Gérard Lambert, celui qui faut pas gonfler quand il répare sa mobylette, j'ai toujours pensé que si je le croisais dans la rue, je le reconnaîtrais au premier coup d'oeil. le narrateur de ce roman délicieusement déjanté ? Je le visualise aussi sur l'écran blanc de mes nuits noires. Un drôle de loustic, une grande gueule « basée sur l'idée de gauche » mais pas franchement SandrineRousseau compatible, un pied nickelé 2.0 qui se pique d'être poète, spécialisé dans l'alexandrin. du genre "Ses zèles de gérant l'empêche d'Euromarché". Lui, l'Alexandre le malchanceux… Un peu Noiret, un peu Bébel, un peu Jugnot version
Père Noël… Un anti-héros absolu pour lequel le lecteur d'ailleurs n'aura ni empathie, ni répulsion tellement, c'est sûr, il est d'ailleurs… (Mes excuses aux fans de Bachelet !) Et les autres aussi ont un visage, une voix… Karine, Jacques, et les autres.
En revanche, pendant tout le livre, je m'interrogeais sur l'identité du bossu, pensant qu'il s'agissait peut-être du lecteur, plié sur son livre, fauché à chaque page par une saillie bien sentie, dans tous les sens que les dictionnaires donnent à ce nom commun. L'humour dans le polar, parfois ça lasse… Surtout l'humour salace et là, autant prévenir les oreilles sensibles,
le jardin du bossu n'est pas ChristineBoutin compatible.
Pourtant, jusqu'à la chute, les zygomatiques ont tenu bon et ont rempli leur rôle. La chute, parlons-en d'ailleurs : le polar qui repose sur la truculence, sur des personnages décalés, qui s'affranchit des codes ordinaires de la littérature policière, ce polar-là, il a parfois une petite faiblesse et le lecteur exigeant le trouvera mou du genou dans la dernière ligne droite. Ici, le talon d'
Achille Zavatta a tenu bon.
le Jardin du Bossu réserve une belle surprise à ceux qui auront eu la bonne idée de découvrir ce bijou et qui, se surprendront peut-être à fredonner « une histoire de faussaire » sans trop savoir pourquoi.
Il faut se méfier des clowns. Sous la gouaille, le maquillage et les habits grotesques, le clown dynamite les conventions avec ses fleurs en plastic. Il nous tend un miroir. Ce moraliste joyeux, ce libertaire grimé, c'est un Bakounine qui chausse du 58…
Monsieur Loyal se nomme
Franz Bartelt, et j'ai comme idée que je risque fort de prendre rapidement un billet pour un autre spectacle…