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Critique de dido600


La poésie est souvent un long voyage ; ce ne sont pas seulement des mots habités, dans bien des cas, par une âme exquise, profonde, pure et éternelle.






C'est également une démarche qui ose s'approprier l'inconnaissable. Ainsi on se laisse embarquer par ce désir irrépressible de mots, d'images et de cette quête, presque secrète, de soi-même ; au bout de l'aventure, on est déjà transformé. Mais le tragique vient parfois s'immiscer dans l'existence tumultueuse des poètes. Dans son roman, Phrères, , l'écrivain Claire Barré nous fait plonger dans les années 1920, à la poursuite d'une bande de copains qui entendent révolutionner le monde grâce aux mots et à leur façon d'être et de se projeter dans l'avenir. Ils sont quatre, Lecomte, Daumal, Vailland et Meyrat dit la Stryge vivent à Reims ; influencés, entre autres, par Rimbaud, ils ont la ferme intention de conquérir Paris. "Lecomte a soif de gloire et ne pourra se contenter de devenir une célébrité locale. Un poète de province qu'on salue sur la place du marché". Ce n'est pas le cas de Pulchinella, amoureuse de Lecomte ; elle se plaît bien à Reims, elle est y trop attachée. "Elle l'aime cette cité aux rues pavées et aux esprits rangés. Révère sa cathédrale. Ses vitraux. Se souviendra toujours de cette matinée où son oncle l'a fait pénétrer pour la première fois dans les ateliers où l'on colore le verre, où l'on restaure les trésors passés. Sa passion est ici, dans l'atelier des vitriers. Et qu'on ne lui parle pas de Notre-Dame-de-Paris. Non. C'est à Reims qu'elle exercera son art". D'une expérience à l'autre, d'une trouvaille à l'autre, les quatre amis cheminent sur les sentiers d'une quête d'absolu qui semble déjà les dépasser. L'opium, les mots et leur magie, l'espoir parisien et la sensualité des femmes meublent leur quotidien.

Avec son style fluide et envoûtant, fait de jolies phrases qui sonnent comme des poèmes, Claire Barré nous ensorcelle, elle nous restitue admirablement une époque que nous n'avons pas vécue, elle nous fait aimer cette bande de copains malgré leurs délires et leurs extravagances. "Phrères" est un roman à la gloire de la poésie, et pourtant il s'ouvre sur cette journée fatidique du 19 mars 1925 où la mort vient en réaction douloureuse à un refus. "Se persuader, au contraire, que la mort est le seul domaine de la Poésie véritable, qu'il la rejoint enfin, que Rimbaud, Baudelaire et Lautréamont l'attendent, oui, l'espèrent, installés dans une île où le soleil est liquide comme le miel, où l'on boit à la mamelle de la lune, où l'océan déborde de joyaux innommables .. C'est un roman à lire et à relire...
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