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Françoise Brun (Traducteur)
EAN : 9782070781508
320 pages
Gallimard (06/09/2007)
3.56/5   182 notes
Résumé :
Ultimo Parri est un jeune homme qui vieillit en s'efforçant de remettre de l'ordre dans le monde.

Il a cinq ans lorsqu'il voit sa première automobile, l'année de la course mythique Versailles-Madrid de 1903, dix-neuf le jour de la grande défaite de Caporetto en 1917, vingt-cinq lorsqu'il rencontre la femme de sa vie, et beaucoup plus le soir où il meurt, loin de sa campagne piémontaise natale.

Cette histoire-là est son histoire, qui nou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 182 notes
Cette histoire-là part d'un rêve d'enfant. Attention, un rêve d'enfant peut être tout sauf enfantin ! "S'il y a une chose qui m'a toujours fascinée, c'est la cécité des parents devant les rêves des enfants. Ils ne les voient pas, tout simplement. Ce n'est pas par méchanceté."p.223 ... "Et moi je suis un homme Qui aime bien ce genre d'enjeu", l'eusse-tu cru ? Je suis bonne pâte. Baricco, j'adore son écriture et son imaginaire c'est un peu de l'Italo Calvino passé en barrique, gagnant en rondeur ce qu'il perd en vivacité, plus soyeux, tous deux faussement légers tout en restant moins capiteux qu'un Modiano. Les trois écrivent la ronde du temps et par l'irréel viennent éclairer ce que la réalité se plaît à nous masquer. Alessandro le plus baroque ; dans cette histoire-là j'ai retrouvé en suspension des notes du piano de Novecento. "Il n'y avait pas de raisonnement, ce n'était qu'émotion." p.313


Je l'ai lu assis dans le fauteuil de mon salon d'où j'aperçois en enfilade, par l'encadrement d'une porte, sur la dresse de ma salle à manger se détachant du vert anglais mural, un bronze que le sculpteur a baptisé la boucle du géant car l'inspiration lui est venue en admirant les méandres de la Semois dans nos belles Ardennes au lieu-dit le tombeau du géant. "Ainsi nous ne sommes que le méandre d'un fleuve, qui vient de loin et continuera avec nous."p.67
Je suis plus attentif aux effets de lumière depuis la récente installation de panneaux photovoltaïques. Quel plaisir de suivre au cours du jour ces subtiles variations car un Baricco peut se déguster à toute heure et son écriture lumineuse. Ah ces mots-photons porteurs d'une belle énergie et qui frappent dans un hasard quantique votre sensibilité, votre imagination et vous réchauffent, sans savoir lequel vous touche plus profondément. "C'était la part cachée de nous, très bien racontée, même les pires choses. Vous savez, les choses cachées, quoi ?" p.281


Ultimo Parri a appris, petit, à marcher d'un pas égal sans se retourner. Ainsi il traversa la vie quelques en furent les tours et les détours, ainsi traça-t-il sa route. A travers un roman choral dont ici chaque voix a sa propre tonalité et fait entendre sa singularité, Alessandro Baricco nous emmène faire le tour de cette vie qui mérite le détour ! "Vous ne voulez quand même pas que je vous raconte toute l'histoire..."p.280 Je sais, je sais il faudrait écrire encore."Ecrire, j'ai tant écrit. Mais écrire est une forme sophistiquée de silence." p.208


Sachez alors qu'Ultimo dont le papa aimait tant les voitures... mais c'est une autre histoire, Ultimo finira par créer une piste de 18 virages. Pourrais-je résumer que justement la vie d'Ultimo est tout entière dans cette piste dont la ligne de départ masque en fait la ligne d'arrivée ?
"... mais les vielles personnes ont tendance à s'émouvoir.
Quelle merveille.
J'aime tout dans cet instant.
Qui tombe à 2.12 a.m.

Foutu journal, content maintenant ?" p.236


Mon conseil pour la clarté de l'écriture et dès lors qu'Ultimo ne se retourne jamais : c'est à lire, une fois ! 😉
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Cette histoire là, c'est une bien belle histoire.
Une histoire d'automobiles
Une histoire de guerre
Une histoire de passion
C'est l'histoire d'Ultimo Parri, un doux rêveur qui rêve de circuit automobile. C'est aussi l'histoire d'Elizaveta, une russe étrange et révoltée.
L'ouverture est bizarre, avec des blancs dans le texte, un rythme particulier qui épouse celui de la course automobile Versailles-Madrid.
Qui est je ? Qui est tu ? Qui est il ? On ne le sait pas trop dans cette course démentielle.
Puis vient l'enfance d'Ultimo, plus limpide. Puis la guerre, où la encore les personnages sont confus, mais l'ambiance si bien décrite. Souffrances et absurdité de la guerre !
A chaque nouvelle partie, on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre. Qui va parler ? Quand cela se passera-t-il ?
Mais petit à petit, de bonds en bonds, toute l'histoire et la vie d'Alessandro se reconstituent.
Un grand travail d'écrivain dans un style irréprochable. Et même si au départ, le sujet ne m'attirait pas vraiment, c'est un beau et grand livre qui m'a emportée.
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Alessandro Barrico est un auteur italien de renom, dont j'apprécie particulièrement l'originalité de la plume et le style poétique très particulier des histoires contées. Sans surprise, Cette histoire-là sort aussi du lot. C'est une histoire d'automobiles, de guerre et d'amour. C'est l'histoire d'Ultimo Parri, un petit garçon italien de cinq qui voit pour la première fois de sa vie une voiture. Emerveillé, embarqué par son père dans des courses folles, il rêve alors de bâtir son propre circuit automobile. Malheureusement, il est vite rattrapé par la première guerre mondiale. Enrôlé de force pour combattre lors de la bataille de Caporetto en 1917, il risque de perdre la vie plus d'une fois. Sorti sain et sauf, il quitte son Italie natale pour émigrer aux États-Unis, où il fait la rencontre d'Elizaveta, une russe, professeure de pianos, dont il tombe éperdument amoureux. Hélas, cette histoire d'amour n'étant pas réciproque, Ultimo disparaît, pour ne plus jamais donner signe de vie.

Cette histoire-là est bâtie en trois parties distinctes, qui racontent chacune une période de la vie d'Ultimo : l'enfance et sa passion naissante pour les voitures, son arrivée dans la vie adulte propulsé dans la guerre, puis son passage dans la vie d'adulte émigré dans un autre pays, loin de ses repères. La narration est originale, avec plusieurs narrateurs qui se succèdent pour raconter un bout d'histoire, parfois sans vraiment bien que l'on comprenne qui se trouve aux manettes. le style est également particulier, ponctué de phrases incomplètes, de blancs, de paragraphes manquants… mais le tout reste gracieux et poétique : du Barrico tout craché !

Il n'y a aucun message particulier à discerner derrière ces mots. Ce n'est qu'un chemin de vie qui se dessine sous nos yeux, un garçon qui devient adolescent puis homme, avant de disparaître. C'est un roman que j'ai trouvé assez complexe, non pas dans la compréhension même du texte, mais plutôt dans l'analyse des personnages, dans l'absorption des émotions.

Ultimo, notre héros, tout comme Elizaveta, qui apparaît longuement dans la dernière partie, sont assez énigmatiques : ils ne laissent rien transparaître de leurs émotions ou de leurs pensées. On ne ressent pas d'attachement particulier envers ces deux personnages, sans doute parce qu'ils nous paraissent distants, un peu froids. On a du mal à comprendre leurs agissements, à clairement voir ce qu'ils ressentent et où ils veulent aller. Cela n'empêche en rien d'apprécier l'histoire et cet aura si particulier qui entoure nos héros.

Un roman poétique qui met en scène deux personnages complexes, qui évoluent et grandissent au début du XXème siècle, entre la naissance de l'automobile et la première Guerre Mondiale. Des chemins de vie que l'on suit avec volupté et passion. J'étais déjà une adepte d'Alessandro Barrico et je confirme son talent de conteur : j'ai beaucoup aimé.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Je viens de tourner la dernière page de "Cette histoire là" et je me dis j'adore définitivement Barrico que j'ai découvert avec le petit bijou Soie.
J'ai retrouvé la plume si poétique, si délicate de Barrico qui m'a séduite dans soie.
En lisant le résumé , je m'attendais à une histoire autour des courses automobiles, mais en avançant dans la lecture, on se rends compte que c'est une histoire d'amour , de passion, de rêves...L'histoire d'une vie.
Un petit passage que j'ai beaucoup aimé et qui donne une idée sur l'esprit du livre " Vous savez, les gens vivent pendant tellement d'années, mais en réalité ils ne sont vivants que quand ils arrivent à faire ce pourquoi ils sont nés. Avant et après, ils ne font qu'attendre et se souvenir. Mais ils ne sont pas tristes quand ils attendent ou qu'ils se souviennent. ils ont l'air tristes. Mais ils sont seulement un peu loin."
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"Ce n'est pas un circuit c'est une vie".
C'est cette quête, cette obsession, cette passion, l' abstraction de l'esprit qui consiste à réaliser un circuit parfait car "c'est la route qui dompte les automobiles et non l'inverse", l'axiome inscrit dans le "cerveau-enfant" d'Ultimo Barri qui va conditionner sa vie future que nous offre Alessandro Baricco dans Cette histoire là.
Portrait-puzzle, comme écrit à plusieurs mains, d'Ultimo qui a "l'ombre d'or", la force car il est mort deux, trois fois et a survécu.
Rêve ébloui d'un enfant dont le père, passionné, hypothèque sa ferme pour implanter un garage au milieu d'un nulle part boueux, dont la première voiture qu'il voit négocie une courbe parfaite,qui reçoit en cadeau sa première motocyclette d'un comte et les lunettes de la Fontaine, le plus grand.
Espoirs de fraternité lors de la défaite de Caporetto.
Amour des femmes.De la mère aux "deux coeurs" qui aime son mari "à la française" et son amant le comte d'Ambrosio dont elle aura post-mortem un enfant débile. D'Elizaveta, l'émigrée russe professeur de pianos, qui écrit un journal autodestructeur mi vrai-mi faux qu'il prendra au pied de la lettre.
"Négocier une courbe", changement parfait et controlé de direction, est-ce celà qu'il va réaliser lui même en disparaissant ne laissant à Elizaveta qu'un simple dessin de circuit pour le retrouver?
L'amour est-il toujours un rendez vous manqué pour un passionné à la passion par trop dévorante?
Avec le monde de l'automobile,des courses,des circuits et du XX° siècle en toile de fond et la rencontre avec Fangio qui est entré dans la légende,
Cette histoire là a fait partie de la première sélection du Fémina étranger.
Différent du poétique et dépaysant Soie, du déstabilisant Sans Sang, du philosophique Océan mer et des réflexions philosophiques et de musicologie de Constellations, Alessandro Baricco (qui a obtenu le prix Médicis étranger 1995 pour Les chateaux de la colère) nous livre ici ses talents de conteur en relate l'histoire d'un personnage hors normes un peu à la manière de Novocento le pianiste.
Et toujours cette prose poétique aux images fortes qui donne à l'auteur une pâte inimitable!
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Le livre sur lequel Libero Parri et son fils Ultimo apprirent comment étaient faites les automobiles était en français (Mécanique de l’automobile*, Editions Chevalier). Ce qui explique que, pendant les premières années, quand vraiment ils ne s’en sortaient pas, couchés sous une Clément Bayard 4 cylindres ou penchés sur l’intérieur d’une Fiat 24 chevaux, Libero Parri ait eu coutume de sortir de l’impasse en disant à son fils :
– Appelle ta mère.
Florence arrivait les bras chargés de linge, ou la poêle à la main. Ce livre, elle l’avait traduit mot après mot, et elle se le rappelait par cœur. Elle se faisait raconter le problème, sans accorder le moindre regard à l’automobile, remontait mentalement à la bonne page et délivrait son diagnostic. Puis elle faisait demi-tour et rapportait le linge à la maison. Ou la poêle.
– Merci * – marmonnait Libero Parri, hésitant entre l’admiration et la crise de rogne pure et simple. Quelques temps après, de l’ancienne étable devenue garage, montait le vrombissement du moteur ressuscité. Et voilà *.
Du reste, la chose arrivait très rarement, puisque, pendant toutes les premières années, le garage Libero Parri dut s’adapter, pour survivre, aux réparations en tout genre, sans faire dans le détail. Des automobiles, il en arrivait peu, et ça allait donc des lames de charrues aux poêles en fonte, en passant par les horloges. Quand, à la demande générale, Libéro Parri dut ouvrir un service de ferrage pour les chevaux du coin, un autre y aurait vu une défaite humiliante : pas lui, qui avait lu quelque part que les premiers à se faire de l’argent en fabriquant des armes à feu avaient été ceux-là mêmes qui, la veille encore vivaient de l’affilage des épées. Le fait est – comme n’avait pas manqué de le relever Florence, en son temps – que les automobiles n’existaient pas encore, ou du moins, si elles existaient, n’existaient pas par ici. Si bien que l’arrivée à l’horizon du nuage de poussière salvateur accompagné de son concerto mécanique était une rareté saluée avec ironie par toute la circonscription. Ça arrivait si rarement que quand ça arrivait, Libero Parri montait sur sa bicyclette et allait chercher son fils à l’école. Il entrait dans la salle de classe, le chapeau à la main, et disait seulement :
– Une urgence.
La maîtresse savait. Ultimo jaillissait tel un projectile, et une demi-heure plus tard tout deux se lubrifiaient les idées sous des capots qui pesaient aussi lourd que des veaux. (p 38)
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Le comte D’Ambrosio enclencha la vitesse, en se demandant ce qui, chez ce petit garçon, n’était pas normal. Il se le rappelait la veille, sous cette pluie, penché sur la bicyclette, sous l’enseigne G A R A G E : si absurde que cela puisse paraître, il y avait surtout lui, dans ce petit paysage : tout le reste était un pas derrière. Tout à coup l’idée lui vint qu’il avait déjà vu quelque chose de semblable, et c’était justement dans les tableaux qui racontent la vie des saints. Ou du Christ. Il y avait toujours des tas de gens, et certains pouvaient même faire des choses bizarres, c’était le saint qu’on voyait tout de suite, pas besoin de le chercher, ce que les yeux captaient en premier c’était le saint. Ou le Christ. Si ça se trouve je suis en train de trimbaler l’Enfant Jésus dans la campagne, se dit-il en riant tout bas : et il se tourna vers lui. Ultimo regardait droit devant, les yeux tranquilles, sans se soucier de l’air et de la poussière : sérieux. Il ne tourna même pas la tête, quand il dit à haute voix :
– Plus vite, s’il vous plaît.
Le comte D’Ambrosio recommença à s’occuper de la route et vit le dos-d’âne juste devant lui, absurde et évident, dans la paresse de la campagne. En d’autres circonstances, il aurait relâché l’accélérateur pour accompagner la bosse du terrain avec la force légère d’une inertie contrôlée. Ce fut avec un certain étonnement qu’il se surprit tel un gamin à mettre les gaz. Sur le talus, les 931 kilos du monstre de fer se détachèrent du sol avec une élégance qu’il avait gardé par-devers soi, secrètement, depuis longtemps. Le comte D’Ambrosio entendit le moteur rugir dans le vide, et devina le battement d’ailes des roues qui s’enroulaient dans l’air. Les mains serrées sur le volant, il lança un cri de surprise pendant que le petit garçon à côté de lui, avec une froideur et une joie tout autres, hurlait, curieusement, son propre nom, à gorge déployée.
Nom et prénom, pour être exact.
La voiture, ce fut Libero Parri qui dut venir la récupérer, avec la carriole et les chevaux. Ils la tirèrent jusqu’à l’atelier et il leur fallut ensuite travailler dessus une semaine. Pour voler, elle avait volé et bien. C’est après qu’elle s’était un peu désunie.
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Mais moi, ajouta-t-il, j’ai un plan. Quel plan ? lui demandai-je, en souriant. C’est un bon plan, dit-il. Il tira un peu sa chaise vers moi. Ses yeux s’étaient illuminés. Moi, je construirai une route, dit-il. Où, je n’en sais rien, mais je la construirai. Une route comme jamais personne n’en a imaginé. Une route qui finit là où elle commence. Je la construirai au milieu de nulle part, pas une baraque, pas une palissade, rien. Ce ne sera pas une route pour les gens, ce sera une piste, faite pour courir. Elle ne mènera nulle part, parce qu’elle mènera à elle-même, et elle sera hors du monde, loin de toute imperfection. Elle sera toutes les routes de la terre en une seule, et elle sera là où rêvent d’arriver tous ceux qui un jour sont partis. Je la dessinerai moi-même et, vous savez quoi ? je la ferai suffisamment longue pour pouvoir y mettre toute ma vie bout à bout, courbe après courbe, tout ce que mes yeux ont vu et qu’ils n’ont pas oublié. Rien ne sera perdu, ni la courbe d’un coucher de soleil, ni le pli d’un sourire. Rien de tout cela n’aura été vécu en vain, parce que cela deviendra un pays spécial, un dessin pour toujours, une piste parfaite. Je veux vous le dire : quand j’aurai fini de la construire, je monterai dans une automobile, je démarrerai, et tout seul je commencerai à tourner, de plus en plus vite. Je continuerai sans m’arrêter jusqu’à ne plus sentir mes bras et j’aurai la certitude d’avoir parcouru un anneau parfait. Alors je m’arrêterai à l’endroit exact d’où je suis parti. Je descendrai de l’automobile et, sans me retourner, je partirai.
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Dans cette sévérité, dans cette absence totale de doute, il y avait tout ce que son père lui avait appris de la manière d'être père : qui est de savoir marcher sans se retourner. Marcher du pas long des adultes, sans pitié, mais un pas limpide et régulier pour que ton fils puisse le comprendre et le suivre, malgré son pas d'enfant. Et le faire sans jamais se retourner, si tu en as la force : pour qu'il sache qu'il ne se perdra pas, et que marcher ensemble est un destin dont il ne faut jamais douter, puisqu'il est inscrit dans la terre.
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Il m'a dit qu'à son avis les gens vivent des années et des années, mais en réalité il y a seulement une petite partie de ces années-là qu'ils vivent vraiment, et ce sont les années où ils réussissent à faire ce pour quoi ils sont nés. Là, alors, ils sont heureux. Le reste du temps, c'est du temps qu'ils passent à attendre ou à se souvenir. Quand tu attends ou quand tu te souviens, m'a-t-il dit, tu n'es ni triste ni heureux. Tu as l'air triste, mais c'est juste parce que tu es en train d'attendre, ou de te souvenir. Ils ne sont pas tristes, les gens qui attendent, pas plus que ceux qui se souviennent. Ils sont simplement loin.
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Vidéo de Alessandro Baricco
Les voies de la narration. Apprendre l'art de raconter des histoires dans le monde contemporain
Avec David Foenkinos, romancier, dramaturge et scénariste, Fanny Sidney, réalisatrice, scénariste, comédienne et Pauline Baer, écrivaine et animatrice d'ateliers d'écriture
Au cours des deux dernières décennies, les histoires, les récits, les narratifs sont sortis du champ strictement littéraire et culturel pour investir d'autres espaces – politique, économique, informationnel. Portée par l'essor des industries créatives et par la multiplication des canaux et des formats, la « fabrique » à histoires s'est développée en réponse à des besoins variés : assouvir une quête de sens, se réapproprier une histoire familiale, fédérer autour d'un projet collectif, incarner une ambition entrepreneuriale, donner du souffle à un projet politique, redonner de la cohérence aux événements du monde, ou tout simplement répondre à notre envie d'être transporté et tenu en haleine… du récit intime qui bouscule au récit politique qui veut marquer son temps, de l'histoire qui captive au narratif d'entreprise qui conjugue stratégie et raison d'être, chacun cherche l'histoire qui fait vibrer, donne du sens, motive, divertit ou répond aux questions du siècle.
Si le besoin de récit est partout, il faut (ré)apprendre à raconter des histoires de manière adaptée aux usages contemporains, sans perdre de vue la vocation humaniste de toute narration et les ponts qu'elle peut jeter entre générations et entre communautés. Une nouvelle génération d'auteurs, ainsi que la demande des industries culturelles interrogent l'idée – très française, et à l'opposé de la mission de la Scuola Holden de Turin fondée à Turin par Alessandro Baricco en 1994 – que l'art du récit ne s'apprend pas, à moins de le faire comme un outil pour accéder à un métier et à un média. Et s'il fallait une « école Holden à la française » pour décloisonner les industries culturelles et les générations ?
Table ronde proposée par Claudia Ferrazzi, fondatrice de VIARTE.
À lire – David Foenkinos, Charlotte, Gallimard, 2014. Pauline Baer, La collection disparue, Folio Gallimard, 2020. Alessandro Baricco, The game, Folio Gallimard, 2019. Alessandro Baricco, Les barbares. Essai sur la mutation, Gallimard, 2014. Yves Lavandier, La dramaturgie : les mécanismes du récit, Les impressions nouvelles, 1994. Maureen Murdock, The heroine's journey, Shambhala Publications Inc, 1990.
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