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Critique de mjaubrycoin


J'ai découvert Cédric Bannel avec l'excellent roman "BAAD" et je me faisais un réel plaisir de découvrir ce second ouvrage qui mettait en scène les deux enquêteurs dont le lecteur avait précédemment fait la connaissance l'afghan Kandar et la Française Laguna.
Ma déception a probablement été à la hauteur de mes attentes et je me suis demandée si la même plume avait été à l'oeuvre dans la rédaction tant le style m'a paru différent. Un texte lapidaire écrit au présent de l'indicatif sans aucun effort de style. Des phrases courtes, une efficacité "scénaristique ", les différentes parties qui se succèdent rapidement comme si une caméra passait d'une scène à l'autre dans l'adaptation pour le grand écran qui parait être le but poursuivi par l'auteur.
Les scènes de violence parsèment le récit et évoquent les belles heures de Gérard de Villiers quand la série SAS remplissait les contraintes éditoriales imposées (violence, sexe et accessoirement intrigue).
Comment ne pas penser également à la célèbre série télé 24 Heures Chrono qui a fait l'objet de tant de polémiques sur la pratique de la torture abondamment mise en avant.
Dans le monde décrit par Bannel, il y a bien sûr des "bons" et des "méchants", mais l'extrême violence des uns conduit à l'escalade pour les autres et c'est la haine qui reste le grand vainqueur de ce match, entraînant tous les protagonistes dans une spirale démoniaque.
En ce qui concerne le thème du roman, là, je dois dire que je me suis trouvée vraiment mal à l'aise avec ce choix et que mon émoi a été grandissant au fut et à mesure que je progressais dans ma lecture.
Bien sûr, les terroristes de tout poil n'attendent pas que les auteurs de romans policier leur fournissent des idées car ils en ont bien suffisamment comme cela! La description précise des différentes étapes de l'acte est glaçante parce qu'elle est plausible et même parfois criante de vérité. Choisir comme thème un attentat terroriste de grande ampleur dirigé contre Paris avec des moyens de mise en oeuvre qui permettraient de réaliser une véritable hécatombe(impossible d'en dire plus sous peine de spoiler), cela pose le problème de la responsabilité de l'auteur quand il prend le parti de verbaliser les pires craintes de nos contemporains. Faut-il envisager le pire pour conjurer la terreur ? Et nourrir les craintes légitimes qui ont déjà de bonnes raisons d'exister mais pourraient rapidement croître de façon exponentielle entraînant dans leur sillage un cortège de réactions susceptible de conduire aux pires extrêmismes ?
La menace terroriste existe bien et nous venons, une fois de plus, d'en avoir un exemple frappant avec l'attentat qui vient de viser Stockholm, cette paisible capitale nordique d'un pays non engagé dans une guerre lointaine, respectueux de la démocratie et des valeurs occidentales.
L'escalade de l'horreur parait ne jamais devoir s'arrêter avec l'utilisation de gaz mortels sur les populations civiles, et l'exemple de la Syrie est éloquent.
La littérature peut s'emparer de tous les thèmes et aucune censure ne saurait exister, chacun étant renvoyé à sa propre responsabilité, qu'il soit auteur ou lecteur. Utiliser le terrorisme comme matériau littéraire peut se révéler d'une utilité sociale évidente s'il conduit à mettre à distance les sentiments et émotions profondes pour laisser place entière à la raison . Je ne suis cependant pas certaine que Cedric Bannel parviendra à ce résultat avec ce nouveau livre.
On ne doit pas s'attendre, en lisant ce roman policier, à entrer dans le monde de bisounours, vous l'avez bien compris, et ceux qui en prennent le risque devront sous peine de passer quelques moments de pure angoisse, conserver une solide confiance dans nos institutions et dans leur capacité à résister au pire.
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