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EAN : 9782742758401
442 pages
Actes Sud (08/02/2006)
4/5   314 notes
Résumé :
A Paris, dans un hôpital de jour, Véronique, psychanalyste, prend en charge Orion, un jeune adolescent gravement perturbé. Malgré ses difficultés, elle discerne qu'il est doué d'une imagination puissante et entreprend de l'orienter vers le dessin et la sculpture. Les chemins de la création et ceux de la vie quotidienne sont semés d'incertitudes et d'échecs, mais dans ses "dictées d'angoisse", Orion parvient à s'ouvrir à la parole et à mettre en mots ce qui le hante.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
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sur 314 notes
L'enfant bleu est une de ces histoires de vie poignantes, bouleversantes, qui délimitent les lignes de fuite et les manifestations de l'imaginaire.

Henry Bauchau sait jusqu'où aller lorsqu'il nous fait entrer dans la tête d'un psychotique, faisant accepter aux lecteurs toutes les déchirures du récit, des corps et des destins.
L'auteur nous fait cadeau de cette perception différente du monde, de son langage propre et de l'incapacité à comprendre le monde et ce que s'y passe.

C'est une lecture complexe et déroutante, parfois un peu longue, avec des répétitions, mais qui sait captiver par sa psychologie sûre, persillée de certaines formules décoiffantes, faisant souffler dans le bons sens le vent de cette aventure intime.

Persécutés par un démon intérieur doté de volonté propre, habités par un autre être, obligé de cacher une partie d'eux-mêmes, les victimes de cette maladie, se sentent bâillonnées par un mors invisible.

Nous assistons à la transformation d'un albatros dont les grandes ailes l'empêchent de marcher en oiseau capable de voler, grâce au dévouement et l'acharnement d'une psychanalyste. L'expérience/aventure humaine, nuancée de transfert et contre-transfert, finira par les libérer chacun à leur façon et à trouver leur voie.

C'est doucement poétique, tendre, vivant et surtout si crédible dans cette parole lourde de souffrances.
Une histoire de résilience, de lutte, mais surtout d'espoir.
Non pas l'espoir de guérir les blessures, mais de parvenir à vivre avec, d'être capable de les apprivoiser et d'en tirer du bonheur.


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L'histoire d'une belle rencontre entre une psychothérapeute, analyste, Véronique et un enfant très déstructuré, qui n'a pas encore trouvé de situation de confort. Je n'aime pas plaquer des étiquettes sur les enfants particuliers. Je laisse le soin aux professionnels de le faire.
Véronique a souffert elle-même de deux pertes très difficiles dans sa vie avant de rencontrer son deuxième mari, Vasco.
Dans le centre où elle travaille, elle prend en charge Orion qui pique des crises de panique assez terribles. Elle arrive à l'apaiser car elle a remarqué qu'en créant des labyrinthes où la couleur bleue domine, le gamin se calme et s'exprime. C'est le début d'une ouverture de la personne d'Orion jusque là renfermé dans on monde.
Le travail de Véronique est remarquable car elle est passionnée par son observation et fait preuve d'un grand calme et d'une énorme patience.
Un très beau livre dont je voulais entamer la lecture depuis longtemps.
Henri Bauchau est bien placé pour écrire ce genre de roman car il est lui-même psychanalyste au départ.
J'ai été très sensibilisée par ce livre car dans l'école où je travaillais, nous recevions chaque année des enfants traumatisés par la vie. Ils vivaient dans un établissement non loin de l'école et devaient être éloignés de leur milieu familial.
Grâce à ces enfants et à la pédagogie de la gestion mentale qui passait aussi par cette observation de chaque enfant dans leurs apprentissages, j'ai pu changer ma façon d'enseigner.
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Je choisis ce livre pour une île déserte, tant pour la beauté de son écriture, que pour le sujet et la manière poétique dont il est traité.
C'est l'histoire d'un garçon de 13 ans, Orion, psychotique, suivi quotidiennement dans un centre adapté à ses besoins. La nouvelle psychothérapeute, Véronique, va découvrir, à travers les dessins qu'elle lui fait réaliser, que les crises de cet enfant s'amenuisent pendant ces périodes de "création artistique".
Petit à petit, elle va approfondir sa technique dans cette voie, et il naîtra, du fond de cet enfant, un véritable don en peinture et en sculpture. Véronique fera tout son possible pour l'aider à grandir, à se trouver une place dans la société, à travers son art, à trouver l'amour d'une jeune fille aussi démunie que lui.

Bien entendu, on est loin de la réalité par le seul fait qu'il n'y a pas de centre thérapeutique où une seule personne est chargée d'un seul enfant, tous les jours. Quand on lit ce livre, on le regrette car on se rend compte qu'alors, beaucoup d'enfants pourraient être délivrés de leur état léthargique ou d'autiste dans lequel ils demeurent, par manque de moyens surtout.
Mais bon, je ne suis pas experte dans ce domaine; c'est simplement mon ressenti.

En tous les cas, ce livre est un énorme livre d'amour. ET on sent que l'auteur en avait énormément en écrivant ce livre.
Henry Bauchau, c'est un grand monsieur.
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Quand Véronique trouve ce travail de psychanalyste à l'hôpital de jour, elle est criblée de dettes et sa vie perso est difficile. Ce travail, dans Paris, loin de chez elle, est plus que nécessaire. Véronique doit trouver sa place parmi ses collègues et trouver son rythme avec les trajets en train et à pieds fatigants.

Pour Orion, adolescent psychotique, qui vit avec son démon, c'est sa dernière chance de passer ses journées avec d'autres enfants. Orion, ou plutôt son démon, est violent quand on le provoque et ses camarades de classe adorent le pousser à bout.

Un gamin dont personne ne veut plus s'occuper, une nouvelle qui a besoin de son travail et surtout de son salaire, leur destin vient de se lier.

Véronique va accompagner Orion pendant plus de dix ans. Elle voit dans les premiers dessins d'Orion l'artiste qu'il deviendra, mets en place les dictées d'angoisse à la demande, Orion dicte et raconte ses angoisses.

Pour accompagner un adolescent comme Orion, Véronique a du sortir du cadre de son travail et faire un transfert, il a pris place dans sa vie et lui a permis de se reconstruire.

Ce récit ressemble à un conte dans la relation unique d'une psychanalyste et d'un gamin psychotique, mais est réaliste dans cette relation.

Une utopie réaliste que j'ai aimée lire.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Un beau roman que j'envisageais de lire depuis longtemps. Je ne suis pas déçue. Henry Bauchau y transcrit son expérience personnelle et professionnelle, et nous présente le handicap mental avec un regard neuf, empli d'espoir. Les personnages sont attachants. L'histoire est belle, sans pathos. Je trouve seulement quelques longueurs à ce texte. Je pense qu'il aurait pu être amputé de certains passages sans que cela nuise à la compréhension du récit. Mais c'est quand même un très bon roman, digne de son auteur.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
Je sens une tristesse en moi en voyant Roland s'éloigner. Il est venu me voir hier, la séance a été bonne, au moment de partir il m'a donné un petit carton à dessin : "C'est pour toi. C'est un portrait de mon père". Il est parti sans rien ajouter.
En ouvrant le carton j'ai vu un dessin maladroit en noir et blanc. Ce n'est pas du tout un portrait. Roland ne pourrait pas faire un portrait, il ne sait pas dessiner et pourtant ce dessin évoque mystérieusement la mort de son père. C'est un ensemble enchevêtré de lignes lourdes et de taches d'encre noire qui suggère irrésistiblement le malheur né de quelque événement obscur. C'est le témoignage d'une immense tristesse, incomprise, celle qui l'a si longtemps retenu d'évoluer. Roland si doué pour les couleurs, a su avec un peu d'encre exprimer la mort sur un bout de papier, qu'il m'a donné peut-être pour que je partage sa douleur.
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En arrivant je vois, affiché sur le mur par le professeur d'art, un dessin qui m'enchante et s'accorde à la détresse bien cachée que j'éprouve. C'est une très petite île, une île bleue, entourée de sable blond et couverte seulement de quelques palmiers. Cette île, son ciel, sa lumière, sa minuscule solitude protégée par une mer chaude expriment le désir, la douleur d'un coeur blessé. Le dessin naïf, d'une manière frustre, toute pénétrée de rêve, me fait sentir avec force le silence, l'exil terrifié, la scandaleuse espérance dont il est né.
On me dit que c'est l'oeuvre d'Orion, un garçon de treize ans, en qui alternent l'application, de fortes inhibitions et des crises de violence.
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Chaque semaine Orion va à la piscine et M. Dante, un moniteur de sport très patient, s'occupe de lui seul, un moment. Il vient me voir et me dit : "Hier, Orion a fait en eau profonde trois brasses impeccables, soudain il a pris peur et il est revenu à toute vitesse s'accrocher au bord. Je lui ai dit : Tu vois, tu sais nager. Recommence et traverse le bassin. Je lui ai dit cela tranquillement, sans le toucher ni rien, car je le connais. Il s'est mis à trembler et brusquement, avec une rapidité incroyable, il m'a mordu la main. Et pas un peu, regardez la trace. Sur le coup, j'ai crié de surprise, je me suis vite repris et lui, en sortant de l'eau, il avait l'air plutôt fier. Pourtant ce garçon m'aime bien. Ah! celui-là! Mais nous arriverons à le faire nager, j'en fais mon affaire.
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Il rit : "Moi, on veut dessiner. Pas les chevaux blancs, c'est trop difficile. Peut-être quand on sera grand."
Je lui donne une feuille, il commence un nouveau labyrinthe, très différent, toujours avec la même et surprenante rapidité. Attendant le moment où il me demandera peut-être d'intervenir, je me dis : Trois cents chevaux blancs qui poursuivent le démon de Paris, celui qui a vu cela a reçu un don, un rayon de douleur, un rayon de lumière. C'est peut-être un artiste? C'est peut-être sa voie, s'il en a une?
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Il bat un peu l'air de ses bras : "Tu as eu peur, Madame, quand le démon a cassé la porte en entrant?
- Très peur. Je n'avais jamais vu le démon avant ça."
Il rit très fort, il est content : "C'est que le démon avait attendu longtemps à la gare. Il avait sauté sans personne pour l'arrêter. Il avait couru jusqu'à la maison, il avait eu le temps de s'emparer de la tête et du corps.
- Est-ce que le démon est sorti maintenant...
- On ne sait pas, Madame."
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