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Marie Donzel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782742780914
391 pages
Actes Sud (09/03/2009)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Paris, au jardin vert
Matinée de Paris
Soleil qui dépasse le sommet des maisons.
Solitude, solitude au jardin vert
hortensias blancs, patience lente et végétale.
Agitation de l’espèce dominante
dont je fus, dont je suis
criant : Seigneur, Seigneur
voulant ignorer s’il existe
pour l’aimer du coeur pauvrement.
Ainsi que toi, mystérieuse compagne
écriture où je vis encore
au jardin vert... >Voir plus
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Lire Henri : Bauchau : un apaisement qui n'efface aucune question.
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L'arbre de Gengis Khan


à Baudouin







Par la force des terres noires.

Par la marne et le limon, par la glaise et par le sable

Avec l'inculte, avec l'arable

Avec la boue des alluvions

Filtrant les pluies dans le granit

Ou mordant sur le cours des fleuves

J'écoute et je m'élève sous la griffe des félins et les pattes menues des oiseaux.

Lissant ma joue aux doux plumages

Frottant mon torse aux doux pelages des renards et à la robe des hémiones

Je bois, je mords, j'aspire et je me dresse vers le soleil.



Naissant des germes et des songes

La vie monte

Le temps rêve

Aux héritages de la pierre, aux dynasties des coquillages

Et à l'empire éteint des reptiles.

Histoire qui s'écrit sur le sable

Avec la plume des herbes folles ou la chanson des pourritures.

Naissant des étendues, montant des multitudes

Où Chronos à voix basse dispute avec les éléments

La vie monte, la sève gonfle mes canaux

Et moi, le père

Je la possède et je l'envoie avec mon cœur puissant à travers l'enchevêtrement

de mes branches

Par mille et mille moyens subtils

Depuis l'accouplement monstrueux des racines jusqu'au ciel immuable.

Moi, le père et l'époux déchirant qui œuvre et fais tumulte dans la terre

Je conduis vers le très haut mes filles innombrables comme un troupeau de cavales

Là où sont les grands pâturages du soleil.

Nul ne connaît plus le nombre de mes branches, ni le chiffre de mes tribus de feuilles.

Innombrables sont les nations d'oiseaux qui chantent dans mes feuillages.

Innombrables les morts et les renaissances mélodieuses.

Nids brisés, plumages délicats, squelette qui fut l'aigle ou le rossignol,

tout retourne à la racine, à l'obscure mâchoire de Saturne, qui broie,

qui brise et qui propulse

La force de la vie jusqu'au ciel dominé.

Et là, plus haut que la flèche des forêts, plus haut que la cime de Pamir

Je plane et je contemple

Le lit des fleuves qui s'en vont, grands mulets gris dans les vallées irrésistibles.

Je contemple la lente migration des montagnes et les chutes de l'avalanche.

Je bouge une feuille et l'oiseau meurt, j'abaisse une branche et le lion est frappé.

Je m'agite dans le vent et les peuples roulent à mes pieds, leurs œuvres

s'écroulent et leurs eaux se tarissent.



Au sommet de ma force, au sommet de mon âge et de ma hauteur

Tu restes seul en face de moi, pour que je puisse te comprendre :

Ô grand arbre du ciel, sans feuilles, sans tronc et sans racines.

Ô Grand carré qui n'a pas d'angles

Grande voix qui ne prononce pas de paroles.

Il ne me reste qu'à t'entendre

Puissante jubilation pacifique, peuple d'écailles d'azur et de points d'or

Vaste poitrine du monde où l'enfant merveilleux, au tribunal de l'abîme, a retrouvé

son hémisphère soleil et revêtu son manteau rouge.

Habitant des cieux immuables

Et toujours habité par l'éternel ciel bleu

J'ai vu de nos deux regards qui s'affrontent

L'œuvre naître aujourd'hui.

Moi, le père à l'immense chevelure

Le père du Jour

À chaque aurore le premier et dernier avant la nuit

Des convives de la lumière.



Le ciel vers qui je me suis tant dressé,

Irréductible, insatiable,

Neiges, vents, pluies, orages, sécheresses

Usant leur force contre moi,

Le ciel a fait en moi son œuvre.

Moi le terrible père

Juge de l'homme dans la plaine et des démons errant des montagnes

Je t'ai senti monter en moi, venant des terres noires et du sang frais de l'origine

Ô souterraine voie lactée, profonde force maternelle.

Et je suis mère des nations

Mère des sources, des troupeaux et des images salvatrices

Mère d'amour aveugle et du sommeil profond

Mère de l'ombre. Enfin !



Tendu toujours vers la lumière, j'ai tout foulé autour de moi.

Mais l'heure vient où le vol de l'aigle ne le rapproche plus du ciel et

l'éloigne seulement de la terre.

Au sommet de ma force et de mon âge, dans un instant de grande félicité,

j'ai compris qu'il était vain de m'élever encore.

Me souvenant avec regret d'une mince fontaine où je m'abreuvais autrefois,

je me suis tourné vers la terre.

Avec la force et l'amour du soleil, je projette sur elle une ombre immense,

cette ombre est douce.

Des plantes, des oiseaux et des troupeaux sans nombre y vient puissamment

Et les rivières et les saisons coulent comme autrefois sur les amours du cerf

et les mouvances du saumon.

L'antique race et les enfants de l'aventure se sont mêlés dans le sillon

Et sur le sable des villes mortes où le renard fit sa tanière

C'est dans ma paix qu'ils rebâtissent. Provoquant leur terrible mère

Avec la pierre d'oubli.

Ô terre ! Là où l'ombre est la plus dense, où seul croyait régner sur l'œuvre

des racines l'effrayant tumulte du cœur

S'étend une herbe encor plus fraîche. Là se cachent dans les délices, une

source, des chevreuils

Et sur la flûte des amants

Une danse de libellules.
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CHEMIN DES SOURCES
  
  
  
  
Les dentelles passaient sous ta jupe de bise,
petite fille au goût de foin, petite fille au goût d’église
Sur une grande échelle grise,
aimant à respirer les signes graves des remises.

Les juments remuaient la paille des litières,
les nuits d’été, où soupiraient les tours d’église,
où se penchait la tour de Pise sur de grands lits de foin coupé
Quand l’étalon frappait dans les stalles sonores…

Et voici tes pieds nus, tes longs cheveux épars
— ô l’habile à manier les lents rideaux d’enfance —
ma sœur au goût de mains sauvages,
par les grands corridors aux chambres du passé
Portant la bougie blanche et le panier de pommes.

Fille qui devint femme entre les mains des hommes,
porta la robe des étangs, la robe noire de la lune
et, songeuse, écoutait monter du puits la voix
D’un aiglon qui criait appelant le soleil.

Vint l’austère finesse de l’eau fraîche
puisée à de très hautes chaînes.
Vint la vague où pointait, indécise, l’écume.
Et les yeux, les yeux bleus très anciens qu’on retrouve.
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Je vis entre deux soleils celui du cœur et celui du temps

Extrait du poème Litanies - La Dogana, poèmes vénitiens
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              GÉOLOGIE



                  2

  Ni espérance, ni vouloir, je m'y efforce.
  Je m'efforce sans m'efforcer, pour être au monde
  n'y étant pas, ainsi que veut je crois saint Paul.
  Il est d'accord avec cette chose que j'appelle ma
  voie. (Ne sachant pas la nommer. Dieu
est
  trop beau pour moi. Le mot a servi trop de
maîtres
  et la chose est si sourde et cependant si neuve.)
  Ainsi je sonde le silence et parfois trouve
  mais le plus souvent j'échoue et m'efforçant
m'essouffle.
  J'ai eu pourtant mes jours de liberté dans l'herbe
  et j'ai vu l'âme sur un fil, elle dansait.
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              GÉOLOGIE



                  1
                  à Philippe et Anne-Marie Jaccottet

Extrait 1

  Parfois je me réveille avec un goût d'écorce
  en bouche, un goût qui vient de la montée des
sèves.
  Peut-être ai-je connu un grand bonheur là-haut
  et dormi dans la cérémonie des branchages
  quand se faisait l'accouplement des eaux du ciel
  après l'hiver velu dans le tronc paternel.
  Peut-être dans l'enfance ou sa vaine poursuite
  peut-être en ce délaissement de la lumière
  ai-je entendu cela qui me dit à voix basse :
  n'espère plus. Tiens-toi ferme dans le silence.
  Alors de rien, ainsi qu'un saut de truite à l'aube
  je bondirai dans l'espérance, un bel instant.
  …
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