AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782353060191
91 pages
Editions La Branche (03/04/2008)
3.47/5   15 notes
Résumé :
Peut-être un jour quelqu’un de plus qualifié que moi écrira-t-il une biographie de Moncheval, un type qui se définissait lui-même comme l’homme qui a autre chose à faire et qui le fait. C’était sa devise. Du compact. Du causant. Du qui va droit au cœur.
Pour être franc, je n’ai jamais écrit une ligne. Et jamais lu un livre. À peine si je me passionne pour les étiquettes de bière. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a du pognon à se faire. À condition d... >Voir plus
Que lire après NadadaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Pour réussir à rédiger une belle critique, le plus important, c'est la première phrase.
C'est elle qui accrochera ou pas le lecteur potentiel, qui lui donnera envie ou non de lire la suite.
Si vous réussissez cette phase délicate, alors vous aurez ferré votre cible, et vous n'aurez plus qu'à dérouler la suite.
"Comme il n'y qu'un aîné par fratrie, il n'y a qu'une première phrase par livre."
Est-ce que j'ai réussi pour ma part ?
Ca dépend si vous êtes toujours là ...
Youhou ? Y a quelqu'un ?

Pour écrire un billet intéressant sur un roman, il y a bien évidemment d'autres conditions à remplir.
Etre bien torché fait partie des prérogatives indispensables. Les plus grands écrivains sont majoritairement portés sur la bouteille.
Alors je me suis bien préparé, j'ai vidé une bouteille de rouge en guise d'apéritif, et j'ai quelques Leffes à portée de main pour maintenir un bon taux d'alcoolémie pendant ma rédaction.
"Comme la nature et comme le bock à bière, la page blanche a horreur du vide."

Enfin, il faut maintenir l'attention du respectable Babelionaute en évoquant des sujets qui l'intéressent.
Autrement dit, une chronique réussie contiendra toujours son lot :
1 / de sang
"Il n'y a rien de plus littéraire qu'une veine qui coule."
2 / de sexe
Je vous dirais bien que pour cette rédaction je me suis d'ailleurs installé tout nu face à mon ordinateur, mais je ne suis pas sûr que l'image ainsi renvoyée soit chargée d'un troublant érotisme.
"Ni Dieu ni maître,
Nichon nibar"
3 / de larmes
"Insiste sur les enfances malheureuses, sur les sévices corporels, sur les injustices."
Le Babelionaute, aussi éminent soit-il, demeure en effet un voyeur comme tout un chacun.

Nadada ( prononcez "Haine à dada" ) fait partie de la collection Suite noire, une série de trente-six courts romans qui rendent hommage à la série noire de façon détournée et humoristique, avec des auteurs de renom tels que Nadine Monfils, Caryl Ferey, Romain Slocombe ou, bien sûr, Franz Bartelt.
Le titre fait ainsi référence au roman Nada de Jean-Patrick Manchette, publié en 1972.
Et le clin d'oeil est totalement assumé avec une allusion passagère aux manchettes de journaux.

Dans ce petit polar complètement délirant qui ne dépareille pas dans le reste de la bibliographie de l'Ardennais, un biographe en herbe se met en tête de devenir riche en rédigeant la biographie de Moncheval.
Il mettra donc en application les conseils de son ami Totor Gogo ( toute référence à l'auteur des Misérables serait purement fortuite ).
Ce sont ces mêmes recommandations que je tente de mettre en oeuvre dans la rédaction de mon analyse littéraire puisque ce qui est valable pour le polar ou la biographie l'est sans doute pour tous les domaines d'écriture.
D'ailleurs, notre narrateur s'en sort particulièrement bien pour nous restituer les rumeurs qui courent dans le bar qu'il fréquente avec assiduité. En effet, il s'agit de sa première tentative ( "Pour être franc, je n'ai jamais écrit une ligne. Et jamais lu un livre." ). Et notre auteur amateur se permet même des changements réguliers de style et de ton, nous proposant parfois de longues descriptions ou circonvolutions dignes de Marcel Proust ou d'Honoré d'être Balzac.

Un tueur en série sévit en ville. Il en est déjà à sa treizième victime. Toutes sont des prostituées exécutées avec le même modus operandi.
"- C'est un comique de répétition."
Elles sont agressées avec un fer à cheval, qui sert également à leur crever les yeux. Ensuite, le meurtrier enfonce sa main dans leur vagin, afin d'en retirer tous les organes génitaux.
Je vous avais promis du sexe et du sang !
"Le fer à cheval est un outil de mort qui offre une bonne prise en main et qui présente l'avantage de porter bonheur à celui qui le possède et en dispose."
Mais le plus curieux, peut-être, c'est la disposition des cadavres. Si on indique leur position sur la carte de la commune, ils forment une gigantesque croix.
Un symbole catholique ? C'est en tout cas ce que pense le commissaire Tristan et c'est sur cette piste qu'il mènera ses investigations.
Entre deux siestes.
Moncheval, le héros dont est ici dressé le portrait, est quant à lui persuadé que la police fait fausse route.

Comme à chaque fois avec Bartelt, les personnages sont volontairement exubérants, extravagants.
Par exemple, la caractéristique principale du commissaire est de dormir douze heures par nuit, et de s'accorder une petite sieste l'après-midi.
"De tous les commissariats de France et de Navarre, du roman policier et de la série américaine, le commissaire Tristan était certainement le plus fainéant."
Moncheval n'appartient pas quant à lui aux forces de l'ordre. Il a été recalé à cause du ridicule de son nom, de son souffle au coeur, de ses pieds plats, de sa myopie et de sa surdité.
Ne cochez pas la bonne réponse, elles le sont toutes.
Mais s'agissant de sa vocation, il mènera seul son enquête pour résoudre l'énigme et confondre le tueur.
En parallèle, il cherchera à découvrir l'identité de son père biologique.
Ce qui n'est pas une mince affaire étant donné les circonstances de sa conception.
"Moncheval est le produit du viol de sa mère par quatorze touristes anglais, lors d'une excursion fluviale en Allemagne."
Ca, c'est pour le côté tragique et pleurs dans les chaumières.

Les plus alertes d'entres vous auront déjà remarqué la présence d'un champ lexical équestre assez conséquent. Entre le nom du personnage principal, l'arme du crime et le titre du roman, il y a déjà de quoi faire. Vous pouvez ajouter à ces indices, s'ils ne sont pas suffisamment nombreux, une référence au PMU situé à proximité du premier cadavre retrouvé et une allusion au physique chevalin de Fernandel.

Franz Bartelt s'en est une fois de plus donné à coeur joie avec ce roman. En quelques pages seulement, il est parvenu à multiplier les poncifs à vocation humoristique, parfois par le biais d'exergues originaux en début de chapitre.
"Dans l'univers, tout ce qui peut peut de moins en moins jusqu'à ne plus pouvoir du tout."
Il débite ses bêtises à la vitesse d'un artilleur, avec toujours ce ton pince-sans-rire qui le définit si bien.
En quatre-vingt dix pages seulement, Nadada propose donc non seulement une intrigue policière décalée et originale mais aussi des protagonistes et des situations ubuesques.

Pour autant, je ne qualifierais pas ce petit polar d'incontournable. L'imagination foisonnante de l'auteur ne permet pas en si peu de mots le moindre approfondissement et ne propose au final qu'un simple divertissement, aussi original soit-il.
Malgré un narrateur au vocabulaire limité, j'avoue également que le langage employé est plutôt soutenu, un peu trop pour moi. Même si je suis ravi de connaître désormais la signification d'interlope ( louche, suspect ) et de circumduction ( mouvement circulaire autour d'un axe ) afin de pouvoir prochainement briller en société, l'obligation de consulter régulièrement le dictionnaire a ralenti quelque peu la fluidité de ma lecture.
"Sa computation policière progresse sous entrave doctrinale."
Enfin, l'humour utilisé autour du viol collectif de la mère de Moncheval par des gentlemen anglais courtois et respectueux fait quand même rire assez jaune, et j'ai trouvé que c'était à la limite du mauvais goût.
"Je vous en prie, vous d'abord !", "Je n'en ferai rien, passez donc, s'il vous plaît !", "Allez-y, cher ami, je ne suis pas pressé, j'ai tout mon temps !"

Sur ces derniers mots, je dois vous laisser parce que ma dixième bière semble être celle de trop pour mon organisme.
J'espère que le jeu en valait la chandelle vu la migraine que je vais avoir demain. Ca ira déjà un peu mieux après avoir dégobillé.
Il faut parfois savoir donner de sa personne pour pouvoir rédiger de jolies critiques.
Mais mes motivations n'étant pas financières, même si elle est ratée, ça n'est pas bien grave !

Commenter  J’apprécie          267
« Il y a une mémoire du rectum, mais elle ne retient pas tout ». Avec Bartelt, ça démarre fort.
Un gars qui veut écrire un best-seller demande conseil à Totor Gogo , rédacteur en chef du Journal des barbus, et accessoirement pilier de bar. Il cherche les bons tuyaux pour écrire l'histoire de Moncheval, qui voulut être policier et ne fut que limier, et qui partit un jour sur les traces d'un mystérieux tueur de prostituées, lequel, laid comme un pou, était le fils de personne. A la limite, on s'en fiche, car ce qu'il y a plus beau dans Nadada, ce sont la langue, les jeux de mots, le rythme des phrases, la liberté de ton, l'humour et les clins d'oeil deci delà, à commencer par le titre, (Jean-Patrick Manchette et son Nada): « Il se nomme Robert Dupont , un nom connu, mais pas autant que son nom de scène de crime: Nadada (Haine à dada), dont les journaux ont longtemps fait leur manchette ».
Bartelt s'amuse avec ce romancier en mal d'inspiration qui voudrait raconter une histoire. Causticité, humour noir, dérision, langue libérée-délivrée, quand Bartelt passe, la poussière trépasse. Pour preuve, ces quelques lignes sur l'art de la sieste:
« De tous les commissaires de France et de Navarre, du roman policier et de la série américaine, le commissaire Tristan était certainement le plus fainéant. Il aimait dormir et bâillait beaucoup quand il n'avait pas ses douze heures de sommeil par nuit. Il ne se privait pas non plus d'une petite sieste, l'après-midi, dans son bureau, au chaud, les pieds calés sur le radiateur soufflant. Sa femme était également une dormeuse au long cours. Entre deux roupillons de jeunesse, elle avait répondu à une petite annonce qu'il avait fait passer dans le journal, dans laquelle il se définissait comme un "dormeur de fond ». En vingt ans de vie commune, ils n'en avaient pas dormi moins de la moitié, côte à côte le plus souvent, unis par l'inaction.
En temps normal, ils dormaient pour se reposer. D'autres fois, seulement pour le plaisir de dormir. C'était un loisir, un hobby, une manière de vivre. S'ils allaient au théâtre, c'était pour y ronfler en position assise, bercés par la rengaine des alexandrins. Ils avaient en effet découverts les vertus soporifiques du répertoire classique et n'avaient pas cru bon de résister à la vanité d'enrichir leur sommeil en lui conférant une ampleur un rien culturelle. »
Merci à Koalas, et à son prosélytisme de bon aloi. Je rejoins le club des lecteurs de Franz Bartelt.
Commenter  J’apprécie          394
Le narrateur, écrivain en herbe décide de se faire un max de pognon
en écrivant la biographie de Moncheval.
Ne connaissant rien au aux rouages de l'écriture mais expert en breuvage
il demande conseil à Totor, un pilier de bar qui lui explique
les recettes du best seller : du sexe, du sang, des larmes.
"Moins on en sait, mieux ça vaut. Tu écris pour des ignorants. Ne les déçois pas : sois ignorant toi même."
L'auteur fort bien conseillé en la matière s'attelle à la plage blanche et au carburant liquide
qui lui donne l'inspiration pour raconter la vie épique de Moncheval, alors tout jeune détective lancé sur la piste
de Nadada, le célèbre tueur au fer à cheval qui détestaient les filles de joies et les dadas..

Je picore, au gré de mes trouvailles dans les librairies d'occas ou non,
comme pour les regrettés Pierre Siniac et Pascal Garnier,
toute l'oeuvre de Franz Bartelt que je savoure allégrement
et me laisse glisser le sourire au lèvres et le rire chevalin dans l'univers décalé de l'ardennais qui aime jongler avec les mots, les codes mais aussi dans Nadada avec les petits chevaux...
Doté d'un cynisme démesuré et assumé qui frise et défrise ici
la justice , la police les écrivaillons, les tueurs en série et les détectives givrés
la patte de Franz Bartelt ne plaira pas à tout le monde
mais quand on est marqué au fer à cheval par sa prose et son humour contagieux, on peut plus le lâcher.
Nadada est paru en 2008 dans la collection suite noire sous la direction de Jean Bernard Pouy
sur la 4e de couverture, une in-citation à la lecture :
« Une couille dans le potage, c'est une erreur. Deux, c'est une recette. ».
Nadada, un roman noir dadaïste.. à dada à dada
Commenter  J’apprécie          375
Nadada est paru en 2008, dans la collection Suite noire des éditions La branche. Une collection initiée par Jean Bernard Pouy et qui rend hommage à des classiques du roman noir. L'hommage est ici rendu au Nada de Jean-Patrick Manchette. de nombreux auteurs ont participé à cette collection, avec des pointures dedans comme vous pourrez le remarquer dans la seconde photo. Cependant on peut déplorer la quasi-absence d'autrices, en retrouvant les réflexions du livre de Caroline Granier qui mettait déjà en évidence l'excellente visibilité dont bénéficiaient les auteurs de romans noirs au détriment des autrices, au début des années 2000 et bien avant.

Nadada / Franz Bartelt

Nadada est paru en 2008, dans la collection Suite noire des éditions La branche. Une collection initiée par Jean Bernard Pouy et qui rend hommage à des classiques du roman noir. L'hommage est ici rendu au Nada de Jean-Patrick Manchette. de nombreux auteurs ont participé à cette collection, avec des pointures dedans comme vous pourrez le remarquer dans la seconde photo. Cependant on peut déplorer la quasi-absence d'autrices, en retrouvant les réflexions du livre de Caroline Granier qui mettait déjà en évidence l'excellente visibilité dont bénéficiaient les auteurs de romans noirs au détriment des autrices, au début des années 2000 et bien avant.

Dans ce court polar, le narrateur cherche à écrire la biographie d'un autre type, un certain Moncheval. Il en profite au passage pour découvrir certains rouages du récit biographique, en commentant ses procédés d'écriture tout en racontant la vie (rocambolesque il faut bien le reconnaître) de Moncheval.

J'ai découvert la plume de Franz Bartelt pour la première fois et c'était plutôt réjouissant. Traits d'humeur, cynisme, jeux de mots et situations burlesques, on se laisse prendre au jeu et à la façon de raconter du narrateur. Je n'ai pas dévoré ce roman non plus, mais ça m'a clairement donné envie de découvrir les ouvrages de Franz Bartelt.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La préface, c'est comme la mousse sur le demi de bière, ça ne sert pas à grand chose mais ça fait bonne impression au moment de servir.
Commenter  J’apprécie          292
Surtout tu soignes la première phrase. un livre est tout entier dans la première phrase comme le bébé tout entier dans son premier cri.
Commenter  J’apprécie          200
Quand le canard parle à demi-mot, il dit : coin.
Commenter  J’apprécie          241
Une couille dans le potage, c'est une erreur. Deux, c'est une recette ...
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Franz Bartelt (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Franz Bartelt
Une minute quarante de Franz Bartelt à consommer sans modération, extrait du livre "Le bon temps" paru à L'Arbre vengeur.
autres livres classés : humour noirVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (26) Voir plus



Quiz Voir plus

Les objets d'exception du brocanteur, héros du roman de franz Bartelt :

Attention vous n’êtes pas obligé d’avoir lu « Le fémur de Rimbaud » pour répondre à ces questions rigolotes.

Le fil à plomb d’un bâtisseur de cathédrale.
Le monocle triangulaire d’un franc-maçon écossais.
Une montre molle, 100% caoutchouc, ayant appartenue à S. Dali.

9 questions
18 lecteurs ont répondu
Thème : Le fémur de Rimbaud de Franz BarteltCréer un quiz sur ce livre

{* *}