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EAN : 9782742789894
169 pages
Actes Sud (28/02/2010)
  Existe en édition audio
3.6/5   121 notes
Résumé :
C'est dans un petit port du Sud de la France, où elle s'est installée pour raisons de santé, que Florence fait la connaissance de Florian. Peintre vieillissant, instable, réputé fou et pyromane, il n'aime rien tant que brûler et voir se consumer ses propres dessins. Encouragée par la psychiatre qui le "suit" de loin, Florence accepte de se mettre à son service. Et bien-tôt se forme autour d'eux, et. de l'atelier aménagé pour l'artiste, un petit cercle d'amitié... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 121 notes
Quelle jolie voix que celle d'Henri Bauchau ! Très singulière, je la découvre avec ce livre « Déluge » et je suis sous le charme. Ce livre m'a parlé, j'ai été portée par les couleurs, les fulgurances des personnages, par ce ton décalé et poétique. Par la psychologie qui pointe le bout de son nez à chaque page (Henri Bachau est psychanalyste de métier, un psychanalyste poète) et même si, sans doute, je n'ai pas toujours su interpréter les comportements et réactions des personnages, je me suis laissée portée par la beauté et l'émotion.

« Je suis celui qui ne comprend rien au monde et aux machines. Tous les autres savent, moi pas. » Il se présente comme ça, Florian, ce vieux peintre que l'on considère comme fou, pas à cause des oeuvres qu'il fait mais parce qu'il ne peut s'empêcher de s'agiter, de casser ou de brûler. de brûler ou de jeter la majorité de ses propres toiles. le tableau est tellement beau en brûlant. D'ailleurs, on les vend de plus en plus cher ses toiles, on parle des « tableaux de la folie de Florian ».

Ce livre, c'est tout d'abord l'histoire d'une rencontre, celle de Florence et de Florian ; de l'intellectuelle qui n'a pas vécu sa vie mais celle que sa mère aurait voulu avoir, qui a ainsi fait carrière, enseignante à Sciences Po, mais qui est aujourd'hui malade, et de Florian le peintre décalé, à l'air fou et défoncé, qui est uniquement dans le ressenti, l'instant présent, la sensation, d'une beauté de tour ancienne, ravagée par le temps.
Sur les conseils de sa meilleure amie, Florence plaque tout pour une vie plus simple dans le Sud de la France. Florence rencontre Florian sur le port, en train de peindre, c'est un coup de foudre amical, elle va être celle qui va porter, aider le peintre caractériel à aller jusqu'au bout de son oeuvre ultime, intitulée « Déluge », en tentant de ne pas la brûler, pour une fois, cette gigantesque oeuvre, la toile de sa vie. Une rencontre où la personne qui semble le plus aider, le plus porter est en fait celle qui est sauvée, comprise au plus profond d'elle-même. Une rencontre salvatrice pour tous deux.

Ce livre est un touchant plaidoyer pour la différence, la folie, cette façon différente d'appréhender le monde. Cette façon non pas de faire durer les instants mais de savoir les saisir. Florence est cérébrale, cette rencontre va transformer sa vie, lui apporter du viscéral, du tactile, de la créativité, de la beauté, de la poésie, de l'imprévu. Des choses à la fois simples et profondes qu'elle tenait à distance dans son monde parisien.

« Déluge », c'est également une plongée dans le monde de la peinture, celui de la créativité, de l'épineuse question de son caractère durable ou éphémère. Pour Florian la peinture devient magnifique en la brûlant : « le tableau est devenu plus beau en brûlant, tellement beau que j'ai cru que j'allais jouir / Je peins un tableau et je n'ai pas envie de le détruire. Est-ce que je ne l'aime pas assez pour cela ? ». le monde de l'art, pour lequel les peintures sont avant tout appréhendées à l'aune de leur valeur marchande, en fait alors son fonds de commerce sur la base de l'implacable loi de l'offre et de la demande : les tableaux de Florian sont rares dont côtés donc hors de prix. Il voit en lui un nouveau Van Gogh. Florian est donc richissime, il vit pourtant parfois tel un clochard. Les moments de bonheur sont simples et authentiques, jamais consuméristes : « J'aime pédaler seul sur de petites routes tournantes, le vélo aussi, nous devenons amis. Parfois je m'arrête pour faire un dessin ou sculpter une petite pierre ou un morceau de bois que j'abandonne sur place. »

Ce livre montre comment l'art peut être un moyen de guérison, de communication, de communion, de vie parfois au prix de bouleversements et de souffrances ; à l'image de la révolution de 1968, où, les barricades et la révolution devaient faire sortir l'herbe sous l'asphalte, le projet de Florian, même s'il n'en a pas vraiment conscience, est de faire sortir la lumière sous le chaos, la paix après le déluge. Derrière le désordre, les taches, les salissures faire naître une harmonie ou, tout du moins, une discordance stimulante. Après la maladie, faire éclore la guérison et le bonheur.
Le livre montre également que la peinture s'apprend, se ressent, s'entend. Que pour la voir dans sa beauté, il faut des yeux capables de la voir.

Ce livre, enfin et avant tout, est également un message d'amour, l'amour le plus noble, telle que celui donné par un enfant, fait de contacts, de gazouillis au-delà des mots, de regards, d'acceptation totale de l'autre dans son unicité et sa spécificité, de patience. Un déluge de sentiments subtilement et élégamment offert.

Un immense merci à Marlène et Croquignol, sans oublier @Pgilly pour m'avoir donné envie de lire ce livre et de m'avoir fait découvrir cet auteur, si étrangement touchant !

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"L'art et la folie, le rêve et le délire, la vulnérabilité et l'inépuisable nécessité de créer, tels sont quelques uns des chemins qu'Henry Bauchau propose à notre réflexion, et qu'il illumine d'une écriture aussi profonde que limpide".

Je me suis laissée emporter dans d'autres sphères, bien loin d'une réalité journalière banale avec ce livre "Déluge".
Prémonition d'une foule d'impressions et de sentiments exacerbés par l'histoire d'un peintre de génie.
Génie qui côtoie la folie d'une Oeuvre Infinie où il est peint la pluie et les tempêtes et nous les fait entendre.

"Ô bruit doux de la pluie".

Florian, la peinture est en lui, incandescente, ça le rend heureux mais désespéré, toujours.

Florian - ses terreurs - sa sauvagerie - sa bonté - sa fragilité - ses fuites de noir et de couleurs qu'il transcendent sur ses toiles.

Immense tableau, peinture à trois qui transpercera les coeurs et commencera par un chaos pour se terminer en apothéose de couleurs qui s'exaltent, mais aussi en noir dans des abîmes d'obscurité et d'allégresse.

Peindre le noir et en faire sortir la lumière !

Allégresse qui illumine et retombe en cendres ou en larmes.

Florian peint avec fureur, dessine des abominations, des déchirements, des éruptions, des accouplements affreux et y met le feu - Arbre foudroyé !

L' Arche de Noé - Florian/Noé rescapé du déluge.

Florence et Simon qui l'accompagnent et à qui il dit :
" Tout n'est pas en dehors. Mais en toi".

"Il te prend en lui-même et là sans t'enfermer, il te chérit, il te chérit".

"Il est doux d'être chérie par un regard, une pensée qui n'exigent rien de moi".

J'ai adoré ce bouquin, je l'ai vécu intensément.

Je ne connaissais pas cet auteur, mais je le relirais.

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J'avais découvert Henri Bauchau il y a quelques années, lors de mes études d'art-thérapie, avec L'enfant bleu, qui est l'histoire d'une thérapie par la peinture menée par un femme psychiatre pour un jeune patient.
Je n'en avais hélas pas rédigé de critique et mon souvenir est un peu flou, mais je crois que j'avais bien aimé ce livre.
Babelio et les autres lecteurs me rafraîchissent la mémoire, mais je devrais le relire un de ces jours.
Avec Déluge, Henri Bauchau nous conte une autre histoire, celle d'un peintre fou et pyromane qui va créer une immense toile et va entraîner amis et soignante dans cette création.
Une thérapie qui déborde du cadre et qui sera peut-être difficile à suivre pour qui ne fait pas partie du métier.
J'ai trouvé le tout intéressant mais les passages qui décrivent l'élaboration de l'oeuvre ne sont pas évidents, c'est pourtant comme ça que cela se passe, par tâtonnements.
On ne sait plus qui est le soigné et qui est le soignant, et ici, la thérapie va toucher tous les intervenants, comme une balle de ping-pong.

"Nous finissons à trois une part de tableau, puis une autre, encore une autre. Pour couper ce tableau presque noir apparaissent des scènes de ce qui suit et deviendra l'histoire. le monde est dur, le déluge le lave mais le recouvre aussi de boue. Après reviendront des multitudes de petits bonheurs, de bonté, d'amour, de miséricorde équilibrés par les crimes, les guerres, les villes aneanties, les enfants massacrés qui nous accompagnent aussi au fil de l'existence. Tout changera, mais le monde changera-t-il ? Ce sera toujours le monde où le déluge est possible et où l'homme ne peut le combattre qu'en se transformant lui-même. "

J'avais préféré le Boulevard périphérique du même auteur, mais Déluge est à découvrir malgré une lecture exigeante et qui laisse une large place, à mon avis, à la réflexion.
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Rencontre en bord de mer de Florence, jeune et gravement malade avec Florian, vieux peintre cotté, énigmatique, habitué à froisser et brûler ses toiles. Les journées se ressemblent, ils retrouvent les ouvriers du chantier naval, font la fête, se saoulent avec les copines de Florence.

Ils peignent pendant des semaines des scènes du déluge, s'identifiant aux éléments, feu, orages, vagues, navigant entre folie, passion, joie, amour, épuisement..

On tourne un peu en rond et je n'ai été que modérément séduit par les dialogues plein de délicatesse, des mots profonds, chichement lâchés.
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Un nouveau livre d' Henry Bauchau est toujours pour moi une source de joie profonde : que ce soit à travers des mythes anciens ou des histoires modernes, Bauchau, psychanalyste de formation, nous parle de l'homme. Il nous parle de nos ombres, de nos lumières, de nos espoirs ou de nos doutes. Tous ces ressorts qui motivent nos actions et déterminent notre conduite, Bauchau les passe au crible d'un langage qui les analyse pour nous aider à mieux les comprendre. Écrivain, il porte un regard émerveillé sur l'intelligence humaine. Thérapeute, il ouvre l'avenir par une parole qui libère. Sa lecture est quelquefois difficile parce qu'elle ouvre à plusieurs interprétations possibles. Mais Bauchau mérite le temps et la patience que l'on prend pour le lire.Il ouvre toutes grandes les portes de notre liberté. Ce livre sur la création ne fait pas exception. Tout grand artiste doit nécessairement sortir de son chaos intérieur pour parvenir à créer. Toutes circonstances, toutes rencontres lui seront favorables comme d'un miel dont on fait son butin. Il s'agit encore une fois d'un chemin d'espérance. A lire et à relire.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Pendant qu’il parle, il ne regarde que le sable où parfois il ramasse un coquillage qu’il regarde un instant, puis me donne. J’ai l’impression de n’en avoir jamais vu d’aussi beaux. Il tourne un instant la tête vers la mer et d’un geste me fait voir un rayon qui, fusant à travers des nuages, éclaire les vagues ou un reflet du ciel sur le sable. Ces choses-là, ces instants, je ne les aurais jamais vus toute seule, il faut peut-être ne pas regarder comme lui pour percevoir des modifications si fines.
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Pendant ma promenade ce matin j'ai pensé de nouveau que, jusqu'à la mort de ma mère, je n'ai pas vécu ma vie mais celle qu'elle aurait voulu avoir.
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Ensuite il y a le moment où il m’amène devant une toile blanche. J’ai l’impression qu’il me traîne là, il me donne des pinceaux, des couleurs et je peins. Il reste près de moi, tenant mon bras gauche dans sa main. Après un certain temps je sens que ce bras qui m’assure, qui me rassure, qui m’apporte je ne sais quelle force, est celui d’un homme épuisé, heureux, parfois merveilleusement heureux et désespéré toujours. Alors comme lui, contre lui, je pose des couleurs dérisoires et puissantes sur une immensité qu’il s’agit de perforer et qui doit être la mort.
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Tout changera, mais le monde changera t-il ?
Ce sera toujours le monde où le déluge est possible et où l'homme ne peut le combattre qu'en se transformant lui-même.
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En exergue citation de Marcel Proust

Quand j étais tout enfant, le sort d'aucun personnage de l'histoire sainte ne me semblait aussi misérable que celui de Noé, à cause du déluge qui le tint enfermé dans l'arche pendant 40 jours.Plus tard, je fus souvent malade, et pendant de longs séjours je dus rester aussi dans " l'Arche".Je compris alors que Jamais Noé ne put si bien voir le monde que de l'arche, malgré qu'elle fût close et qu'il fît nuit sur la terre.
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Payot - Marque Page - Henry Bauchau - Diotime et les Lions
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