Un petit texte sympathique où chacun pourra lire
le chat qu'il aime ou qu'il a aimé, avec des descriptions affectueuses et amusées d'un petit museau, de ronronnements affectueux ou de regards dédaigneux. L'écriture devient même par moment poétique, en convoquant
Baudelaire notamment, pour un hommage à cet animal-dieu aux yeux brillants dans le noir.
Personnellement - peut-être parce que, comme le dit Banville lui-même, j'aime plus les chiens, j'ai retenu d'autres passages. D'abord, parce que je m'intéresse à l'Epoque moderne, j'ai été très intéressée par le passage évoquant les théories du naturaliste Buffon que je ne connaissais pas sur les différences entre le chien et
le chat. Écrivant pendant la monarchie absolue, scientifique pensionné par le roi, il oppose le chien et
le chat. le chien est présenté dans son oeuvre - selon Banville - comme le symbole de l'obéissance, du respect de l'ordre, de la hiérarchie, fidèle à son maître ; c'est donc un sujet et un courtisan. Au contraire,
le chat serait une créature indépendante, qui ne reconnaît pas son maître, qui suit un instinct et non la raison... Une interprétation politique surprenante que j'aurais aimé lire de façon plus approfondie ; peut-être de quoi me donner envie de découvrir Buffon.
Autre aspect de la lecture que j'ai retenu, les passages comparant les chats aux femmes. Certes, cela part d'une volonté poétique, mais on retrouve toute l'essentialisation des femmes du XIX ème, poétique certes, sensuel aussi, mais marqué par une vision des femmes comme des corps et non comme des êtres doués d'un esprit et d'une personnalité... Je ne passe pas mon temps à soigner ma toilette et à ronronner allongée.