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sur 2366 notes
Il devait avoir dans les dix jours, guère plus, lorsque ce marin du nom de Danny Boodmann, un nègre géant de Philadelphie, l'a trouvé alors que le Virginia, un bateau de luxe, faisait escale à Boston. Dans une boîte en carton, emmailloté, les yeux grands ouverts, silencieux. Il était dans la salle de bal. Sur la piano. Certainement laissé là par des migrants. Il décida de l'appeler Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento. Novecento parce qu'il le trouva la première année de ce siècle. Malheureusement, le marin mourut alors que le gamin avait tout juste 8 ans. Alors introuvable sur le bateau, l'équipage, sans nouvelle de Novecento, reprit la mer, la mort dans l'âme. Or, la seconde nuit de la traversée, une musique s'échappa de la salle de bal. Les marins, les gars de la salle des machines, le commandant, tous, les yeux écarquillés, l'observaient, assis sur la tabouret du piano, les jambes pendantes. Une si belle musique que personne n'osa l'interrompre...

Sous la forme d'un monologue, Tim Tooney, l'ami de Novecento et le trompettiste du bateau, nous raconte l'histoire magnifique de ce gamin devenu le plus grand pianiste au monde. Un gamin élevé sur l'Océan et qui n'a jamais osé poser le pied à terre. Un gamin puis un adulte doué pour la musique. Si doué qu'il est devenu le meilleur. Alessandro Baricco nous tient en apnée durant ces quelques 70 pages. Autant de pages d'une intensité rare, d'une musicalité et d'une poésie étonnantes et d'une virtuosité étourdissante. Un petit roman empreint d'émotion, déchirant, intelligent et subtil. Un destin époustouflant. Un virtuose inoubliable. Une composition musicale brillamment orchestrée.

À noter que ce roman a été interprété au théâtre par André Dussolier.
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Un concentré de poésie que cet écrit composé pour pour le théâtre. le texte en lui-même, rythmé par les mouvements de l'océan omniprésent, rythmé volontairement par l'auteur par je ne sais quel prodige, vous berce et vous enveloppe dans une sorte de cocon littéraire dans lequel vous vous sentez bien, et que vous ne voulez sous aucun prétexte quitter.

Voici donc mon état d'esprit après avoir refermé cette pépite.

Le récit par lui même n'est pas dénué d'intérêt ! L'histoire originale de Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento né sur un bateau, trouvé dans son carton sur un piano, et qui n' jamais posé les pieds à terre, qui n'a jamais quitté sa "mer" et qui deviendra le plus grand pianiste au monde, Novecento que la gloire n'intéresse pas. Son histoire nous est contée par un témoin oculaire, Tim Tooney, le trompettiste du bateau qui se lie avec l'artiste, sous forme d'un superbe monologue.

Génial le duel musical entre novecento et le pianiste de génie qui s'embarque sur le bateau afin de donner une leçon à notre artiste déconnecté !

J'ai lu cette oeuvre parce que je vais avoir la chance d'aller écouter André Dussolier au théâtre et je suis ravie d'entendre ce texte lu par un grand acteur.

Je vous conseille cette lecture !
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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D'où vient le nouveau-né laissé à bord du Virginian, en escale à Boston ? Sur le bateau, nul ne le sait. Le marin qui l'a trouvé lui donne un nom : Novecento, mille neuf cents, comme le siècle qui commence.

Longtemps l'enfant puis l'adulte, devenu un pianiste exceptionnel (on dit le plus grand), refuse d'aller à terre. Il dit n'avoir pas besoin de cela pour découvrir le monde. Après tout, il a peut-être raison, il n'est pas nécessaire de parcourir le monde pour le connaitre, il suffit parfois de fréquenter ceux qui l'habitent.

A trente-deux ans néanmoins, poussé par un ami, Novecento tente de changer de perspective. Mais au seuil du monde (en fait, au pied de la passerelle), il renonce. Ce n'est pas la guerre, ni les incertitudes de la fin d'une époque se profilant à l'horizon qui le font reculer. Non, ce qui l'a fait battre en retraite, dit-il, c'est ce qu'il n'a pas vu à la coupée : un monde où il avait sa place.

Voici donc l'histoire de Novecento, une histoire diablement belle, poétique et… désespérée, celle d'un pianiste virtuose resté dans son cocon, bercé par sa propre musique sur l'océan infini – un homme qui a refusé de naître pour ne pas mourir.
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Depuis peu mon horizon littéraire c'est agrandit.
J'avais découvert Italo Calvino et son très beau roman " si par une nuit d'hiver un voyageur ", grâce à Noor j'ai fait la connaissance d'Alessandro Baricco et de son roman " Novecento: pianiste ".
Ce court récit pourrait s'apparenter à un conte, il commencerait par " il était une fois, dans un paquebot appelé le Virginian fut trouvé un nourrisson dans une boîte en carton.
Des fées ou des sirènes se penchèrent sur son berceau improvisé et lui donnèrent le don de faire de la musique et firent de lui un pianiste.
Né avec le siècle nouveau il fut appelé " Novecento ".
"Sa maison c'était l'océan . Quant à la terre eh bien, il n'y avait jamais posé le pied "
Ses doigts glissaient sur le clavier, touches noires, touches blanches, bâbord, tribord, le métronome donnait le tempo pour donner "la musique de l'océan, dont l'echo se répand dans tous les ports ".
Notes bleues, langueurs océanes....
Comme les contes finissent par " ils vécurent heureux " vous connaissez la suite....
La littérature italienne m'a ouvert ses bras, tant mieux sa poésie me fait du bien.
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Lemon Novencento est né sur le Virginia, un bateau qui fait la traversée de l'Océan Atlantique vers l'Amérique. Il a trente ans mais n'a jamais mis les pieds à terre.

Il fait partie de l'orchestre présent à bord et se lie avec le trompettiste.
Ce dernier le côtoie pendant six ans. Il s'étonne : «Nom de Dieu Novenceto, pourquoi est-ce que tu ne descends jamais, même une fois, rien qu'une, pourquoi est-ce que tu ne vas pas le voir, le monde, de tes yeux, de tes propres yeux ? »
Il raconte Monsieur le trompettiste……Il raconte cette histoire incroyable, cette amitié faite de silences éloquents, d'incompréhensions assumées, d'admiration, d'empathie et de dialogues, de notes surtout……oui parce que quand Novenceto « commençait à effleurer les touches…..petit à petit ça devenait une vraie musique, des sons sortaient du piano, un piano droit, noir, et c'étaient des sons de l'autre monde. Il y avait tout là-dedans : toutes les musiques de la terre réunies ensemble. A en rester baba… »


Et quand Novenceto s'exprime c'est avec des mots qui sortent du fin fond de son âme. Qu'il soit compris ou pas n'a aucune importance. Ce qu'il veut c'est aller au bout de ses convictions, il veut obéir à sa propre sensibilité, être ce qu'il est, s'en contenter, s'en rassasier, s'en réjouir, jouer encore et toujours et ne pas descendre.
Il veut rester à bord jouer des charges « meurtrières d'accords qui avaient l'air d'être jouées par cinquante mains » et faire exploser le piano de ses rêves les plus denses, les plus enjoués, les plus explicites. Il veut vivre pleinement et ne pas « descendre »….

Ce petit livre m'a enchantée. Ce genre de parabole livrée par Alessandro Baricco me parle. Je m'y sens bien. le style théâtral, musical a tout pour me séduire. Les passages sur la scène de la vie sont puissants, énergiques, cadencés, raffinés. La passion domine. Elle se nourrit d'elle-même au fil des pages.

Ce conte philosophique merveilleusement orchestré m'a fait réfléchir. Je le répète il m'a séduite, fortement séduite. J'en suis restée baba…..
Et vous ?
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Je mets trois étoiles pour les messages forts diffusés dans ce livre, le conformisme et ses contradictions, l'aventure humaine en huis clos, l'indifférence humaine pour l'humain, l'amitié qui sauve mais pas toujours.

Et puis il y a la musique et, si on n'entend guère celle de l'océan, pourtant omniprésent, on découvre les richesses de la créativité musicale, celles qui font que l'on peut entendre des improvisations extraordinaires dans des lieux insolites, pas seulement en bateau, mais un peu partout dans les ruelles du monde, comme par exemple le fado en bas de l'Alfama.

L'amitié d'un musicien, le narrateur, envers cet homme, Novecento, demeuré plus de trente ans sur le bateau où il est né, est aussi un signe fort de cette histoire. C'est une amitié totale qui avance ses arguments, sans les imposer, acceptant les hésitations, les certitudes, les décisions de l'autre.

On y voit aussi la condescendance humaine, les convaincus de leurs supériorités, la versatilité du public.

Donc, beaucoup d'images en peut de mots, sur une histoire simple, un peu absurde, qu'il faut accepter telle quelle au risque de passer à côté.
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Un nouveau-né est trouvé sur le piano d'un paquebot, le Virginian, reliant les deux continents.
Le marin qui l'a trouvé le recueille, lui donne son nom sans le déclarer et un prénom pour célébrer l'année 1900 qui s'ouvre à eux : Novecento.
Ce petit bonhomme, en grandissant, commence à jouer du piano comme personne et se lie d'amitié avec un trompettiste qui n'est autre que le narrateur de l'histoire.
Une histoire quasi fantastique.
A 32 ans, il désire quitter le bateau mais s'arrête à la troisième marche.
Il plonge dans la mer et voulait seulement admirer le Virginian sous cet angle.
Derrière tous ces évènements qui paraissent heureux, existe un drame celui de Novecento pour qui le monde semble trop vaste pour qu'il puisse l'affronter.
Son sort reste donc lié au paquebot coûte que coûte.
C'est une merveilleuse histoire qu'on lit comme un monologue théâtral car il a d'abord été conçu pour un comédien.
C'est ainsi que le lecteur a droit aux parenthèses précisant la mise en scène.
Alessandro Baricco est un auteur que j'apprécie beaucoup pour sa fantaisie et sa belle écriture comme dans "Soie" et " La jeune épouse".

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« Novecento : pianiste » est tout à la fois un texte de théâtre, un conte et un poème en prose. L'ouvrage d'Alessandro Barrico convoque notre âme d'enfant en nous contant la destinée improbable de Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento, « le plus grand pianiste qui ait joué sur l'Océan ».

Nouveau-né abandonné dans une boîte en carton sur le piano de la salle de bal du « Virginian », un paquebot transatlantique qui traverse inlassablement l'océan pour relier New York à l'Europe, Novecento est trouvé par un marin dénommé Danny Boodmann. Ce dernier va élever le futur prodige pendant huit ans, jusqu'à sa mort accidentelle pendant une tempête. le petit disparaît pendant deux jours avant d'être retrouvé :
« Il était assis sur le tabouret du piano, les jambes pendantes, elles ne touchaient même pas le sol.
et,
aussi vrai que Dieu est vrai,
il était en train de jouer. »

Vingt ans plus tard, c'est le trompettiste Tim Dooney qui embarque à bord du « Virginian » et fait la connaissance du pianiste surdoué qui enchante chaque jour les passagers du paquebot. C'est à travers son regard teinté d'admiration et d'une douce mélancolie que nous en apprendrons davantage sur la destinée unique de Novecento.

Le pianiste enchanteur n'a jamais quitté le paquebot qui l'a vu naître, et n'a jamais posé le pied sur la terre ferme, de quelque continent que ce soit. Il joue trois à quatre fois par jour, accompagné d'un petit orchestre comprenant clarinette, banjo, trompette, trombone et guitare. Novecento et ses compagnons musiciens émerveillent ainsi alternativement les nantis, les secondes classes, et quittent tantôt leur uniforme pour aller éblouir les émigrants miséreux.

Mystérieux, le pianiste génial est bon camarade, et n'est pas insensible au chant des sirènes d'un débarquement à New-York que lui murmure son ami et confident trompettiste. Et pourtant. Son destin incertain pourrait bien le conduire à ne jamais quitter le navire, et à continuer à jouer indéfiniment sur l'océan, d'Ouest en Est puis d'Est en Ouest, au gré des traversées du paquebot.

Malgré sa totale discrétion hors du royaume de Poséidon, la réputation de Novecento dépasse largement l'océan. Si bien qu'à l'été 1931, Jelly Roll Morton, autoproclamé « inventeur du jazz » monte à bord du Virginian pour défier le natif du navire. Aveuglé par la pureté de son amour pour la musique, notre héros ne saisit pas la nature de la confrontation que Jelly Roll Morton a imaginée, et s'enthousiasme pour le talent indéniable du grand jazzman. Lorsque l'évidence apparaît, il prononce ces paroles édifiantes : « Mais il est complètement con, ce type... » et entreprend de répondre au défi imprudent lancé par l'inventeur du jazz.

« Le public avala tout ça sans respirer. En apnée. Les yeux vissés sur le piano et la bouche ouverte, comme de parfaits imbéciles. Et ils restèrent là, sans rien dire, complètement éberlués, même après cette dernière charge meurtrière d'accords, qui avait l'air d'être jouée à cinquante mains, on aurait cru que le piano allait exploser. Et dans ce silence de folie, Novecento se leva, prit ma cigarette, se pencha un peu vers le piano, par-dessus le clavier, et approcha la cigarette des cordes.
Un grésillement léger.
Il s'écarta, et la cigarette était allumée.
Je le jure.
Bel et bien allumée. »

« Novecento : le pianiste » nous rappelle que la musique s'approche parfois d'une magie destinée à nous conduire pour un instant aux cotés des anges. En lisant ce court ouvrage, je n'ai cessé d'entendre virevolter Bill Evans, jouant comme si sa vie en dépendait au « Village Vanguard ». Et puisque la musique lumineuse de Novecento ne saurait être enfermée dans un genre, je l'ai imaginée aux confins de la musique classique et du jazz, et j'ai aussi entendu Glenn Gould effleurant les touches noires et blanches de son piano, ré-inventant les « Variations Goldberg » en s'accompagnant du marmonnement étrange que l'on entend sur ses derniers enregistrements.

« Novecento : le pianiste » nous conte le destin d'un musicien incandescent, qui traverse l'Océan à la manière du Sisyphe heureux que nous enjoint d'imaginer Albert Camus. Ce texte de théâtre aux accents poétiques prend une dimension métaphysique en revenant sur la destinée paradoxalement « immobile » d'un héros sans cesse en mouvement, métaphore mélancolique d'une vie touchée par la grâce et abandonnée par la pesanteur.
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Alessendro Baricco. Je ne l'avais jamais lu il y a peine un mois. Océan Mer m'avait enchanté, fasciné. Et aujourd'hui je me suis plongé dans ce court texte pour tenter de nouveau d'aller à la rencontre de l'auteur.
Je n'ai pas été déçu. On y retrouve l'humour, l'environnement poétique, le sujet traité toujours autours ces notions d'infini et d'immensité entre l'océan la créativité. Cette créativité contenue dans un bateau qui sera à jamais les limites de l'univers de ce pianiste virtuose, s'exprimera puissamment à travers les 88 touches blanches et noires de son clavier. La base de création infinie à partir des limites fixées par l'instrument et l'univers contenu de l'artiste.
Le monde est bien trop grand pour l'homme. Sa place trop difficile à trouver. le choix n'est pas possible, il n'est qu'une petite mort. le bateau est le refuge idéal dans lequel il rassemble toutes les expériences et les souvenirs de passage pour en faire don aux autres, en musique.

Encore un grand moment de lecture.
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C'est le genre de livres dont le format court joue comme une épure, cisèle l'essentiel et donne une sensation de joyau. le propos doit être servi par une belle écriture et il est préférable que l'auteur aborde des thèmes forts à visée universelle ou philosophique, à moins de choisir une empreinte poétique ou une alchimie de tout ça, ce qui est plus ambitieux et plus risqué sauf si on a le talent d'Alessandro Baricco. Né avec le XXème siècle qui lui donne son nom, Novecento a eu pour berceau un bateau, le Virginian, un transatlantique qui déverse son flot de migrants à chaque traversée. Il a eu pour parent adoptif, un vieux marin qui l'a élevé avec la bienveillance de l'équipage, mais sans jamais le laisser mettre pied à terre, de peur que sa situation irrégulière d'enfant abandonné n'attire les ennuis. Novecento a appris seul à jouer du piano et il a su d'emblée en jouer mieux que personne. Adulte, Novecento n'a jamais voulu descendre du Virginian. Pourquoi le ferait-il puisque le monde vient à lui et qu'il sait "lire les gens" pour créer sa musique ? A bord du bateau, Novecento n'a pas peur. La finitude de la coque sur l'infini de l'océan le rassure, les 88 touches de son clavier lui donnent accès à toutes les musiques et il sait quelle partition jouer, inspiré par l'Océan en chef d'orchestre.
Ecrit pour le théâtre ou pour être lu à voix haute, ce texte, d'une beauté sidérante, se lit presque en apnée afin de ne pas rompre le charme. Pour aller au-delà de l'émerveillement que procure ce monologue poétique, la maison d'édition a eu l'intelligente idée de donner la parole, dans une postface, à sa traductrice, Françoise Brun car, parfois, ce sont ceux qui prennent à bras le corps un texte, ceux dont les efforts constants s'appliquent à en rendre la beauté originelle, qui en parlent le mieux.

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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