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Critique de Lencreuse


A Kirchblüt, Anja et Seri sont inséparables, attirées l'un par l'autre comme des aimants cherchant toujours en l'autre une forme de complétion. Car chacune d'elle possède sa part manquante. Seri a perdu son père brutalement. Anja passe des mois à attendre que le sien revienne, jamais longtemps, mettre des sauts périlleux dans sa vie. Il en profite aussi bon an mal an pour consolider la maisonnette de guingois où Anja vit avec sa mère, Evi. Evi qui ne fait rien comme les autres, Evi dont l'accent annonce qu'elle n'est pas d'ici. Evi chez qui on gèle l'hiver. Evi qui ouvre jardin et maison aux amis d'Anja, leur offrant un espace de liberté joyeuse. Avec l'arrivée de Karl à Kirchblüt, le duo Anja-Seri devient « triangle ». le jeune garçon est le frère de l'enfant qui a disparu, laissant leurs parents dans une attente infinie. Ben, le frère absent, occupe toute la place dans la famille alors, entre Anja et Seri, Karl va se faire la sienne.

Seri, narratrice du roman, se rappelle « les jours clairs », ceux où l'insouciance dominait. Les jours lumineux de l'enfance, ceux de l'adolescence et de la vie de jeune adulte aussi : trente ans à grandir côte à côte, ou jamais bien loin les uns des autres. Auprès des trois enfants, comme les ricochets de leur indéfectible amitié se croisent les vies empreintes de larmes de leurs parents : Evi, la mère d'Anja, toujours en attente portant le quotidien à bout de bras, Maria, la mère trop vite veuve de Seri, Ellen, l'inconsolable mère de Karl mais aussi le père du garçon qui semble avoir perdu et les mots et le goût de la lumière. Toute cette communauté un peu bancale va s'entraider – bien plus qu'elle n'en a conscience – telles des béquilles pas toujours bien ajustées mais solides et sûres. Et entre ses membres se tisse un fil qui se resserre et retient des chutes.

Un roman qui dit la force des liens que l'on forge dès lors que l'on accepte de baisser les armes et de laisser affleurer les faiblesses. Un livre dans lequel on plonge comme dans un retour à l'enfance, attiré.e par la luminosité des jours heureux. Car toujours la lumière semble poindre, quelque part, au bout des trop rigoureux hivers de Kirchblüt. Histoire d'enfance, histoire de deuil(s), histoire de renoncement, Les jours clairs est le récit de la recomposition des mondes une fois les blessures acceptées.
Lien : https://31rstfloor.wordpress..
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