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EAN : 9782072532740
256 pages
Gallimard (28/08/2014)
3.64/5   28 notes
Résumé :
L'Irlandais Jack McNulty est un «homme provisoire», tout comme l'ont été ses missions avec l'armée britannique durant la Seconde Guerre mondiale. En 1957, installé à Accra, en proie à l'angoisse et au ressassement, il décide de rédiger l'histoire de sa vie.
Homme ordinaire, aussi héroïque qu'insignifiant, Jack a été le témoin de choses extraordinaires. Il a travaillé et erré à travers le monde, tour à tour soldat, ingénieur, observateur de l'ONU. Son mariage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre qui, en dépit du talent de narrateur de Sebastian Barry, a la saveur d'une gueule de bois un lendemain de cuite.

1957. Un vieil expatrié irlandais, solitaire et mélancolique, remue les cendres d'un passé matrimonial chaotique, cherchant à comprendre la décrépitude de son couple, homme et femme sous l'emprise de l'alcool.
Une lente descente aux enfers sur de longues années, en particulier pour l'épouse fantasque, dépressive et souvent isolée. Une sorte de fuite en avant, pour oublier les dettes, les drames, les enfants peu désirés, l'absence professionnelle ou militaire du père de famille, et faire le deuil de l'espérance des jeunes années et de l'amour partagé.

Un personnage sans envergure, que cet homme provisoire, spectateur désolé et insignifiant, pleutre pour faire face aux difficultés et devoirs de chef de famille, responsable en grande partie du destin pourri de sa famille.

Au fil des pages apparaît un vieil homme qui fait pénitence, en assumant ses fautes et ses manques. Cela ne le rend pas pour autant sympathique.

Si l'auteur a voulu mettre le doigt sur une thématique culturelle que l'on dit typiquement irlandaise*, le résultat est sans appel. Les événements de cette triste fiction s'articulent dans le contexte des soubresauts politiques pour l'indépendance du pays et sur la seconde guerre mondiale. Une facette très intéressante à suivre.

Un livre âpre et fort, qui a la lourdeur d'une Guinness éventée.

* En 2006, une commission européenne positionnait l'Irlande dans les premiers rangs des états de l'Union touchés par l'alcoolisme, jeunes et adultes confondus.
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Voyage entre l'Irlande et l'Afrique juste avant la décolonisation. Notre guide est Jack McNutty un homme ordinaire, avec quelques défauts, notamment un sacré penchant pour le whisky.
Dans sa maison d'Accra au Ghana, quand ce pays était une colonie britannique et s'appelait encore Côte de L'Or, Jack écrit ses mémoires sous le regard bienveillant de Tom son majordome africain.
Evidemment lorsque l'on s'est battu pour l'indépendance de l'Irlande, que l'on a été ingénieur dans les colonies, officier dans l'armée de sa gracieuse majesté, observateur à l'ONU on a beaucoup de chose à raconter et lorsque l'on a épousé la plus joli fille de sa ville natale, forcément à l'heure des bilans on vit très mal de n'avoir pas pu la rendre heureuse.L'alcool est un poison qui désagrège les gens qui s'aiment

Une sacrée belle histoire d'amour d'une infinie tristesse. Sébastien Barry pose un regard profondément humaniste sur ce couple si mal assorti témoin des conflits qui ont enflammé le XXe siècle, colonisation, décolonisation et seconde guerre mondiale.

« L'homme provisoire »est un formidable roman modeste et ambitieux, modeste par le style et la narration, jamais le romancier ne se laisse emporter par le « m'as-tu vu quand j'écris » et ambitieux par l'ampleur de la fresque historique. Un roman parfait.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Des livres qui relatent une histoire d'amour vouée à l'échec, il y en a des tonnes. Des livres qui retracent l'histoire d'un pays à travers le destin d'un personnage, aussi. Des histoires de regrets, de temps qui passe, de temps perdu, de tout-fout-l'camp, de si-j'avais-su, de gâchis.
Alors pourquoi lire Sebastian Barry ?
Tout simplement parce que Jack McNulty, son "Homme provisoire", n'est à nul autre pareil. Il est vrai, ou du moins vraisemblable. Comme vous, comme moi, comme nous tous, un destin particulier lui est échu, qui le distingue du commun des mortels. Et c'est ce destin qu'il tente de décrire, d'écrire, depuis le fin fond du Ghana où il se trouve suite à son veuvage.
Il écrit , à dire vrai, lorsque la boisson lui en laisse le loisir. Car Jack est un ivrogne invétéré. Et ses moments de lucidité, ses moments d'écriture, il les passe à remonter le courant de sa vie, faite de rendez-vous manqués. Sans complaisance aucune. Lorsque le rêve d'indépendance de l'Irlande a été noyé dans un bain de sang, et qu'il avait la tête ailleurs. Lorsqu'il a courtisé la plus gaie, la plus vive des filles de Sligo, et qu'il s'est présenté ivre mort chez ses parents. Lorsqu'il a ruiné leur ménage, alors qu'ils avaient une maison confortable et des revenus assurés. Lorsqu'il a entraîné sa femme dans la boisson, la dépression, et s'est aussitôt engagé pour fuir sa famille durant la Seconde Guerre mondiale, alors que tous les Irlandais s'en foutaient....
Tous ces épisodes, et bien d'autres, Jack les remâche, les savoure, les recrache, et malgré la bassesse de ses actes, leur vilenie parfois, même si le flot de ses mots est difficile à suivre par moments, on se prend au jeu, et on accompagne cet homme seul sur le chemin de croix qu'il a tracé lui-même. Il y a quelque chose d'héroïque à décrire tant de médiocrité, à chercher un dernier sursaut de vie, et quelque chose de beau à se dire que toute chute s'accompagne finalement d'un rebond ...
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Sa prose rugueuse et élégante, qui s'enroule parfois dans des phrases interminables, à la James Joyce, le prouve indéniablement : Sebastian Barry est un écrivain irlandais pur malt. L'homme provisoire raconte une triste histoire, celle d'un homme qui fuit, est incapable de prendre ses responsabilités et se réfugie dans l'alcool. D'une indépendance à une autre, de l'Irlande des années 20 au Ghana des années 50, la trajectoire de Jack suit une ligne brisée. Quand les remords arrivent, le sentiment d'avoir gâché deux vies, la sienne et celle de son épouse Mai, il est déjà trop tard. Jack est un homme ordinaire, qui échappe miraculeusement à la mort pendant la deuxième guerre mondiale mais qui ne voit pas que son couple se désintègre au fur et à mesure. Trop d'alcool, trop d'absences, trop de faiblesse. Jack n'est pas un salaud, mais il n'a pas en lui la volonté ni la lucidité de protéger celle qu'il aime par-dessus tout et dont il refuse de voir les démons -alcoolisme également, dépression, tendances suicidaires- qui la rongent de l'intérieur. le roman est parfois complexe à suivre dans sa construction qui chahute la chronologie. Il manque surtout la voix de May qui n'est vue que par les yeux de son époux. Mais le récit est prenant dans cette lente et inéluctable déchéance. Au soir d'une vie, ne demeurent plus que la détresse et des regrets éternels.
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Nous sommes à la fin des années 50, non pas en Irlande, mais au Ghana, ex-Côte de l'Or, premier pays à avoir gagné son indépendance. Jack McNulty, tour à tour, officier dans l'armée britannique, ingénieur des colonies, et observateur à l'ONU tente d'écrire l'histoire de sa vie. Il est Irlandais de Sligo, frère d'Eneas McNulty. Dans les années 20, à 19 ans, il est tombé éperdument amoureux de Mai, une jeune femme qui est tout son contraire : elle possède un caractère bien trempé, de l'audace, est issue d'une classe sociale favorisée, passionnée, exerce le métier d'enseignante en Grande-Bretagne (mais revient souvent à Sligo où elle rencontre Jack) et a la réputation d'être la plus belle femme du coin. Jack est banal, timide, s'est engagé dans l'armée faute de savoir vraiment quoi faire d'autre mais il ne sait pas encore que cela va ruiner sa vie. Un peu comme par miracle, Mai accepte la demande en mariage de Jack, lâche son travail pour le suivre en Côte de l'Or. le début de la fin.

Mon quatrième rendez-vous avec Sebastian Barry dont je dévore à chaque fois la prose majestueuse, triste, mélancolique, poétique. Après Un long long chemin tellement magnifique, On Canaan's Side (lu en VO, ça m'arrive parfois!), et le Testament caché à qui je dois ma sélection comme jurée du Grand Prix des Lectrices de Elle en 2011, je me suis embarquée dans ce roman, qui était dans ma Pile irlandaise depuis sa sortie, mais dont le titre, finalement, parce qu'il me laissait perplexe, a fait que je ne me suis pas jetée dessus tout de suite (c'est étrange parfois la réaction qu'on peut avoir face à trois mots !).

Le récit promène sans cesse le lecteur : des années 20 en Irlande, aux années 50 au Ghana, suit la courbe des pensées pas toujours claires de Jack, qui essaie d'analyser son mariage et sa vie gâchée, abandonné, avec comme seul compagnon son majordome Tom et... le whisky. Il faut donc être quand même assez concentré dans sa lecture ! Mais si le début a été un peu rude pour moi, surtout qu'on échappe de justesse à une noyade en pleine mer pendant la Seconde Guerre mondiale, où le bateau de Jack est torpillé par l'ennemi, on refait rapidement surface, embarqué par la prose délicieuse de Sebastian Barry.

L'écrivain nous fait assister au naufrage du couple Jack-Mai, noyé non pas par la mer, mais par l'irruption de la guerre et de l'alcool dans leur couple, auquel s'ajoute la perte d'un enfant : Mai va toucher la folie du bout des doigts, Jack ruiner le foyer tout en étant quasiment absent tout le temps, à cause de son engagement (d'où le titre !), mais cela ne l'empêche pas de s'endetter et de se battre tout ivrogne qu'il est devenu, sans même s'en rendre compte. Quand il aura conscience de sa déviance et de celle de son épouse, c'est trop tard. Averti pourtant à plusieurs reprises par la meilleure amie de Mai du comportement inquiétant de cette dernière, il n'aura rien fait. Juste mis à l'abri ses deux filles, devenues grandes avant qu'il ait le temps de s'en apercevoir puisqu'il est absent. La maladie fera le reste...

On pourrait détester ce couple et pourtant on a plutôt de l'empathie pour lui, voire de la pitié. On croise le destin d'autres personnages de la famille McNulty, en particulier celui de Roseanne dont l'histoire est contée dans le testament caché et on se rend compte que Jack ne sait rien de la vérité la concernant. Il n'arrête pas de plaindre son cousin, le "pauvre Tom", époux de Roseanne. J'en ai voulu à Jack, en me disant : "Mon coco, si tu savais !" :)

Il est assez difficile de résumer les histoires de Sebastian Barry, toujours assez denses, et encore plus quand on a déjà lu ses romans précédents où certains personnages des histoires précédentes, font très fugacement irruption dans l'histoire qu'on est en train de lire et qu'on essaie de se souvenir l'histoire de chacun !

J'ai été surprise d'être propulsée au Ghana, apprécié d'en apprendre un peu davantage sur l'histoire de ce pays, (en lisant de la littérature irlandaise !), de suffoquer sous son climat, puis de repartir me rafraîchir dans le comté de Sligo, en particulier le jour d'une tempête de neige historique et magnifiquement décrite.

Sebastian Barry n'a pas son pareil pour narrer les drames, tout en poésie, mélancolie, le genre de prose qui vous laisse les larmes aux yeux (sans toutefois être dénué, parfois, une pointe fugace d'humour).



"J'imagine que vous vous êtes fait une couleur ? dit-elle en regardant mes cheveux roux. Et puis, qui êtes vous ? Partout où je vais, j'ai l'impression que vous surgissez comme un diable qui sort de sa boîte" (Même pas peur, Mai !)

"Hier soir, j'ai de nouveau prêté ma moto Indian à Tom Quaye parvce qu'il allait danser à Osu. Il vit dans une petite cabane en tôle quelque part derrière les palmiers, à peine à une minute d'ici. Il portait un costume tellement chic que les gens vivant à l'ouest du Shannon en auraient été stupéfaits."

"Que cette terreur galopait dans ses veines comme un rat et lui ôtait tout semblant de sérénité ou de plaisir. Que dans sa tête, sa tête elle-même, la douleur pesait comme un seau rempli de poison. Ensuite, après quelques gins de plus, lentement, lentement, tout devint de ma faute et, au milieu de la nuit, elle me lança à la tête la vieille horloge murale, puis elle lança le chat, n'ayant rien d'autre sous la main, et je bus jusqu'à l'hébétement, et le matin, après m'être réveillé seul au salon, je m'aventurai dans l'entrée où je trouvais Ursula au pied de l'escalier, considérant sa mère inconsciente là où elle était tombée, à un moment indéterminé des heures perdues de la nuit, ni un ange tombé du ciel ni un démon jailli de l'enfer, mais un être humain tourmenté."

"J'aimerais mieux connaître les rouages du monde relatifs aux émotions. Je pense pouvoir dire sans risque que je suis capable de construire un pont au-dessus de n'importe quelle rivière, je sais tenir compte des courants probables, même pendant la saison des pluies, je connais les contraintes sur le métal et la pierre, aucun pont construit par mes soins ne sera jamais emporté ni ne s'écroulera sous un poids excessif. Je ne suis toutefois pas certain de pouvoir dire la même chose de mon coeur ou du coeur de qui que ce soit."

Il me reste lire Annie Dunne et Les tribulations d'Eneas McNulty pour être tout à fait au point sur l'histoire de famille.

En tout cas, j'ai toujours autant de plaisir à retrouver la plume de Sebastian Barry que tout fan de littérature irlandaise se doit de lire !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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critiques presse (2)
Telerama
22 octobre 2014
L'engagement, la honte, le sentiment de culpabilité accompagnent les romans de l'Irlandais Sebastian Barry (né en 1955). C'est porté par une écriture lyrique et vigoureuse que le romancier réécrit les bouleversements de l'Irlande, à travers des destins familiaux, tout en évitant les généralités et les jugements péremptoires.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
14 octobre 2014
En matière de mélo, Sebastian Barry n’a peur de rien, pas même de la«trouée dans les nuages» au moment de la pensée heureuse, quand «le grand rayon de soleil éclaira l’allée devant nous»- d’un autre côté, autant demander à Douglas Sirk d’y aller mollo sur les couleurs.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« J’essayais de comprendre l’histoire de mon mariage. Je l’observais et je tentais de trier et de classer les périodes qui se succédaient. Une cloche se mit à tinter en moi, une cloche au timbre grave, sonnant et revêtant une signification épouvantable en même temps qu’irréfutable. Mai McNulty, sa vie effacée en même temps qu’elle la vivait, une sorte de Vie dans la Mort et de Mort dans la Vie « entièrement de ta faute, entièrement de ta faute », sonnait la cloche".
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Que cette terreur galopait dans ses veines comme un rat et lui ôtait tout semblant de sérénité ou de plaisir. Que dans sa tête, sa tête elle-même, la douleur pesait comme un seau rempli de poison. Ensuite, après quelques gins de plus, lentement, lentement, tout devint de ma faute et, au milieu de la nuit, elle me lança à la tête la vieille horloge murale, puis elle lança le chat, n'ayant rien d'autre sous la main, et je bus jusqu'à l'hébétement, et le matin, après m'être réveillé seul au salon, je m'aventurai dans l'entrée où je trouvais Ursula au pied de l'escalier, considérant sa mère inconsciente là où elle était tombée, à un moment indéterminé des heures perdues de la nuit, ni un ange tombé du ciel ni un démon jailli de l'enfer, mais un être humain tourmenté.
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J'aimerais mieux connaître les rouages du monde relatifs aux émotions. Je pense pouvoir dire sans risque que je suis capable de construire un pont au-dessus de n'importe quelle rivière, je sais tenir compte des courants probables, même pendant la saison des pluies, je connais les contraintes sur le métal et la pierre, aucun pont construit par mes soins ne sera jamais emporté ni ne s'écroulera sous un poids excessif. Je ne suis toutefois pas certain de pouvoir dire la même chose de mon coeur ou du coeur de qui que ce soit.
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Derrière la maison, le vent tournoyait dans le jardin désolé, passait ses doigts glacés sur l'herbe et demandait l'heure aux fleurs de pissenlit.
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J'imagine que vous vous êtes fait une couleur ? dit-elle en regardant mes cheveux roux. Et puis, qui êtes vous ? Partout où je vais, j'ai l'impression que vous surgissez comme un diable qui sort de sa boîte.
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