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Trilogie mythologique (Henry Bau... tome 3 sur 4
EAN : 9782742720682
368 pages
Actes Sud (04/01/1999)
  Existe en édition audio
4.25/5   369 notes
Résumé :
Lumineuse, intrépide, féminine, l'Antigone d'Henry Bauchau s'inscrit avec force dans l'histoire de la réécriture du mythe.
Il fallait sans doute un roman pour incarner les passions de la jeune mendiante qui, après après avoir suivi son père, le roi aveugle Œdipe, des années durant, prend contre toute prudence le chemin de Thèbes avec l'espoir d'empêcher la guerre entre les fils de Jocaste, ses deux frères tant aimés. Commence alors pour elle une suite d'épre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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Henry Bauchau est un auteur peu connu me semble-t-il, décédé il y a quelques années à presque cent ans. Il est entré dans la lumière des médias lorsqu'il a obtenu le prix du Livre Inter pour son roman le Boulevard périphérique en 2008, magnifique roman, mais c'est une amie bibliothécaire qui me la fait connaître. Elle a tout lu de lui : ses romans tout d'abord, mais aussi ses poèmes magnifiques, il a écrit aussi des oeuvres théâtrales, et étonnamment autour de ses publications il écrivait une sorte de journal en parallèle pour donner quelques éclairages sur le contenu de ses écrits. Un jour, elle décida de lui écrire pour lui faire part de son admiration pour ses oeuvres et il lui répondit, par une lettre manuscrite, une écriture en pattes de mouche, répondant tel un professeur bienveillant et attentif, à toutes les questions qu'elle lui avait posées pour mieux comprendre certains aspects de ses textes. Elle en fut totalement retournée... Ils continuèrent de s'écrire jusqu'à sa mort et en guise de partage, elle me donna l'envie de connaître mieux l'oeuvre de cet écrivain.
Ah, j'oubliais presque l'essentiel et qui donne une connotation particulière, en dehors de l'écriture romanesque, Henry Bauchau exerça la profession de psychanalyste, ce qui n'est pas anodin dans son oeuvre, en particulier sur le livre dont je vais vous parler ici, puisqu'il y plane forcément le fameux mythe d'Oedipe...
Avant de lire l'Antigone d'Henry Bauchau, qui est un roman, je pense que c'est important ici de le préciser, j'avais lu les deux oeuvres théâtrales les plus connues autour de ce mythe d'Antigone : celle de Sophocle tout d'abord, puis celle de Jean Anouilh, plus moderne. Je trouve que le récit sous forme de roman apporte vraiment quelque chose de nouveau par rapport à la dramaturgie théâtrale. Comme je savais qu'Henry Bauchau était psychanalyste, forcément ma lecture a été un peu influencée en cherchant ici et là où il avait pu poser cette empreinte particulière. Et je n'ai pas été déçu...
Tout d'abord Henry Bauchau rend ce personnage mythique très attachant, presque proche de nous. C'est sans doute dû à la narration, puisque c'est Antigone qui nous parle, c'est elle la narratrice du récit, de son propre destin.
Il en fait un personnage lumineux, sensuel, féminin. Elle est présente à nos côtés ou plutôt ce sont nous qui marchons dans Thèbes sa ville, dans ses pas, au plus près d'elle. Nous sommes presque dans sa respiration. Nous devenons intimes de ses pensées, des images qu'elle porte sur son enfance, les siens, son destin, les sentiments et les pulsions qui l'animent.
Après un long périple tumultueux qu'Henry Bauchau a raconté dans un ouvrage précédent : Oedipe sur la route, Antigone revient chez elle. Son quotidien est fait d'une maison, d'un havre de paix provisoire, d'une vie familiale où elle se retrouve avec bonheur. Cependant, cette tranquillité est éphémère. Les deux frères jumeaux d'Antigone, Etéocle et Polynice, s'affrontent, avec comme enjeu celui de poser leur pouvoir sur Thèbes. D'ailleurs, au-delà du désir de rejoindre le havre familial, elle était déjà préoccupée, animée par ce désir ardent d'agir pour éviter l'affrontement. Antigone n'est pas très bien accueillie lorsqu'elle revient à Thèbes, reconnaissons-le. Cependant, sa personnalité généreuse va s'imposer autour d'elle. Elle apporte une lumière, une respiration nouvelle, quelque chose qui manque en ce lieu. Mais la querelle des deux frères dévoile vite autre chose que la simple quête du pouvoir et du contrôle de Thèbes. C'est là que tout l'art d'Henry Bauchau, en fin psychanalyste, va se révéler. C'est une querelle entre deux frères jaloux de l'amour porté par leur mère Jocaste. Leur mère est à présent morte mais elle continue d'être présente dans ce récit. Jocaste, peut-être que ce nom ne vous dit rien et pourtant... Lors d'un second mariage, elle fut l'épouse de son propre fils, Oedipe, de qui elle aura quatre enfants, deux garçons, Étéocle et Polynice, et deux filles, Ismène et Antigone. Elle se pend lorsqu'elle apprend la vérité des liens l'unissant à Oedipe. Voilà, je savais bien que cela vous dirait quelque chose...
L'amour de la mère, désormais défunte, pour ses deux fils s'invite ici. Elle avait une préférence qu'elle ne cachait pas pour Polynice. Polynice est l'enfant qui vit dans la lumière, tout semble lui réussir, tout ce qu'il touche devient de la lumière. Mais il est excentrique, colérique. Etéocle l'enfant mal aimé est un être plus sombre, plus introverti. Il est d'une humeur calme. Comment deux frères jumeaux peuvent-ils être si dissemblables de caractère ? Comment dès lors Antigone pourra-t-elle éviter l'affrontement fratricide et réconcilier les deux frères qui portent malgré tout, un profond respect l'un pour l'autre ?
Pourtant Antigone, marche, crie. Son cri est merveilleux car elle ne veut pas la mort des siens, de ses frères. Elle aime ses frères plus que tout, elle ne supporte pas qu'ils puissent ainsi d'affronter. Elle marche vers son destin. À cet instant, elle croit encore que tout est possible. Nous aussi. Comme c'est beau l'espoir... Sinon, pourquoi se battrait-elle avec tant de fougue ? Elle est belle dans son combat. Tout au long de la lecture du roman, lorsque je refermais le livre, il m'arrivait de laisser mon imagination vagabonder vers les personnages, vers Antigone dont j'étais tombé amoureux, des images venaient alors vers moi, la silhouette d'une femme à la fois forte et fragile, belle marchant dans les murs de Thèbes. J'aurais voulu la sauver, retenir ses pas, l'amener hors de Thèbes, si loin, très loin.
Nous avançons vers le destin d'Antigone, nous marchons près d'elle, nous avons juste un pas d'avance car nous savons ce qui l'attend. Et malheureusement nous ne pouvons pas agir pour inverser le cours des choses.
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A la mort de son père, le roi aveugle Oedipe, Antigone rentre à Thèbes. Après avoir marché dix ans durant avec son père sur les chemins De Grèce, elle doit retourner dans sa ville natale. Sa ville maudite, puisque ses deux frères jumeaux, Etéocle et Polynice, s'en disputent le trône, et que l'affrontement mortel se rapproche inexorablement. Etéocle occupe le pouvoir, mais Polynice, le traître banni, marche sur la ville avec une armée. La guerre menace, Antigone le sait, et veut tout faire pour empêcher ses frères tant aimés de s'entretuer. Elle sait aussi qu'elle va échouer, mais elle n'a pas le choix, en tant que soeur il lui est impossible de prendre parti pour l'un d'eux ou de les laisser se déchirer, son destin lui commande de s'interposer.

Fraîchement accueillie à son retour à Thèbes, elle y trouve néanmoins sa place, s'occupe de soigner et nourrir les miséreux de la ville. Elle tente une médiation entre ses deux frères, en vain. La guerre est là, les frères ennemis se livrent une lutte sans merci dont aucun ne réchappe. Etéocle a droit à tous les honneurs lors de ses funérailles, tandis que le cadavre de Polynice est laissé aux vautours hors les murs de la ville. Créon, leur oncle et désormais roi de Thèbes, a décrété que le traître ne méritait pas de sépulture, et que celui qui tenterait de l'enterrer serait condamné à mort. A nouveau, le devoir et le destin d'Antigone l'appellent ; elle parvient à jeter quelques poignées de terre sur le corps de Polynice, avant d'être arrêtée. Elle s'en justifie devant Créon : "Je ne refuse pas les lois de la cité, ce sont des lois pour les vivants, elles ne peuvent s'imposer aux morts. Pour ceux-ci il existe une autre loi qui est inscrite dans le corps des femmes. Tous nos corps, ceux des vivants et ceux des morts, sont nés un jour d'une femme, ils ont été portés, soignés et chéris par elle. Une intime certitude assure aux femmes que ces corps, lorsque la vie les quitte, ont droit aux honneurs funèbres et à entrer à la fois dans l'oubli et dans l'infini respect. Nous savons cela, nous le savons sans que nul ne l'enseigne ou l'ordonne". Elle n'attend aucune clémence, aucun secours, elle refuse que ses amis se révoltent contre Créon et que le sang soit versé en son nom, son destin doit s'accomplir.

A l'école, j'avais dû lire l'Antigone de Jean Anouilh quand j'avais 15-16 ans, et cette héroïne au tempérament entier, intègre, idéaliste, qui voulait tout, tout de suite, m'avait alors bouleversée, subjuguée. Avec le roman de Bauchau, le coup de coeur est moins fulgurant, mais tout de même, quel personnage. Et puis la forme du roman, plus longue que celle d'une pièce de théâtre, permet de pousser davantage l'analyse psychologique des protagonistes, et il faut avouer que le mythe d'Oedipe et de sa descendance est un aubaine pour le psychanalyste qu'était Henry Bauchau. Il y a la question fascinante de la gémellité, avec le brillant Polynice, préféré de sa mère Jocaste, et Etéocle, l'éternel complexé, qui n'existe et ne se construit que dans sa rivalité avec son frère. Et Antigone, vouée dès sa naissance à se sacrifier pour les autres sans jamais pouvoir vivre sa propre vie ni tenir compte de ses désirs, d'aimer ou d'avoir des enfants. Infiniment, terriblement seule malgré tout l'amour de sa famille, de ses fidèles amis, de ses soupirants à qui elle s'empêche de céder, parce qu'une force supérieure l'appelle. Et puis il y a le Destin, celui qui s'accomplira quoi qu'on fasse pour le détourner de son cours.

Il y a l'amour et la haine, les deux faces d'une même médaille, indissolublement liées, et qui conduiront Antigone à la mort. Il y a aussi l'opposition homme/femme, l'individuel et le collectif, la politique et le sacré, la filiation et la maternité, l'amour et le renoncement, la force et la fragilité d'une femme. Antigone l'héroïque est amour, passion, désespoir, désirs, féminité, regrets, révolte, impuissance, résignation. Elle porte sa souffrance et celle des autres et son horreur de la guerre, un poids bien trop lourd pour elle, qu'elle dépose dans un dernier cri de rage, avant le silence du tombeau.

L'Antigone de Bauchau est un texte très (parfois trop) lyrique et un peu long. Mais, parsemé de belles fulgurances et de moments poignants, entre noirceur et lumière, il est l'écho d'un cri qu'on entend encore bien après avoir refermé le livre, et le portrait d'un personnage inoubliable.
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Ce livre est un cri... celui que pousse Antigone pour ses frères, sa ville, le souvenir de Jocaste et Œdipe et pour ses amours perdus... Elle porte sur ses épaules tout le poids de la guerre fratricide qui la mène à la mort. Elle souffre de ne pouvoir vivre pour elle, mais de devoir se sacrifier au nom de la famille.
Je ne possède aucune connaissance en mythologie grecque, je ne suis pas même spécialement attirée par cette période, mais on m'avait conseillé ce livre lors d'un club lecteur et je suis heureuse de l'avoir ouvert !!! On est littéralement emporté aux côtés d'Antigone, dans cette Thèbes bouleversée par l'orgueil et la soif de pouvoir des jumeaux de Jocaste...
Un roman dans lequel il faut absolument plonger si vous aimez les personnages forts et fragiles à la fois, qui vous hantent longtemps après la dernière page...
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Depuis sa création par Sophocle en 441 avant JC, Antigone a donné lieu à de nombreuses versions théâtrales, dont celle la plus souvent évoquée, créée par Jean Anouilh en 1944. Des opéras, des films, y compris une bande dessinée se sont inspirés de l'oeuvre du grand poète tragique grec. L'auteur belge récemment disparu Henri Bauchau s'est risqué quant à lui à une version romancée, qui si j'en crois notre encyclopédie en ligne serait la seule.

Ce fut pour moi une excellente découverte. Outre une brève ouverture à cette tragédie que m'avait autorisée l'excellent ouvrage d'Édith Hamilton La mythologie, ses dieux, ses héros, ses légendes, je ne m'étais pas attaché jusque là au sort d'Antigone. Ma virginité sur le sujet ne me donne donc évidemment pas de légitimité de comparaison avec d'autres reprises de l'oeuvre, mais cet ouvrage d'Henri Bauchau a à mes yeux le mérite de rendre cette légende de la mythologie grecque très accessible au profane.

Le sort d'Antigone ne faisant plus débat depuis longtemps, il est intéressant de voir comment un auteur moderne traite la montée en puissance du drame qui se noue en conclusion de cet amour-haine qui unit et oppose à la fois les frères jumeaux, Étéocle et Polynice. Tous deux prétendants au trône de Thèbes laissé vacant par Oedipe, leur père, devenu le roi mendiant après s'être aveuglé.

Les deux frères s'étant entre-tués, le deuxième volet du drame devient la confrontation d'Antigone avec Créon, le nouveau roi de Thèbes et oncle de celle-ci. Antigone ayant transgressé l'édit royal interdisant d'offrir une sépulture à son frère Polynice décrété traitre à la cité de Thèbes, son procès donne lieu à une passe d'armes entre l'oncle et la nièce dont l'enjeu n'est ni plus ni moins que la mort de cette dernière.

Croyances, sentiments, sens du devoir, honneur, autant de valeurs aujourd'hui édulcorées voire disparues donnent à ce texte une lecture à n'en pas douter fort différente au lecteur selon le contexte culturel et les codes moraux de son époque. Ce qui peut paraître futile en nos temps de valeurs perdues commandait à la vie des anciens. C'est l'intérêt des thèmes classiques que de remettre en nos esprits les héroïsmes qui animaient nos anciens. Les ferveurs de ces époques lointaines échappent aujourd'hui à nos sociétés matérialistes.

Madeline Miller m'avait comblé avec circé et le chant d'Achille, Henri Bauchau me conforte dans cette approche de la mythologie par le biais du genre romanesque. Genre que l'on peut dans le cas considéré qualifier d'historique dans le sens où il reprend des contes et légendes transcrits par les premiers auteurs à avoir laissé des écrits à notre sagacité de lecteurs d'un autre temps. le magique et le surnaturel qui commandaient à la vie des contemporains de ces premiers auteurs font le bonheur fasciné de nous autres, lecteurs d'un siècle sans spiritualité qui avons la présomptueuse obsession de dominer la nature, de tout expliquer et de nous placer au centre de l'univers.
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Bien que peu férue de mythologie, je me suis complètement laissée séduire par cette version d'Antigone.
Henry Bauchau a l'art de nous emporter aux côtés d'Antigone, de nous faire partager sa force et ses faiblesse, sa joie et ses doutes, son amour inconditionnel pour ses deux frères.
Rien n'est pesant dans ce roman, ni les descriptions, ni les combats, ni les engagements d'Antigone.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Pendant ma course vagabonde avec Œdipe j'avais renoncé à mendier de maison en maison. Je m'installais au centre du village et je poussais un long cri. C'était sans doute un cri de détresse mais qui disait seulement : Nous sommes là, l'aveugle et moi, nous attendons, nous avons faim, qu'est-ce que vous allez faire de ça ? Chacun dans le village finissait par entendre cette question qui devenait de plus en plus pressante. Chacun portait l'obscurité d'Œdipe et les deux êtres, l'homme et sa fille, sans maison, sans lit et sans pain.
Finalement, au fil des années, nous avons beaucoup reçu et c'est ce don pauvre mais perpétuel qui a rattaché Œdipe à la vie. Demander, recevoir parce qu'on a eu la confiance de demander, on s'aperçoit alors qu'on ne mendie pas seulement pour survivre, on mendie pour n'être plus seul.
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"C'est beau, Antigone. C'est elle et ce sont eux. C'est la beauté de notre mère, non pas comme elle était mais dans leurs regards. Etéocle qui sait qu'il est fasciné, presque aveuglé, et Polynice qui l'est aussi mais qui, enfermé dans sa gloire, l'ignore.
C'est aussi tellement toi, Antigone, cette confiance intarissable dans l'action de la vérité, dont on ne sait si elle est magnifique ou seulement idiote. Crois-tu qu'on peut sans délirer, espérer comme tu fais ? Est-ce que tu penses que les jumeaux te comprendront et que même s'ils te comprennent, cela les fera sortir de leur passions ? J'ai peur de l'esprit d'incendie que je vois dans notre famille. Moi aussi, souvent, je suis folle. Je voulais te dire : Pars, pars vite avec Hémon et je me suis rétractée. Je me rétracte encore en te disant : Ne pars pas, ne m'abandonne pas à Thèbes pour la deuxième fois. Va à la catastrophe avec nous, puisque c'est ce que veut ton courage.
Tes sculptures sont une œuvre d'amour. Elle touchera, elle blessera les jumeaux, elle ne les arrêtera pas. La destruction les fascine comme elle a fasciné un jour notre mère. Est-ce qu'aujourd'hui elle ne te fascine pas, toi aussi ?"
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Clios part remplir l'outre qu'une paysanne nous a donnée et j'en profite pour me regarder dans l'eau,je ne suis plus la longue princesse maigrelette ,ignorant tout de la vie,que Clios a voulue et frappée,il y dix ans.Je découvre dans mon reflet une ombre de tristesse,une secrète usure qui n'apparaît pas dans mes traits mais qui,presque invisible,est déjà inscrite dans mon regard .Il y a trop de choses que j'ai vécues trop tôt et un renouvellement de l'être que je n'ai pas connu.
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Alors je comprends que nos deux frères et Hémon ne vont pas seulement se combattre mais qu'ils veulent aussi se tuer. Je souffre en pensant à ces très beaux corps que je chéris et qui vont être livrés aux hasards de la bataille, blessés, écrasés peut-être par ces masses d'hommes en mouvement et la volonté furieuse des métaux. Je me mets à haïr tous ces mâles, avec leurs corps et leurs pensées sauvagement tendues vers le meurtre. Par une intime contradiction je voudrais aussi être avec eux. Oui si mes frères voulaient se réconcilier, j'aimerais, moi l'absurde Antigone, je serais fière d'être en armes avec eux et de défendre ma cité dans les rangs du mur de fer, au cœur de l'enceinte sacrée de Thèbes.
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Etéocle m'a volé le trône de Thèbes, nous nous faisons la guerre, c'est bien naturel. Nous nous combattons, nous nous faisons souffrir mais ainsi nous vivons fort, beaucoup plus fort. Il me porte des coups superbes, profonds, inattendus, je fais de même. Pense à Nuit, à Jour que tu vas lui ramener, à tout ce que cela représente de pensées ardentes et tendues vers l'autre, dans la joie de trouver, de vaincre ou de s'égaler.
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