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Françoise Brun (Traducteur)
EAN : 9782070419579
486 pages
Gallimard (03/10/2001)
3.6/5   228 notes
Résumé :
D'abord le titre. Une ville. Pas une ville précise. Plutôt l'empreinte d'une ville quelconque. Son squelette. Je pensais aux histoires que j'avais dans la tête comme à des quartiers. Et j'imaginais des personnages qui étaient des rues, et qui certaines fois commençaient et mouraient dans un quartier, d'autres fois traversaient la ville entière, accumulant des quartiers et des mondes qui n'avaient rien à voir les uns avec les autres et qui pourtant étaient la même vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Closingtown, cela sonne pas très italien, comme patelin. Mais cela sonne comme un film de Sergio Leone. Les flingues sur la tempe. Les flingues dans leurs étuis. L'harmonica siffle, le regard pénètre, le saloon et à l'étage son bordel. Je monte fébrilement, comme quand on descend pour la première fois une bouteille de bourbon poussiéreux et que l'on se demande où l'on est à mi-chemin de la descente. Je joue le timide devant le sourire de la putain. Elle se dévoile dans la pénombre de cette chambre parfumée au patchouli. Bas et porte-jarretelles font de l'effet sur moi, et mon sexe se redresse aussitôt devant cette invitation divine. J'adore le crissement de mes mains sur ses bas, comme celui de la « soie » dans un autre roman d'Alessandro Baricco.

Et là, plongé dans la demi-pénombre, rideaux à moitié tirés, je vois son sourire et sa bouche s'approcher de ma queue, fière et dure comme un adolescent de quinze ans qui n'a jamais connu un tel sourire. Toi non plus, je pense que tu n'as jamais vu ce sourire. Il est si beau, si pénétrant, si bandant que je me demande si je ne suis pas en perpétuel rêve éveillé. de sa langue experte, ou acharnée, elle caresse mon bout. La sensation est terrible. Elle l'englobe, va-et-vient, de haut en bas, une caresse de velours et sa salive qui coule le long de ma winchester. Et sa langue qui continue à jouer avec mon membre prêt à libérer la poudre. Des coups de feu, dans la rue, calibre .22, reconnaissable à leur intensité. Non, ce n'est que moi qui ais implosé. Explosé. Jouissance à Closingtown, quelle putain cette brune de Closingtown. Belle la putain de Closingtown, belle. Brune la putain de Closington, brune. Et quelle langue.

Je me réveille, en sueur comme une après-midi de baise sous les rayons d'un soleil brûlant autant la rétine que la vue d'une bière dans un oasis de désir. Je sors du saloon, un match de foot se joue sur le terrain d'à côté. La foudre s'abat sur l'avant-centre, y avait-il hors-jeu. Les soigneurs balaient les cendres, la balle au centre. Je prends le tapis rouge, hôtel cinq étoiles sans putain, un match de boxe en sous-sol, et ce garçon, Gould, qui se trimbale avec deux amis imaginaires, un muet et un géant. Loufoque, l'histoire. Aussi étrange que la putain était belle. Les coups sur le ring pleuvent, le sang gicle de l'arcade, broiement des os du nez. le genou à terre. Adriennnneeee. Je vais me relever, ne pas baisser les bras. Retrouver le goût du combat. Et me battre pour gagner la cause, le coeur de la putain de Closingtown. Gould, enfant surdoué, commente l'avènement de ce nouveau champion du monde, catégorie poids lourd. Détonante, cette histoire. Aussi détonant que l'implosion de mon coeur face au sourire de la putain de Closingtown.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Dingue. Je referme à l'instant "City", d'Alessandro Baricco ... et je suis complètement infoutu de vous dire précisément de quoi ça parle !
Encore plus dingue : j'ai adoré ça !

S'il me fallait vraiment essayer de vous en donner un aperçu, je vous dirais peut-être qu'il est question dans ces pages d'un petit génie de quatorze ans promis au Nobel, de Shatzy Shell son extravagante gouvernante passionnée de westerns, de ses deux amis imaginaires (un géant et un muet qui, pourtant, n'est jamais le dernier pour nondire et pour nonparler...), de matches de foot improbables et de combats de boxe épiques, d'une caravane jaune immobile (modèle Pagode 71), ou encore d'une analyse approfondie et pour le moins surprenante des Nymphéas de Monnet par un professeur foldingue, auteur par ailleurs d'un étonnant essai sur l'honnêteté intellectuelle.
Vous seriez alors perplexe, voire carrément dubitatifs, hein ?
Si je tentais en outre d'expliquer le choix du titre, lié d'après l'auteur à la structure même du texte "construit comme une ville, comme l'idée d'une ville, les histoires étant des quartiers et les personnages des rues" (???), vous seriez - et c'est bien normal - définitivement largués.

Forf heureusement, j'ai vérifié dans la charte de Babelio et rien ne m'oblige à rédiger ici un compte rendu fidèle de ma lecture, et encore moins à y avoir compris quelque chose !
Ouf, ça m'arrange ;-)
Je me contenterai donc de ré-affirmer haut et fort, sans étayer outre mesure, qu'Alessandro Baricco est un extraordinaire romancier, qui réussit là un joli tour de force : celui de nous entraîner gaiement dans sa folie douce sans que les bizarreries de son patchwork d'histoires surréalistes ne nous perturbe le moins du monde ! Situations rocambolesques, personnages excentriques, narration fragmentée, dialogue jamais très loin du "sans queue ni tête", aventures imbriquées et brusques changements de contextes sans préavis : tout est fait pour nous emporter dans un tourbillon de fantaisie et de poésie, pour déboussoler le lecteur sans jamais le perdre.
Du grand art.
Du Baricco, quoi !

Par l'originalité de son écriture et la beauté ébouriffante de son texte, l'auteur de "Soie" et du merveilleux "Océan Mer" se montre une fois encore incroyablement créatif.
Il nous fait miroiter un monde parallèle, impalpable et fantasmagorique, où la nuit bruisse de "bruits étranges, des bruits qu'on entend pas le jour, comme des miettes de choses restées en arrière", où les muets "nonparlent", où "Dieu est un arbitre de touche qui laisse passer les hors-jeu" et où les gouvernantes écrivent des westerns-spaghettis.
J'ai à ce propos une pensée émue pour Shatzy Shell, qui bien souvent eut envie de faire lire son oeuvre à quelqu'un, mais qui "à la vérité ne rencontra jamais personne qui ait encore assez de naiveté pour y comprendre quelque chose". J'espère avoir été, le temps de cette lecture délicieusement déstabilisante, suffisemment naïf pour au moins l'apprécier, à défaut de l'assimiler pleinement.
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Gould, enfant précoce, génie, promis au prix Nobel, mais sans amis, à part ses deux compagnons imaginaires.
Sans sa mère, placée dans un asile, sans son père qui cependant l'appelle chaque semaine.
Oui, il est bien seul.
Heureusement, il y a Shatzy Shell qui désormais s'occupe de lui.
Un peu déjantée aussi cette Shatzy qui invente un western
En fait il y a trois histoires :
Celle de Gould et Shatzy
Celle du western
Et celle du match de boxe qu'imagine Gould chaque fois qu'il est aux toilettes.
Mais qu'ils sont attachants tous ces personnages !
Baricco nous entraîne dans les méandres de son imagination, et c'est délectable.
C'est plein de sentiments, plein d'humour, plein de fantaisie, plein de tendresse, plein de folie.
L'auteur imagine ce livre comme une ville où « les histoires sont des quartiers, où les personnages sont des rues. », d'où le titre City
J'avoue que je n'ai pas eu ce sentiment, mais qu'importe, ma lecture fut jubilatoire.
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Pourquoi j'estime que :
Cet auteur à du talent. Et que ce livre le confirme.

J'ai lu dans certaines critiques…
Gustave le chat dit « Croyant retrouver la légèreté de soie, j'ai été déçu. »
Et même, de la part de latina « MOCHE DECOUSU SANS QUEUE NI TETE »

Ce livre, effectivement, est différent des autres oeuvres de l'auteur.
Bien sur qu'il est différent ! c'est évident qu'il l‘est et heureusement qu'il l'est.
Un artiste se doit toujours de trouver le moyen le plus approprié pour exprimer ce qu'il veut exprimer. C'est ce que fait Baricco. Il trouve.
Pour ma part. Je découvre un Baricco nouveau, à chaque livre de lui que je lis.
Et ça… c'est, extra-ordinaire !

Malgré tout, je comprends qu'on puisse être déçu si on désire RETROUVER ‘soie' et d'autres histoires qui sont abordées de façon plus… douce, sentimentale (au bon sens du terme) ou mélancolique.
C'est une question d'attentes, n'est-ce pas ?
Pour ma part, j'ai décidé il y a peu, d'aborder chaque histoire comme un nouveau territoire à explorer. C'est pour ça que, même si je n'aime pas, je garde toujours quelque chose de chaque livre que j'ai lu ou.. tenté de lire :D

Il faut réaliser que chaque histoire est différente. Selon moi, c'est l'histoire qui demande à l'auteur la façon dont elle va être écrite et non l'inverse. Et c'est tant mieux ! Cela serait lassant, voir décevant, s'il racontait tout de la même manière. C'est une bonne chose que ce soit l'auteur qui se plie à son histoire et non pas l'histoire qui soit pliée à un dictat de style ou de forme. La littérature, après tout, c'est un domaine de liberté, surtout pour l‘auteur ; alors, pourquoi vouloir toujours tout coincer dans des boites et des modèles ? Pour avoir toujours la même soupe à avaler ? non , il faut varier les plaisirs .

Alors... ce livre
Pour moi, Baricco réussit parfaitement son travail de créateur.
Visiblement, son écriture s'adapte au récit qu'il décide de raconter, même si on reconnaît sa patte. le titre 'City', m'a interpellé quand je l‘ai vu dans la liste de ses oeuvres. J'ai lu ‘la quatrième de couverture' et son idée m'a plu. Aujourd'hui, je le félicite. Car j'estime qu'il a réussi son pari. « Écrire un livre qui bouge comme quelqu'un qui se perd dans une ville, de quartier en quartier, dont tous, sont des mondes différents. »
Donc… on sait avant d'ouvrir, le parti pris de l'extravagance, du récit différent, hors norme. Ce qu'on sait moins. C'est l'extravagance des personnages eux-mêmes, le non-sens, la dérision et la façon dont il va se débrouiller pour faire cohabiter : un western, une histoire de boxe et tous ces personnages décalés, voir complètement à « l'Ouest » (clin d'oeil) ou « wild wild west » c'est comme on veut ;) Avec le vent qu'il fait souffler, ça décoiffe un peu plus profond que la surface et la boussole perd son Nord et et les trois autres directions aussi.
Les deux personnages clé et émouvants de l'ouvrage sont Shatzy et Gould (pas comme Glenn ? hum… c'est à voir)
Elle… elle est folle. Littéralement. Et elle n'est pas la seule.
Le personnage de Shatzy est fou, au sens commun du terme.
C'est-à-dire que, le commun des mortels la rangerait immédiatement et sans hésitation parmi les fous, les cinglés, les déjantés, les … pas net de la cervelle quoi… En réalité, c'est quelqu'un qui à décidé de considérer la vie pour ce qu'elle est, un non-sens, et de la vivre à l'avenant, dans le non-sens, la déraison et la dérision. Et ce, le plus souvent possible.
Seul un personnage comme elle, c'est-à-dire, hors des clous, et complètement, pouvait comprendre l'autre personnage, tout aussi hors norme, Gould ; l'enfant déclaré « Génie » par la communauté.
Je ne peux m'empêcher de voir en elle un double de l'auteur. En effet, ne faut-il pas être un peu fou, pour, en tant qu'adulte sensé être raisonnable, décider de passer du temps et un temps, non négligeable de sa vie, à la raconter, plutôt que de la vivre.
En tout cas, c'est plein d'humour, de dérision. Certes, un peu déstabilisant au début mais au final… j'ai apprécié.

Ce livre est d'une grande richesse. Je crois qu'il faut le lire doucement ou alors… au moins prendre la peine de le relire, même, juste certains passages, pour en saisir tout ce qu'il peut apporter.
En dehors d'être une critique burlesque de la ‘normalité' et de tout ce qui est raisonnable et rationnel, il est aussi une réflexion sur le processus de l'écriture et ce que c'est que de raconter des histoires.

Alors... Vivre ou écrire faut-il choisir ?

Soyons clair ! Si je m'emporte un peu, ici, dans ce que j'exprime. Ce n'est pas pour défendre un auteur ou un livre en particulier. Bien que, ici, ce soit un auteur que j'apprécie. Ce que je veux défendre, c'est avant tout la Création. La Création, dans sa vitalité, sa diversité et sous toutes ses formes, C'est elle que je tiens à défendre et nulle autre chose. Car en ce moment, avec les décisions politiques concernant le budget alloué à la culture, on risque de se retrouver avec peau de chagrin, en matière d'oeuvres à se mettre sous la dent.

Très cordialement.




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Qu'y a-t-il dans la fameuse boite noire? Vous savez celle du "sapiens-sapiens", terme cher à Jean Rouaud dans Préhistoires, celle du créatif, quoi.
Alessandro Baricco dans City descelle devant nos yeux celle de Pandore ou il plutôt furette tour à tour, par un tour de force que seuls les grands sont capables de réaliser, dans les circonvolutions alambiquées de Shatzy Shell, un peu névrosée sur les bords paternels, qui crée un western dans sa tête et perd soudain le fil d'une conversation pour enregistrer une idée ou un paragraphe entier sur son magnétophone et Gould, "Monsieur Nobel", "un génie-enfant", aux personnalités multiples, dont le père général brille par son absence (considérant "cet enfant est un monde" et préférant barboter dans son propre monde à lui) et dont la mère invisible a quelque peu disjoncté.
Le talent de l'auteur consiste à imbriquer plusieurs histoires en une avec des écritures et des styles différents.
Avec Gould, on part tout azimuts, vu sans doute les rapides connections neuronales.
On passe de Gould, l'adolescent solitaire, réelle "poule aux oeufs d'or" qui a 27 professeurs d'université dont Mondrian Kilroy pour lequel Monet peignait "le rien" dans ses nymphéas et qui file aux toilettes "lorsque sa prostate l'appelle", à Diésel, le géant (dont le métier est de "déchirer les billets dans un cinéma" et qui adore "Mami Jane" héroïne de best-sellers), à Poomerang (fou des combats de boxe de Larry Gorman orchestrés par Mondini dont le slogan est "pour boxer il faut avoir faim") le muet chauve, qui "nondit", avec une facilité déconcertante et déstabilisante.Mais il y a aussi Young qui fantasme ferme, enfreint la loi et se fait tuer par son père et bien d'autres irréels, hyper-violents, qui sont pur délire.
City est une étude psychologique pointue et complexe de l'esprit humain (Moi, surmoi et ça qui partent parfois en vrille) mais c'est également une histoire d'amitié émouvante entre Shatzy (devenue gouvernante de Gould) et Gould (dont l'enfance a été volée) et de Gould avec le professeur Talomar face aux matchs de foot sur le terrain qui jouxte la maison.
On retrouve une satire des "génies", quelques clins d'oeil à la pub interactive avec les gogos.
Bon j'espère avoir tout saisi car ce coup là Alessandro Barrico (dont j'ai apprécié le poétique Soie et le plus philosophique Océan mer) a fait compliqué de chez compliqué!
Vers la fin on passe dans un autre cerveau (chut!!) et là on se dit et si tout ça n'était que pure invention?
Houlà je vais reprendre cal-me-ment!!!
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Une cigarette qui s’allume – bande-son au maximum, bruit de tabac fiévreux, fort comme le froissement d’une feuille de papier qui ferait des kilomètres – les joues se creusent pour tirer la fumée, des joues sous des yeux comme des huitres à barboter dans un visage propret tourné vers la demoiselle d’à-côté, blonde qui rit en éclatant d’un rire rauque et fort comme une promesse de baise qui mouille la cervelle des mâles serrés chacun à sa place dans un rayon de dix mètres, et se perd peu à peu sur les autres rangées d’hommes et de femmes alignés tous assis, corps au contact, esprits qui volent, sur des rangées et des rangées, depuis les plus hautes jusqu’aux plus basses, en pénétrant l’air sabré par les rafales de rock que soufflent les grandes caisses installées tout là-haut, et poignardé par les cris qui se mettent debout et appellent des noms d’un bout à l’autre de la salle, voyageant dans la lumière par plaques et par éclairs FLASH dans les odeurs de tabac, parfums de luxe, lotions après-rasage, dessous de bars, blousons de cuir et pop-corn, se traçant un chemin dans le grand hurlement collectif, ventre et giron de millions de paroles excitées saoules sales imbéciles ou bien des mots d’amour qui grouillent comme des vers dans ce terreau de corps et d’esprits, champ labouré de têtes alignées, descendant de manière concentrique et fatale vers le puits aveuglant qui recueille au centre de tout ça les regards les frissons les pulsations du sang, recueillant tout ça sur le bleu du tapis où une inscription rouge hurle PONTIAC HOTEL et hurlera pendant toute cette nuit incendiée que dieu la bénisse elle qui est enfin arrivée, venue de loin et chevauchant jusque … ici sur le ring du Pontiac Hotel, où au micro de Radio KKJ Dan De Palma vous souhaite la bienvenue pour cette merveilleuse soirée de boxe.
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- Orage dingue sur le terrain. Vingtième minute de la seconde mi-temps. Centre de la gauche, l'avant-centre de l'équipe invitée, clairement hors-jeu, fait un amorti de la poitrine, l'arbitre siffle mais le sifflet, plein d'eau, ne fonctionne pas, l'avant-centre tire avec le cou-de-pied, l'arbitre siffle de nouveau, mais le sifflet s'enraye encore, la ballon vient se planter en pleine lucarne, l'arbitre essaye de sifflet dans ses doigts mais ne réussit qu'à se baver dans la main, l'avant-centre part comme un possédé vers le piquet de corner, enlève son maillot, prend appui sur le piquet esquisse quelques pas d'une danse brésilienne imbécile avant de finir réduit en cendres par un éclair venu frapper en plein ledit piquet.
Le professeur Taltomar prit son temps en enlevant la cigarette de ses lèvres et en secouant une cendre imaginaire.
Le cas était, objectivement, complexe.
A la fin il cracha par terre quelques miettes de tabac et murmura doucement :
- But annulé pour position irrégulière. Avertissement à l'avant-centre pour avoir enlevé son maillot? Transport de ses cendres à l'extérieur du terrain, on procède sur le banc des remplaçants à la substitution nécessaire. Remplacement également du sifflet de l'arbitre et installation d'un nouveau piquet de corner, le jeu reprend avec une pénalité à effectuer à l'endroit exact où a eu lieu le hors-jeu. Aucune sanction pour l'équipe invitante. Il ne manquerait plus que quelqu'un soit responsable du fait que l'avant-centre adverse avait la guigne.
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Fanny travaille, là-haut, le fils du pasteur entre les jambes. Amour. Le fils du pasteur s’appelle Young. Il a gardé sa chemise, et il a ses cheveux noirs trempés de sueur. Quelque chose comme une terreur, dans les yeux. Fanny lui dit Baise-moi Young. Mais lui se raidit et glisse loin des cuisses ouvertes – bas blancs avec dentelles jusqu’au-dessus du genou puis plus rien. Il ne sait pas où regarder. Il lui prend la main et la presse contre son sexe. Oui, Young, dit-elle. Elle le caresse, Tu es beau Young, dit-elle. Elle se lèche la paume de la main, en le regardant dans les yeux, puis elle recommence à le caresser, en le frôlant à peine. Oui, dit Young. Oui. Elle serre son sexe dans sa paume. Il ferme les yeux et pense je ne dois penser à rien. A rien. Elle regarde sa propre main, puis la sueur sur le visage de Young, sur sa poitrine, et de nouveau sa propre main qui glisse sur son sexe. J’aime ta queue, Young, je la veux, ta queue.
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Fanny travaille, là-haut, le fils du pasteur entre les jambes. Amour. Le fils du pasteur s’appelle Young. Il a gardé sa chemise, et il a ses cheveux noirs trempés de sueur. Quelque chose comme une terreur, dans les yeux. Fanny lui dit Baise-moi Young. Mais lui se raidit et glisse loin des cuisses ouvertes – bas blancs avec dentelles jusqu’au-dessus du genou puis plus rien. Il ne sait pas où regarder. Il lui prend la main et la presse contre son sexe. Oui, Young, dit-elle. Elle le caresse, Tu es beau Young, dit-elle. Elle se lèche la paume de la main, en le regardant dans les yeux, puis elle recommence à le caresser, en le frôlant à peine. Oui, dit Young. Oui. Elle serre son sexe dans sa paume. Il ferme les yeux et pense je ne dois penser à rien. A rien. Elle regarde sa propre main, puis la sueur sur le visage de Young, sur sa poitrine, et de nouveau sa propre main qui glisse sur son sexe. J’aime ta queue, Young, je la veux, ta queue.
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Le vent est une blessure du temps -, dit Julie Dolphin. – C’est ce que pensent les Indiens, le saviez-vous ? Ils disent que quand le vent se lève cela signifie que le grand manteau du temps s’est déchiré. Alors tous les hommes perdent leur propre piste, et aussi longtemps que soufflera le vent ils ne pourront pas la retrouver. Ils restent sans destin, égarés dans une tempête de poussière. Les Indiens disent que seuls quelques hommes connaissent l’art de déchirer le temps. Ils les craignent, et ils les appellent les « assassins du temps ».
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Vidéo de Alessandro Baricco
Les voies de la narration. Apprendre l'art de raconter des histoires dans le monde contemporain
Avec David Foenkinos, romancier, dramaturge et scénariste, Fanny Sidney, réalisatrice, scénariste, comédienne et Pauline Baer, écrivaine et animatrice d'ateliers d'écriture
Au cours des deux dernières décennies, les histoires, les récits, les narratifs sont sortis du champ strictement littéraire et culturel pour investir d'autres espaces – politique, économique, informationnel. Portée par l'essor des industries créatives et par la multiplication des canaux et des formats, la « fabrique » à histoires s'est développée en réponse à des besoins variés : assouvir une quête de sens, se réapproprier une histoire familiale, fédérer autour d'un projet collectif, incarner une ambition entrepreneuriale, donner du souffle à un projet politique, redonner de la cohérence aux événements du monde, ou tout simplement répondre à notre envie d'être transporté et tenu en haleine… du récit intime qui bouscule au récit politique qui veut marquer son temps, de l'histoire qui captive au narratif d'entreprise qui conjugue stratégie et raison d'être, chacun cherche l'histoire qui fait vibrer, donne du sens, motive, divertit ou répond aux questions du siècle.
Si le besoin de récit est partout, il faut (ré)apprendre à raconter des histoires de manière adaptée aux usages contemporains, sans perdre de vue la vocation humaniste de toute narration et les ponts qu'elle peut jeter entre générations et entre communautés. Une nouvelle génération d'auteurs, ainsi que la demande des industries culturelles interrogent l'idée – très française, et à l'opposé de la mission de la Scuola Holden de Turin fondée à Turin par Alessandro Baricco en 1994 – que l'art du récit ne s'apprend pas, à moins de le faire comme un outil pour accéder à un métier et à un média. Et s'il fallait une « école Holden à la française » pour décloisonner les industries culturelles et les générations ?
Table ronde proposée par Claudia Ferrazzi, fondatrice de VIARTE.
À lire – David Foenkinos, Charlotte, Gallimard, 2014. Pauline Baer, La collection disparue, Folio Gallimard, 2020. Alessandro Baricco, The game, Folio Gallimard, 2019. Alessandro Baricco, Les barbares. Essai sur la mutation, Gallimard, 2014. Yves Lavandier, La dramaturgie : les mécanismes du récit, Les impressions nouvelles, 1994. Maureen Murdock, The heroine's journey, Shambhala Publications Inc, 1990.
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