Pourquoi j'estime que :
Cet auteur à du talent. Et que ce livre le confirme.
J'ai lu dans certaines critiques…
Gustave le chat dit « Croyant retrouver la légèreté de
soie, j'ai été déçu. »
Et même, de la part de latina « MOCHE DECOUSU SANS QUEUE NI TETE »
Ce livre, effectivement, est différent des autres oeuvres de l'auteur.
Bien sur qu'il est différent ! c'est évident qu'il l‘est et heureusement qu'il l'est.
Un artiste se doit toujours de trouver le moyen le plus approprié pour exprimer ce qu'il veut exprimer. C'est ce que fait Baricco. Il trouve.
Pour ma part. Je découvre un Baricco nouveau, à chaque livre de lui que je lis.
Et ça… c'est, extra-ordinaire !
Malgré tout, je comprends qu'on puisse être déçu si on désire RETROUVER ‘
soie' et d'autres histoires qui sont abordées de façon plus… douce, sentimentale (au bon sens du terme) ou mélancolique.
C'est une question d'attentes, n'est-ce pas ?
Pour ma part, j'ai décidé il y a peu, d'aborder chaque histoire comme un nouveau territoire à explorer. C'est pour ça que, même si je n'aime pas, je garde toujours quelque chose de chaque livre que j'ai lu ou.. tenté de lire :D
Il faut réaliser que chaque histoire est différente. Selon moi, c'est l'histoire qui demande à l'auteur la façon dont elle va être écrite et non l'inverse. Et c'est tant mieux ! Cela serait lassant, voir décevant, s'il racontait tout de la même manière. C'est une bonne chose que ce soit l'auteur qui se plie à son histoire et non pas l'histoire qui soit pliée à un dictat de style ou de forme. La littérature, après tout, c'est un domaine de liberté, surtout pour l‘auteur ; alors, pourquoi vouloir toujours tout coincer dans des boites et des modèles ? Pour avoir toujours la même soupe à avaler ? non , il faut varier les plaisirs .
Alors... ce livre
Pour moi, Baricco réussit parfaitement son travail de créateur.
Visiblement, son écriture s'adapte au récit qu'il décide de raconter, même si on reconnaît sa patte. le titre '
City', m'a interpellé quand je l‘ai vu dans la liste de ses oeuvres. J'ai lu ‘la quatrième de couverture' et son idée m'a plu. Aujourd'hui, je le félicite. Car j'estime qu'il a réussi son pari. « Écrire un livre qui bouge comme quelqu'un qui se perd dans une ville, de quartier en quartier, dont tous, sont des mondes différents. »
Donc… on sait avant d'ouvrir, le parti pris de l'extravagance, du récit différent, hors norme. Ce qu'on sait moins. C'est l'extravagance des personnages eux-mêmes, le non-sens, la dérision et la façon dont il va se débrouiller pour faire cohabiter : un western, une histoire de boxe et tous ces personnages décalés, voir complètement à « l'Ouest » (clin d'oeil) ou « wild wild west » c'est comme on veut ;) Avec le vent qu'il fait souffler, ça décoiffe un peu plus profond que la surface et la boussole perd son Nord et et les trois autres directions aussi.
Les deux personnages clé et émouvants de l'ouvrage sont Shatzy et Gould (pas comme Glenn ? hum… c'est à voir)
Elle… elle est folle. Littéralement. Et elle n'est pas la seule.
Le personnage de Shatzy est fou, au sens commun du terme.
C'est-à-dire que, le commun des mortels la rangerait immédiatement et sans hésitation parmi les fous, les cinglés, les déjantés, les … pas net de la cervelle quoi… En réalité, c'est quelqu'un qui à décidé de considérer la vie pour ce qu'elle est, un non-sens, et de la vivre à l'avenant, dans le non-sens, la déraison et la dérision. Et ce, le plus souvent possible.
Seul un personnage comme elle, c'est-à-dire, hors des clous, et complètement, pouvait comprendre l'autre personnage, tout aussi hors norme, Gould ; l'enfant déclaré « Génie » par la communauté.
Je ne peux m'empêcher de voir en elle un double de l'auteur. En effet, ne faut-il pas être un peu fou, pour, en tant qu'adulte sensé être raisonnable, décider de passer du temps et un temps, non négligeable de sa vie, à la raconter, plutôt que de la vivre.
En tout cas, c'est plein d'humour, de dérision. Certes, un peu déstabilisant au début mais au final… j'ai apprécié.
Ce livre est d'une grande richesse. Je crois qu'il faut le lire doucement ou alors… au moins prendre la peine de le relire, même, juste certains passages, pour en saisir tout ce qu'il peut apporter.
En dehors d'être une critique burlesque de la ‘normalité' et de tout ce qui est raisonnable et rationnel, il est aussi une réflexion sur le processus de l'écriture et ce que c'est que de raconter des histoires.
Alors... Vivre ou écrire faut-il choisir ?
Soyons clair ! Si je m'emporte un peu, ici, dans ce que j'exprime. Ce n'est pas pour défendre un auteur ou un livre en particulier. Bien que, ici, ce soit un auteur que j'apprécie. Ce que je veux défendre, c'est avant tout la Création. La Création, dans sa vitalité, sa diversité et sous toutes ses formes, C'est elle que je tiens à défendre et nulle autre chose. Car en ce moment, avec les décisions politiques concernant le budget alloué à la culture, on risque de se retrouver avec peau de chagrin, en matière d'oeuvres à se mettre sous la dent.
Très cordialement.