AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782221013151
421 pages
Robert Laffont (01/01/1984)
5/5   1 notes
Résumé :
Cette vaste anthologie, la première du genre, rassemble plus de trois cents textes du monde entier; elle offre une vision globale de l'ivresse sous toutes ses formes: du chant chamanique originel à ce reversement de l'autre côté des choses que désigne Artaud, du soma des Vedas au moksha d'Aldous Huxley, de la dive bouteille à la grande beuverie, de la connaissance par les gouffres à l'algèbre du besoin. C'est le "livre" auquel nous convie Jacob Boehme : enfer ou par... >Voir plus
Que lire après Poèmes et proses des ivressesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Découvrons l'ivresse dans toute l'ampleur de sa définition : considérée non plus comme seul état physiologique et mental découlant de la consommation éthylique mais comme un vaste panel de comportements cherchant à transcender la condition humaine – qu'ils soient délétères ou non, aliénants ou non. L'ivresse comme amour de la vie, motivée par l'envie de lier une communion plus intense avec les siens ou d'atteindre les idées divines et spirituelles d'un monde absolu ; l'ivresse comme dégoût de la vie, échappatoire ou longue agonie pour s'enfuir de l'existence plus ou moins confortablement.


Dans leur anthologie des Poèmes et Proses des Ivresses, Vincent Bardet et Zeno Bianu proposent au lecteur une sélection dense et diversifiée de textes. Toutes les époques sont balayées, de Pline l'Ancien (1e siècle) à Lou Reed en passant par Clément Marot (16e siècle) ou Milarepa (11e siècle). Il en va de même pour les cultures, qu'il s'agisse de découvrir l'Asie (Li Pai, auteur de la dynastie Tang), l'Afrique (Ndong Asseko, auteur du Gabon), ou les auteurs généralement mieux connus d'Europe et d'Amérique, ainsi que les contes intemporels qui constituent le fondement des différentes cultures historiques (Les Milles et une Nuits, le Cantique des Cantiques, l'Epopée de Gilgamesh…). Les formes textuelles ont également été représentées dans leurs variétés : en proportions relativement égales, on trouvera autant de textes poétiques que de textes en proses –parfois même des formes plus libres qui se rapprochent de l'expression plastique avec des dessins ou des calligraphies. le travail de regroupement réalisé par Vincent Bardet et Zeno Bianu est remarquable et permettra au lecteur de découvrir et de s'intéresser à un grand nombre d'auteurs. de quoi alourdir encore –s'il le fallait- le poids de ses étagères.


« Je ne me soucie plus d'aucune chose ; je n'ai plus de métier, je n'ai plus d'amis ; -je fume. L'opium, chaque jour, m'enfonce plus profond dans moi-même. Et j'y découvre de quoi m'intéresser assez pour oublier le dehors. »


Ainsi s'exprimait Claude Farrère dans « Fumée d'opium ». Pour peu que l'on soit aussi absorbé dans notre lecture de cette Anthologie que Farrère dans son opium, on prendra conscience d'être soi-même sous l'emprise d'une merveilleuse forme d'ivresse…
Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
« Frères, vous pullulez, vous vous entroupez, vous vous encroûtez. Bientôt les caves seront à sec et que deviendrons-nous ? Les uns crèveront lamentablement, les autres se mettront à boire d’infâmes potions chimiques. On verra des hommes s’entretuer pour une goutte de teinture d’iode. On verra des femmes se prostituer pour une bouteille d’eau de Javel. On verra des mères distiller leurs enfants pour en extraire des liqueurs innommables. Cela durera sept années. Pendant les sept années suivantes, on boira du sang. D’abord le sang des cadavres pendant un an. Puis le sang des malades, pendant deux ans. Puis chacun boira son propre sang, pendant quatre ans. Pendant les sept années suivantes, on ne boira que des larmes et les enfants inventeront des machines à faire pleurer leurs parents pour se désaltérer. Alors il n’y aura plus rien à boire et chacun criera à son dieu : « rends-moi mes vignes ! » et chaque dieu répondra : « rends-moi mon soleil ! », mais il n’y aura plus de soleils, ni de vignes, et plus moyen de s’entendre.

-René Daumal, La grande beuverie-
Commenter  J’apprécie          70
L’herbe du diable n’est qu’un chemin parmi des millions d’autres. N’importe quoi peut servir de chemin. C’est pourquoi il ne faut jamais oublier qu’un chemin est seulement un chemin ; si tu sens que tu ne dois pas le suivre, alors sous aucun prétexte ne continue d’y avancer. Pour obtenir une telle lucidité d’esprit il faut discipliner sa vie. Alors, seulement, tu pourras comprendre que tout chemin n’est chemin auquel tu peux renoncer si ton cœur le désire sans faire affront à personne, ni à toi ni aux autres. Mais ta décision de poursuivre sur un chemin ou de l’abandonner doit être libre de peur ou d’ambition. Je te préviens, considère chaque chemin en toute liberté et avec une grande attention. […] Puis pose-toi, et à toi seul, une question : une question que seul un vieil homme peut se poser. […] « ce chemin a-t-il un cœur ? » Tous les chemins sont les mêmes, ils ne conduisent nulle part. il y a des chemins qui traversent la forêt, d’autres qui vont dans la forêt. […] Ce chemin a-t-il un cœur ? Si oui, le chemin est bon, sinon il est inutile. Ces deux chemins ne conduisent nulle part, mais l’un d’entre eux a un cœur et l’autre n’en a pas. L’un est propice à un merveilleux voyage ; aussi longtemps que tu le suis, tu ne fais qu’un avec lui. L’autre te fera maudire ta vie. L’un te rend fort, l’autre t’affaiblit.

-Carlos Castaneda, L’herbe du diable et la petite fumée-
Commenter  J’apprécie          40
« «Ô sage gardien de nos lois, dit-il, je t’ai fait envoyer chercher, car il me tarde de connaître la meilleure manière de pisser. Convient-il de s’accroupir et de relever soigneusement la robe, ainsi que le prescrit notre religion ? Convient-il de rester debout comme ont coutume de le faire les méchants impurs ? Ou convient-il de se dévêtir complètement et de pisser sur ses propres amis comme ont coutume de le faire deux mangeurs de hachisch de ma connaissance ? » »

Les mille et une nuits
Commenter  J’apprécie          80
Mieux vaut le vin que la vue

Le vin qui trop cher m’est vendu,
M’a la force des yeux ravie,
Pour autant qu’il m’est défendu,
Dont tous les jours m’en croît l’envie.
Mais puisque lui seul est ma vie,
Malgré les fortunes senestres,
Les yeux ne seront point les maistres
Sur tout le corps, car, par raison,
J’aime mieux perdre les fenestres
Que perdre toute la maison.

Clément Marot
Commenter  J’apprécie          100
Un étranger s’étonnera sans doute que l’on puisse faire à ce propos tant de bruit pour rien. « Quelle tempête dans une tasse de thé ! » dira-t-il. Mais si l’on considère combien petite est, après tout, la coupe de la joie humaine, combien vite elle déborde de larmes, combien facilement, dans notre soif inextinguible d’infini, nous la vidons jusqu’à la lie, l’on ne nous blâmera pas de faire tant de cas d’une tasse de thé. L’humanité a fait pis. Nous avons sacrifié trop librement au culte de Bacchus ; nous avons même transfiguré l’image ensanglantée de Mars. Pourquoi ne nous consacrerions-nous pas à la Reine des Camélias et ne nous abandonnerions-nous pas au chaud courant de sympathie qui descend de ses autels ? Dans le liquide ambré qui emplit la tasse de porcelaine ivoirine, l’initié peut goûter l’exquise réserve de Confucius, le piquant de Laotsé, et l’arôme éthéré de Cakyamouni lui-même.

-Okura Kakuzo, Le livre du thé-
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Vincent Bardet (1) Voir plus

Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}