Lien : http://netsdevoyages.car.blog.
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Il faut de bonnes raisons pour vendre son âme au diable, mais elles sont toutes liées à l'argent. C'est l'argent qui est le tentateur, plus que le démon lui-même : le personnage principal est le caissier d'un grand banquier, il détourne de l'argent et se rend à la bourse trouver des spéculateurs. Mais la quête de l'argent a un but : séduire les femmes - autres démons dans ce texte. Il faut de l'argent pour les entretenir, comme Castanier avec sa maîtresse, pour les séduire comme le jeune clerc à la fin, pour les distraire, et pour réussir à coucher avec elle comme Castanier avec la servante...
Vendre son âme au diable pour l'argent donc, qui permet d'acheter les femmes. Mais devenir un démon dégoûte de l'âme humaine en révélant toute la bassesse et les vices.
Un court texte fantastique De Balzac qui, sur un thème rabattu, réussit à être original et surprenant.
Je passe cependant sur le fait que le personnage principal, Castanier, porte presque le nom d'un ministre, ce qui m'a un peu déconcentré au début...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Sa grande débauche fut donc, en quelque sorte, un déplorable adieu à sa condition d’homme. Il se sentit à l’étroit sur la terre, car son infernale puissance le faisait assister au spectacle de la création dont il entrevoyait les causes et la fin. En se voyant exclu de ce que les hommes ont nommé le ciel dans tous leurs langages, il ne pouvait plus penser qu’au ciel. Il comprit alors le desséchement intérieur exprimé sur la face de son prédécesseur, il mesura l’étendue de ce regard allumé par un espoir toujours trahi, il éprouva la soif qui brûlait cette lèvre rouge, et les angoisses d’un combat perpétuel entre deux natures agrandies.Il pouvait être encore un ange, il se trouvait un démon.
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Si le caissier a de l’imagination, si le caissier a des passions, ou si le caissier le plus parfait aime sa femme, et que cette femme s’ennuie, ait de l’ambition ou simplement de la vanité, le caissier se dissout. Fouillez l’histoire de la caisse ? vous ne citerez pas un seul exemple du caissier parvenant à ce qu’on nomme une position.
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L'amoureux allait et venait devant les fenêtres de madame Euphrasie, comme vont et viennent les ours blancs dans leur cage, au Jardin-des-Plantes. Il avait sa main droite passée sous son gilet, sur le sein gauche, et voulait se déchirer le cœur, mais il n'en était encore qu'à tordre les élastiques de ses bretelles.
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Ce que je trouve beau dans Bixiou, c'est qu'il est complet : quand il ne raille pas les autres, il se moque de lui-même.
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Il n'y a rien de moins respecté que la mort, peut-être est-ce ce au'il y a de moins respectable ? ...
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Vidéo de Honoré de Balzac
Balzac, colosse des lettres, buvait café sur café, travaillait des journées entières et dormait trop peu. Il finit par s'épuiser de tant d'énergie dépensée et meurt en 1850, à seulement 51 ans.
Pour en découvrir davantage : https://LLS.fr/CL10Video
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