AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782877064095
334 pages
Editions de Fallois (15/03/2001)
4/5   1 notes
Résumé :
Pendant les années 1940-44 marquées par la peur et les privations, l'adolescent que j'étais alors, comme tant d'autres garçons entre 17 et 20 ans, poursuivait ses études et s'éveillait aux mystères d'une sexualité encore confuse.

«Mais ma priorité, c'était le théâtre.

«Jean Cocteau, Charles Trenet, Christian Bérard étaient pour moi comme des astres, et les satellites gravitant autour d'eux formaient une constellation qui éclairait la nu... >Voir plus
Que lire après Quatre années sans relâcheVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je ne connais Pierre Barillet que par les adaptations cinématographiques des pièces qu'il a co-écrites avec Jean-Pierre Grédy, Fleur de cactus de Gene Saks et plus récemment Potiche de François Ozon.
Issu d'un milieu favorisé, il est passionné de théâtre depuis l'enfance, se lie avec Jean Cocteau et Christian Bérard qui le conseillent.
Agé de 17 ans en 1940, le jeune Barillet fréquente assidument les cinémas, les théâtres, les bars et les soirées mondaines.
Dans Quatre années sans relâche, il nous livre ses souvenirs de la vie culturelle sous l'Occupation. Et aussi paradoxal que cela puisse paraitre, elle est d'une grande intensité, malgré une double censure, celle de l'Allemagne et celle de Vichy, malgré le « cahier des charges » de la propagande, malgré les spoliations, les aryanisations, les dénonciations…Paris s'en accommode, les cabarets, salles de concert, cinémas, théâtres, sont pleins.

En lisant les souvenirs de Barillet, on songe à Sartre: « Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande. » Barillet qui étudie le droit (et en lisant son livre on se demande quand) est souvent seul, sort sans relâche, peut vivre pleinement son homosexualité, ne souffre pas de privations grâce à ses parents qui possèdent une résidence à la campagne et à ses amis privilégiés.

« J'ai vécu ces quatre années comme des grandes vacances sur une toile de fond tragique. »
Conscient du chaos ambiant, mais passionné, il assiste à toutes les premières, à la Comédie Française, aux Bouffes Parisiens, à L'Athénée, aux projections des Visiteurs du soir, de L'Eternel retour, de Douce, du Corbeau… Sous l'Occupation, on créé sous tutelle, on redoute la censure et surtout la presse, symbolisée par Alain Laubreaux, soupçonné d'avoir dénoncé Robert Desnos et qui inspira à Truffaut le personnage de Daxiat dans le Dernier Métro, et par Lucien Rebatet. La Milice ne se prive pas d'interrompre des représentations qui lui déplaisent avec des bombes lacrymogènes et des mitraillettes, comme celle d'Andromaque, qu'André Castelot, dans La Gerbe tourne en ridicule (sauf les « cuisses superbes de Jean Marais »).

L'ouvrage regorge donc d'anecdotes sur le Tout Paris des Arts et Lettres. Quelques les figures émergent, Cocteau et Marais bien sûr, Jany Holt, Charles Trenet, Pierre Fresnay et Yvonne Printemps, Corinne Luchaire… de nombreuses personnalités sont depuis tombées dans les oubliettes, ressuscitées de temps en temps par des auteurs comme Slocombe ou de Lucovich. Barillet parle du cinéma comme Pascal Sevran parlait de la chanson française. C'est agréable à lire, même si le lecteur a l'impression de se retrouver coincé dans une bulle de champagne géante alors que tout autour le monde entier s'écroule, ambiance « «Un cocktail, des cocteaux », petite vacherie amusante signée Queneau
Commenter  J’apprécie          4813

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
A quelques temps de là, un soir d'hiver, j'accompagnai à la gare de l'Est Charles (Trenet) qui devait partir avec d'autres artistes pour une tournée des camps de prisonniers en Allemagne. Piaf était du voyage. Nous la vîmes arriver, minuscule dans son éternel manteau de mouton doré, trottinant sur ses botillons fourrés, l'air minable. Elle trimbalait un de ces cabas de toile cirée noire que les ménagères utilisent encore pour faire leur marché. Il débordait de victuailles enveloppées dans du papier journal. Toujours à court d'argent, au moment de gagner son wagon, elle réclama "dix mille balles" à son impresario. Quant à Charles, il monta dans le train d'un côté et descendit discrètement de l'autre! S'esquivant entre deux voies, il manqua le départ du train. Il avait bien compris que, sous prétexte de distraire les prisonniers, ces déplacements de vedettes populaires, bruyamment orchestrés par la presse collaborationniste, avaient pour but essentiel de servir la propagande nazie.
Commenter  J’apprécie          190
Que penser de la Comédie -Française, qui "s'auto-purifie" des miasmes nostalgiques de l'Occupation par un simulacre de "résistance" dans les derniers jours d'août 1944? Marie Bell qui a ,comme la plupart des autres sociétaires de l'illustre maison, été plus ou moins contrainte de fréquenter l'ambassade d'Allemagne et qui y a même été photographiée en train de sabler le champagne avec le docteur Goebbels, devient l'un des cinq membres d'une Commission d'épuration qui siège sous la présidence de Pierre Dux, nommé administrateur général provisoire du Français. Cette initiative de laver son linge sale en famille avait-elle pour but d'atténuer les sanctions qu'une justice plus sévère auraient exercées envers ceux qui s'étaient ouvertement compromis?
Commenter  J’apprécie          212
Il arrivait que Violette Morris, rejoignant sa péniche ancrée en bord de Seine à la hauteur de la rue Victor-Daix, s'arrêta pour leur dire bonjour, en passant. Cette visite semait la panique. Jany avait fait la connaissance de cette lesbienne de choc pendant les répétitions des Monstres sacrés par l'entremise d'Yvonne de Bray qu'elle hébergeait alors et avec laquelle on lui prêtait une liaison. On racontait que, contrainte au régime sec par sa "geôlière", lorsque cette dernière s'absentait, en la laissant enfermée à double tour sur le bateau, Yvonne, en manque et à défaut d'autre alcool, sifflait les flacons d'eau de Cologne. Jacques et Jany s'efforçaient d'éviter leur encombrante voisine mais se voyaient parfois contraints de lui entrouvrir leur porte et, malgré eux, de lui faire bonne figure. D'une allure mastoc, toujours habillée en homme, Violette Morris portait un revolver dans son ceinturon, par autorisation de la Gestapo. Après qu'elle m'eut une fois demandé ce que je faisais à Paris plutôt que d'être parti travailler en Allemagne, si par hasard je me trouvais là, on me cachait dans un placard jusqu'à ce qu'elle soit partie, tant on redoutait les dénonciations de cette indicatrice que l'on disait sadique.
Commenter  J’apprécie          113
Le 14 octobre, à l'Opéra, présentation de gala, au bénéfice de la Croix-Rouge, du film Mermoz. On se souvient de l'étrange histoire attachée à la réalisation de cette biographie du célèbre pilote de l'Archange, et que le réalisateur Marcel Bluwal a retracée récemment pour l'écran. Robert-Hugues Lambert avait été choisi pour incarner à l'écran Mermoz pour sa ressemblance avec l'aviateur. Arrêté pendant le tournage, pour homosexualité, dans un bar spécialisé, il est incarcéré à Drancy...C'est Henri Vidal, encore presque inconnu, qui terminera le film à sa place. Et c'est Robert-Hugues Lambert qui synchronisera les scènes tournées par son remplaçant, grâce à la complicité d'un gardien, à travers les barbelés de Drancy où il était toujours interné, et qu'il ne quittera que pour trouver la mort dans un autre camp.
Commenter  J’apprécie          132
Rue de Montpensier, on est aussi très agité par la découverte d'un nouveau génie que Cocteau n"hésite pas à comparer à Villon et à Rimbaud. On lit et relit à voix haute Le Condamné à mort d'un inconnu qui s'appelle Jean Genet. C'est Roland Laudenbach, le neveu de Pierre Fresnay et l'un des membres de l'entourage de Cocteau, qui a amené chez ce dernier le poète délinquant dont un de ses amis venait de faire la connaissance par hasard, quai Saint-Michel, devant l'étalage d'un bouquiniste. L'enthousiasme de Cocteau nous convainc de l''importance de l'évènement. La lecture de Notre-Dame des Fleurs ne fera que renforcer Jean quant au talent de son auteur, qu'il s'emploiera avec un dévouement total à faire connaitre et à aider dans des circonstances parfois dangereuses et compromettantes.
Commenter  J’apprécie          110

Video de Pierre Barillet (6) Voir plusAjouter une vidéo

[Pierre Barillet : A la ville comme à la scène]
Dans le décor de la maison de Chateaubriand à Chatenay-Malabry, Olivier BARROT présente l'ouvrage autobiographique de Pierre BARILLET "A la ville comme à la scène", sorte de chronique de la vie théâtrale à Paris entre 1944 et 1990 dont il fut un des principaux animateurs avec son compère GREDY.
autres livres classés : occupationVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3175 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}