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Citations sur Le fracas du temps (73)

Il se rappelait ce concert en plein air dans un parc de Kharkov. Sa Première Symphonie avait déclenché les aboiements de tous les chiens du voisinage.
La foule avait ri, l’orchestre avait joué plus fort, les chiens avaient aboyé de plus belle, le public avait ri de plus belle.
Et voilà que sa musique faisait aboyer de plus gros chiens. L’Histoire se répétait : après la farce, la tragédie.
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Perhaps courage was like beauty. A beautiful woman grows old: she sees only what has gone; others see only what remains.
( Peut-être le courage était comme la beauté.Un belle femme vieillit : elle ne voit que ce qui est parti; les autres voient ce qui reste )
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Art belongs to everybody and nobody. Art belongs to all time and no time. Art belongs to those who create it and those who savour it......Art is the whisper of history, heard above the noise of time.
( L'art appartient à tout le monde et à personne.L'art appartient à tous les temps mais est aussi intemporel.L'art appartient à ceux qui le créaient et à ceux qui le dégustent....L'art est le chuchotement de l'histoire qu'on entend au-dessus du fracas du temps )
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Quand la vérité devenait impossible – parce qu’on risquait une mort immédiate – elle devait être déguisée. Dans la musique folklorique juive, la danse est le déguisement du désespoir. Et, en l’occurrence, le déguisement de la vérité était l’ironie. Parce que l’oreille du despote est rarement assez fine pour l’entendre. P 97
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« Il n’y a que de la bonne vodka et de la très bonne vodka - Il n’y a pas de mauvaise vodka . » Tel était l’adage de Moscou à Leningrad, d’Arkhangelsk à Kouïbychev. Mais il y avait aussi la vodka américaine, qui, avait-il appris, était rituellement « améliorée » au moyen d’arômes de fruits, de citrons, de glaçons et de soda - son goût noyé dans des cocktails. Alors peut-être y avait-il quand même de la mauvaise vodka.
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Professor Nikolayev’s definition of a musicologist. Imagine we are eating scrambled eggs, the Professor used to say. My cook, Pasha, has prepared them, and you and I are eating them. Along comes a man who has not prepared them and is not eating them, but he talks about them as if he knows everything about them –that is a musicologist.
( Definition d'un musicologue du professeur Nikolayev.Imaginez que nous mangions des œufs brouillés , disait le professeur. Mon cuisinier, Pacha,les a préparés, et nous les mangions.Arrive un bonhomme qui ne les a pas préparés, ne les mange pas, mais en parle comme s'il connaissait tout sur eux, c'est le musicologue ).
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Ou, pour prendre une autre image, venant de sa propre enfance : cette maison d’été qu’ils avaient à Irinovka, dans ce domaine riche en tourbe. Une maison de rêve ou de cauchemar, avec de grandes pièces et de minuscules fenêtres, qui faisait rire les adultes et frissonner de peur les enfants. Eh maintenant il se rendait compte que le pays où il avait vécu si longtemps était comme ça aussi... C’était comme si, lorsqu’ils avaient dessiné leurs plans pour la Russie soviétique, les architectes avaient été réfléchis, méticuleux et bien intentionnés mais avaient échoué à un niveau très élémentaire : ils avaient pris les mètres pour des centimètres, et parfois l’inverse. Avec pour résultat que la Maison du Communisme était toute disproportionnée, et qu’il lui manquait souvent d’être à l’échelle humaine. Elle vous donnait des rêves, elle vous donnait des cauchemars, et elle rendait tout le monde - les adultes comme les enfants - craintif et apeuré.
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Récemment, le Pouvoir l’avait humilié, lui avait retiré son gagne-pain, ordonné de se repentir. Le Pouvoir lui avait dit comment il voulait qu’il travaille, comment il voulait qu’il vive. A présent, il insinuait que, à la réflexion, il ne voulait peut-être plus qu’il vive. P 55
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Et ces gens, peut-être conscients que la célébrité mène souvent à la vanité et à la fatuité, pouvaient être d'accord, en ouvrant leur Pravda, avec l'idée que des compositeurs pouvaient aisément s'éloigner de la tâche d'écrire le genre de musique que le public voulait entendre; et aussi, puisque tous les compositeurs étaient employés par l'Etat, que c'était le devoir de l'Etat, s'ils choquaient, d'intervenir et de les ramener sur la voie d'une plus grande harmonie avec leur public. Cela semblait parfaitement raisonnable, non?
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Autrefois, un enfant pouvait payer pour les péchés de son père, ou de sa mère. A présent [en 1936], dans la société la plus avancée sur terre [l'Union soviétique], les parents pouvaient payer pour les péchés de l'enfant, avec les oncles, tantes, cousins, la belle-famille, les collègues, les amis, et même l'homme qui vous souriait distraitement en sortant de l'ascenseur à 3 heures du matin. Le système punitif était très amélioré, et tellement plus complet qu'il ne l'avait été.
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