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EAN : 9782708242616
231 pages
ATELIER (02/02/2014)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Jean Baubérot, spécialiste internationalement reconnu de la laïcité, sociologue des religions et historien du protestantisme, livre ses mémoires et questionne, non sans une certaine ironie, son itinéraire « hérétique ». Il tente de répondre à une question cruciale, fil rouge qui sous-tend l’écriture de ce livre : la révolte du jeune homme qu’il était est-elle restée intacte chez l’homme intégré dans la « bonne société » ?



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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pour le deuxième fois, j'ai le plaisir de participer à une lecture Masse critique et j'en remercie tout à la fois Les Editions de l'Atelier et Babélio.
Comme je ne me suis pas souvenu (comme la première fois) qu'il fallait s'inscrire parmi les premiers pour avoir le choix, j'ai proposé de m'occuper des livres restant.
Si lors de ma première participation ce ne fut pas concluant, la situation est toute autre aujourd'hui.

J'avoue humblement que je ne connaissais pas Jean Baubérot (et c'est un tort) et je n'avais choisi son livre que pour le titre. "Une si vive révolte" me laissait espérer une matière à débat, ce que j'apprécie.

Ce livre est une auto-biographie, genre que j'affectionne peu, pour ne pas dire pas du tout. En effet, comment parler objectivement de sa vie, et quelle prétention que de penser qu'elle peut être suffisamment intéressante pour mériter qu'un lecteur s'y attarde pendant 227 pages (moins la préface).
Mauvais point supplémentaire (pour moi uniquement) : cette préface est d'Edwy Plenel, donneur de leçon patenté qui m'horripile au plus haut point.

Vous comprendrez donc qu'avec un genre que je n'aime pas et un préfacier que j'abhorre, l'entame de ce livre pouvait être difficile.

Et bien, Monsieur Baubérot je vous dois d'avoir passer un très agréable moment de lecture et de réflexion, ce qui ne m'était pas arrivé depuis quelque temps.
Votre modestie dût elle en souffrir, et c'est aussi la raison qui me fait ne pas aimer l'autobiographie, le titre de votre ouvrage est insuffisant pour dire qui vous êtes. Personnellement je dirais bien :
L'Hérétique ou la vie d'un Honnête homme.

Car il est évident pour tout lecteur que vous êtes ce qu'au 18ème siècle on appelait un Honnête homme. Dire que vous êtes un "intellectuel" serait par trop réducteur. Vous êtes plus et mieux que cela.

Mais revenons à la lecture, amis babéliens. Car ce livre a sa place comme pierre de taille et même clé de voûte de notre tour de Babel littéraire dans la catégorie réflexion et philosophie. Je proposerais même de créer une catégorie "intelligence humaine" (il doit y avoir d'autre prétendant à cette catégorie) pour l'y ranger.

La première chose à vous dire, amis lecteurs, est que Monsieur Baubérot ne vous étouffera pas sous un verbiage savant obscur et abscons. Bien au contraire, son style est alerte, son vocabulaire toujours simple. le moins que je puisse vous dire est que, bien que savant, il met en application la maxime qui veut que "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement".

Nous suivons donc le jeune Jean Ernest Baubérot de son adolescence à son entrée dans le monde adulte, puis l'homme et enfin l'homme mûr dans son chemin vers l'accomplissement de sa pensée et son entrée dans le statut d'Honnête homme.
Ici, vous trouverez de multiples engagements spirituels, plus que religieux, politiques, dans son acception première pour le bien de la cité des Hommes, et philosophiques.
Vous y croiserez des instants où l'aveuglement aurait pu venir mais où, au contraire, par une liberté qui préexistait à la pensée, Jean Baubérot se verra toujours prendre la voie étroite de la critique, de la minorité agissante, de l'esprit libre qui doute par principe sans rejeter, juste pour comprendre.

Issu d'une famille protestante, Jean Baubérot va parcourir les mouvements chrétiens progressistes, puis la gauche "révolutionnaire" des années pré et post 68.
Mais, là où certains se perdront dans le fanatisme d'un côté ou le renoncement total, voire le retournement des convictions, lui restera fidèle à ses engagements premiers. Rester critique et lucide.
Sans aucun doute sa formation universitaire et ses activités de chercheur et de professeur d'université l'ont contraint à rester l'esprit ouvert.
Mais il y a plus, selon moi. Une envie de demeurer toujours attentif à l'humanité, à sa liberté, à sa constante amélioration en refusant le dogmatisme ou la facilité.

Enfin, M. Baubérot est le héraut de la laïcité ce qui me le rend encore plus sympathique. Et ce d'autant plus qu'il l'est sans restriction, animé de la seule volonté de laisser chacun libre de ses pensées et de ses actes.

Pour toute ces raisons, je vous invite à lire M. Baubérot.
Et pour tout vous dire, je vais sans aucun doute aller lire certains des ouvrages de ses ouvrages, notamment sur la laïcité.
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Ne pas abdiquer devant la non-pensée normative qui prétend respecter le pluralisme

Le propre de certains livres, c'est le plaisir des phrases, du rendu des situations ou des questionnements, des réflexions, au-delà des divergences sur tel ou tel sujet traité. C'est aussi, comme ici, la liberté, les inventions contre la fermeture aux autres.

Edwy Plenel dans une belle préface « Un semeur de vérité », parle de l'autobiographie comme une sorte d'auto-affrontement, du « Je comme un Autre » et écrit : « Tenter de se faire historien de soi-même dans le souci non pas de l'exceptionnel, mais du commun : ce qui se partage, ce qui s'échange, ce qui rapproche ». le préfacier souligne que la vie de Jean Baubérot est une vie « qui sut dire « non ». Un « non » d'ouverture au contraire des refus qui signifient repli sur soi et fermeture aux autres ». Refus et passion de l'égalité « à l'opposé de cette passion de l'inégalité qui, sous couvert d'uniformité républicaine, nie diversités et pluralités, au profit d'une norme majoritaire dont la logique d'exclusion ruine l'égalité véritable », du ensemble « dans le respect de nos origines et de nos croyances, de nos apparences et de nos appartenances, de nos genres aussi ».

Comme le rappelle aussi justement Jean Baubérot, évoquer les autres, c'est énoncer seulement les regards portés sur elles/eux à un moment de sa vie, ce n'est pas écrire sur les personnes elle-mêmes.

J'ai particulièrement été touché par la façon dont Jean Baubérot revisite ses carnets d'adolescent, la place du protestantisme, de la guerre d'Algérie, les cheminements personnels et intellectuels. le choix même du mot « hérétique » comme auto-définition, souligne son positionnement, « Hérétique face aux politiciens et aux adultes, englués dans la guerre d'Algérie ; hérétique face à la distribution des rôles entre garçons et filles ; hérétique, enfin, face au nouveau pasteur et au conseil presbytéral, ensemble de laïcs qui, en protestantisme, dirigent une paroisse ». En lisant ces pages sur les années 50, la lectrice et le lecteur saisiront les ferments qui pousseront, au-delà des chemins empruntés, une large partie d'une génération à se révolter. Révolte multiforme, révolte contre la sale guerre d'Algérie, révolte contre la morale autoritaire… Certains titres de chapitre en disent plus long que bien des descriptions : « Laure : peut-on être heureux dans un monde cruel ? » ou « Marie-Josée et l'indéfinissable douceur de vivre », sans oublier la métamorphose de Jean-Ernest en Jean.

Mai 68, son avant et son après, l'événement, la question de la révolution, le surgissement ambigu des possibles, « Extension à l'amour du domaine de la lutte », le protestantisme et la revue « Semeur », l'Union des étudiants communistes (UEC), Michèle, l'École pratique des hautes études (EPHE), la conjonction du militant et du chercheur, les séjours au moyen-orient…

« le mandarin hérétique », la gauche au pouvoir, les revues, la leçon de la Révocation (édit de Nantes), les bureaucraties universitaires et gouvernementales, la laïcité et la religiosité laïque, au ministère de Ségolène Royal, la réforme de l'EPHE, la « douceur totalitaire », la commission Stasi, ceux et celles qui prétendent « mieux savoir que l'autre ce qu'il doit être et ce qu'il doit vivre », qui réduisent l'individualité à un élément, qui pensent être eux-même déjà « libéré-e-s » et veulent « fixer aux autres le chemin obligatoire de leur libération », la laïcité falsifiée.

De multiples éléments de réflexion sur l'agir maintenant et la construction du futur, sur la laïcité, sur l'ouverture aux pratiques et pensées des différents groupes humains, sur la recherche, la liberté et les responsabilités, sur l'engagement, sur le refus de se taire…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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[Masse critique] Jean Baubérot, historien et sociologue spécialiste de la question religieuse, m'était surtout connu pour son refus de souscrire au rapport final de la Commission Stasi, en 2003, ainsi que pour sa critique du grand détournement de la notion de laïcité, exploitée à contre-sens depuis plusieurs années (avec l'Islam dans le viseur, Cf. La laïcité falsifiée, La Découverte, 2012). J'ai découvert avec cette autobiographie un homme au parcours à la fois étonnament complexe et puissamment unifié.

La lecture n'est pas toujours évidente : l'auteur nous entraîne dans plusieurs dédales où les lecteurs pourront perdre souffle (les conseils de la paroisse protestante de Limoges, le maquis des mouvements révolutionnaires des années 60, l'enchevêtrement des sections et groupes de recherche de l'EPHE / CNRS). Baubérot parvient toutefois à laisser transparaître, au milieu de tout cela, la puissante cohérence de son engagement, tout à la fois militant et intellectuel, religieux et laïque.

La force de sa contribution tient à la liberté dont elle témoigne. Jean Baubérot fait preuve d'une exceptionnelle capacité d'affronter sans crainte la complexité de notre histoire et de nos identités. Cet homme est, selon ses propres mots, un hérétique, un « animal non domesticable ». Une espèce en voie de disparition ? On peut le craindre. C'est pourquoi la lecture de son autobiographie est salutaire : elle donne à concevoir la possibilité de demeurer vraiment libre, même en prise directe avec la complexité du monde.
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Jean Baubérot qui publie aux Editions de l'Atelier « Une si vive révolte » est un universitaire de haut vol, très ancré dans le protestantisme puisqu' il fut, au moment de sa retraite d'enseignant, candidat malheureux a la présidence de la Fédération Protestante de France. Ce livre qui vient de paraître est le dernier d'une longue liste consacrée, pour l'essentiel a l'étude de la laïcité. Une si vive révolte est une sorte d'autobiographie et, son préfacier Edwy Pleynel évoque à son sujet « Les mots » de Jean Paul Sartre.
L'intérêt essentiel, pour moi, c'est que ce livre retrace dans toute sa première partie l'itinéraire intellectuel et la formation d'un jeune homme brillant, issu de la classe moyenne qui, comme beaucoup de jeunes se révolte contre le monde tel qu'il est et qui nous fait nous souvenir de toutes les enthousiasmes et de toutes les illusions de ces révoltes, pour , enfin , rejoindre la société et s'y intégrer pleinement.
Je me suis demandé en lisant cette partie si la jeunesse aujourd'hui connaissait encore ces enthousiasmes et ces révoltes. Il serait dommage que cela ne soit pas le cas car, même si ensuite, ces jeunes finissent par intégrer la société ils ont, malgré tout, fait germer quelques idées qui ensuite progressent.
Il y a aussi dans la suite du livre le récit du combat de ce professeur devenu Président d'un organisme d'enseignement pour organiser et moderniser cet établissement et on sort de ce récit anéanti par la bureaucratie qui règne dans ces milieux que l'on pourrait penser plus ouvert et plus dynamique.
Enfin la dernière partie est le combat mené par Jean Baubérot pour une certaine conception de la laïcité. L'auteur a écrit de nombreux livres sur cette question et il a fait partie de diverses commissions notamment au moment des affaires de voile et principalement de la Commission Stasi dont il fut un de ceux qui ne votèrent pas le rapport. Il s'en explique.

Somme toute un récit intéressant sur le milieu universitaire et sur un itinéraire intellectuel qui mena le jeune révolté jusque dans les cabinets ministériels !
Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Hérétique face aux politiciens et aux adultes, englués dans la guerre d’Algérie ; hérétique face à la distribution des rôles entre garçons et filles ; hérétique, enfin, face au nouveau pasteur et au conseil presbytéral, ensemble de laïcs qui, en protestantisme, dirigent une paroisse
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Tenter de se faire historien de soi-même dans le souci non pas de l’exceptionnel, mais du commun : ce qui se partage, ce qui s’échange, ce qui rapproche
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Vidéo de Jean Baubérot
Jean Baubérot et Laurent Bouvet : " La laïcité est-elle une et indivisible ?" ."La laïcité est-elle une et indivisible ?"Débat avec Jean Baubérot et Laurent Bouvet https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/la-laicite-est-elle-une-et-indivisible
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