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EAN : 9782207110959
555 pages
Denoël (16/11/2012)
3.82/5   11 notes
Résumé :
Le personnage principal de ce roman est une vaste décharge creusée à la lisière de Bucarest. Au cours des années 1920, la zone se peuple de chiffonniers, de Gitans, de colporteurs, de cheminots, d'ivrognes et de brigands... Elle vit au rythme des charrettes d'immondices en provenance de la capitale toute proche. Au fil du temps, de noces en funérailles, de beuveries en bals populaires, cet immense terrain vague devient le miroir d'une société en métamorphose. D'un n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pour le « buzz » que Laure Hinckel, pourtant chef de file des traducteurs littéraires du roumain, appelle de ses voeux, je crois que c'est raté. En effet malgré le « concours de l'Institut culturel roumain » et même du « Centre national du livre » qu'elle remercie expressément pour « l'octroi des crédits de traduction qui ont consacré l'ampleur de ce travail », les 550 pages semblent ne pas trouver leur public. Dès le titre, dont la traduction littérale est bien « La Fosse », l'odeur sulfureuse semble l'emporter sur celle des lauriers. Je voudrais citer l'avertissement au lecteur signé « l'éditeur et la traductrice » : « Eugen Barbu (1924–1993) fut un écrivain et un homme public très controversé en Roumanie. Il a mis son prestige d'auteur littéraire réputé au service du régime totalitaire de Nicolae Ceauşescu. Au cours des années 1980, au paroxysme de la dictature, il fut l'un des membres de la Grande Assemblée nationale et considéré comme le relais de la Securitate, la police politique, auprès des écrivains. Il fut exclu de l'Union des écrivains juste après la chute du communisme. À partir de 1990, Eugen Barbu s'est compromis davantage encore en devenant le cofondateur d'une publication, “România Mare”, d'abord vouée à la haine des minorités avant de se recentrer sur un populisme agressif. Eugen Barbu a la verve et la couleur d'un Céline. Il a vécu, comme l'écrivain français, des temps d'erreur profonde. Publié en 1957, “Le Grand Dépotoir” est un roman exempt par miracle des clichés du réalisme socialiste. Si sévère que soit le jugement porté aujourd'hui sur l'auteur, ce livre demeure l'une des grandes oeuvres de la littérature roumaine du XXe siècle. » Bien qu'effectivement d'aucuns considèrent en Roumanie qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre, cet avertissement passe sous silence la paternité controversée de ce livre ainsi que le fait qu'il s'agit bien d'une retraduction. En 1966, soit moins d'une dizaine d'années après sa sortie « Groapa » fut traduit du roumain par Léon Negruzzi (à la célèbre ascendance) et Mauriciu Floresco aux éditions Buchet-Chastel à Paris. La traductrice n'aurait-elle pas dû leur adresser également des remerciements et se dire honorée de les remettre « au goût du jour » ? Rééditer voire retraduire même pour « actualiser » pourquoi pas. Mais est-ce vraiment nécessaire pour cela d'investir des fonds publics dans de la « controverse » ? Sceptique cette fosse peut le devenir ! Heureusement que les dépotoirs grands ou petits, traduits ou retraduits du roumain semblent laisser indifférent.
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Commençons brièvement par la traduction : elle a l'air complète (tous les chapitres de l'original y sont, j'ai vérifié le début et la fin autant que mes moyens me le permettent), ce qui est loin d'être une évidence en matière de traduction du roumain. Pour le reste, je n'ai pas pu comparer avec la traduction de Leon Negruzzi des années 60. Dans l'ensemble, c'est plutôt agréable à la lecture : diacritiques roumains et autres respectés, « coquilles » très rares. Comparativement, ma compagne pense néanmoins que ce n'est pas la meilleure de Laure Hinckel. Pour ceux qui sur babelio, se plaignent, parfois, à juste titre, des termes roumains utilisés et non définis en notes ou en glossaire, je signale ici « codoş » qui signifie en argot « proxénète ».
Mais je m'étends trop : à l'essentiel… Barbu est comparé, pas seulement par le premier commentaire, à Céline. Dans l'ensemble, bonne impression, 3 étoiles, ce serait 3,5 si cela existait. Néanmoins, je relève d'emblée un certain nombre de divergences. L'avertissement de l'éditeur et de la traductrice est bref : Barbu était certes une personnalité controversée. Mais surtout, il a été reconnu coupable de plagiat. Céline est lui aussi controversé, mais sur la parenté de ses oeuvres… En Roumanie, des voix non négligeables (Ştefan Agopian par exemple) doutent de celle du « Grand dépotoir ». La comparaison est à part cela surtout, je pense, le fait de l'usage de l'argot. Si Barbu en use, mes souvenirs de Céline, notamment « Casse-pipe » me poussent à nuancer. Chez ce dernier, l'argot est structurant : en clair pour l'essentiel, au moins à la première lecture, on n'y comprend rien. On parle parfois à propos de Céline de chefs-d'oeuvre pour l'invention de son propre langage et l'idéologie misanthrope. On en reste éloigné chez Barbu.
Ceci étant, beaucoup d'éléments pertinents, en vrac : la description des marges, malgré tout peu fréquente dans la littérature roumaine à cette époque (si ce n'est dans les romans d'un George Mihail Zamfirescu, non traduits à ce jour) ; la présence de la nature ; l'illégalité ; la déconstruction partielle d'un certain nombre de mythes (le mariage, la musique, voire la sexualité) ; la précision presque naturaliste, la dénonciation de l'injustice et de la corruption, l'humour.
Reste cette propension, y compris dans la traduction (« Groapa » en roumain c'est le trou, la fosse et cela devient « Le Grand dépotoir ») à une forme de sensationnalisme, de surenchère permanente dans la misère et l'incurie, celle qui, au fond, ferait presque croire, non pas que les riches sont intelligents, mais que les pauvres sont des crétins. Heureusement ou malheureusement, c'est tout aussi faux. Pour moi, donc, pas un salaud. Pas un chef-d'oeuvre non plus.
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L'auteur Eugen Barbu est présenté dans l'avertissement au lecteur comme "un écrivain et un homme public très controversé en Roumanie... Membre de la Grande Assemblée et relais de la Securitate de la police politique auprès des écrivains …. Il fut exclus de l'Union des écrivains après la chute du communisme"

Cet avertissement poursuit : "ce livre demeure l'une des plus grandes oeuvres de la littérature roumaine du XXème siècle"

Attiré par cette personnalité controversée j'ai souhaité me faire mon idée et découvrir un auteur qui m'était inconnu, un pays et une époque inconnus

Ce livre et cet auteur que la 4ème de couverture compare aux oeuvres de Zola et De Maupassant est un livre dont aucun des personnages n'est attachant.. Il décrit dans les années 1920, une ville et ses habitants qui construisent leur vie sur une décharge : un monde de boue, triste de pauvres gens travailleurs, oubliant leur misère dans l'alcool faisant ainsi la richesse de profiteurs avares, un monde de voleurs, de putains, de filles enceintes à 13 ans dont "le ventre touche le menton", un monde de pauvres ouvriers n'arrivant pas à finir leurs mois, buvant leur paye, battant leurs femmes, un monde de chevaux tractant des vieilles carrioles… L'image d'Épinal de la Roumanie . Un monde glauque.

On suit ainsi différents personnages dont les histoires, dont les vies ne se croisent qu'à l'auberge où ils boivent vins et alcools de mauvaise qualité.

On découvre un monde et un pays qui correspond aux clichés et aux images que l'on a encore de nos jours : le monde des Roms, un monde d'hommes habitués à la pauvreté et à ce qu'elle peut engendrer comme conséquences, prostitution, vols, crimes. Un pays qui a souffert, qui souffre encore.

L'auteur, chantre du communisme n'arrive pas à nous faire aimer ses personnages. Les aimait il lui-même, aimait il réellement ses contemporains?

Même si ce livre est assez glauque, il mérite d'être lu :C'est presque un reportage qui permet la découverte d'une époque d'un pays, qui n'a pu évoluer vraiment qu'après la chute de Ceausescu.

Il reste encore du chemin à faire

Ne vous attendez pas à lire un roman . On peut regretter l'absence d'une histoire, d'une progression. des longueurs, l'impression "d'avoir déjà lu ça quelques pages auparavant"
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Il est des oeuvres littéraires qui sont aussi excellentes, que leurs auteurs, durant leur vie, auront été des salopards. Car, mon ami lecteur, je te le dis, l'écriture, comme l'Art en général, jamais n'aura sanctifié personne, et nombreux sont ceux qui, ayant donné à l'humanité de grandes oeuvres, n'en avaient pas moins l'âme très obscure… Et si, lisant mes lignes devant ton écran, tu te prenais à penser à Céline, car rien ne vaut de balayer d'abord devant sa porte, sache qu'Eugen Barbu, figure éminente et hautement controversée de la littérature roumaine, n'était pas mal non plus.

Soutien inconditionnel de la dictature de Nicolae Ceausescu, il fut, non seulement membre de son gouvernement totalitaire, mais aussi relais de la Securitate, la police politique, auprès des écrivains. Il se consacra ensuite, par le biais d'une revue, à la haine des minorités par le biais d'un populisme agressif.

Et pourtant, son roman « le grand dépotoir »... La suite sur www.livredelire.com
Lien : http://livredelire.com/2013/..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
On peut tout cacher en ce monde, mais ce qu'on a dans le cœur, non. Parce que les amours sont comme les herbes folles, elles poussent dans les anfractuosités du cœur et finissent par percer au jour.
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