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Le Culte du Moi tome 2 sur 3
EAN : 978B005R8MEEK
(30/09/2011)
3.5/5   11 notes
Résumé :
PRÉFACE DE L'ÉDITION DE 1904 Ceux qui ne connurent jamais l'ivresse de déplaire ne peuvent imaginer les divines satisfactions de ma vingt-cinquième année : j'ai scandalisé. Des gens se mettaient à cause de mes livres en fureur. Leur sottise me crevait de bonheur. Sous l'oeil des Barbares parut en novembre 1887 et l' Homme libre, vers Pâques, en 1889. Les maîtres de la grande espèce vivaient encore. Je croisais dans le quartier Latin Taine, Renan et Leconte de Lisle.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un homme libre / Maurice Barrès (1862-1923)
Barrès est né en Lorraine. Entré au collège à l'âge de 11 ans, Barrès souffrit dès cette époque de la solitude face à ce qu'il nomme la méchanceté de ses condisciples avec pour conséquence le développement d'une vie intérieure intense et une ombrageuse fierté, prémisses d'un futur culte du Moi. Gamin trop sensible et trop raisonneur comme il le reconnait dans ses écrits, il est déjà convaincu que le secret des forts est de se contraindre sans répit.
Après des études de droit à Nancy, il part à Paris et rencontre Leconte de Lisle et Victor Hugo. Ses maitres à penser sont alors Taine et Renan, qu'il reniera un peu plus tard.
Sous le titre collectif de « Culte du moi », il publie sa trilogie, en 1888 « Sous l'oeil des barbares », en 1889 « Un homme libre », et en 1891 « le jardin de Bérénice ». Barrès veut alors assurer la culture de son âme selon des idéaux personnels où la seule valeur indiscutable et immédiatement perceptible est le Moi. Un Moi qu'il faut défendre chaque jour avec effort contre les Barbares, les autres de fait.
Grand lecteur de Dante et de Pascal, il voit dans la solitude ou dans l'intimité intellectuelle, avec Simon par exemple dans « Un homme libre », la seule solution afin de connaître le bonheur dans l'exaltation et l'analyse. Barrès prône une hygiène de l'âme par l'ascèse dans l'intensité de la réflexion et un choix personnel des valeurs. Ne point subir est la ligne de conduite essentielle, c'est le salut quand on est pressé par une société anarchique. Une discipline inspirée d'Ignace de Loyola.
Benjamin Constant, Baudelaire et Sainte-Beuve sont alors ses marqueurs, ses intercesseurs comme il dit. le culte du moi est un fameux rêve assurément, qui a pour ambition de saisir la réalité la plus intime de l'individu, constamment exposé aux barbares que sont les autres. L'aboutissement est Dieu ou une espèce d'entité divine qui n'est peut-être rien de plus qu'un Moi élargi à l'infini.
Plus tard, c'est la voix du pays natal qui l'appelle, celle de la Lorraine, pour parvenir à son développement. du culte du moi Barrès passe au nationalisme sans qu'il y ait rupture mais seulement approfondissement. Il enracine l'individu dans la terre où il est né. Désormais, il retrouvera en son âme toute sa patrie et dans la patrie une personne. Pour lui, tout homme est l'addition de sa race.
Pour revenir au texte, l'entame est assez édifiante quant au cas que fait Barrès du jugement des autres : « Ceux qui ne connurent jamais l'ivresse de déplaire ne peuvent imaginer les divines satisfactions de ma vingt - cinquième année : j'ai scandalisé. Des gens se mettaient à cause de mes livres en fureur. Leur sottise me crevait de bonheur . »
Plus loin, Barrès explique son but : « J'écrivais pour mettre de l'ordre en moi - même et pour me délivrer, car on ne pense, ce qui s'appelle penser, que la plume à la main . »
Pour lui, le fier et vif sentiment du moi que décrit un homme libre est un instant nécessaire : « Un moi qui ne subit pas , voilà le héros de notre petit livre . Ne point subir ! C'est le salut , quand nous sommes pressés par une société anarchique , où la multitude des doctrines ne laisse plus aucune discipline et quand , par - dessus nos frontières , les flots puissants de l'étranger viennent , sur les champs paternels , nous étourdir et nous entraîner . »
Barrès souhaite que l'éducation ne soit pas départie aux enfants sans égard pour leur individualité et leur sensibilité propres, car le Français est individualiste, c'est un fait certain.
Puis Barrès précise : « Je ne touche pas à l'énigme du commencement des choses , ni à la douloureuse énigme de la fin de toutes choses . Je me cramponne à ma courte solidité . Je me place dans une collectivité un peu plus longue que mon individu ; je m'invente une destination un peu plus raisonnable que ma chétive carrière . à force d'humiliations , ma pensée , d'abord si fière d'être libre , arrive à constater sa dépendance de cette terre et de ces morts qui , bien avant que je naquisse , l'ont commandée jusque dans ses nuances . . . Chercher continuellement la paix et le bonheur , avec la conviction qu'on ne les trouvera jamais , c'est toute la solution que je propose … Il faut mettre sa félicité dans les expériences qu'on institue , et non dans les résultats qu'elles semblent promettre . Amusons - nous aux moyens , sans souci du but . »
le séjour à Jersey avec Simon est un moment essentiel du livre, Simon alors une âme soeur : « Nous avions en commun des préjugés , un vocabulaire et des dédains. » Et aussi une certaine mélancolie, et les appétits du mélancolique prenant plutôt le caractère de la passion que celui du besoin. « Nous anoblissons si bien chacun de nos besoins que le but devient secondaire ; c'est dans notre appétit même que nous nous complaisons , et il devient une ardeur sans objet , car rien ne saurait le satisfaire… Ainsi sommes - nous essentiellement des idéalistes … Silencieux et retirés , d'après un plan méthodique , nous avons passé en revue nos péchés , nos manques d'amour …Je suis obsédé de la laideur qu'a prise mon âme au contact des hommes … La vie est insupportable à qui n'a pas à toute heure sous la main un enthousiasme . »
le premier principe pour Simon et Barrès veut qu'ils ne soient jamais si heureux que dans l'exaltation, et ce qui augmente beaucoup le plaisir de l'exaltation, c'est de l'analyser.
Glorifier le Moi, tout est là, s'aimer infiniment, s'embrasser pour embrasser les choses « en commençant par connaître les forces et les faiblesses de notre esprit et de notre corps. »
le séjour en Lorraine ne peut manquer de faire référence à Jeanne d'Arc qui demeure à tout jamais celle qui protège.
Plus tard c'est vers Venise la douce que Barrès seul va pour consoler ses chagrins et relever son jugement sur lui-même : « Venise , me disais - je , fut bâtie sur les lagunes par un groupe d'hommes jaloux de leur indépendance ; cette fierté d'être libre . »
Enfin c'est à Paris que Barrès renonce à la solitude dans les bras d'une maîtresse tout en écrivant : « Je vais jusqu'à penser que ce serait un bon système de vie de n'avoir pas de domicile , d'habiter n'importe où dans le monde . Un chez moi est comme un prolongement du passé ; les émotions d'hier le tapissent . Mais , coupant sans cesse derrière moi , je veux que chaque matin la vie m'apparaisse neuve , et que toutes choses me soient un début . »
Barrès n'avait que 25 ans lorsqu'il écrivit ce tome II du « Culte du Moi » et l'écriture savante et sobre de ces lignes est à noter : pas de délires lyriques ni d'envolées poétiques, pas de colère pour exposer sa philosophie de la vie face aux barbares. Juste une forme d'ironie parfois bien que l'auteur s'en défendît, pour accompagner des réflexions d'un niveau élevé.

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Un homme libre est le deuxième volume de la trilogie de Barrès consacrée au Culte du Moi. Une oeuvre faite pour exalter l'Individualité, et qui a donc prit la forme la plus égotiste qui soit : celle du journal.
Le narrateur relate plusieurs étapes de sa vie intérieure qui se concrétisent par autant de voyages. D'abord, il part se réfugier avec son ami Simon dans sa Lorraine natale pour échapper à la mesquinerie du monde et analyser à loisir les mouvements de son âme. Mais plongé dans une tristesse accablante, il décide de visiter Venise, qui lui redonne goût à la vie. Il retourne ensuite à Paris, où il a une brève liaison qui se finit mal. Alors il se rend sur la côte d'azur pour soigner sa mélancolie, puis revient définitivement à Paris, prêt à affronter le monde.
Racontée ainsi, cette histoire peut paraître d'une banalité affligeante. Pourtant, elle est soutenue par une pensée très vigoureuse et relativement étonnante pour un jeune homme, puisque Barrès l'a écrit autour de sa vingt-cinquième année. Il part d'un sentiment assez commun aux écrivains de la fin du dix-neuvième siècle, en particulier aux écrivains catholiques : la tentation de se couper du monde et de s'enfermer dans un cloître. C'est bien la vulgarité de ses contemporains qui le pousse à se réfugier d'abord dans son Moi, ensuite à Saint-Germain, en Lorraine. Mais, alors que ses aînés du siècle précédent, se sont arrêtés là, éteignant tout espoir, sous-entendant que cette fois c'était bien fini, qu'il n'y avait plus rien à attendre que la décadence toujours plus profonde des moeurs, Barrès ouvre une porte sur le vingtième siècle. Cette porte, c'est celle de l'idéologie. Même si elle n'est pas vraiment encore tout à fait systématisée dans ce livre, on peut se rendre compte que Barrès utilise un certain vocabulaire. Pour évoquer cet Autre qui assaille son Moi, il parle de « barbares », et il les assimile à tous les étrangers qui ont soumis son peuple, la « race lorraine ». Mais je le répète, dans Un homme libre, on ne retrouve de l'idéologie nationaliste que la terminologie, la place prépondérante reste celle du Moi. Pourtant, même si cela n'est qu'anecdotique dans ce livre, c'est intéressant de voir la manière avec laquelle Barrès passe si facilement du Moi à une certaine communauté, une « race ». Cette manière c'est une sorte de magie de l'esprit : l'analogie.
Bref, Barrès n'est pas autant accablé par la solitude que d'autres écrivains du dix-neuvième siècle, il a un fort sentiment d'appartenir à une forme de communauté à travers les âges, un Etre, une civilisation, dont son Moi n'est qu'une petite partie. Et pour retourner l'analogie, ce Moi est lui aussi traversé par de multiples émotions, parfois contradictoires, qui le sauvent également du désespoir, de la sécheresse des sentiments. Car toutes ces émotions sont les chemins qu'aime parcourir Barrès et tant pis si elles ne le mènent nulle part, car « Les désirs, les ardeurs, les aspirations sont tout ; le but rien. »
En résumé, une écriture savante mais très sobre, sans emportement, avec juste ce qu'il faut de philosophie, de culture et d'art. Un livre plein de réflexions et d'auto-analyses étrangement froides, non sans paradoxes.
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J'ai ouvert ce livre avec une certaine appréhension, car le premier volume de la trilogie du "Culte du moi" m'avait carrément barbé. Dans ce second volet, j'ai retrouvé le style quelque peu rébarbatif du premier Barrès, ses analyses psychologiques absconses, avec cependant quelques belles pages.

Des critiques de l'époque (1889) y ont décelé de l'ironie ; je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de cela, et d'ailleurs l'auteur s'en défendait dans une préface. Ce qu'il disait aussi, c'est que ce livre s'adressait aux collégiens subissant un mal de vivre pouvant les mener au suicide. De là à le réduire à de la littérature pour potaches, il y a un pas que je me garderai de franchir.

Le jeune narrateur (25 ans) pratique des autoanalyses, des exercices spirituels. Il veut tout ressentir, subir toutes les émotions, même artificiellement. Son objectif : une parfaite maîtrise de soi, mais sans jamais se départir d'un enthousiasme salvateur, et d'une grande faculté d'admiration. Se rendant à Venise, il cesse de mépriser, se réconcilie avec le monde des "barbares". Mais il en arrive à se détacher de tout, y compris de lui-même.

Etrange roman, qui néanmoins influença une génération au moins de jeunes gens. Malgré tout, cette curiosité littéraire vaut le détour, comme dirait un certain guide touristique.


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Je n'ai pas du tout apprécié « le culte du Moi, tome 2 : Un homme libre » de Maurice Barrès téléchargé gratuitement sur ma liseuse.
Nous n'avons vraiment pas la même conception de la liberté. le livre m'est tombé des mains comme on dit mais j'ai quand même essayé de comprendre les propos de Maurice Barrès.
Conclusions : il est misogyne, réactionnaire et a des problèmes de rentier ; il pense que la liberté s'acquière dans son MOI et pas par ses actes. Je ne sais pas si j'ai bien compris cet auteur mais on ne m'y reprendra pas d'autant plus que j'ai beaucoup d'autres livres à lire.
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Je trouve très bien que l'auteur se permette d'infirmer à travers ce court roman les idées qu'il se propose de défendre. Il serait très faux, bien que tentant par le titre du roman et de la trilogie « le culte du moi » de croire qu'il s'agit là d'un éloge de l'égoïsme. A bien des égares, il s'agit là d'un prélude aux idées que l'auteur développera plus tard dans son oeuvre. Les germes sont ici présents d'une oeuvre plus grande et complète à venir.
Je le recommande,
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Nous serons un jour (mais qui de nous deux le premier?) meurtris par notre cercueil, nos mains jointes seront opprimées par des planches clouées à grand bruit; nos visages d'humoristes n'auront plus que les marques pénibles de cette lutte dernière que chacun s'efforce de taire, mais qui, dans la plupart des cas, est atroce. Ce sera fini, sans que ce moment suprême prenne la moindre grandeur tragique, car l'accident ne paraît singulier qu'à l'agonisant lui-même. Ce sera terminé. Tout ce que j'aurai emmagasiné d'idées, d'émotions, et mes conceptions si variées de l'univers s'effaceront.
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Premier principe : Nous ne sommes jamais si heureux que dans l'exaltation.
Deuxième principe : Ce qui augmente beaucoup le plaisir de l'exaltation, c'est de l'analyser.
Troisième principe : Il faut sentir le plus possible en analysant le plus possible.
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Nous n'avons jamais connu l'irréflexion des adolescents, leurs gambades ni leurs déportements. La vie toujours chez nous rencontra des obstacles. Nous n'avons pas eu le sentiment de la force, cette énergie vitale qui pousse le jeune homme hors de lui-même. Je ne me crus jamais invincible. Et en même temps, j'ai eu peu de confiance dans les autres. Notre existence, qui peut paraître triste et inquiète, fut du moins clairvoyante et circonspecte. Ce sentiment de nos forces émoussées nous engage vivement à ne négliger aucune de celles qui nous restent, à en augmenter l'effet par un meilleur usage, à les fortifier de toutes les ressources de l'expérience.
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Vous connaissez ces insomnies que nous fait une idée fixe, debout sur notre cerveau comme le génie de la Bastille, tandis que, nous enfonçant dans notre oreiller, nous nous supplions de ne penser à rien et nous recroquevillons dans un travail machinal, tel que de suivre le balancier de la pendule, de compter jusqu'à cent et autres bêtises insuffisantes. Soudain, à travers le voile de banalités qu'on lui oppose, l'idée réapparaît, confuse, puis parfaitement nette. Et vaincu, nous essayons encore de lui échapper, en nous retournant dans nos draps. Enfin, je me levais, et par quelque lecture émouvante je cherchais à m'oublier. Tout me disait mon chagrin, au point que les romans de mes contemporains me parurent admirables.
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Deux êtres ne peuvent pas se connaître. Le langage ayant été fait pour l’usage quotidien ne sait exprimer que des états grossiers ; tout le vague, tout ce qui est sincère n’a pas de mot pour s’exprimer. L’instant approche où je cesserai de lutter contre cette insuffisance ; je ne me plairai plus à présenter mon âme à mes amis, même la nuit.
Plus loin j’entrevois la possibilité d’être las de moi-même autant que des autres.
Mais quoi ! M’abandonner ! Je renierais mon service, je délaisserais le culte que je me dois !
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